Solidarité aux prisonniers du Mesnil Amelot et de Vincennes : APPEL MAILBOMBING mis à jour après révoltes au Mesnil 12/04

Le 11 avril, à 20h les prisonniers du CRA 2 du Mesnil-Amelot occupent la cour du bâtiment et bloquent la promenade aux cris de “liberté !”, pour exiger leur libération et pour protester contre l’absence de mesures sanitaires, alors que les policiers rentrent et sortent de la prison tous les jours, en plus de la fermeture des parloirs. Le 12 avril au matin, les flics en équipement anti-émeute chargent à plus d’une centaine les prisonniers présents dans la cour. Ils confisquent des portables, et envoient en garde-à-vue au moins 7 personnes.

Au CRA de Vincennes, deux personnes enfermées ont été contaminées par le virus, alors même que les prisonniers exigent d’être libérés – ou au minmum des mesures sanitaires sérieuses – depuis le début du confinement. Un départ de feu a eu lieu ce matin dans une cellule en signe de protestation.
 
Il n’y aucun doute sur le fait que ce sont les policiers qui font rentrer le virus, ce sont les seuls à rentrer et sortir quotidiennement des CRA, et donc à augmenter le danger pour les prisonniers en plus de leur sale travail habituel.
 
Ne laissons pas seuls les prisonniers en lutte, relayons leur parole et soutenons les de toutes les manières possibles !
 
Le confinement nous empêche de nous rassembler devant les CRA pour lutter avec les révolté.e.s et manifester notre solidarité, mais en envoyant massivement des mails aux adresses des préfectures on peut montrer qu’on est au courant de la répression en cours à l’intérieur des CRA et qu’on est toujours là ; c’est aussi une manière de ralentir leur sale travail en saturant leurs boites mails et, si on est vraiment nombreux.euses, qui sait, en faisait bugger leur système ?
 
On vous propose d’à partir de maintenant, lundi 13 avril, de participer collectivement à l’envoi d’un e-mail (texte plus bas) aux adresses ci-dessous :
 
 
Il faut envoyer le texte à chaque adresse séparément. Les envois collectifs finissent directement dans les spams. Copiez le texte dans le corps du message. Changer l’objet du mail peut être également une bonne technique.
L’idée est de reproduire l’envoi de ces mails AUSSI SOUVENT QUE POSSIBLE !
 
Brisons le silence, ne laissons pas isolés les prisonniers en lutte ! Texte à envoyer:
 
“Au CRA du Mesnil Amelot, les retenus ont bloqué la cour de promenade à partir du samedi 11 avril à 20h jusqu’au dimanche 12 avril au matin, en étant délogés violemment par la police. Les prisonniers se sont mobilisés pour protester contre l’enfermement et les conditions qui se dégradent avec le coronavirus. Au même moment, au CRA de Vincennes aussi, alors que les prisonniers ont alertés l’administration et se sont mobilisés pour exiger leur libération et, a minima des mesures sanitaires sérieuses, des cas de coronavirus ont été confirmés.
A l’intérieur comme à l’extérieur, on continuera à lutter contre vos politiques racistes et contre les CRA qui tuent, torturent, tabassent.
On exige la libération immédiate de tous les retenus et la fermeture des CRA !
 
Le communiqué des retenus :
 
“Ils ne respectent pas le droit des gens, pas de mesures sanitaires dignes et quand tu dis quelque chose les policiers ils te frappent c’est pas humain ! Sérieux les avions ils vont pas redécoller avant septembre on nous a dit, ça veut dire quoi ? On va pas rester ici jusqu’en septembre !”
“On a bloqué on s’est mis tous dans une cour, c’est à dire les 4 bâtiments qui étaient ouverts dans la cour tous ensemble. Tant qu’ils trouvent pas de solution on bougera pas d’ici ! Tout à l’heure ils nous ont gazé matraqués ils ont des boucliers, depuis tout à l’heure on subit des violences pour rien ! Là ils sont à la sortie de la cour vers la grille matraque à la main, casque et ce qui va avec ! Que les journalistes nous appellent mais là ! Maintenant !”
 
« Ils nous ont amené le directeur du centre il a dit qu’ils ont pas de solution pour nous. Alors ont a dit si c’est comme ca on va dormir dehors. Pourquoi ils nous gardent alors qu’il y a pas de vol et que le Corona est dans le centre ? On est pas animaux. ici c’est la double peine ! Il y en a qui sont en t-shirt mais on est allé cherché des couvertures par derrière on va dormir dehors on va rester toute la nuit ! et demain personne ne mange ! »

 

Contre les lieux d’enfermement en France et ailleurs, attaquons Eiffage !

