Une semaine après le lancement de la campagne de mailbombing des préfectures pour la libération des prisonniers et la fermeture du CRA de Vincennes et du Mesnil-Amelot, nous renouvelons notre invitation à encombrer les boîtes mail des préfectures avec un audio à diffuser sur toutes les moyens radios.
Voici l’article avec le texte et les adresses e-mail.
Catégorie : Émissions de radio
émissions de radio
Des témoignages audios et écrits de retenus des CRA de Mesnil-Amelot et Oissel / Actu des luttes
Dans cette émission de l’actu des luttes, plusieurs témoignages de retenus des CRA de Mesnil-Amelot ou une grève de la faim à eu lieu la semaine dernière et de Oissel. Les prisonniers de Oissel parlent le lendemain du jour où le Conseil d’Etat explique que : « les conditions de fonctionnement des CRA dans ces circonstances particulières ne sauraient caractériser une carence dans l’accès au soins ou à la mise à disposition de produits d’hygiène dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 ».
Voici ce qu’il se passe au centre de Oissel : tous les retenus sont malades et au lit. Ils expliquent qu’ils n’ont même plus la force de lutter contre leurs conditions d’enfermement. Voici le témoignage (sous le lien vers la radio) de deux d’entre eux. Ils devaient parler à plus nombreux mais n’avaient pas la force.
Plus récemment, le 5 avril, un prisonnier de Oissel à donné quelques nouvelles de la situation;
« On est obligé de partager les cigarettes a 3 ou 4. »
» Ca va pas. On est 8 personnes, y a eu 3 libérations (un sénégalais, un tunisien et un géorgien). Je sais pas pourquoi ils ont été libéré, ils ont été voir le JLD et après ils ont été libéré .Hier ils ont ramené deux nouveaux, de prisons. Un à Renne et un à Caen. Ca va pour eux pour le moment c’est le début.
Pour nous c’est trop compliqué. Les toilettes et les douches sont chambre.
On a pas de france d’asile on a pas d’ofii. Ils viennent une fois par semaine. Mais une fois par semaine c’est pas beaucoup. On a obtenu le droit que les familles viennent poser de l’argent et que la paf le ramene. Mais si t’as pas de famille ou que ta famille peut pas venir à Oissel ? Parce que le centre il est loin de tout.
Ils appellent sur les cabines pour savoir qu’est ce qui ce passe, c’est tout. Ils ont dit que tout le monde il va sortir, on sait pas.
La situation est pas bien là. Ils nettoient juste les couloirs, et pas les chambre. »
Retranscription du témoignage des prisonniers de Oissel qui parlent pendant l’émission:
« Tout le monde ici on est malade, ya pas à manger, ya pas de femme de ménage, ya pas pour acheter quelque chose [L’Offi]. On est pas des humains ou je sais pas moi. […] L’Offi est pas là, il a dit il vient pas jusqu’à la fin du Coronavirus. On est malade, tout le monde il est malade, moi je suis malade. Même les policiers ils ont dit « on vient pas à la prochaine semaine ». On vient pas ? On reste ici tout seul ? ou je sais pas moi si y’a possibilité de rentrer chez nous chez nos familles ? On reste ici, 14 tous les détenus qui viennent de prison. Y’a pas de libération, les albanais, les géorgien ils ont été libéré un peu mais les noirs et les arabes pas de libération. On reste ici je sais pas pourquoi. Même les frontières pour nous ramener dans nos pays elles sont fermés pendant deux mois ou jusqu’à quatre mois peut-être je sais pas moi. Pour le Ramadan aussi je sais pas comment ça va etre.. Y’a pas de femme de ménage, ici l’odeur dans les cellules… […] je te passe mon ami. »
« C’est bon je peux y aller ? Bon vas y moi je suis là depuis deux mois je sors de prison et peut importe ce que j’ai fait. Je fais du sport et tout, et au fur et à mesure que les jours passent je commence à me sentir mal et tout. J’ai commencé à voir différents symptômes sur les autres qui était là, ça veut dire des éternuements, des maux de tête, des écoulements du nez. Tous ces symptômes là qui ressemble au Corona tu vois? Et on est tous ensemble dans la même pièce, quand on regarde la télé et y en a un qui va éternuer tout le monde va attraper le microbe, indirectement. Même au niveau de la ventilation y’a pas de ventilation ici y’a rien pour aérer, tous les microbes reste ensemble c’est comme ça que le microbe va se propager. Jour après jour j’ai vu tout se dégrader ici au niveau de notre santé, à l’heure ou je parle là j’ai mal à la gorge, j’ai mal à la tête je peux même plus faire mon sport. La situation c’est vraiment de pire en pire jour après jour. La santé de tout un chacun se dégrade. Même les policiers ils sont ni gantés ni masqué, eux aussi ils ont il éternuent, ils ont des écoulements, ils sont toujours avec du papier jetable. Ils se torchent tout le temps.Et suite à cela, on parle à moins d’un mètre de distance. Ça veut dire on a contracté le virus comme ça du Corona. Y’a un mec encore qui est arrivé ce matin de prison, ils sont systématiquement masqué, tu vois? On a jamais vu notre santé se dégrader aussi vite ça veut dire que vraiment la maladie elle est ici et même la nuit on dort pas on arrive pas à dormir. Et que ça a éternue, et que il y a des maux de ventre, et que y’a des réels symptôme du Corona.
