« C’est ignoble ce qu’ils font » Une proche d’un prisonnier du Mesnil témoigne

Les effets de l’enfermement, en prison comme en CRA, n’affectent pas que les prisonnier.e.s mais aussi leur entourage : des heures d’attente pour aller au parloir, les abus de la part des flics pendant la fouille, le mépris des juges. En ces temps d’épidémie, à cela se rajoutent l’interdiction des visites et la peur de la contagion, en plus du manque d’information et l’absence des mesures sanitaires à l’intérieur des centres de rétention. Malgré ça, les proches n’arrêtent pas de soutenir les prisonnier.e.s au quotidien et dans leurs luttes. Ici nous relayons la parole d’une entre elles, quelques jours après la dernière révolte qui a eu lieu.

Mon copain est enfermé au centre de rétention du Mesnil Amelot, y a pas du tout de sécurité, la maladie y est, il y a bien de personnes malades de Covid-19 mais on en parle pas, dès que quelqu’un en parle il est menotté et envoyé ailleurs. Mon chéri est enfermé là bas depuis le 6 avril, il a tous les papiers qui prouvent qu’il est européen, qu’il habite en France depuis vingt ans, le seul papier qu’il n’a pas c’est la nationalité, par contre moi j’ai la nationalité, on a un enfant qui a la nationalité, qui est né ici, il suit les cours ici, va à l’école, on a toutes les impôts, tous les papiers prouvant que mon conjoint habite bien ici, à telle adresse, ils (la police) changent l’adresse, ils changent le nom, ils disent tout ce qu’ils veulent, ils veulent relâcher les gens.

– Tu veux dire qu’ils ont fait des faux papiers ?

– Écoutez, ils lui ont donné un papier disant qu’il n’habite pas en France, qu’ils n’ont pas de preuves, il m’a dit que le nom c’est pas son nom, ils ont inversé des lettres. Après ils ont marqué qu’il n’a pas de famille en France, or c’est faux. On ne me laisse pas lui donner de papiers, on n’a pas droit de communiquer quoi que ce soit, tout est fermé, si on ouvre la bouche toute suite c’est la prison. Malheureusement il est sorti de prison parce qu’il a fait une petite bêtise, en 2009, il a été jugé pour deux mois de prison ferme, donc il a fait deux mois, il est sorti et il ne savait pas, il a été amené directe au CRA, alors que je l’attendais à la maison. Il était à la prison de Nanterre.On lui a dit qu’il va être expulsé de France pendant trois ans, alors qu’il a une femme, il a des enfants, un travail, il paie ses impôts, il vit ici. Il a un passeport polonais, il a la pièce d’identité, il a un papier français périmé, la carte de séjour, il a fait un recours mais on lui a dit que c’était pas la peine parce que nous sommes européens, et du coup on lui a pas renouvelé, d’autant plus nous sommes dans l’espace Schengen.
Et pourtant il est enfermé là bas, il ne peut rien dire, on lui dit qu’il n’a pas de papiers, qu’il va être expulsé. On veut pas le relâcher et il y a le Covid-19 qui est au centre. Aujourd’hui je réclame vraiment qu’il soit libéré au plus tôt possible. Parce que déjà il a été enfermé pendant deux mois alors que l’histoire elle date de 2009, nous sommes en 2020, ils sont venus le chercher, ils l’ont menotté.

– Il était au centre ce week-end, pendant la révolte ?

– Exactement, on essaie de joindre tout le monde pour qu’on puisse les libérer, y a pas de masques, y a pas de gel, y a pas de shampoing, y a rien du tout, les wc sont blindés de caca, tout est sale. Ils sont en train de manger en se touchant les coudes, ils dorment par deux dans les chambres, c’est humiliant. Après la protestation on leur a pris les matelas, on leur a pris les couettes, ensuite ils ont tout mélangé et leur ont donné, sachant qu’il y a le Covid-19 dans le centre ils le gardent là bas. J’exige qu’ils soient libérés. Franchement ils attendent quoi ? Qu’ils soient malades pour le relâcher et qu’ils rentrent à la maison et qu’ils nous filent la maladie ?
On est européen, on est dans Schengen, il a le droit d’être là. On nous impose d’être séparé alors qu’on est une famille, on veut vivre ensemble. On a tout, imaginez si on achète un appartement en France, on le fout dehors et l’appartement qu’est-ce qu’il en est ? On ne fait jamais ça dans un pays européen à une personne, qu’elle soit européenne ou pas, on est tous des êtres humains. On dit qu’il y a que des personnes en situation irrégulière là bas, mais c’est faux, il y a des Portugais, des Roumains, des Polonais. Qu’ils viennent pas nous dire que ce sont des sans papiers parce qu’ils ont des familles en France, tout le monde a des familles ici. C’est pire que la prison, on leur impose quelque chose qui n’est pas de leur choix, ils ont payé leur dette en prison, ils ont déjà été enfermés, pourquoi payeraient-ils plus cher ?

