« on va faire la grève de la faim, ce soir on mange pas Pas de violence mais on va prendre les couettes et les mettre dehors » / Grève de la faim en cours des prisonniers du CRA de Oissel

Le CRA de Oissel est isolé dans une école de flics au milieu d’une foret à 20 km de Rouen et a 4km de la gare de Oissel. Les prisonniers racontent souvent que c’est l’un des pires à la fois pour la violence des équipes de flics et aussi pour le peu d’aide que fourni l’association humanitaire sensé faire du soutien juridique (France terre d’Asile) qui est à l’intérieur. Le 12 Avril, le lendemain de la révolte au Mesnil-Amelot les retenus de Oissel commencent une grève de la faim pour demander leur liberté !
A Vincennes, Lille, Mesnil-Amelot, Lyon et Oissel toutes les luttes menées par les prisonnier.e.s ces dernières semaines exigent la libération immédiate de tous les prisonnier.e.s et la fermeture de ces prisons pour étranger.e.s.
 
Voici le témoignage d’un prisonnier du CRA de Oissel retranscrit le 12.04 par l’observatoire du CRA de Oissel et que relayons :
 
« J’ai parlé à toutes les personnes, on va faire la grève de la faim, ce soir on mange pas. Pas de violence mais on va prendre les couettes et les mettre dehors. Beaucoup prennent du doliprane ici, on peut pas accepter, c’est dangereux. N’hésitez pas à m’appeler, je suis prêt à parler au nom des autres, rien contre la police mais on veut prendre en compte la crise sanitaire, les policiers n’ont pas le nécessaire, il faut désinfecter ici, la femme de ménage ne fait pas les chambres, les portes, qu’ils désinfectent le téléphone.
 
Le pot de gel, un pot pour 13 personnes ça peut pas durer, si tout le mond een prend, en 1 H c’est fini… On va faire dans les règles, la prefecture nous traite come des bons à rien, trop d’erreurs dans nos dossiers. Tous les jours ma femme risque d’être contaminée à son travail, c’est ma femme je l’aime. Si elle a un problème, mon fils ira chez son grand-père mais je suis son père je veux m’occuper de lui. J’ai payé ma dette, on nous donne pas une chance, faut que je me suicide ou quoi ? On a une petite bouteille d’eau le midi et rien jusqu’au soir, c’est pas normal. J’ai vécu mon adolescence en France, j’ai tous mes repères ici. Soit ils nous libèrent soit on va faire ça dans les régles, partir la tête haute »
 
 
Suite à la révolte au CRA du Mesnil-Amelot, les flics ont décrété qu’il y avait 8 « leaders » qu’ils ont transféré dans d’autres prisons pour sans-papiers. Cinq prisonniers ont été emmenés et isolés au CRA de Lille et trois personnes ont été violemment transféré à Oissel.
 
Le 14 Avril, la grève de la faim continue. Ils ont eu un échange avec FR3 région, ils essaient de faire savoir leur revendications. Un prisonnier raconte commence ca se passe deux jours après le début de la grève, la pression des flics, deux libérations mais trois transferts depuis le CRA de Mesnil-Amelot, toujours pas de nettoyage. Ces derniers jours les tentatives de suicides se sont multipliées.
 
Voici le témoignage d’un prisonnier du CRA de Oissel retranscrit le 14.04 par l’observatoire du CRA de Oissel et que relayons :
 
« Y’a un agent qui parle mal aux retenus comme si on est des chiens, dès que tu parles, il t’agresse…ça crée des tensions.. La femme de ménge, elle avait pas de masque… Ils nous ont tous jeté dehors dans la petite cour, la cour de promenade est toujours fermée, je sais pas pourquoi, y’a des travaux depuis ce matin…
 
Beaucoup de policiers dans le couloir et personne n’a de masque. Franchement je suis mal réveillé, un qui nous parle trop mal, tu lui demandes un truc gentiment, même son regard, il cherche quoi ?… Je lui ai fait comprendre, c’est pas parce que tu as l’uniforme, tu parles tranquille… Je l’ai dit à la journaliste pour ce policier, c’est pas parce qu’il a une matraque, je lui ai dit j’ai pas peur de toi.
 
