Oissel : « les gens ils reviennent bleus, ils stoppent la caméra quand ils te frappent »

Alors que les médias laissent beaucoup de place aux mensonges des flics de Oissel, qui arrivent meme à nier qu’il y a des violences quotidiennes dans le centre, voici le témoignage d’un prisonnier du CRA de Oissel qui a été ensuite transféré dans un autre CRA et enfin libéré.

Contre les violences policières et l’enfermement, la lutte des prisonniers-ères contre les CRA continue !

Liberté pour tou.te.s, solidarité avec les prisonniers-ères de Oissel et partout ailleurs !

« La bas c’est pas comme ici. Ils font des provocations, de l’isolement, ils aiment pas les arabes, ils profitent parce que les gens ils parlent pas français. Quand le chef de centre est pas là ils font ce qu’ils veulent.

Y’a pas de caméra à l’isolement, les gens ils reviennent bleus, ils stoppent la caméra quand ils te frappent. Ils m’appellent pour le médecin et en fait ils me frappent avec leurs
rangers.

Si tu tu déclares pas, si tu parles pas,si tu fermes ta gueule, on te laisse tranquille.
La bas je dors pas.
Le groupe de la nuit ils sont magnifiques.
La cheffe de centre on dirait elle a peur d’eux, elle refuse qu’ils parlent avec elle, elle veut pas que je lui montre qui c’est.

Ils m’ont frappé, j’ai 2 dents cassées, ils ont continué de me frapper à l’isolement. Quand ils frappent ils mettent les gants. Ils m’ont mis le
casque, le scotch pour pas que je parle
J’ai parlé à la police nationale.

(En parlant des 2 matons très violents 🙂 y’a 40 à 60 personnes dans le centre qui ont peur d’eux. Ils ont voulu m’envoyer en prison. Ils sont venus pour m’envoyer en garde à vue puis prison.

La grève de la faim elle a duré 3 jours, ont l’a faire à cause des violences tous les jours. Les gens ont peur d’aller manger car ils cherchent toujours quelque chose pour nous frapper.

Les juges de Oissel sont racistes. Moi je lui ai dit bonjour, il m’a pas laissé finir et il m’a dit : « 30 jours »

La bas on dort 6 sur 6. Y’a quelqu’un il a son bras cassé. Les gens ils pleurent la bas, et moi je peux pas dormir. La promenade est fermée toutes la journée, les heures de manger ils respectent pas.

Y’a de la haine. La bas ils disent : y’a pas de chefs, c’est nous les chefs. Ils sont jaloux entre eux.
Ils disent de moi que je vais balancer. Y’a un journaliste il devait venir à 11h et ils m’ont transféré à 5 heures du matin. En plus c’était
le groupe qui frappait tous les jours. Ils ont perdu mon appareil dentaire, il m’a coûté 2000 euros.

C’est de malins. Samedi dimanche on dirait c’est des boîtes de nuit. Quand ils m’ont transféré c’était la BAC, il m’ont fait signer un
papier. La PAF, ils avaient peur de la BAC, ils m’ont proposé un café. Y’a un policier qui travaille la bas il était à la BAC avant, il a été
déposé du coup il a la haine. Y’en a un il marche comme le loup. Ils étaient à 10 contre 1 c’est quoi ça? Les autres ils comprennent pas la loi.

Je me fais frapper presque tous les jours
La bas on peut aller à l’isolement à cause d’une bouteille d’eau. Si j’ai oublié un papier après manger je sais c’est la fin pour moi.
Ici c’est bien, le centre de Oissel il faut tout changer. Y’a une policière elle va arrêter tellement c’est horrible. Ils retirent leur numéro (matricule).

Le jour ou je me suis fait cassé le pieds, ils m’ont pas autorisé à voir le médecin. J’ai déposé plainte à Rennes, j’ai fait un certificat. Le juge il a envoyé un médecin mais il a révisé (comprendre il a considéré que c’était un élément suffisant). Heureusement y’a pas de pistolet la bas. Ils sont bourrés.

A Oissel il faut que tu marches comme un âne. Jamais ils libèrent la bas. Si je fais tomber un verre la bas, c’est isolement.

Y’a un gars il lui ont cassé l’épaule, du coup ils l’ont mis à l’isolement. Ils peuvent pas l’expulser maintenant car il est venu avec un visa tourisme. Tous les jours il l’emmènent à l’hôpital. C’est trop des malins.
Ils nous donnent des médocs avec une date mort (= médocs périmés). »

Grève de la faim et répression au CRA de Vincennes

Depuis samedi dernier, les prisonniers du batiment 2A du CRA de Vincennes sont en lutte : pendant 3 jours, ils ont réfusé de manger à la cantine, ils sont restés soudés et solidaires, mais ont dû faire face à la répression violente de la part des keufs.