90 jours de rétention maximale, 481 nouvelles places en CRA dans les prochaines années en France hexagonale : l’État s’emploie à enfermer, torturer et expulser de plus en plus d’étranger.es. Et il ne lésine pas dans la guerre qu’il mène contre les personnes qui n’ont pas les bons papiers
 
Les CRA version eiffage et icamosource: icamo
 
Ainsi, entre la réouverture des CRA de Hendaye et de Geispolsheim,l’extension des CRA de Nîmes et de Coquelles, le lancement de la construction des CRA de l’Olivet, de Bordeaux et du second CRA de Lyon, les appels à projets fleurissent sur les plateformes d’annonces de marchés publics, et les promoteurs immobiliers constructeurs de taules partent à la cueillette. Les boîtes qui collaborent avec l’État dans l’industrie de l’expulsion lorgnent logiquement sur les dizaines de millions d’euros d’argent public qu’ils peuvent empocher !
 
Une poignée d’entreprises se partagent le marché (Thémis – FM [filiale Bouygues], Gepsa [filiale d’Engie], Sodexo, Spie Batignolles, Eiffage) ¹. Ciblons plus particulièrement Eiffage, groupe expert de la construction immobilière répressive et mortifère !
 
Eiffage gère 100 000 chantiers en France et à l’international ; parmi l’un d’eux, on compte la gestion de la « réalisation » du nouveau CRA de Lyon à Colombier-Saugnieu (69), dont les travaux vont s’étendre de mai 2020 à septembre 2021. Eiffage sera assisté par l’entreprise ICAMO, qui sur son site internet place la construction d’un CRA dans la rubrique « Sureté » ².
 
Eiffage, c’est des millions d’euros amassés sur le dos des sans-papiers qui subissent la violence de l’enfermement dans les CRA, tandis que l’entreprise redore son blason en prétendant avoir un discours écologiste ³ et être contre les discriminantions ⁴ et les besoins des populations. PDG dEiffage depuis 2016, Benoît de Ruffray ⁵ aurait perçu un salaire global de 1 515 416 € en 2016 quand son groupe présente un chiffre d’affaire pour l’année 2018 de 16.6 milliards d’euros. Faire trimer des ouvriers pour faire construire des taules, ça paie. L’entreprise reçoit de l’argent de l’État qui, lui, s’endette durablement (c’est le principe des fameux partenariats public-privés).
 
Les populations pauvres, racisées, sans papiers, construisent ces taules et risquent d’y être enfermées. 
 
De l’État aux entreprises, les acteurs de la machine à expulser participent à bâtir et entretenir ce monde d’exploitation et de domination qui a besoin de prisons et de frontières pour continuer d’exister.
 
Déclare ta flamme aux boîtes collabo !
Contre Eiffage, on s’organise !
À bas les CRA et les frontières !
 
 
 

L’Etat enferme, ses collabos s’engraissent… A bas l’enfermement et son marché !

Depuis deux ans l’Etat rénove des Centres de Rétention
Administrative (CRA = prisons pour étranger.es sans papier) pour créer des centaines de nouvelles places en rétention.

Aujourd’hui il s’apprête même à faire construire trois nouveaux centres ! Diverses entreprises se font de l’argent sur le dos des étranger.e.s en bâtissant et entretenant ces prisons labellisées « humaines » grâce à la caution fournie par des associations humanitaires.

Contre l’enfermement et son marché, ciblons les boîtes collabos !

restoring justice webpage


Construire plus de CRA pour enfermer plus

Depuis fin 2017 l’Etat a décidé d’augmenter ses moyens pour enfermer et expulser plus d’étranger.es dans le cadre d’un plan prévoyant la création de 481 nouvelles places en CRA d’ici 2020. En parallèle la nouvelle loi Asile et Immigration, entrée en vigueur en 2019, augmente la durée maximale de rétention de 45 à 90 jours : pour enfermer plus et plus longtemps, il fallait bien construire plus de CRA… Ainsi deux centres qui étaient fermés ont rouvert après rénovation en 2018 : l’un à Hendaye, près de la frontière avec l’Espagne (30 places), l’autre à Geispolsheim, près de Strasbourg (34 places).

En 2019, la cadence s’est accélérée ! A Tourcoing un nouveau local de rétention administrative (4 places) a ouvert ses portes en juin dernier. En août des travaux de rénovation ont été terminés dans le CRA de Nîmes pour faire passer sa capacité de 66 à 120 places. A Coquelles près de Calais, il est prévu de terminer des travaux d’extension du CRA d’ici la fin de l’année pour atteindre une capacité de 100 places au lieu de 79 actuellement. Mais ce n’est pas tout, désormais l’Etat compte mettre en service trois nouveaux CRA d’ici 2023, à Olivet près d’Orléans (90 places), Lyon (140 places) et Bordeaux (140 places venant remplacer les 20 places existantes
auparavant).

