Mesnil : Greve de le Faim, Jour 3

Dans le CRA 3 du Mesnil Amelot, une grève de la faim est en cours depuis samedi. La grève a l’air d’être généralisée dans tous les bâtiments et les prisonniers sont solidaires entre eux. Les flics et la direction du centre ne sont pas contents et essaient de casser la grève, par exemple en empêchant aux grévistes de prendre leur traitement, comme l’expliquent deux prisonniers :

« Si tu vas à l’infirmerie prendre ton traitement ils te demandent si tu as mangé. Si tu dis que non, que tu fais la grève de la faim, ils refusent de te donner le traitement. C’est leur technique, ils utilisent ça contre la grève, pour mettre la pression pour que certains lâchent. C’est soit tu manges soit t’as pas ton traitement, t’imagines ? forcément des gens ils mangent. C’est arrivé même qu’il y ait des bagarres entre nous à cause de ça, des gens qui sont en manque de leur traitement, ils sont obligés de manger. »

« J’ai un ami malade, il a la main cassé, ils lui donnent rien ils veulent pas donner le doliprane. Ils disent « si tu manges pas je donne pas le doliprane ». Il y a beaucoup de gens malades ici. »

Malgré la répression la grève tient, un autre prisonnier rappelle :

« On continue la grève de la faim, notre seule demande c’est que quelqu’un vienne nous écouter. »

Dimanche en fin d’après-midi, plusieurs personnes sont allées derrière le CRA pour crier leur soutien aux grévistes, qui nous ont répondu par dessus les barbelés, en sortant en masse dans la promenade et en restant ensemble malgré les menaces des keufs. Un autre gréviste raconte :

« On vous entendait dehors crier ‘Liberté, liberté!’, nous aussi on a crié. Ça nous a fait beaucoup de bien ! »

Comme d’habitude c’était un beau moment de rage, pour une fois on peut entendre les voix de ceux de l’intérieur pour de vrai et ensemble, sans le box du parloir qui isole des autres, sans le flic qui te fouille à l’entrée, sans l’intermédiaire du téléphone.
Cette fois-ci le groupe de solidaires n’a pas échappé au contrôle d’identité à la sortie… Dommage que la plupart n’avait pas leurs papiers sur eux.elles 😉

Les grévistes ont besoin de force, hésitez pas à appeler les cabines, à aller en visite, ou encore mieux à vous organiser collectivement pour aller gueuler dehors, devant le CRA ou ailleurs dans les rues !

La solidarité est une arme
Feu aux CRA, et nique la PAF

« Ici on est pas des esclaves » : GREVE DE LA FAIM EN COURS AU CRA DE MESNIL !

Quelques heures après la fin de la grande marche des sans-papiers, les prisonniers du CRA de Mensil-Amelot répondent en lançant une grève de la faim.

On était des milliers dans la rue aujourd’hui à Paris pour exiger la régularisation de toustes les sans-papiers et l’abolition des centres de rétention. A l’intérieur et à l’extérieur de ces prisons, la lutte continue : soyons solidaires avec les prisonniers et les prisonnières !

Voici le témoignaige d’un prisonnier en lutte, à faire tourner au max.

A BAS LES CRA !


 » On fait une grève de la faim pour plusieurs raisons :
– les gens qui font 90 jours puis on les envoie en garde à vue, puis on les ramène pour 90 jours à nouveau. Par exemple les Tunisiens : pour un refus de test ils t’envoient en prison, tu te prends une condamnation de 3 ans ! Ou alors tu fais 90 jours, puis on te ramène en prison quelques temps, puis on te ramène au CRA encore 90 jours, ça c’est pas possible.
– les algériens : on les met en CRA alors que les frontières sont fermées. Pourquoi ? Ils disent « oui on te met en CRA parce que ça va bientôt réouvrir » mais c’est pas vrai on voit les informations on voit que partout il y a le Covid, ici il y a le couvre feu, en Tunisie par exemple encore pire il y a le couvre feu et les hôpitaux qui sont pleins.
– alors qu’il y a le Covid ici il ramènent des vieux, ils font pas de test, ils ramènent n’importe qui, chaque jour ils ramènent des gens. Un vieux a 79 ou 80 ans vous imaginez il a peut-être même vécu la guerre ?
– La nourriture est pas bonne, ils nous crient dessus, ils tabassent les gens. Il se passe des trucs de ouf ici, ils tabassent les gens, il y a pas de chauffage dans les cellules vous imaginez ? J’ai une seule couverture à l’heure où je vous parle.