Deux albanais, ils ont mangé hier, un j’ai pas trop confiance, l’autre 15 mn avant le repas, il est parti voir les agents, il ne se sentait pas bien, avait les mains moites, il est parti voir le médecin et après il a mangé, on l’a cramé…
Au CRA, on est 14, deux ont été libérés. Le ménage, à 10H15 aujourd’hui, pendant 40 mn, ils ont vérifié les chambres, voir si elles sont aux normes, ils ont peur des journalistes, ils corrigent. Depuis vendredi je croisais personne, là ils ont peur, ils viennent, ils corrigent, c’est pas sérieux…On va pas se prendre la tête avec eux, ils prennent des photos eux, peut-être même de nous…
 
Depuis hier, les gens ne mangent plus, c’est bizarre, d’habitude j’suis pas comm’ça, en prison j’étais pas comm’ça, ils me rendent nerveux. Le roumain, il a toujours sa plaie ouverte, un autre albanais voulait faire ça, on l’a calmé, on lui a dit non. Je m’occupe de ceux qui sont engagés dans le mouvement..Y’a un géorgien, il a un traitement à prendre, épilepsie, hépatite C et d’autres maladies, on a parlé jusqu’à 6H du matin, il veut plus prendre son traitement, on lui dit de les prendre, il dit qu’il veut rester comm’ça jusqu’à ce que les pompiers viennent le chercher…La dernière fois il m’a roulé une cigarette, je savais pas qu’il avait une hépatite, il me raconte ses maladies, je savais pas, j’ai fumé derrière lui… Je m’entends bien avec tout le monde, c’est moi qui leur amène les clopes, on se partage tout, il peut transmettre sa maladie aux gens…
 
Pour Mesnil Amelot, les transférés ils ont cru que c’était fermé, en fait on leur a dit le préfet prévoit de fermer. À Mesnil Amelot, ils sont durs les flics, ils ont transporté un mec comme une valise jusqu’au CRA de Lille avec du scotch et un casque…
 
Je passe en appel demain à 9H, mon avocate a tous les documents, le seul probléme mon passeport, à cause de ça il me bloque le juge pourtant y’en a qui sortent sans adresse et sans passeport, le JAP m’a pas laissé sortir pour le faire mon passeport et j’avais tous les papiers…
La dernière fois 40 mn devant le JLD (Juge des liberté et detentions) , mon avocate et moi, on y croyait, elle était souriante la juge et elle m’écoutait… Je venais de faire ma prière, mon nom au haut parleur, « vous restez avec nous…
 
J’ai parlé avec ma femme et mon fils ce matin, ma femme elle est en congés, parfois pendant trois jours comme elle finit trop tard mon fils est avec son grand-père. Les conséquences sur ma femme ça me rend fou, elle va devenir dépressive, elle est seule dans l’appartement, avant en prison, j’avais un iphone , je pouvais les voir et appeler…ça fait un mois et demi que je n’ai pas vu mon petit, il est distant avec moi, ma femme pleure tous les jours, ses collègues la soutiennent. J’en ai marre, la France je me sens plus à ma place, tout ce qu’ils m’ont fait subir…J’étais bon à l’école au Maroc et ma famille ils avaient des moyens… Hier soir, j’ai tout repris dans ma tête, mon dossier est complet… Au TA (Tribunal Administratif), la deuxième fois, le juge il me laissait pas parler et l’avocate m’a dit c’est lui qui décide, ça dépend des juges…
 
Ils ont remis du gel, une grosse bouteille, pas désinfecté le téléphone de la cabine ni les portes, la cour est sale, y’a des mégots et des gobelets partout… Juste un petit passage dans les chambres, et les carreaux, ils étaient marrons, ils les ont nettoyés.. Ils corrigent leurs trucs.
L’infirmière, elle est trop sympa… Le médecin pas aimable…
Personne n’est malade sauf le georgien.. J’ai peur, il est rempli de maladies, il est super gentil, il a 33 ans…
Tout le monde suit le mouvement, ceux qui parlent mal le français, les flics ils les regardent de travers, je tolère pas le manque de respect, on est respectueux, qu’ils nous respectent.
 