– Il a subi une répression suite à ce qui s’est passé au centre ?

– On lui a viré toutes ses affaires, il a été obligé de ramasser toutes ses affaires par terre, les autres personnes qui ont témoigné, les porte-paroles ont été menottés, ils les ont tapé sur les bras, les jambes, ils les ont mis d’un côté pour les amener ailleurs. Où est la loi ? C’est quoi la loi ? Liberté égalité fraternité : où est tout ça ? À aucun français on n’aurait fait ça dans un autre pays, les autres pays les accueillent, tout le monde les accueille. On ne comprend pas pourquoi on est traité comme ça. C’est du racisme. On dit que les européens sont des racistes. Maintenant je vois le racisme en France. Moi je suis européenne, j’ai la nationalité française, ça fait trente ans que j’habite en France, j’ai des enfants qui sont nés sur le territoire français, qui ont suivi les études. J’avais une fille qui faisait des études pour rentrer dans la police, elle a abandonné, parce que le système qu’il y a, elle en veut pas. On est tous honnêtes, on veut tous travailler, aider les autres. Imaginez mon conjoint, il est là bas, il avait quelques affaires que je lui ai donné parce qu’on m’a autorisée une seule fois pour lui donner ses affaires, j’ai pas pu l’avoir au téléphone pour deux mois et demi, on communiquait que par des lettres. Je lui ai donné quelques affaires, ces affaires là servent maintenant à tout le monde au centre, parce que personne n’a de vêtements, c’est des vêtements sales, ils n’ont pas le droit d’utiliser de machine à laver parce que c’est fermé, ils ont pas droit d’acheter des recharges téléphoniques parce que c’est fermé, tout est fermé, ils les prennent vraiment pour des.. je sais pas, moins que rien. Quand ils l’ont laissé sortir, mon conjoint a pu récupérer cinquante euros, avec ça il a dépanné tout le monde qui est là bas, parce qu’ils ne leur donnaient rien. Vous imaginez ? Il y en a qui ont été ramassés à la rue, ils n’ont pas de survêtements, pas de vêtements, mon conjoint avec le peu qu’il avait il a partagé avec eux. Les douches sont bouchées, ils ne peuvent pas se laver. Tout le monde rentre dans la même merde. Ils les traitent pire que des animaux. J’espère que ça va faire ouvrir les yeux sur ça. On peut pas rentrer, on peut pas leur donner de l’argent ou des affaires, on peut rien faire.
Depuis le six avril il s’est représenté devant le juge pour être relâché, ça n’a pas été accordé, il a été prolongé de 28 jours, il a fait un appel dans les 24 heures, on lui a redonné un papier en lui changeant le nom, c’était pas le bon nom, ils ont écrit qu’il a pas de famille, pas de travail, alors que j’ai envoyé tous les papiers certifiants, son passeport, nos impôts, là où je travaille, j’ai tout envoyé, le permis de conduire français, l’immatriculation de sa voiture. Je ne comprends pas pourquoi on traite des hommes de telle sort. Les gens n’ont pas de vêtements là bas, il y a un pauvre marocain qui est là bas, qui mérite d’être soigné parce qu’il a des problèmes de santé mentale, le pauvre il se trouve là bas avec ces gens là, il a besoin de soin. Il y a un papi qui est malade du foi, qui a le foi qui est atteint, il est là bas. Mais enfin on est tous des être humains, on veut vivre ! Pourquoi on leur fait ça ? Pourquoi on nous fait ça ? Depuis qu’il est parti de la maison j’ai perdu dix kilos, je ne dors pas, je ne mange pas. C’est ignoble. Un chien il est mieux traité que les gens enfermés là bas.
Ils nous font croire que ce sont des sans papiers, des étrangers en condition irrégulière, c’est faux. La plupart de ces gens travaillent ici, ils se démerdent pour pouvoir vivre en France, ils veulent prouver qu’ils ont des papiers, mais on leur donne pas le choix, on leur impose quelque chose qu’ils ne veulent pas. Imaginez ils vont envoyer des européens dans leur pays, mais vous croyez que ces européens là ils vont laisser toute leur famille ici ? C’est ignoble ce qu’ils font. Ils peuvent pas séparer les familles, que ce soit des familles portugaises, marocaines, peu importe. Un homme qui va être renvoyé dans son pays mais bien sûr qu’il va revenir chercher sa famille. Il y a sa vie derrière lui ici, il y a la vie qu’il a construit ici, on a construit une vie ici avec mon conjoint, il va pas laisser ça comme ça. Qui va nous entendre ?

