« Tu chantes pas, tu manges pas ! » // témoignage des prisonnières du CRA du Mesnil-Amelot

Au CRA du Mesnil-Amelot les prisonnières font face au harcèlement policier et à des conditions sanitaires insalubres. Alors qu’une prisonnière est tombée malade suite à une infection (dû au rationnement de serviettes hygiéniques), les prisonnières ont du lutter pour faire intervenir les pompiers. Elles dénoncent les multiples insultes et harcèlements – traitées notamment de « putes » par les flics- et aussi l’humiliation lorsque ils les forcent à chanter « joyeux anniversaire » au chef du centre sous peine de ne pas manger. Elle dénoncent aussi la nourriture périmée qui leur est donnée, qui s’ajoute au froid dans lequel elles vivent. Voici une retranscription de l’émission de l’Envolée du 9 octobre dans lequel une prisonnière raconte tout ça.

 

Bonjour madame

Bonjour, déjà merci de ton appel, est ce que tu vas bien ?

Oui ça va un peu malgré le stress et tout .

Tu voulais nous parler de choses précises aujourd’hui ?

Ouais ouais ce que je vis depuis 2 jours là, ça a commencé avant hier et ça m’a un peu bouleversée, ça ma’a rendue triste et donc c’est pourquoi je voulais le partager avec certaines personnes aussi.

N’hésite pas vas y on t’écoute.

En fait ici sur le CRA des filles, parce que nous sommes aussi avec des filles qui parlent pas français – il y a les albanaises et tout- nous vivons avec elles. Alors il y a de cela 2 jours, il y a une albanaise qui est venue me voir, comme elle parle pas français, elle, elle parle anglais… bah bien que je parle pas trop français je me débrouille quand même. Elle est venue me dire qu’elle avait ses règles et elle voulait avoir des bandes hygiéniques. Elle me dit si je peux l’accompagner à la police pour aller demander des bandes hygiéniques. Là je l’ai accompagnée, arrivées là bas on a trouvé une dame, je lui ai dit voilà, la demoiselle elle a ses règles elle voulait avoir les bandes hygiéniques et la police lui a remis juste 2 bandes. Elle a négocié elle a dit avec 2 bandes qu’est-ce que je vais faire avec ? Et la police l’a grondé. La fille elle a eu peur, on est rentrées. Après dans la journée elle a utilisé les 2 serviettes, ça n’a pas suffit. Donc elle est venue me voir elle a demandé si j’en avais aussi. Moi non plus j’en avais pas. Du coup elle a pris son habit, elle a pris sa blouse, elle l’a déchiré, elle a utilisé ça comme serviette. Sans se rendre compte qu’il y avait des problème avec ça. Et comme la femme, elle est trop fragile elle a attrapé des infections. Elle a commencé à avoir trop mal au niveau du bas ventre et au niveau de la hanche. Elle pleurait tellement fort, elle est venue me dire « je me sens pas bien, j’ai trop trop trop mal », du coup elle est tombée par terre elle a commencé a crier très fort et comme dans notre bâtiment, il y a un bouton là quand vous appuyez directement ça sonne chez la police. Moi j’ai sonné et on a essayé d’appeler la police. La police nous a répondu « nous ne sommes pas là pour vos conneries, donc démerdez vous là bas ». C’est la réponse qu’ils nous ont donnés. Et du coup la fille elle a commencé à pleurer. Au départ on croyait que non ça va passer, c’est juste une douleur, comme on avait pas aussi les antidouleurs rien du tout. Elle pleurait, elle pleurait et plus le temps avançait, la fille elle devenait pale et elle avait une forte fièvre je voyais aussi ses yeux commencer déjà à changer et tout le monde était paniqué. On savait plus quoi faire. Elle pleurai tellement, elle était par terre, elle a commencé à faire… comment appeler ça…

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LES PRISONNIERS-RES ENFERME-E-S EN CRA APPELLENT A LA SOLIDARITE !