Le ministère de l’intérieur a déjà lancé des appels d’offres pour la construction des deux premiers. Au total c’est donc une augmentation de 35% du nombre de places en cage qu’annonce fièrement Castaner. Par ailleurs, sur les 40 millions de dépenses prévues en 2019 pour l’entretien des CRA, l’Etat dit en avoir consacré 2 millions à « l’amélioration du cadre de vie », histoire de se donner une image de geôlier humaniste… Non seulement il n’existe pas de prison « humaine » mais en plus, on sait bien que l’Etat fait tout pour que les conditions de vie soient les pires possibles dans ces taules qui, à leur construction, ne devaient servir à enfermer « que » quelques semaines (et pas 3 mois). La bouffe dégueulasse, des matelas et cellules immondes, l’absence totale d’activité (1) : tout ça fait partie intégrante du dispositif carcéral de l’Etat qui vise ici à punir et faire souffrir les étrangèr.e.s qui n’ont pas le bon bout de papier.


Un business profitable : l’enfermement sert le capital

Enfermer les étrangèr.es en CRA, c’est d’abord pour l’Etat un moyen
d’éloigner et de punir celles et ceux qu’il considère comme indésirables, ici les non-blanc.hes et les pauvres. Mais c’est aussi un marché juteux pour de nombreuses entreprises et associations qui collaborent à ces politiques racistes pour se faire de la thune sur le dos des enfermé.es. Pour la construction du nouveau CRA d’Olivet, près d’Orléans, c’est près de 9,5 millions d’euros qu’empocheront les entreprises choisies par l’Etat pour la réalisation des travaux – dont les architectes participant au concours de qui construira la plus belle taule (2). Ce business concerne la construction des centres mais également leur conception et leur maintenance. D’ailleurs, concernant le nouveau CRA de Lyon, qui sera construit au niveau de l’aéroport Saint-Exupéry, toutes ces prestations seront réunies dans un même contrat pour une enveloppe totale estimée à 18,7 millions d’euros (3).

A l’échelle de tout le pays, ce sont plusieurs dizaines de boîtes
collabos qui profitent de ces marchés :

  • VITTE, NOVELEC, ART MANIAC, SPIES FACILITIES, BD Ingéniérie, Atalian, GTM multiservices (filiale de Vinci) ou encore GFC Construction (filiale de Bouyges) pour la construction ;
  • Pierre louis carlier (Coquelles), IAM architectes (Mayotte), CCD
    Architecture (Marseille), APC Architectes (Toulouse) pour la conception ;
  • Engie Cofely pour la fourniture d’énergie ;
  • CENTURIONS pour la sécurité privée ;
  • MTO, Elior ou Onet pour le nettoyage

Certaines boîtes font même des CRA et autres taules leur source
principale de profit, à l’image de GEPSA, filiale d’Engie, qui se
revendique « expert du Facility Management en sites sensibles ». D’autres, comme Elior, se spécialisent dans le racisme rentable à toutes les étapes de la chaine de production, notamment en exploitant des sans papiers pour aller faire le ménage… dans les CRA !

Les centres de rétention, comme toutes les prisons, sont les produits
d’une véritable industrie carcérale qui veille à toujours grossir et se diversifier : la « crise migratoire » a ainsi fourni un nouveau marché
prometteur à ce capitalisme de taules. Sans surprise, ce dernier n’a pas de frontières : par exemple, la BNP Paribas finance le groupe GEO, numéro un des prisons pour migrant.e.s aux Etats-Unis (4), Sodexo vend des services de restauration dans des CRA en France mais aussi d’autres services dans des prisons d’Espagne, des Pays-Bas, de Belgique et du Chili. Enfin, en bout de chaine, les expulsions des personnes retenu.e.s n’auraient pas lieu sans la collaboration de la quasi totalité des compagnies aériennes, d’AirFrance à Qatar Airways ou Royal Air Maroc, avec toujours de belles sommes à la clé (à titre d’exemple, en 2014 TwinJet signait un contrat avec le ministère de l’Intérieur pour 1,5 millions d’euros par an pendant 4 ans (5)).