(…)

Le problème se pose, avec la maladie toute les familles, que ce soit la mienne ou celle des autres, on est pas sûres de retrouver nos chéris. Mon copain, il est parti au mois de février, là on est au mois d’avril, il a été prolongé jusqu’au 6 mai, là je ne suis pas sûre de revoir mon chéri. Il faut comprendre les familles qui sont derrière, parce qu’ils sont pas tous seuls. (…) On sait pas si on va les retrouver en santé, on sait pas si on va les retrouver pas malades, en plus de ça ni sa famille ni ma famille n’est au courant parce que c’est une honte que la France nous traite de cette façon, vous imaginez ? C’est la honte pour moi d’être traitée en France comme ça.

– Et pourtant c’est l’État qui devrait avoir honte de faire ça, c’est la police, le directeur du centre, le préfet…

– Je sais ! Mais on peut pas les avoir au téléphone eux. De toute façon quoi qu’il arrive, vous savez, nous on se bat, on se bat, on se bat. »

 

En solidarité avec les prisonniers enfermés au Mesnil-Amelot continuons d’harceler les préfectures et d’exiger la fermeture de toutes les prisons !

Des révoltes de prisonniers éclatent dans plusieurs CRA ! (suivi)

Depuis le début de l’urgence sanitaire les personnes enfermées demandent à être libérées face à la fermeture des frontières, mais l’État poursuit sa politique d’enfermement. Aucune mesure sanitaire n’est prise pour empêcher la propagation du virus à l’intérieur du centre.
Alors que les flics de la PAF (les matons des cra) rentrent et sortent des prisons pour sans-papiers au risque d’y ramener le virus, les prisonniers restent enfermés. Au CRA de Vincennes, déjà 3 cas de personnes contaminées dans le centre ont été officiellement déclarés.
Depuis presqu’un mois les prisonniers de différents centre de rétention exige qu’on leurs fournissent du matériel pour se protéger de la pandémie. Quand des masques (comme à Vincennes) ou du gel (comme à Oissel) est fourni, c’est qu’il y a déjà des prisonniers malades.
lire aussi : Enfermer, enfermer toujours… la situation dans les CRA au 10 avril
Depuis samedi, plusieurs révoltent ont lieu dans au moins trois centre de rétention: Mesnil-Amelot, Vincennes et Oissel. Samedi 11 au matin, après avoir passé 2 jours en cellule d’isolement,  un prisonnier du cra du Mesnil-Amelot est libéré discrètement par les keufs de la PAF alors qu’il présente les symptomes du coronavirus. 
 
A la prison pour sans-papiers de Vincennes, Un nouveau prisonnier a été déclaré positif au coronavirus, et les infirmières commencent à dire a des prisonniers « qu’ils sont tous contaminé ». une cellule est brulé et les prisonnniers sont sortit dans la promenade pendant que les keufs font une fouille du batiment.
 