Les flics ils disent qu’ils sont enfermés comme nous, surtout les stagiaires de l’école de police, y’a des gens de l’extérieur pour les travaux sans masque et pas de contrôle. L’albanais, il était malade, il ont pris sa température et ils l’ont ramené chez le médecin et il est revenu avec nous, pourquoi ils ne l’isolent pas, ça va un peu aujourd’hui mais on a peur.
 
J’ai fait une connerie c’est vrai, suis arrivé en 2005, y’a eu les révoltes dans les quartiers, Bouna et Zyed, les petits qui sont morts.. j’étais à Argenteuil, j’ai dérapé…
 
Pour soutenir les prisonniers de Oissel continuons de relayer leurs lutte un maximum !

LES PRISONNIERS DES CRA CRIENT LIBERTÉ, FAISONS DE MÊME !

Depuis hier soir, les prisonniers du centre de rétention de Mesnil-Amelot ont occupé la cour de la prison pour sans-papiers, ils sont restés ensemble pour exiger leur libération, jusqu’à ce matin quand les keufs ont chargé. Sept personnes ont été emmenées en garde-à-vue.

Suivi de la révolte des prisonniers du CRA de Mesnil-Amelot. Une revendication : la libération de tou.te.s !

 

Au CRA de Vincennes, où au moins deux prisonniers ont très certainement chopé le virus, les gens bougent aussi et subissent la répression. Ce matin, après un départ de feu dans une cellule, une personne a été mise en isolement, et tout le monde a été fouillé.

Les sans-papiers enfermés dans les CRA demandent la libération immédiate de tout le monde. Alors que l’Etat compte les laisser crever dans ces taules, ils luttent coup sur coup pour obtenir leur liberté, maintenant.


Pour celleux, comme nous, qui sont à l’extérieur mais confiné.e.s, que faire pour les soutenir?

A PARTIR DE MAINTENANT :

  • CE SOIR et LES JOURS À VENIR à 20H 
    
    Crions à nos fenetres pour la libération de tou.te.s les prisonniers-ères sans-papiers ! 
    
    Accrochons des banderoles ou écrivons partout que les CRA doivent être fermés maintenant ! (vous pouvez envoyez vos photos à anticra@riseup.net)
  • Appelons en masse les numéros de l'administration des cra, pour leur faire savoir qu'on ne les aime pas et qu'on sait ce qui se passe dans les centres.
    
    Numéro de Mesnil-Amelot : 01 60 54 40 60
    Vincennes: 01 43 53 79 00
  • Saturons les mails de préfectures, ne les laissons pas faire leur sale travail impunément ! --> Appel à saturer de mails les préfectures en ces temps de confinement !
    
    pref-eloignement@seine-saint-denis.gouv.fr
    
    pref-eloignement@val-de-marne.gouv.fr
    
    pref-eloignement@hauts-de-seine.gouv.fr
    
    pref-astreinte-eloignement@seine-et-marne.gouv.fr

SOLIDARITE AVEC LES SANS-PAPIERS EN LUTTES CONTRE LES CRA

VIRUS OU PAS, LIBERTE POUR TOU.TE.S LES PRISONNIERS-ERES ET FIN DES CRA !


PS : Attention si vous appelez les cabines dans la perspective de publier un témoignage, veillez à l’anonymisation des prisonnier.ères : ne diffusez pas leur prénom ou des audios de leur voix sans modification, cela les expose à une arrestation, un procès, une peine de prison, le tabassage des flics à l’intérieur, etc, en particulier dans le contexte actuel.

 

Suivi de la révolte des prisonniers du CRA de Mesnil-Amelot. Une revendication : la libération de tou.te.s !

