Nouveaux témoignages de prisonniers de Plaisir et Vincennes

Les voix à l’intérieur des CRA continuent de crier, faisons les sortir !
Vous pouvez communiquer à l’intérieur des CRA, et envoyer vos messages sur ce site. Ne laissons pas les personnes détenues seules !

Nous relayons ici deux témoignages reçu sur notre mail:

22 mars 2020, Paris Vincennes CRA 1 :

On parle avec vous tout les jours, il se passe rien, personne parle de nous. On vient comme des animaux. Tout le monde s’en fou

Y’a des gens qui sont malades, ils vivent avec nous.

Y’a des pigeons mort ici, ils nous ramènent le virus.

Ça fait 3 jours y’en a qui mangent plus, la bouffe elle est périmé. Ils mettent un autre ticket sur les vieux ticket, on enlève le ticket la bouffe est périmé depuis 3 jours. Bizarement pendant 3,4 jours on nous serre la même bouffe. Ils veulent nous tuer.

Tout les jours ils libèrent 10,15 personnes. Nous on est encore 28.

J’ai 58 ans je suis diabétique, je suis malade et ils laissent pas passer l’ambulance.

Ici ont a rien, on ramasse les mégots, ont se transmet les microbes.

On passe la nuit à pleurer ici, y a plus d’avion on fait quoi ici ?

Tout le monde souffre on pleure en larme.

Je connaît même pas mon pays on a la rage.

Il nous manque beaucoup de soutien, voila comment on vit.

22 mars 2020, CRA de Plaisir

On est vraiment dans la merde, on est 3

Ils nous laissent enfermés comme des chiens.

Les policiers ils nous disent faut patienter faut patienter

On est dans la merde, on va se suicider, ils s’en battent les couilles.

Nous ils nous ont pas libéré, on sait même pas pourquoi.

On pète les plombs

On a pas de medecin rien du tout

Je vous jure on va se suicider

« Le monde est fermé, le monde est en confinement » Témoignage de deux prisonniers de Marseille le 23 mars

Il y a quelques jours le gouvernement à officialisé l’état de « pandémie » et annoncé l’état confinement. Dans le même temps, des keufs de la PAF* (PAF= Police aux frontieres, les matons du CRA) avaient diffusé des rumeurs comme quoi les prisons pour étrangèr.e.s allaient fermés. C’est ce qui avait été annoncé pour le cra de Marseille pour le samedi 21 mars, puis pour le 23 mars. Finalement la prison a pas fermé, et de nouveaux prisonniers arrivent. C’est des sortants étrangers et sans papiers des taules « classique ».

Avec la fermeture des frontières et donc l’arrêt des expulsions, les centres de rétentions montrent ici totalement leurs rôles de taules dont l’un des objectifs en plus d’expulser est bien d’enfermer des étrangèr.e.s.
Nous avions relayé il y a quelques jours des témoignages de prisonniers du même centre de rétention. Nous relayons aujourd’hui d’autres témoignages de prisonniers du 23 mars, qui continuent de se demander pourquoi ils sont enfermés et de demander leurs libération immédiate !

« Moi je suis portugais tu vois. J’ai le passeport portugais. Je suis sortit de prison avant-hier, le 21 mars. Ils m’ont pas prévenu que j’allais venir ici. Quand je suis sortit pour être libérable, ils m’ont envoyé directement ici. Alors que j’ai ma vie à Marseille. Aujourd’hui je suis passé devant le juge ils m’ont prolongé de 28 jours. Normalement ils vont me renvoyer en portugal. Ils m’ont confisqué le passeport. Le juge je l’ai vu par l’écran de télé, j’ai demandé un avocat ils m’ont dit « Mais c’est la grève en ce moment ». Je lui ai dit au juge que j’avais tout ce qu’il faut ici (toute ma famille). Je comprends pas pourquoi je suis là. C’est pas facile a 4 dans un batiment. Mais bon courage à vous aussi » »
 
« Tu veux savoir quoi? Moi je leur ai dit: « En gros soit vous m’envoyez dans un pays soit vous me relachez ». J’ai rien à faire ici moi. Bref on est entrain de faire des jours, des semaines et ça gratuitement.

On m’a dit si t’es liberé c’est à 18h ce soir. Mais moi j’ai regardé, à 18h y a pas de train vers chez moi. Donc si on est libéré on va devoir passer la nuit dehors.C ‘est normal ça ? Moi je leur ai dit « Mais moi même si tu m’annonces que je suis libre à 18h fais moi sortir a 14h demain, je vais pas dormir à la rue ce soir ». Mais ils s’en foutent.
On a fait deux semaines gratuitement là. Déjà on sort de prison, et maintenant ça.
La on appelle les keufs. En fait on est comme des chiens. Une fois l’heure du repas ils viennent te chercher après tu les vois plus. Moi je comprends pas normalement on devrait être dehors avec notre famille, nos proches.
Heureusement il y a forum qui nous aide. Au moins pour voir si ils peuvent nous ramener l’argent à nos proches. Puis y a que eux pour faire nos demandes pour être libérés, y aurait pas forum y aurait pas de libération.
Moi j’ai le sac plein je sors de prison, c’est incroyable ils pensent pas à ça. Jvais sortir à 18h, sans argent et passer la nuit à attendre le train de demain ? Ils s’en battent les couilles de nous On existe pas pour eux. Incroyable. Ils s’en foutent si t’as un logement apres ou si tu vas dormir dehors si t’as un peu d’argent.. Incroyable. Déjà on a même pas le droit d’être là… On est entrain de faire le centre gratuitement ! Ils m’ont dit « Gratuitement ? Mais t’as pas de papiers ». Je leur ai dit « Bah ouai, le monde est fermé, le monde est en confinement ! Laissez nous rentrer chez nous! ».
Depuis tout à l’heure on sonne on sonne y a personne qui répond. Ils viennent juste nous chercher pour le repas.