Au Mesnil Amelot après une assemblée en fin d’après midi, les prisonniers décident de bloquer la promenade pour exiger leur liberté. Le soir des gradés des keufs et la direction du CRA tentent de les convaincre de rentrer dans leurs batiments sans rien obtenir. 
Les prisonniers décident alors de passer la nuit dehors tous ensemble pour continuer à protester. Les keufs leurs retirent alors leurs matelas pour les empêcher de se reposer. Le lendemain matin, le dimanche 12, la majorité des prisonniers décident de sauter la barrière les séparant du batiment où sont enfermées les prisonnières. La prison du Mesnil est collée à une caserne de CRS, qui sont appelés en renfort en plus des keufs en tenue anti-émeute déjà présents. Une partie des prisonniers se fait tabasser pendant que les keufs font une fouille général des batiments. Puis les CRS ramènent de force les prisonniers dans leurs cellules a l’exception de 8 personnes qui se font interpeller puis transferer dans d’autres prisons pour étranger.e.s (5 à Lille Lesquin et 3 à Oissel).
Ils ont appelés en renfort en plus des keufs en tenue anti-émeute déjà présents.
Une partie des prisonniers se fait tabasser pendant que les keufs font une fouille général des batiments. Puis les CRS ramènent de force les prisonniers dans leurs cellules a l’exception de 8 personnes qui se font interpeller puis transferer dans d’autres prisons pour étranger.e.s (5 à Lille Lesquin et 3 à Oissel).
 
Le dimanche 12 au soir, des prisonniers de Vincennes du batiment 2A se révoltent. Ca fait plusieurs jours que des prisonniers sont officiellement malades du coronavirus. Un prisonnier est gravement malade et les keufs (comme c’est souvent le cas) refusent d’appeler les secours. Les retenus bloquent la promenade en exigeant une prise en charge rapide du prisonnier malade. Ce sera le cas après plusieurs heures de tensions.
 
Le même soir (le 12) les prisonniers du centre de rétention de Oissel se mettent en grève de la faim pour exiger leurs libérations immédiate. Les trois prisonniers transférés du Mesnil-Amelot, rejoignent la lutte dès leurs arrivées. Pour le moment les prisonniers n’ont obtenu aucune réponse de la part de l’administration.
 

  • Nuit de révolte au CRA de Mesnil-Amelot 
  • Des transferts au CRA de Lesquin (près de Lille)
  • Révoltes aussi au CRA de Vincennes
  • Prisonniers en  de la faim à Oissel (près de Rouen)

 
  • Nuit de révolte au CRA de Mesnil-Amelot 
Le 11 avril, à 20h les prisonniers du CRA 2 du Mesnil-Amelot occupent la cour du bâtiment et bloquent la promenade aux cris de « liberté ! ». Suite à une nuit de révolte et une journée de répression le lendemain, certains retenus ont été transféré dans d’autres CRA.
Suivi de la révolte des prisonniers du CRA de Mesnil-Amelot. Une revendication : la libération de tou.te.s !
Avant la nuit et suite à l’échange avec le chef de police, puis avec le directeur du CRA, les retenus se sont installés pour dormir dehors, mais les flics ont pris leurs matelas pour les empêcher de se reposer. Ils ont continué a bloquer quand même. Le matin, ils ont sauté la grille pour rejoindre le bâtiment des femmes et familles. Ils ont continué à tenir ensemble alors les policiers ont chargé vers 11h avec un dispositif policier énorme (ils parlaient de 100 flics). Ils les ont rassemblé dans un coin, forcé à se mettre par terre et confisqué des téléphones. Ils ont menotté et emmenés, 8 prisonniers « identifiés comme leader sur les cameras ». Les autres prisonniers ont été réenfermés dans les chambres.

 

 

  • Des transfert au CRA de Lesquin (près de Lille)
 
 
Hier 8 prisonniers du Mesnil-Amelot ont été transféré dans d’autres CRA suite à la révolte (visiblement pas de GAV). Au CRA de Lesquin (près de Lille) ils sont 5 et isolés du reste du centre : les flics ont rouvert un batiment qui était fermé juste pour les y enfermer. Les 3 autres auraient été transférés  au CRA de Oissel (près de Rouen) ou les prisonniers sont en greve de la faim depuis hier soir. En plus de la violence qu’ils ont subit, la répression c’est aussi l’isolement loin des autres et loin des proches dans un batiment ou les cabines sont HS.  Un des prisonniers raconte la pression des flics pour les faire craquer pendant le transfert :

 

« On s’est fait maltraités, tapés, on nous a mis les menottes super serrées. On est arrivés ici au CRA de Lille à 16h environ. Pendant tous les trajet les flics nous ont menacés de poursuites, ils disaient « vous allez le payer cher », le directeur aussi nous disait ça au Mesnil, uniquement parce qu’on s’est exprimé et qu’on a dit les choses clairement.