Les flics ont tout fait pour faire craquer les gens et casser la lutte : samedi soir, au début de la grève de la faim, les prisonniers sont renfermés dans le batiment et ils sont fouillés dans toutes les chambres ; dimanche, un prisonnier est tabassé par les keufs, qui refusent aussi l’accès à l’infermerie pour les prisonniers malades ; lundi, les prisonniers se font réveiller par des douches incendie, d’autres tabassages ont lieu, les keufs avec les chiens ; mardi, l’eau du batiment est coupée, pas de douches ni rien.

Un prisonnier du batiment 2A raconte des conditions de vie à l’intérieur, et de ces derniers jours de luttes et de répression (à partir de la minute 35) :

CENTRE DE RETENTION

Et voici, le témoignage écrit d’un prisonnier :

On veut juste des conditions de vie normale parce que nous on vit ici c’est trois mois c’est une vraie peine de prison. Une peine mais nous on veut juste sortir, on a des enfants ici. Le CRA c’est invivable surtout à cause de la violence des policiers et aussi parce qu’il essaient de nous faire craquer. Les gens qui sortent d’ici certains deviennent fous.

Ils nous rendent fous. À l’intérieur on les voit devenir fous petit à petit. Il y a quelqu’un la dernière fois ils lui l’ont appelés pour une prise de sang, et quand il est revenu il s’est écroulé en tremblant et tout, on comprend pas si ils essaient de nous tuer parfois.

Il y a un mec qui a le bras cassé à cause de flics qui lui sont tombés dessus. On essaie de l’aider comme on peut mais le soir il crie, il peut pas dormir.

On savait pas que c’était comme ça a France, tant de racisme. Il y a même un policier qui a craqué quand il a réalisé ce qu’il se passait dans le centre. Les policiers c’est tous des stagiaires donc ils font de la merde. Ils essaient de nous faire craquer avec des fouilles tous les jours, des tabassages de gens avec les jambes et les mains scotchées…

Nous on craque ici on a envie de sortir d’ici le plus vite possible.

Samedi soir on a commencé une grève de la faim on était 28 je pense. Les policiers sont venus pour nous foutre la pression on leur a dit que la nourriture c’est immangeable. L’entreprise qui fait la nourriture c’est GEPSA ils donnent pas de sel, pas d’eau, les plats sont immangeables, c’est GEPSA on peut lire sur leurs gilets. On leur a dit aussi il y a pas de porte dans les toilettes et des toilettes sales avec des gens malades partout.

L’infirmerie fait pas sont travail. Ici beaucoup on la gale. Dès que tu viens qui tu dis que t’es malade ils donnent juste des gros calmant, c’est une pharmacie pas une infirmerie. Les infirmières sont super méchantes. Pharmacie : Valium, Rivotril, Subutex, Tramadol… les gens qui prennent ça ont les voit devenir dingues.

Cette nuit là vers 4h ils nous ont arrosés avec les douches incendies. Ils ont arrosé tous le monde, toutes les chambres. Les vêtements, les matelas, les couvertures tout était mouillé. On tremblait on pouvait pas dormir dans ce froid. Au haut-parleur ils ont dit : « si vous mangez pas demain à midi ca va continuer » Ils voulaient nous faire craquer.

Heureusement que certains ont des chambres tellement sales qu’ils dorment dans les couloirs ou dans la salle commune. Eux ils avaient les couvertures sèches. Alors on s’est mis tous dans la même salle pour se réchauffer avec les couvertures sèches et essayer de dormir.

C’était horrible, le lendemain on était plus que 18 en grève de la faim. Ils nous ont notés et après ils sont venus nous taper, juste pour en découdre ?

Le lendemain donc hier, ils ont coupé l’eau. Ça a commencé hier soir certains étaient réveillés, mais nous on s’en est rendu compte que ce matin : d’un coup plus d’eau dans les douches, robinets, toilettes. Tout le monde est paniqué ou énervé. Même la machine pour boire elle est coupée. Quand on demande pourquoi, ils disent : « arrêtez de nous casser les couilles ».

On en a marre on en peut plus des fois on pense au suicide. Même aux USA les prison c’est pas comme ça.