C’est pour ça que les gens font la grève de la faim ici. Ils veulent que quelqu’un écoute, un magistrat, les journalistes. Ils veulent montrer, envoyer un message, que les gens nous voient. On est pas comme les autres centres ici c’est pire. Par exemple pour venir te voir au parloir, personne ne vient, c’est trop loin et trop compliqué pour venir, et le comportement des policiers fait que les gens ne reviennent pas. Imagine la personne fait un long chemin pour venir, il te ramène de la bouffe, et ici on leur dit que c’est pas possible et on jette la bouffe dans la poubelle !

Toutes les nationalités ici font la grève. Tout le monde fait la grève dans le bâtiment 3, 4, 5, 6, 7 et 8. On a envoyé le message au CRA 2 on va voir comment ça va se passer.

On va faire une grève de la faim jusqu’à ce que quelqu’un nous entende. Ici on est pas des esclaves, c’est fini l’esclavage, ici on vit comme des merdes.  »

« Tu chantes pas, tu manges pas ! » // témoignage des prisonnières du CRA du Mesnil-Amelot

Au CRA du Mesnil-Amelot les prisonnières font face au harcèlement policier et à des conditions sanitaires insalubres. Alors qu’une prisonnière est tombée malade suite à une infection (dû au rationnement de serviettes hygiéniques), les prisonnières ont du lutter pour faire intervenir les pompiers. Elles dénoncent les multiples insultes et harcèlements – traitées notamment de « putes » par les flics- et aussi l’humiliation lorsque ils les forcent à chanter « joyeux anniversaire » au chef du centre sous peine de ne pas manger. Elle dénoncent aussi la nourriture périmée qui leur est donnée, qui s’ajoute au froid dans lequel elles vivent. Voici une retranscription de l’émission de l’Envolée du 9 octobre dans lequel une prisonnière raconte tout ça.

 

Bonjour madame

Bonjour, déjà merci de ton appel, est ce que tu vas bien ?

Oui ça va un peu malgré le stress et tout .

Tu voulais nous parler de choses précises aujourd’hui ?

Ouais ouais ce que je vis depuis 2 jours là, ça a commencé avant hier et ça m’a un peu bouleversée, ça ma’a rendue triste et donc c’est pourquoi je voulais le partager avec certaines personnes aussi.

N’hésite pas vas y on t’écoute.

En fait ici sur le CRA des filles, parce que nous sommes aussi avec des filles qui parlent pas français – il y a les albanaises et tout- nous vivons avec elles. Alors il y a de cela 2 jours, il y a une albanaise qui est venue me voir, comme elle parle pas français, elle, elle parle anglais… bah bien que je parle pas trop français je me débrouille quand même. Elle est venue me dire qu’elle avait ses règles et elle voulait avoir des bandes hygiéniques. Elle me dit si je peux l’accompagner à la police pour aller demander des bandes hygiéniques. Là je l’ai accompagnée, arrivées là bas on a trouvé une dame, je lui ai dit voilà, la demoiselle elle a ses règles elle voulait avoir les bandes hygiéniques et la police lui a remis juste 2 bandes. Elle a négocié elle a dit avec 2 bandes qu’est-ce que je vais faire avec ? Et la police l’a grondé. La fille elle a eu peur, on est rentrées. Après dans la journée elle a utilisé les 2 serviettes, ça n’a pas suffit. Donc elle est venue me voir elle a demandé si j’en avais aussi. Moi non plus j’en avais pas. Du coup elle a pris son habit, elle a pris sa blouse, elle l’a déchiré, elle a utilisé ça comme serviette. Sans se rendre compte qu’il y avait des problème avec ça. Et comme la femme, elle est trop fragile elle a attrapé des infections. Elle a commencé à avoir trop mal au niveau du bas ventre et au niveau de la hanche. Elle pleurait tellement fort, elle est venue me dire « je me sens pas bien, j’ai trop trop trop mal », du coup elle est tombée par terre elle a commencé a crier très fort et comme dans notre bâtiment, il y a un bouton là quand vous appuyez directement ça sonne chez la police. Moi j’ai sonné et on a essayé d’appeler la police. La police nous a répondu « nous ne sommes pas là pour vos conneries, donc démerdez vous là bas ». C’est la réponse qu’ils nous ont donnés. Et du coup la fille elle a commencé à pleurer. Au départ on croyait que non ça va passer, c’est juste une douleur, comme on avait pas aussi les antidouleurs rien du tout. Elle pleurait, elle pleurait et plus le temps avançait, la fille elle devenait pale et elle avait une forte fièvre je voyais aussi ses yeux commencer déjà à changer et tout le monde était paniqué. On savait plus quoi faire. Elle pleurai tellement, elle était par terre, elle a commencé à faire… comment appeler ça…

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