[…]
La situation à l’heure actuelle : quand je parle là j’ai du mal à parler du mal à expliquer. Pour te faire comprendre un peu la dangerosité et la gravité de la situation actuellement au centre de Oissel…
Tu disais tout à l’heure que là actuellement tout le monde est dans son lit la main sur la tête…
J’ai fait un tour là dans le bâtiment tout le monde est… Tout le monde on dirait des cadavres. Tout le monde est K.O., tu vois que ça va vraiment pas, tu vois qu’il y a un virus qui les démange. Vraiment c’est un dérangement. Voilà tout le monde se fait démanger par le virus du Corona.
Ça veut dire que hier, quand le conseil d’État à dit que les conditions en CRA, au niveau de l’hygiène ne justifient pas la libération des retenus c’est que..
C’est vraiment ça, ils sont pas d’accord pour fermer l’établissement parce que déjà, de un c’est un vrai business pour eux, tout un chacun qui est venu ici, pour acheter des cigarettes, il faut dépenser, pour acheter des… pour tout faut dépenser. Ça veut dire tous les jours ils s’enrichissent et pendant ce temps notre santé elle se dégrade. Voilà c’est vraiment la réalité des choses de ce qui se produit actuellement au centre de Oissel.
Quand hier j’ai fait une demande de remise en liberté, je l’ai fait à 16h 30. J’ai eu la requête qui rejette ma demande de mise en liberté à 19h 13 pile poil. C’est écrit noir sur blanc : « ne peut pas être libéré car ne présente pas de positivité du Coronavirus à l’heure actuelle ». Ce qui est strictement faux ! Vraiment aucun test de PCR ou de sérologie n’a été fait pour prouver que untel n’a pas de Corona et ne peut pas être libéré. Vraiment, c’est vraiment du faux noir sur blanc.
[…]
Et du coup pour revenir là-dessus depuis les derniers jours il y a vraiment eu aucune libération ?
Il y a eu quelques libération mais c’est les mecs du Maroc, la frontière elle a été fermée et il a été libéré. Mais sinon depuis il y a eu aucune libération. En fait les mecs qui ont été libérés c’est pour des raisons administratives, mais tous ceux qui sont là pour des raisons juridiques c’est-à-dire ceux qui sort de taule, non. [au CRA tout le monde est là pour des raison administratives (sans-papiers), mais les nouvelles personnes qui arrivent en ce moment en CRA sont le plus souvent des détenus qui viennent de finir leur peine de prison]
C’est si divisé ? Ceux qui sortent de taule ils restent et ceux qui sortent pas de taule sont libérés ? Y’a personne là qui est dans le CRA, qui s’est fait choper dans la rue ou des trucs comme ça ?
Exactement c’est que des taulards, que des mecs qui sortent de taule.
Parce que dans les autres CRA c’est pas du tout si clair que ça, Genre au Mesnil-Amelot. ou à Vincennes il y en a qui sont là depuis avant le confinement et les interdictions de parloir et tout, et il y en a d’autres qui sont arrivés de taule depuis et qui ont été libérés.
Ah, mais à Oissel c’est vraiment comme ca. En tout cas ici, la situation c’est pire, c’est grave, tout ce qu’on attend ici c’est un cadavre. Je crois qu’il faut qu’on crève d’abord et après… pour l’instant la plupart des gens ils ont les symptômes du Corona.
Et du coup les équipes médicales tout ça les infirmières les médecins y’a rien ?
Déjà y a pas de médecin OK ? Après il y a une infirmière, quand t’as mal, quand on a des symptômes tout ça, elle donne des doliprane c’est tout elle peut rien faire d’autre. Même elle, elle te dit : « Mais moi je suis en bas de l’échelle, même moi-même. Et moi aussi je peux vous contaminer parce que je vais chez moi, je vais voir mes enfants, je vais dehors et après je suis parmi vous tous les jours. »
Et avec France Terre D’Asile [l’association présente dans le centre en temps normal] ça se passe comment ?