Apparemment ils ramènent plus les gens pris dehors, que des prisonniers. Avant ils étaient 80 mais maintenant on est même pas 10. On crève là. On va faire deux semaines, un mois puis ils vont nous relacher c’est ça ? »

Un résumé de la situation dans les centres de rétentions qui date du 22 mars est disponible pour celles et ceux qui voudraient plus d’informations.

En ce moment encore plus que d’habitude, vous pouvez appeler les cabines des CRA pour témoigner de votre solidarité. Si vous ne l’avez jamais fait et que vous vous demandez quoi dire, voilà quelques idées.

« Liberez nous, c’est tout » Témoignage d’un prisonnier du CRA2B de Vincennes pendant la grève de la faim

Ca fait 10 jours depuis l’annonce de la suspension des parloirs, que les keufs ont diffusées des rumeurs de fermeture du CRA, de libération massives qui finalement ne se sont pas réalisées.

Cette prison pour sans papier est dans une école de police, situé au bout du bois de Vincennes. Les étrangers y sont enfermés dans deux batiments : le CRA1 et le CRA2B (le CRA2A a brûlé début février). 

Le 16 mars la majorité des prisonniers du CRA1 de Vincennes ont débuté une grève de la faim pour exiger leurs libération immédiate et l’amélioration des conditions d’enfermement.

Depuis il y a une cinquantaine de libération les premiers jours (sur plus d’une centaine de prisonnier) puis … plus rien. Des dates de tribunal tombent : le 27 mars ou le 4 avril. Bref dans très longtemps dans cette période de confinement.

Samedi soir, le 21 mars, quasiment tout le CRA1 a décidé de se remettre en grève de la faim avec toujours les mêmes exigences: libérations, amélioration de la bouffe et des soins. Le lendemain ils étaient suivi par une trentaine de prisonniers du CRA2B.

Ce matin plusieurs dizaines de prisonniers du CRA2B ont décidé de commencer une nouvelle grève de la faim. Les keufs de la PAF (PAF = police aux frontières, les matons des CRA) ont déjà commencé à mettre la pression. Nous relayons ici le témoignage, récupéré par téléphone, d’un prisonnier en lutte.

Je vais raconter pourquoi on est grève de la faim. La première des choses : ils nous ramènent des trucs qui vont expirer hier, le 23 mars, tu sens que ça pue, un mauvais odeur. Encore, on a peur que dans la nourriture il y a la coronavirus, on sait pas d’où vient cette nourriture.
Le camion qui ramène la nourriture, ça fait 4 ou 5 jours qu’il marche pas. D’habitude le matin ils nous donnent le pain et la confiture, hier ils nous ont pas donné, ils nous ont donné ça le soir, comme des blocs. On mange pas tous la même chose : normalement, tout le monde mange pareil. Maintenant, une personne mange le riz, d’autres les pâtes, d’autres cous-cous. Ça veut dire que c’est du stock.
Ils ont arrêté le lange, pas de lange. Hier j’étais chez un infirmier pour avoir une pilule pour dormir, j’ai demandé le médecin, elle m’a dit pas de médecin. Aujourd’hui, pareil, pas de médecin.
Encore, les visites sont arrêtées. On a rien, ni à manger ni des cigarettes. Il n’y a pas de poste, je peux pas faire sortir l’argent de mon compte.
L’Assfam, ils sont pas là. On parle par appel téléphonique.

Il y a de prisonniers malades ?

Il y a de gens malades. Par exemple, en Égyptien est sorti de l’hôpital et est venu là.

Et les flics ?

Ils s’en battent les couilles. Si tu manges pas, c’est pas grave.
Ce matin, ils étaient six à manger, les autres on a pas mangé. Mais je ne sais pas si ça va durer ce soir, les gens vont manger peut etre.

Tu veux dire un dernier truc pour les gens à l’extérieur ?

Qu’ils parlent de nous dans les journaux, qu’ils viennent chez nous les journalistes, qu’ils fassent des manifestations… maintenant tout est fermé pour le virus. Nous on a pas de papiers ni rien, mais on est des êtres humains. On a rien fait, on est pas de criminels, on est pas de terroristes. Juste on a pas de papiers, ils nous ramènent là. Ils sont où les droits de l’homme? Ils disent la France, égalité fraternité. Elle est où l’égalité fraternité ? Je la vois pas.
Jusqu’à quand on va rester dans cette situation ? Jusqu’à quand ?
On est pas protégés, c’est ça, clair et net. A n’importe quel moment, un policier peut ramener la maladie. Deux médecins sont morts, j’ai vu ça. Tu veux que les policiers ne ramènent pas la maladie ?
Les juges, certains libèrent et d’autres libèrent pas. Pourquoi ?
Libérez nous, c’est tout. On va rentrer chez nous, on va pas sortir de la maison. »

 

 
En ce moment encore plus que d’habitude, vous pouvez appeler les cabines des CRA pour témoigner de votre solidarité. Si vous ne l’avez jamais fait et que vous vous demandez quoi dire, voilà quelques idées.