C’est de la maltraitance j’ai jamais vu ça de ma vie, on s’est fait gazer, matraquer, on a été mis par terre avec 40 condés qui nous encerclaient, nous mettaient la pression à mort, puis ils nous ont passé les menottes super serré. Sur le trajet c’était du foutage de gueule, ils essayaient de nous faire péter les plombs, mais nous on est pas rentrés dans leur jeu, pas un insulte ni rien. Ce qui les dérange c’est qu’on s’exprime bien, on a dit les choses clairement, on a dit ce qu’on voulait, et ça les dérange, on est devenus des cibles à abattre. On reste debout même si on s’est fait menacé de ouf. S’ils avaient pu ils nous auraient mis une balle. 

J’ai vécu un truc de fou, on a été traité comme des mecs en cavale. Ca a été dur. Là on est 4 au CRA de Lille, ils ont réouvert le bâtiment juste pour nous, il y a juste une personne âgée dans un autre bâtiment. »

 
 
  • Révoltes aussi au CRA de Vincennes 

Au centre de rétention de Vincennes, jeudi 9 avril, un premier prisonnier, présent depuis plus d’un mois au CRA, a été diagnostiqué malade du coronavirus. Les autres prisonniers sont bien conscients du risque que l’Etat les fait encourir. Alors que des nouveaux cas se confirment au sein de la prison, des masques ont enfin été distribués aux prisonniers, alors qu’ils en réclamaient depuis longtemps. Trop tard selon les prisonniers… Pour continuer à protester contre cette situation, pour refuser d’etre divisés en groupe et exiger leur libération, il y a eu une grosse mobilisation au 2A et au 2B.

 « On a pas le choix, on fait tout ensemble, on mange tous en même temps, il n’y a pas 1 mètre entre nous, on fait comme d’habitude, on est 2 par chambre, on se douche dans la même douche…

Une fois qu’ils étaient sûrs que le Corona était ici. Avant, on leur avait demandé mais ils ne nous ont rien donné. Et pourtant ça devrait être la sécurité avant tout.

On est en guerre ici. On est pas en sécurité. On ne sait rien. Ca va mal finir ici, on va tomber un par un. Le commandant a dit c’est pas toi qui décide. On parle avec ASSFAM mais pour l’instant rien ne change.

Si vous voulez communiquer à l’exterieur, appelez BFMTV ! Ecrivez sur le twitter de Macron »

 

Le 11 avril une nouvelle personne a été confirmée positive au CRA, un prisonnier qui était dans la même chambre que celui qui est tombé malade, une chambre dans laquelle ils étaient 3. iL y a eu deux libérations au JLD. Deux prisonniers sont testés positif au coronavirus au CRA2A. Les autres prisonniers sont inquiet et les infirmieres leurs annoncent qu’ils sont « tous contaminés ».

« Ca fait longtemps qu’on a signalé que la maladie était présente ». Les prisonniers demandent à ce que tous puissent faire des tests, savoir qui est contaminé. Il n’y a pas de savon, pas de gel, pas de shampooing, rien ! « 

 

Le 12 avril au matin, un départ de feu a eu lieu dans l’un des bâtiments de la prison, les flics ont mis un prisonnier en cellule d’isolement. Pendant ce temps là tous les autres étaient regroupé par les keufs de la PAF (les matons des cra) dans la promenade, le temps d’une fouille du batiment. Un prisonnier raconte comment ça se passe

« Jte dis ca va, mais je dis ça par habitude. Ici c’est vraiment la merde. On en a marre de recevoir des appels de journaliste ou d’autres personnes. Après il se passe quoi ? Rien ? Je dis pas que c’est pas gentil d’appeler et de prendre des nouvelles mais bon… Y a pas d’article sur ce qui se passe à Vincennes !

Moi je sors de l’isolement là. Ils ont fouillé toutes les cellules mais ils ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient.

L’infirmiere elle me dit: « Tu parles français ? Je lui dis « Non je parle pas français je suis un ane! Ecrivez-le moi. » Elle l’a écrit noir sur blanc: « Vous l’avez tous le coronavirus ». Elle me l’a dit: « Vous l’avez tous le coronavirus, au centre de Vincennes vous l’avez tous attrapé ». Basta.