Migrant Prison: noise demo blocks site visit, and an update on implicated companies and the ongoing bidding period (MTL Counter-info)


Les associations humanitaires, rouages de la machine

En dehors de ces entreprises, le fonctionnement des centres de rétention repose également sur des associations qui participent à leur gestion tout en servant de caution humanitaire. Le groupe SOS, Forum réfugiés, France terre d’asile, La Cimade, l’Ordre de Malte et Solidarité Mayotte sont rémunérées par le ministère de l’intérieur pour effectuer des prestations d' »aides juridiques et sociales » dans les CRA. Bien souvent, ces associations aident, d’un côté, à pacifier les rapports entre retenu.es et flics et, de l’autre, à faire taire les mouvements de révolte à l’intérieur.

Parmi les exemples récents on peut citer la Cimade au Mesnil-Amelot qui, en novembre, refuse de faire sortir le communiqué écrit par les retenu.es en grève de la faim (6), ou l’ASSFAM à Vincennes qui déclare à un retenu que s’il est déporté si vite, c’est à cause du témoignage qu’il a fait publier sur internet dans lequel il dénonce la mort de son co-retenu (7). En plus, dans bien des cas, ces associations mettent des bâtons dans les roues des retenu.e.s plutôt que les aider, comme à Plaisir en septembre dernier lorsque France Terre d’Asile a refusé de délivrer les documents prouvant que les flics avaient interdit des parloirs, alors même que ces attestations auraient pu permettre la libération des retenu.es.

D’autre part les flics des CRA sont bien épaulés par des médecins et des infirmièr.e.s qui distribuent anxiolytiques et antidépresseurs à gogo, notamment pour shooter les retenu.e.s avant leur vol et avant leurs audiences devant le juge des libertés et de la détention (JLD). D’ailleurs les retenu.es le disent : à Vincennes en mars dernier, certains revendiquaient, en même temps que la grève de la faim, la grève de l’ASSFAM et de l’infirmerie, clairement identifiés comme des complices du système d’enfermement (8).

En acceptant de travailler dans les CRA, les associations et médecins légitiment et rendent acceptable ce qui s’y passe : puisque « l’exercice effectif des droits des retenu.es » est respecté, l’enfermement et l’expulsion n’est plus un problème. L’Etat peut ainsi se targuer d’enfermer et expulser « humainement »…

De l’Etat aux entreprises, les acteurs de la machine à expulser
participent à bâtir ce monde d’exploitation et de domination qui a besoin de prisons et de frontières pour continuer d’exister. En même temps qu’elles construisent ou assurent la maintenance des CRA, ce sont les mêmes entreprises, toujours en étroite collaboration avec l’Etat, qui dévastent des régions entières pour y creuser des mines (Vinci, Bouygues), empoisonnent nos vies en fabriquant des réacteurs nucléaires (Engie), exploitent des pauvres en agents de « sécurité » pour fliquer tou.te.s les autres en permanence (Onet, Atalian), installent des caméras à tous les coins de rue pour mieux nous surveiller (SPIE) etc…

Elles sont partout autour de nous, souvent dans des espaces accessibles, où il est possible de leur rappeler qu’on ne les aime pas !

 

(1) Voir à ce propos l’ensemble des témoignages de prisonnier.es publiés
sur abaslescra.noblogs.org, par exemple :
https://abaslescra.noblogs.org/des-lettres-de-prisonniers-enfermes-au-cra-de-vincennes-en-idf/
(2) Cet été des boites d’architectes ont répondu à l’appel d’offres pour
la conception du centre.
(3) L’appel d’offres lancé par le ministère de l’intérieur en février
2019 comprend, dans un seul lot, la construction, l’aménagement,
l’exploitation, la maintenance et l’hotellerie du nouveau CRA, faisant
de ce dernier une taule en gestion déléguée.
(4)
https://www.mediapart.fr/journal/international/220719/bnp-paribas-financera-jusqu-en-2024-un-groupe-americain-specialise-dans-la-detention-des-migrants?utm_content=buffere1ed9&utm_medium=social&utm_source=Facebook_Page&utm_campaign=CM)
(5)
http://www.regards.fr/societe/article/le-juteux-business-des-expulsions
(6)
https://abaslescra.noblogs.org/la-greve-de-la-faim-a-mesnil-amelot-continue-communique-du-troisieme-jour-de-lutte/
(7) le 8 novembre 2019, Mohammed, retenu à Vincennes, est mort des
suites d’une overdose de médicaments, donnés par l’infirmerie. Voir le
témoignage de son co-retenu :
https://abaslescra.noblogs.org/au-cra-linfirmerie-cest-une-boucherie-un-autre-mort-a-vincennes-ni-oubli-ni-pardon/
(8)
https://abaslescra.noblogs.org/communique-du-cra-1-de-vincennes-en-greve/