« Vraiment on nous a oublié ici » / Communiqué de grève de la faim des retenus Mesnil-Amelot

Alors que beaucoup de pays refusent les avions venus de France, que la Cimade et les personnels de nettoyage ne sont plus dans les centres, que certains JLD n’ont pas lieu, que l’infirmerie et les médecins continuent de mépriser les retenu.es, aujourd’hui pleins de luttes ont lieu dans plein de CRA en France (au moins Vincennes, Mesnil-Amelot, Lyon, Lesquin).

Les prisonnier.es sont en grève de le faim depuis hier soir ou ce matin. dans certains centres il y a aussi eu des départs de feu, des évasions collectives, des blocages et bordel en tous genres. Alors que dans certains centres il y a des libérations (Palaiseau) dans d’autres, les préfectures continuent d’expulser vers les quelques destination où il y a encore des vols, voire même d’enfermer de nouvelles personnes (Mesnil-Amelot encore ce matin)

Voici le communiqué écrit par les retenus du CRA 3 de Mesnil-Amelot en grève de la faim depuis hier soir :

 

Nous sommes retenus du CRA de Mesnil-Amelot au CRA 3. Là on est en grève de la faim, on mange pas. Le CRA 2 est aussi en grève de la faim, le CRA 1 de Vincennes aussi et le CRA de Lyon et celui de Lille il paraît.

Il y a rien ici il y a que la police qui nous enferme. Avec le virus pas de visite au médecin, il s’en fout, et les policiers trainent dans les couloirs sans masque. Aujourd’hui on a parlé avec le chef du CRA, il a dit on s’en fout faites ce que vous voulez. Maintenant il y a les CRS devant le centre.

La plupart des aéroports ferment, les avions sont coupés, pourquoi on est encore là ? On est comme des animaux on enfermés comme en prison sans qu’ils nous expulsent et sans n’avoir rien commis, et ca pendant 3 mois. Il reste que quelques pays avec des avions et ils continuent d’expulser. Il paraît que il y a des CRA ou des gens ont été libérés, mais nous on sais pas on est toujours enfermés et en plus ils ramènent encore des nouveaux prisonniers, aujourd’hui même, c’est pas normal. Au réfectoire on était à 50 personnes dans la même salle.

La Cimade et l’offi c’est fermé donc nous on est au courant de rien. Pas non plus de nettoyage, si ca continue on va faire nous même mais sans produits ou protection.

Vraiment on nous a oublié ici, avec le virus l’état pense à autre chose, le préfet nous a oublié.

Besoin de mobilisation au maximum pour la liberté pour tout.e.s.

Vincennes, Oissel, Mesnil Amelot : une nouvelle année de luttes contre les CRA a commencé !

Depuis deux mois, les luttes des prisonniers-ères sans-papiers dans les centres de rétention administrative (CRA) sont intenses et déterminées. La répression ne se fait pas attendre : on ne peut pas regarder sans réagir !

A l’extérieur des CRA, les rafles, les contrôles au faciès, les expulsions des campements continuent sans cesse et permettent de renfermer et de déporter de plus en plus d’étrangers-ères (27.000 expulsions depuis Mayotte en 2019, 18 906 expulsions depuis la France hexagonale en 2019 contre 15 677 en 2018). A l’intérieur des ces prisons, les personnes enfermées qui n’ont pas les « bons papiers » s’organisent et se révoltent, contre les violences policières, contre des conditions d’enfermement vraiment pourries, mais aussi pour obtenir la liberté et pour que ces lieux disparaissent.

Ils et elles nous montrent que ce ne sont pas les pétitions, les articles journalistiques, les visites des élu.e.s ou l’indignation citoyenne à pouvoir ralentir et enrayer cette machine d’enfermement et d’expulsions, mais les luttes des prisonniers-ères. C’est pour soutenir ces luttes qu’il est urgent et nécessaire, à l’extérieur, de construire une solidarité active.


          • Oissel : en lutte contre les violences des flics et contre celleux qui les couvrent

Les copains qui sont passés dans le CRA de Oissel disent tous la même chose : passages à tabac systématiques, humiliations quotidiennes, racisme, la cellule d’isolement (mitard) où les prisonniers, menottés et casqués, sont frappés violemment… Fin janvier, après que les keufs aient tabassé un prisonnier qui protestait contre la mise au mitard d’un autre prisonnier, les prisonniers du CRA de Oissel ont lancé une lutte qui continue jusqu’à aujourd’hui.

Des grèves de la faim et des résistances collectives se sont organisées, un collectif de prisonniers a fait sortir plusieurs communiqués, où il dénonce les violences subies, les conditions d’enfermement et la collaboration entre France Terre d’Asile (FTDA) et les condés. Leurs paroles et leur rage sont sorties des murs de la prison, malgré les tentative des keufs, des journalistes et de FTDA de les faire taire et de les isoler encore plus.

