« Ici c’est vraiment la double peine » Communiqué des prisonniers du cra de Oissel le 25 mars

 Depuis plus d’une semaine les juges ont libéré une grande partie des prisonniers de la prison pour étranger.e.s de Oissel.. que la préfecture à remplacée par des sortants de prisons, eux aussi étrangers.

Avec la fermeture des frontières et donc l’arrêt des expulsions, les centres de rétentions montrent ici totalement leurs rôles de taules dont l’un des objectifs en plus d’expulser est bien d’enfermer des étrangèr.e.s.

Nous avions relayé il y a quelques jours des témoignages de prisonniers du même centre de rétention.

Quatre personnes de la prisons pour sans-papier de Oissel sont malade et ont les symptômes du coronavirus. Les keufs les laissent enfermés dans les mêmes batiments que les autres sans avoir le droit à d’autre soin que le dolipranne. Les prisonniers ont écrit un communiqué pour exiger leur libération immédiate. Ils y racontent aussi comment les keufs de la PAF (=Police aux frontières) ne fait pas le minimum pour protéger les prisonniers: ils ne portent pas de masques ni de gants et laissent les prisonniers sans savons ni produit hygiénique.

Communiqué des prisonniers de Oissel le 25 mars 2020

Ce matin, quatre gars étaient malades avec des symptômes du coronavirus : problèmes respiratoires, maux de tête, nez qui coule, éternuements. A l’infirmerie, l’infirmier leur a donné des comprimés de doliprane de 1000 mg et il a pris leur température. Aucun test n’a été fait pour savoir s’ils avaient contracté le virus. Les policiers sont venus nous distribuer des masques et ils ont dit aux quatre qui étaient malades de se confiner dans leurs cellules et de rester loin.
Les policiers rentrent chez eux tous les jours, ils quittent le centre et on sait pas ce qu’ils peuvent rapporter. Les infirmiers aussi peuvent nous contaminer. Les femmes de ménage n’ont ni gants pour se protéger, ni masques.
A l’heure où on parle, il n’y a plus de savon pour se laver les mains. Plus de gel hydroalcoolique : on a un téléphone collectif qu’on utilise tous pour recevoir les appels, mais on a pas de produit antibactérien pour le nettoyer.
Les policiers n’ont pas de protection : pas de masques et pas de gants. On a des comprimés, ici, pour pouvoir dormir, et l’infirmier qui nous donne les comprimés, il l’ouvre, met la gélule dans sa main, la met dans notre main et demande qu’on la prenne sur place. Même l’Ofii, qui nous vend les cigarettes, gâteaux et dentifrice, vient sans masques. Le petit déjeuner est servi par quelqu’un d’extérieur qui donne les pains, et lui non plus n’a pas de masque.
Y a pas de médecin. Ce matin il y avait une sale ambiance. Ici c’est vraiment la double peine : il n’y a que des sortants de prison étrangers. Tout le monde regarde les infos, et nous on ne nous libère pas.
Pour toutes ces raisons, nous, les prisonniers du centre de rétention administrative d’Oissel,
nous sommes en danger ici.

On demande :
-Des masques, des gants, du savon, du gel hydroalcoolique.
-Le rétablissement des parloirs,
ou
-des smartphones pour tout le monde pour pouvoir voir nos familles en visioconférence,
ou
-la libération de tout le monde.

-Des soins pour les malades

Madrid et Rome – Communiqué et mise à jour sur les CIE/CPR

On traduit et on relaie deux textes parus sur hurriya.noblogs.org sur la situation dans les prisons pour sans papiers en Espagne et en Italie

  • COMMUNIQUE DES PRISONNIERS DU CRA DE ALUCHE, MADRID

Voici le communiqué qui nous ont fait parvenir les rétenus du CIE de Aluche, Madrid, après la révolte du 17 mars.
Ne les laissons pas seuls, soyons solidaires avec eux !
Feux aux CIE !*

*Centro de Internamiento de Extranjeros

Aux juges, à la presse, aux journalistes, aux citoyen.ne.s de Madrid, par la présente nous vous informons de notre situation actuelle, aujourd’hui 17 mars 2020, dans un moment de pandémie mondiale.
Notre état de santé est en grand danger, parce qu’il y a beaucoup de détenus avec des symptômes de cette pandémie qu’on appelle Coronavirus. On est à risque, 145 prisonniers, et nous voulons souligner les points suivants :
1. La nourriture qu’on nous donne est préparée par des personnes qui rentrent chez eux comme si de rien n’était et qui reviennent dans cette structure, et donc qui nous exposent au Coronavirus. Si les bar, les resto sont fermés, pourquoi nous, qui sommes emprisonnés pour une raison administrative, nous devons nous exposer à ce risque ? Nous demandons le droit à l’égalité.
2. Il y a une pandémie et les policiers qui nous surveillent exercent leurs fonctions et changements d’équipes comme si de rien n’était, en rentrant tous les jours chez eux, et donc ils peuvent nous infecter.
3. Il y a un médecin qui nous a traité avec des antidouleurs mais beaucoup d’entre nous présentent des symptômes de cette maladie et nous n’avons pas été testés pour savoir si on a été contaminés.
4. De plus, le médecin rentre aussi chez lui comme si tout était normal, les infirmières aussi. Nous ne savons pas s’il ou elles travaillent dans d’autres institutions et le risque augmente davantage.
5. Nous demandons de l’aide immédiatement parce qu’on est des êtres humains et on nous traite comme des animaux.
6. On joint à ce communiqué les signatures de tous les détenus.
7. À partir de maintenant nous nous mettons en grève de la faim.