Je lui ai dit « Mais maintenant vous attendez quoi pour nous faire des tests ? » Elle a dit « On attend que vous ayez des symptomes ». Maintenant la suite je ne sais pas. Seul dieu le sait. Ils vont nous laisser crever dans ce centre, c’est ça la suite. Ils vont attendre un par un qu’on tombe et qu’on ait la fièvre et là quand ce sera grave ils nous emmèneront à l’hôpital.

Moi je vous ai dit y a un deuxieme gars positif ils l’ont emmené tout là l’heure. Tout de façon on est tous positif. Le gars qui était positif, ils l’ont testé samedi et ils sont venu le chercher ce matin dans la chambre. Ca veut dire qu’on est resté encore une journée de plus avec lui.

Ils nous ont distribué des masques.Mais les masques on s’en sert pas, on les prend on les jettes. Parce qu’il fallait nous les donner avant. Ca sert à quoi maintenant? Maintenant qu’on est tous contaminé. Ca fait plus d’un mois qu’on est enfermé ici et qu’ils ne font rien. Maintenant qu’y a les premiers cas, ils nous donnent des masques? Ici y a même pas de savon, alors à quoi ça sert les masques ?

Franchement je prefere retourner en prison, j’étais mieux là bas.

Les frontières vont pas rouvrir avant septembre, ils le disent à la télé sur BFM, CNEWS et les autres chaines. Alors pourquoi ils nous gardent enfermé ici, hein ? Ils savent très bien qu’ils vont pas avoir le temps de nous renvoyer chez nous. Moi je serai content de rentrer chez moi, mais maintenant. Je veux pas pourrir encore dans le centre.

Maintenant il faut faire des vrais truc depuis dehors, faut que ça bouge !!

Je vous souhaite un bon apres midi quand meme.. »

 

Dans la même journée, un autre cas a été confirmé dimanche soir : le prisonnier était épuisé et n’arrivait plus à respirer. Les prisonniers ont affronté les flics pour exiger qu’il soit emmené à l’hôpital, mais fidèles à leurs sale boulot raciste ils ont refusé d’appeler une ambulance et ont dit qu’il serait testé mardi. 

Transcription résumée des témoignages relayé par leparia.fr :

Ce soir à l’instant les sans-papiers enfermés au centre de rétention de Vincennes nous informent de la présence d’un quatrième cas de Covid-19. Les retenus affrontent actuellement le police pour exiger l’hospitalisation en urgence de leur compagnon. Ce dernier est épuisé ne peut plus respirer correctement. La police refuse d’appeler une ambulance, osant leur dire qu’il sera testé mardi. Il n’a vu aucun médecin et souffre. Ils exigent, soit d’être expulsés, soit d’être libérés, mais refusent catégoriquement d’être contaminés les uns après les autres enfermés dans cette prison loin de leurs proches.

22h50, le 12 avril.

« ça va pas du tout . Ça va gazer là. Macron c’est criminel ce qu’il est en train de faire. Demain, On sait pas c’est qui y va mourir. Chaque jour un nouveau cas, on est tous contaminés. On est en panique. La police elle s’en bat les couilles de notre vie. Y a un cas, et ils veulent pas comprendre. S’il vous plait aidez-nous. C’est des criminels.(…)  Là y a un mec il est tombé, il arrive même pas a marcher. Il a pleuré. Il est malade. Quand il mange il a pas de goût : c’est le corona, c’est comme ça ! S’il vous plait, je demande de l’aide. (…) On demande juste l’aide, juste de l’aide. Même envoyez nous chez nous aujourd’hui au bled, Juste nous laissez pas ici. Vous voulez qu’on parte chez nous, on part chez nous, Mais on veut pas mourir là. (…) On a des familles au bled, des proches, envie de les voir. Faites n’importe quel truc pour nous sauver. Même si on sort pas d’ici, même s’ils voulaient nous envoyer , qu’ils nous envoient : ils nous laissent pas comme ça (…) » 

« Ici les gens ça va pas, ici les gens sont paranos, ils ont peur. Vous voyez c’est le quatrième cas. Chaque jour. La ça fait 5 jours : 4 nouveaux cas. Les gens ça va pas du tout ici, vous voyez ou pas ? Les gens ils sont paranos, y a des gens ils veulent pas mourir, ils voulaient partir aujourd’hui au bled. On veut plus mourir nous. On est encore jeunes pourquoi on nous gache la vie. Ils ont pas le droit ! Ils ont pas le droit !! (…)  Y a des gens ils sont avec nous, ils sont malades. (…) ils ont plus de goût quand ils mangent. De là ça va faire : 5éme cas, 6ème cas…Jusqu’à y aura plus personne. C’est ça ce qu’ils veulent (…)» 

Aux alentours de minuit, les retenus ont obtenu que le prisonnier soit enmené par une ambulance mais la lutte pour la libération continue :

« La personne vient d’être évacuée à l’hôpital (…) On a pas gagné encore il faut qu’on sorte tous de là  parce qu’on sait pas si on est positifs ou négatifs.