Les CRA existent pour isoler les prisonniers-ères, pour leur faire croire qu’iels sont seul.e.s face aux flics, aux juges, aux avocats, aux associations. La solidarité depuis l’extérieur est une arme, ça permet aux prisonniers-ères de tenir le coup. Soyons solidaires avec les prisonniers du batiment 2A de Vincennes, et tou.te.s les autres. Par exemple, en appellant les cabines du CRA pour montrer notre soutien à la lutte, en faisant des parloirs et des parloirs sauvages… voici toutes les infos.
Numéros des cabines de Vincennes 2A :
01 48 93 69 47
01 48 93 69 62
01 48 93 90 42

PS Dimanche dernier, avant un parloir, des personnes de l’Assemblée contre les CRA ont assisté à une tentative d’évasion à Vincennes. Elles racontent ce qui s’est passé :
Vers 16h30, alors qu’on attend depuis pret de deux heures, une alarme retentit. Des flics se mettent à courrir, nous aussi. Un homme saute par dessus un portail qui l’améne à l’extétieur du CRA (côté batiment 1), traverse la route malheureusement face à lui un parking grillagé. Là une quinzaine de flics arrivant de toute part le rattrape sous nos cris et nos yeux impuissant alors qu’il est suspendu au grillage. Ils le transporteront allongé jusqu’à la voiture qui l’emmenera en garde à vu. Il ne se débatait même plus comme si il avait mis tout le reste de son énergie dans cette tentative d’évasion.

LIBERTE POUR TOU.TE.S
SOLIDARITÉ AVEC LES PRISONNIERS-ÈRES EN LUTTE
A BAS LES CRA !

 

« France Terre d’Asile n’est qu’une association de paille » : les prisonniers demandent le départ de FTDA du CRA de Oissel !

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Le collectif des prisonniers du CRA de Oissel est toujours en lutte, et continue à demander le départ de France Terre d’Asile avec un nouveau communiqué (après celui de la semaine dernière, ici), et en témoignant à la radio ce qu’ils pensent de FTDA.

La situation à Oissel reste dure : si la grève de la faim du 22 janvier a fait gagner aux prisonniers la possibilité d’avoir un repas végétarien, le chauffage est encore cassé. Surtout, les intimidations de la part des flics n’ont pas arreté, les tabassages non plus. Jeudi dernier un prisonnier a été tapé dans la cellule d’isolement, à coté de la pièce où France Terre d’Asile a son bureau. Les prisonniers entendaient leur copain qui criait, mais apparemment l’ouïe des salarié.e.s de FTDA fonctionne moins bien… Après l’isolement, le prisonnier a été déporté.

Des personnes solidaires avec les prisonniers ont continué à appeler FTDA de l’extérieur pour dénoncer leur inaction et la complicité totale avec la police et la préfecture (voici son numéro : 02.35.68.75.67). Les dirigéants de FTDA n’ont pas apprécié qu’on leur dise ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire des collabos. Au point que Pierre Henry, directeur générale de FTDA (et candidat pour le 10ème arrondissement de Paris), avec son typique paternalisme dégueulasse, déclare que les prisonniers seraient « manipulés » par « des militants de l’ultra-gauche qui se battent contre l’existence des CRA« . Comme si les personnes sans-papiers avaient jamais eu besoin d’attendre quelqu’un pour se révolter contre la machine à expulser…

Le collectif des prisonniers de Oissel a décidé de répondre avec un communiqué :

Bonjour,
Nous répondons aux déclarations de président de France Terre d’asile, qui prétend que le collectif des personnes retenues est manipulé par l’ultra gauche. Il y a un décalage entre le déclaratif et la réalité. Cela nous a amené à dire que ce ne sont que des propos malheureux. C’est vrai que notre collectif ne peut pas plaire à tout le monde. Le président de France Terre d’asile ferait mieux de balayer devant sa porte.

Que plaise ou non, nous réclamons haut et fort le départ des 3 réprésentants de France Terre d’Asile au CRA de Oissel, car ils ne sont pas à la hauteur de leur mission. On se pose des questions en permanence sur France Terre d’Asile. Mais nous ne rentrons pas dans aucune polémique, on s’intérroge sur cette association avec un esprit critique, car au fond France Terre d’Asile n’est qu’une association de paille. Affaire à suivre »

Et encore, pendant l’émission radio de l’Envolée de vendredi dernier, un prisonnier a raconté ce que « France Terre de cauchemar » fait et fait pas dans le CRA de Oissel.