Les flics ont intimidé tout le monde, déporté et transféré certains prisonniers vers d’autres CRA, tabassé d’autres. Dans les journaux les prisonniers sont décrits comme des individus « manipulés » par l’extérieur. La seule parole relayée par la presse est celle des flics, qui justifient les violences et qui décrivent Oissel comme un hôtel à 5 étoiles. France Terre d’Asile, l’association qui est payée par l’État pour fournir un suivi juridique aux prisonniers-ères de Oissel, montre une fois de plus son vrai visage, en soutenant la version des keufs et niant celle des prisonniers.

Malgré la répression et les mensonges de FTDA et des flics les prisonniers restent déters, et ils continuent à rappeler à l’administration du CRA qu’ils n’ont besoin d’aucune manipulation de l’extérieur pour se révolter contre leurs conditions d’enfermement. À l’extérieur un groupe de personnes solidaires et ennemies de toutes les prisons a montré sa complicité à la lutte de Oissel en rappelant à Pierre Henry, le directeur général de FTDA, quelle est la place de ceux qui font du profit sur l’enfermement des gens. Lundi dernier lors d’une discussion publique où il était censé présenter sa liste aux élections municipales du 10e arrondissement il a été contesté et empêché de parler. Pas de place pour les collabos !

Des assos de Rouen ont appelé à un rassemblement devant le CRA le 15 février dernier en solidarité avec les prisonnièr.e.s enfermées.

On rappelle que dans cette prison y a aussi un batiment pour enfermer les femmes étrangèr.e.s. Elles sont très peu nombreuses (7 à 8 prisonnières ces dernières semaines) et donc particulièrement sous pression des keufs, insultées, menacées de déportation tout le temps.

Entre temps, les résistances et les luttes dans le CRA n’ont pas arrêté : samedi dernier, une cellule a pris le feu, et un prisonnier est arrivé à s’échapper de la prison pour sans-papiers. Bonne cavale à lui, et courage à toustes les autres ! Hier aussi, lundi 24 février, un prisonnier est arrivé à s’échapper…


            • Vincennes : le CRA en feu !

Le premier février les prisonniers du bâtiment 2A du CRA de Vincennes lancent une grève de la faim, qui tient trois jours mais elle est violemment réprimée. Pendant 3 jours, ils ont refusé de manger à la cantine, ils sont restés soudés et solidaires, mais ont dû faire face à la répression violente de la part des keufs.

Les flics ont tout fait pour faire craquer les gens et casser la lutte : samedi soir, au début de la grève de la faim, les prisonniers sont renfermés dans le bâtiment et ils sont fouillés dans toutes les cellules; dimanche, un prisonnier est tabassé par les keufs, qui refusent aussi l’accès à l’infirmerie pour les prisonniers malades; lundi, les prisonniers se font réveiller par des douches anti-incendie, d’autres tabassages ont lieu, les keufs viennent avec les chiens; mardi, l’eau du bâtiment est coupée, pas de douches ni rien.

Le mardi 4 février, un gros incendie touche le bâtiment 2A et une partie du bâtiment 2B. Le 2A est fortement endommagé, il reste fermé jusqu’à aujourd’hui. Après une nuit dans la cour, sous la pluie, encerclés et menacés par les flics et les maîtres-chiens, une trentaine de prisonniers du CRA 2A ont été emmenés passer la nuit de l’incendie dans un comico, vu que les chambres étaient inutilisables. Le lendemain, certains ont été transférés au CRA 1 où ils sont maintenant encore plus nombreux par chambre ; d’autres au CRA 2B où certains ont été obligés de dormir sur des matelas brûlés ; et encore d’autres au CRA de Palaiseau ou du Mesnil-Amelot.

Suite à l’incendie du batiment 2A du CRA de Vincennes, jeudi 6 février matin les flics sont venus au petit matin chercher plusieurs prisonniers. Plusieurs d’entre ont été amenés en garde à vue, et après 36 heures retransférés dans le CRA. La préfecture à annoncée l’ouverture d’une enquête. Depuis, les déportations, les passages à tabac, les menaces et les humiliations n’ont pas arrêté.

La vengeance des keufs continuent et ils ont pas mal visé des prisonniers qui étaient du 2A ces dernières semaines semaine. Un prisonnier a été accusé de parler à des journalistes (et en général à l’extérieur) au moment où une dizaine de keufs le tabassait avant de le mettre au mitard.. puis de l’expulser par un vol caché quelques heures plus tard.