Ouais hier ça a bougé un peu. En fait le soir on a vu qu’y avait un troisième cas de coronavirus donc on a décidé de faire un peu de bruit. On est resté dans la promenade jusqu’à ce qu’y ait une ambulance. Y avait beaucoup de police mais ils ont pas été violent. Si on avait rien fait, il se serait rien passé c’est sur. Il serait toujours là le gars. Là on attend de voir qui sera le prochain malade.. »

 

Aujourd’hui une nouvelle personne a de grave symptomes respiratoire et est toujours enfermée ! Le prisonnier qui avait été mis à l’isolement après le départ de feu dans une cellule a été mis en garde à vue ce matin !

 

  • Prisonniers en  de la faim à Oissel (près de Rouen)
Depuis le dimanche 12 au soir, tous les prisonniers du centre de rétention de Oissel sont en grève de la faim: Ils exigent leurs libération immédiate. On relaye ici le témoignage d’un prisonnier qui a été transféré suite à la répression au CRA du Mesnil-Amelot, et d’un autre prisonnier qui raconte pourquoi ils se sont mis en grève de la faim. 
 
Retranscription Oissel grève de la faim 13.04.20 :
    
 « D’accord bon on est arrivé hier ici seulement. Nous on était a Mesnil Amelot que vous connaissez bien. Ici pour le moment moi je connais pas grand chose, faut que j’appelle quelqu’un qui vous fasse le compte rendu à partir d’ici. Bon seulement nous on est venu on les a trouvé en grève de faim, beh nous aussi on continue avec eux.
Sinon nous a  Mesnil Amelot on avait commencé ça, c’est pour ça qu’on nous a transféré ici.
 
Ca va le transfert a pas été trop violent ?
 
Oui ça été très très violent. Parce que nous on a réclamé notre droit à Mesnil-Amelot et ils ont refusé.  Nous on a fait la même histoire à mesnil amelot. Ils ont refusé. Parce que là bas les toilettes et les douches étaient bouché complètement bouché. On a pas de gel ou quoi.
C’est ici en arrivant que j’ai eu le gel. Parce qu’à MEsnil-amelot on avait pas ça.On avait réclamé plusieurs fois et ils ont refusé. Déjà à Mesnil-Amelot y avait plus de cinquante personne ce qui est pas normal en ce moment avec tous ça.
Si tout le monde s’est révolté là bas c’est à cause d’un un SDF qui est rentré, il a fait une semaine et il est partit. Il avait la fièvre de 39 degré. Directement ils ont décreté quelque chose, je sais pas quoi mais ils l’ont fait sortir directement.
Ca ca a révolté le coeur de tout le monde. On a décidé maintenant de faire la grève de la faim. On a grevé deux jours. On était dehors, personne rentrait dans la cellule. Tout le monde était dehors dans la cours. Dans la nuit le directeur est venu parler avec nous pour trouver une solution. Le lendemain ils ont appelé trois patrouilles de CRS qui sont venu nous encerclé ils ont bastonné les gens, et puis moi je fais partie des portes paroles avec d’autres personnes au nombre de 7. Ils nous ont mis les menottes, puis on nous a mis à l’isolement. Et vers 14h30 les escortes sont venues mettre les masques sur la bouche de certaines personnes. Ils ont mis les codes. Ils nous on attaché comme des chiens pour nous faire rentrer dans la voiture.
Nous on est arrivé ici et les autres ils sont resté enfermé là bas ».
 
Ouai et on a eu des nouvelles des gars enfermé à Lille aussi..
 
« Je te passe un autre prisonnier qui est là depuis plus longtemps. »

« Ca va pas.. On a fait la grève de faim parce que ça va pas. 
 
Toi t’es prisonnier à Oissel, vous êtes en grève de la faim depuis quand?
 