Tract écrit et diffusé au rassemblement pour les 24 ans de l’expulsions de l’Eglise St Bernard le 22/08/2020

Depuis début août, un nouveau mouvement de lutte est parti dans plusieurs centres de rétention administrative (CRA). À Vincennes, Mesnil-Amelot, Nimes, Marseille, Toulouse, Lyon, Rennes les sans-papiers enfermé.e.s se sont organisé.e.s collectivement et ont lancé des grèves de la faim. Des blocages de la promenade et des départs de feu ont eu lieu aussi. Les raisons de ces mobilisations sont partout les mêmes : les conditions de rétention pourries, et la volonté de l’État d’enfermer les sans-papiers alors même que les expulsions sont en grande partie impossibles, sauf vers d’autres pays européens comme la Roumanie, la Géorgie et l’Albanie, où les vols n’ont jamais arrêtés.
Les luttes en cours sont aussi des réponses à la diffusion du coronavirus à l’intérieur
des CRA. Chaque jour des nouveaux cas sont détectés, mais les mesures sanitaires
mises en place sont inexistantes, la distanciation est impossible, et le virus continue à se propager. Ce n’est pas de la simple négligence. Nous l’avons déjà vu il y a quatre mois, pendant le confinement et l’état d’urgence, quand la situation à l’intérieur était exactement la même : les flics, les administrations des CRA, les juges et les préfectures ont rien à foutre de la vie des prisonniers-ères. Au contraire, ils jouent à les mettre en danger, à leur pourrir encore plus l’existence.
Presque partout, les parloirs sont interdits, et les prisonniers-ères se retrouvent
encore plus isolé.e.s, sans pouvoir voir les proches ni faire rentrer de la bouffe moins dégueulasse de celle qu’ils et elles mangent tous les jours. Les retenu.e.s malades, au lieu d’être hospitalisé.e.s ou libéré.e.s, sont mis.e.s en isolement. Des prisonniers testés positifs ont été transférés dans d’autres CRA, histoire de faire circuler un peu plus le virus. D’autres qui refusaient de faire l’énième test ont été déplacés dans les mêmes cellules où il y avait des gens malades. Pour l’instant, les juges et les préfs ont décidé de ne pas faire sortir personne de ces taules : qu’iels crèvent !
Malgré toute cette merde, les prisonnier-e-s continuent de résister, de raconter dans
des communiqués ce qui se passe, de lancer des actions et des revendications. Mais
les retenu.e.s répètent que pour les soutenir, il faut s’organiser dans la rue. À
l’extérieur, ça bouge aussi. Les mobilisations des sans-papiers pour la régularisation de tout le monde prennent de l’ampleur, celles contre les gérants des foyers s’intensifient, et le mot d’ordre de la fermeture des CRA est très présent. À l’extérieur des CRA comme à l’intérieur, les ennemis de celles et ceux qui luttent sont les mêmes. L’État et les préfectures, avec leurs flics racistes qui enferment et humilient. Mais aussi les patrons et leurs boites qui font de la thune sur la peau des immigré.e.s, en les exploitant dans les chantiers ou en chopant des gros financements pour gérer la vie des gens dans les foyers et dans les centres.
Organisons ensemble la solidarité depuis l’extérieur ! Covid ou pas,
fermeture des CRA !
Plus d’info sur abaslescra.noblogs.org
Nous contacter par mail : anticra@riseup.net /
Sur le téléphone de l’assemblée : 06.05.94.92.87

Tract_22_08_2020

Appel à une assemblée publique contre les CRA – Les prisons pour sans-papiers doivent être fermées, partout et pour toujours ! – Dimanche 17 mai à 14h, place de la Réunion 20e

Les prisons pour sans-papiers doivent être fermés, partout et pour toujours !

 

Appel à une assemblée publique contre les CRA (centres de rétention administrative)

D
imanche 17 mai à 14h, place de la Réunion (métro A.Dumas/Maraichers)

CRA ET CONFINEMENT 
 
Pendant le confinement, une partie des CRA n’a pas fermé et a continué à enfermer les personnes qui n’ont pas les « bons papiers ». Face au virus, rien n’a été fait : aucune protection pour les prisonniers-ères, propagation de la maladie (notamment via les keufs qui ne portaient pas toujours de masques), absence de soins et, parfois, mise à l’isolement pure et simple des personnes malades. En plus de ça, l’isolement des personnes enfermées a été renforcé par l’absence de parloirs et les galères pour acheter du tabac ou une carte de téléphone.
 

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