Encore ce soir mardi 25, les keufs sont rentrés dans des chambres du batiment 1 en provoquant et en tabassant les prisonniers, deux ont été ramené au mitard, où ils se trouvent actuellement.

La révolte a quand-même payé : le bâtiment 2a du CRA, rendu inutilisable par l’incendie, reste fermé. Dans les jours suivants, il y a eu des libérations, apparemment au moins 14 ! Et en tout cas, un bâtiment fermé ça veut dire environ 60 places de moins où enfermer et torturer pour tenter d’expulser les sans-papiers !

À l’extérieur on continue de soutenir les prisonniers et de diffuser leur parole. Un parloir sauvage a eu lieu la nuit après l’incendie, pour donner force et courage et montrer solidarité à ceux qui se révoltent. Un rassemblement en soutien aux révoltés de Vincennes a également eu lieu le dimanche 9 février à Barbès, avec prises de parole de l’intérieur.


            • Mesnil Amelot

Au Mesnil-Amelot y a deux CRA qui n’ont pas les mêmes règles / manières de fonctionner : le CRA2 (où y a aussi un batiment pour enfermer les prisonnières) & le CRA3.

Depuis l’incendie du bâtiment 2A à la prison pour sans papiers de Vincennes, le mardi 4 février, il n’est plus possible de faire rentrer de la bouffe au CRA3. Pour s’opposer à cette nouvelle interdiction des keufs, une trentaine de prisonniers ont refusé les repas le lundi 10 février à midi. Une pétition a été signée par pas mal de prisonniers de plusieurs bâtiments et filée à la direction du CRA. Le lendemain de la bouffe passait en parloir (mais c’était pas les mêmes keufs ni les mêmes gradés)

Les prisonniers ont fait sortir des témoignages de la situation au Mesnil depuis le début de l’année : violences policières, racisme, conditions de détention pourries et manque de soins. Voici le lien aux témoignages des copains enfermés


Pour rappel: Rendez vous tous les mercredi à 18h au CICP pour l’assemblée d’IDF contre les centres de rétention ! C’est au 21ter rue Voltaire, métro rue des boulets sur la ligne 9.

A BAS LES CRA !

SOLIDARITE AVEC LES REVOLTE.E.S !

LIBERTE POUR TOU.TE.S !

Au CRA de Lyon tabassage de la police et prisonnièr-es en lutte à l’interieur du CRA

Au CRA de Lyon tabassage de la police et prisonnièr-es en lutte à l’interieur du CRA

Aujourd’hui, lundi 24 fevrier, les prionnier-e-s du CRA de Lyon St Exupery témoignent de la violence de la PAF en ce moment même.

Ils demandent à publier ce témoignage. A diffuser largement pour les soutenir !!

A bas les CRA, A bas les frontières, soutien aux prisonnie-r-es

Ca a commencé comme ça euh, après le repas de midi on est rentré dans notre coté, coté orange.

Alors yavait un gars albanais qui a demandé à ouvrir la porte et voilà ya un policier qui a répondu très agressivement.
Lui il lui a dit pourquoi tu me parle comme ça, agressif.

Alors ils sont venu tous. Ils ont [passage inaudible] tout le monde.
Ils ont attrappé le gars, ils ont étranglés face à la mort tu vois qui a enlevé la main des des des policiers. Et voilà ils l’ont tabassé à mort tu vois.

Il vont le ramener à l’hopital quoi. Et voilà nous on va commencer aussi a faire notre grève.

Et ça va commencer dans tout le centre c’est pas juste un coté. Ca va commencer dans tout le centre.


[Autre témoignage ]

Ils sont là avec leur plastique là, avec leur casque, avec le gaz, avec tout ce qu’il faut. Ils sont venu là pour nous tapper quoi. Comme ça…

(…) Ils sont venu avec leur plastique là qu’ils prennent devant eux. Tu vois ils étaient avec le gaz là tout le materiel là tu vois. Ils sont venu pour nous tapper mais heureusement il s’est rien passé. Mais ils nous a menacé « vous allez voir ce qui va se passer », « vous allez voir », jsais pas.

Voilà ça a commencé à l’autre coté. Ca va passer dans tous les cotés, ils courent maintenant toute la journée.

Ce qu’ils font là c’est pas bien, ils vont trop trop loin franchement.

Voilà de tous les cotés c’est comme ça mais chez nous on a cassé toutes les portes tu vois. Bah ouais ça fait réagir tu vois quand ils viennent et ils tappent les gens comme ça pour rien du tout tu vois.

Pour l’instant, 9 personnes sont misent à l’isolement. Tous les prisonnier-e-s sont enfermés dans la cour à l’interieur du CRA.

Solidarité avec tou.te.s les prisonnièr.e.s ! A bas les cra !