Voici une vidéo qui circule sur la lutte dans le CIE :

 

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  • NOUVELLES DEPUIS LE CPR DE PONTE GALERIA, ROME

Depuis l’intérieur on nous fait savoir que pour l’instant il n’y a pas de révoltes, les copines se sont confinées dans leurs chambres parce qu’elles ont peur d’être contaminées à cause du virus. Par contre elles nous racontent qu’il y a deux jours une femme tunisienne a avalé de la javel et elle a été amenée à l’hôpital. Elle n’est pas encore revenue au centre, on n’a pas de nouvelles d’elle.  Après cette histoire le Directeur du centre s’est adressé aux prisonnières, qui lui ont demandé des meilleures conditions de vie (nourriture, soins) et qui ont exprimé leurs craintes par rapport à la contagion, mais à ce qu’il paraît le Directeur a fait le sourd et il est parti en leur disant juste « je suis désolé ».
Il paraît que ces derniers jours aucune nouvelle personne est arrivée au centre, cependant on nous dit que hier deux hommes ont été amenés au centre, mais on n’a pas eu de nouvelles du bâtiment des hommes.
Par d’autres sources, on sait qu’il y a 30 femmes à l’intérieur du CPR, de différentes nationalités, dont 10 qui viennent du Maroc et de la Tunisie. Les entrées dans le CPR sont fermées pour l’instant, mais cependant on continue à donner des laissez-passer.
Ni les associations ni les avocats peuvent entre à Ponte Galeria. Les seuls qui sont autorisés à le faire sont la « communauté de Saint Egidio » ; les copines par contre nous disent que jusqu’à présent elles ont vu personne.

« Vraiment on nous a oublié ici » / Communiqué de grève de la faim des retenus Mesnil-Amelot

Alors que beaucoup de pays refusent les avions venus de France, que la Cimade et les personnels de nettoyage ne sont plus dans les centres, que certains JLD n’ont pas lieu, que l’infirmerie et les médecins continuent de mépriser les retenu.es, aujourd’hui pleins de luttes ont lieu dans plein de CRA en France (au moins Vincennes, Mesnil-Amelot, Lyon, Lesquin).

Les prisonnier.es sont en grève de le faim depuis hier soir ou ce matin. dans certains centres il y a aussi eu des départs de feu, des évasions collectives, des blocages et bordel en tous genres. Alors que dans certains centres il y a des libérations (Palaiseau) dans d’autres, les préfectures continuent d’expulser vers les quelques destination où il y a encore des vols, voire même d’enfermer de nouvelles personnes (Mesnil-Amelot encore ce matin)

Voici le communiqué écrit par les retenus du CRA 3 de Mesnil-Amelot en grève de la faim depuis hier soir :

 

Nous sommes retenus du CRA de Mesnil-Amelot au CRA 3. Là on est en grève de la faim, on mange pas. Le CRA 2 est aussi en grève de la faim, le CRA 1 de Vincennes aussi et le CRA de Lyon et celui de Lille il paraît.

Il y a rien ici il y a que la police qui nous enferme. Avec le virus pas de visite au médecin, il s’en fout, et les policiers trainent dans les couloirs sans masque. Aujourd’hui on a parlé avec le chef du CRA, il a dit on s’en fout faites ce que vous voulez. Maintenant il y a les CRS devant le centre.

La plupart des aéroports ferment, les avions sont coupés, pourquoi on est encore là ? On est comme des animaux on enfermés comme en prison sans qu’ils nous expulsent et sans n’avoir rien commis, et ca pendant 3 mois. Il reste que quelques pays avec des avions et ils continuent d’expulser. Il paraît que il y a des CRA ou des gens ont été libérés, mais nous on sais pas on est toujours enfermés et en plus ils ramènent encore des nouveaux prisonniers, aujourd’hui même, c’est pas normal. Au réfectoire on était à 50 personnes dans la même salle.

La Cimade et l’offi c’est fermé donc nous on est au courant de rien. Pas non plus de nettoyage, si ca continue on va faire nous même mais sans produits ou protection.

Vraiment on nous a oublié ici, avec le virus l’état pense à autre chose, le préfet nous a oublié.

Besoin de mobilisation au maximum pour la liberté pour tout.e.s.