On a plus de visites, on les voit plus, on les reçoit au téléphone. Que des coups de fil que des coups de fil. Mais le problème c’est qu’on utilise tous le même téléphone [cabines téléphoniques du centre] ça veut dire que quand y’a un mec qui décroche, qui parle, et qu’il y a un autre mec qui prend le téléphone après, et ben ya tous les microbes laissées par le premier mec. Et ainsi de suite ,et ainsi de suite, le virus, il se propage entre les divers mecs qui sont ici. Même pas de désinfectant pour nettoyer les cabines.
Il y a autre chose que tu veux raconter ?
Bah moi ça fait un moment que je suis là et personnellement je vois que ma santé elle se dégrade, jour après jour. Là je vous parle avec difficulté d’habitude je suis plus lucide que ça. Je peux même plus faire mon sport. Et même les fenêtres ici tout est fermé, tout. Y’a rien qui est aéré ya pas de vent qui sort dehors pour pouvoir aérer la cellule. Ça veut dire on est tous comme si on était dans un sac-poubelle fermé quoi! Enfermé avec le virus qui se multiplient au lieu qu’il soit… Ouais ben j’ai dis ce que j’avais à dire. À l’heure ou je parle là j’ai mal à la tête et je vais… Je suis au bout là, vraiment je suis au bout, c’est la première fois que j’arrive au bout comme ça. Je suis vraiment à bout de souffle, et le nez qui coule, j’ai mal à la gorge, je suis vraiment en burnout comme ils disent…
Emissions de radio contre les prisons pour étrangèr.e.s depuis janvier 2020 !
Ces dernières semaines les révoltes se sont enchainées dans deux centres de rétentions: d’abord à Oissel depuis la grève de la faim lancée le 22 janvier, puis a Vincennes avec le lancement d’une grève de la faim au batiment 2A puis un incendie du même batiment.
Des affiches ou ce site internet ont été les outils pour relayer beaucoup de témoignages et de communiqués écrit mais aussi des émissions de radio où des prisonniers en lutte ont pu s’exprimer. Pour celleux qui sont plus à l’aise avec l’oral on essaye d’en faire un peu la liste.
A Lille, sur radio campus dans une émission du 6 février, des camarades ont diffusé le témoignage d’un prisonnier du centre de rétention de Lille-Lesquin (a côté de l’aéroport). Le prisonnier y raconte le parcours judiciaire de la prison au centre de rétention, des solidarités et des résistances à l’intérieur, les évasions qui ont eu lieu début janvier.
A Lyon l’émission anticarcérale la petite cuillère à relayé dans sa dernière émission de janvier des témoignages de prisonniers du cra de Mesnil-Amelot.
Puis dans sa première émission de février, iels ont parlé de la lutte à Oissel et à Vincennes:
En Ile de France des prisonnier.e.s ont continué d’utiliser la radio pour raconter leurs lutte à travers deux émissions: l’actualité des luttes et l’Envolée.
A Oissel la lutte dure depuis le 22 janvier: deux grèves de la faim ont eu lieu une le 22 janvier et l’autre le 6 février, les prisonniers ont sortit des communiqués régulièrement, bloqués des couloirs. Un prisonnier enfermé là bas en parle dans deux émission de l’envolée: d’abord le vendredi 24 janvier, juste après avoir arrêté la première grève de la faim qui avait commencé suite à de nouvelles violences policières au mitard.
Puis le vendredi d’après, pour continuer à parler de la lutte que mène le collectif de retenus de Oissel. Mais aussi pour parler de France Terre d’Asile, l’association censé soutenir juridiquement les prisonniers. Les locaux de l’asso sont collé au mitard (l’isolement) où les keufs ont l’habitude d’attacher et de tabasser les prisonniers. Avec le silence complice de l’association.
Le 3 février, après plusieurs jours de grève de la faim d’un groupe de prisonniers du batiment 2A, un d’entre eux raconte la répression et les humiliations des keufs depuis le début de la lutte:
Le 7 février, trois jours après l’incendie (le batiment 2A a été mis hors d’usage), des prisonniers des deux batiments restant parlent en direct à l’Envolée pour raconter la répression (GAV, violences policières, mise au mitard, vols cachés).
Vendredi dernier, le 14 février un prisonnier du CRA2B de Vincennes parle de l’ambiance, des violences policières et du racisme des keufs.
Pour rappel: Pour s’organiser en Ile de France contre les prisons pour étrangèr.e.s rendez vous le mercredi à 18h30 au CICP (21 ter rue Voltaire, métro rue des boulets L9).
A bas les cra !