Ouais à Oissel ouai. Depuis hier, pour qu’ils nous libèrent tous. On est tous en grève de la faim. On est 13 personnes.. non 16 personnes.
 
Avec les arrivées de Mesnil ca fait 16 c’est ça ?
 
Ouais
 
Les flics ont réagit comment?
 
Ils ont dit « Vous mangez pas ». Mais ils ont rien dit, ils ont rien compris. Ils ont pas été violent. Pour l’instant on a pas de chef, on nous a pas parlé. Ce matin ils ont ouvert le patio comme par hasard. Ils ont dit celui qui veut sortir au patio il peut. Bah au  bout de 10minutes ils ont fermées. 
 
Le patio c’est la promenade? Celle qui est fermée d’habitude?
 
Ouai c’est la grande promenade. Ils l’ont ouvert aujourd’hui ouai.
 
Je me demandais à Oissel, y a plusieurs personnes qui étaient malade. Ca va mieux?
 
Ouai ca va mieux.. Mais on va continuer la grève de faim jusqu’au bout ils ont dit. »
 

Ne laissons pas seuls les prisonniers en lutte, relayons leur parole et soutenons les de toutes les manières possibles ! 
 
Ce soir et tous les jours à venir à 20h :
 
Crions à nos fenetres pour la libération de tou.te.s les prisonniers-ères sans-papiers ! Accrochons des banderoles ou écrivons partout que les CRA doivent être fermés maintenant !
 
 
Et continuons à saturer de mails les préfectures en ces temps de confinement !
 

LES PRISONNIERS DES CRA CRIENT LIBERTÉ, FAISONS DE MÊME !

Depuis hier soir, les prisonniers du centre de rétention de Mesnil-Amelot ont occupé la cour de la prison pour sans-papiers, ils sont restés ensemble pour exiger leur libération, jusqu’à ce matin quand les keufs ont chargé. Sept personnes ont été emmenées en garde-à-vue.

Suivi de la révolte des prisonniers du CRA de Mesnil-Amelot. Une revendication : la libération de tou.te.s !

 

Au CRA de Vincennes, où au moins deux prisonniers ont très certainement chopé le virus, les gens bougent aussi et subissent la répression. Ce matin, après un départ de feu dans une cellule, une personne a été mise en isolement, et tout le monde a été fouillé.

Les sans-papiers enfermés dans les CRA demandent la libération immédiate de tout le monde. Alors que l’Etat compte les laisser crever dans ces taules, ils luttent coup sur coup pour obtenir leur liberté, maintenant.


Pour celleux, comme nous, qui sont à l’extérieur mais confiné.e.s, que faire pour les soutenir?

A PARTIR DE MAINTENANT :

  • CE SOIR et LES JOURS À VENIR à 20H 
    
    Crions à nos fenetres pour la libération de tou.te.s les prisonniers-ères sans-papiers ! 
    
    Accrochons des banderoles ou écrivons partout que les CRA doivent être fermés maintenant ! (vous pouvez envoyez vos photos à anticra@riseup.net)
  • Appelons en masse les numéros de l'administration des cra, pour leur faire savoir qu'on ne les aime pas et qu'on sait ce qui se passe dans les centres.
    
    Numéro de Mesnil-Amelot : 01 60 54 40 60
    Vincennes: 01 43 53 79 00
  • Saturons les mails de préfectures, ne les laissons pas faire leur sale travail impunément ! --> Appel à saturer de mails les préfectures en ces temps de confinement !
    
    pref-eloignement@seine-saint-denis.gouv.fr
    
    pref-eloignement@val-de-marne.gouv.fr
    
    pref-eloignement@hauts-de-seine.gouv.fr
    
    pref-astreinte-eloignement@seine-et-marne.gouv.fr

SOLIDARITE AVEC LES SANS-PAPIERS EN LUTTES CONTRE LES CRA

VIRUS OU PAS, LIBERTE POUR TOU.TE.S LES PRISONNIERS-ERES ET FIN DES CRA !


PS : Attention si vous appelez les cabines dans la perspective de publier un témoignage, veillez à l’anonymisation des prisonnier.ères : ne diffusez pas leur prénom ou des audios de leur voix sans modification, cela les expose à une arrestation, un procès, une peine de prison, le tabassage des flics à l’intérieur, etc, en particulier dans le contexte actuel.