Le 11 avril, à 20h les prisonniers du CRA 2 du Mesnil-Amelot occupent la cour du bâtiment et bloquent la promenade aux cris de « liberté ! ». Depuis le début de l’urgence sanitaire les personnes enfermées demandent à être libérées face à la fermeture des frontières, mais l’État poursuit sa politique d’enfermement. De plus, aucune mesure sanitaire n’est prise pour empêcher la propagation du virus à l’intérieur du centre. Alors que les flics de la PAF rentrent et sortent de la prison pour sans-papiers au risque d’y ramener le virus, les prisonniers restent enfermés. Ne laissons pas seuls les prisonniers en lutte, relayons leur parole et soutenons les de toutes les manières possibles !

Pour appeler prisonniers dans le centre voici les numéros des cabines.

 

13.04 :

Hier 8 prisonniers du Mesnil-Amelot ont été transféré dans d’autre CRA suite à la révolte (visiblement pas de GAV). Au CRA de Lesquen (près de Lille) ils sont 5 et isolé du reste du centre : les flics ont rouvert un batiment qui était fermé juste pour les y enfermer. Les 3 autres auraient été transférés à au CRA de Oissel (près de Rouen) ou les prisonniers sont en greve de la faim depuis hier soir. En plus de la violence qu’ils ont subit, la répression c’est aussi l’isolement loin des autres et loin des proches dans un batiment ou les cabines sont HS.  Un des prisonniers raconte la pression des flics pour les faire craquer pendant le transfert :

« On s’est fait maltraités, tapés, on nous a mis les menottes super serrées. On est arrivés ici au CRA de Lille à 16h environ. Pendant tous les trajet les flics nous ont menacés de poursuites, ils disaient « vous allez le payer cher », le directeur aussi nous disait ça au Mesnil, uniquement parce qu’on s’est exprimé et qu’on a dit les choses clairement.

C’est de la maltraitance j’ai jamais vu ça de ma vie, on s’est fait gazer, matraquer, on a été mis par terre avec 40 condés qui nous encerclaient, nous mettaient la pression à mort, puis ils nous ont passé les menottes super serré. Sur le trajet c’était du foutage de gueule, ils essayaient de nous faire péter les plombs, mais nous on est pas rentrés dans leur jeu, pas un insulte ni rien. Ce qui les dérange c’est qu’on s’exprime bien, on a dit les choses clairement, on a dit ce qu’on voulait, et ça les dérange, on est devenus des cibles à abattre. On reste debout même si on s’est fait menacé de ouf. S’ils avaient pu ils nous auraient mis une balle. 

J’ai vécu un truc de fou, on a été traité comme des mecs en cavale. Ca a été dur. Là on est 4 au CRA de Lille, ils ont réouvert le bâtiment juste pour nous, il y a juste une personne âgée dans un autre bâtiment. »

Continuons à etre solidaire avec les prisonniers en lutte ! Virus ou pas : à bas les CRA !


11h30 :

Une charge de police a eu lieu vers 11h. Dispositif policier énorme (ils parlent de 100 flics). Ils les ont rassemblé dans un coin, forcé à se mettre par terre et confisqué des téléphones. Ils ont menotté et emmenés, surement en garde à vue, 7 prisonniers « identifiés comme leader sur les cameras ». Les autres prisonniers ont été réenfermés dans les chambres.


Ce matin :

Hier soir suite à l’échange avec le chef de police, puis avec le directeur du CRA, les retenus se sont installés pour dormir dehors, mais les flics ont pris leurs matelas pour éviter un incendie. Ils ont continué a bloquer quand même. Ce matin, ils ont sauté la grille pour rejoindre le bâtiment des femmes et familles, d’où ils seraient plus visibles de l’extérieur du CRA. Ils cherchent a être le plus visibles possible et continuent a tenir ensemble alors que les policiers se préparent a charger. De plus en plus difficile d’être en contact avec eux.


Des audios des retenus qui ont été fait par d’autre personnes paris lutte info


21h50 : ils ont décidé de passer la nuit dans la cours

Ils nous ont amené le directeur du centre il a dit qu’ils ont pas de solution pour nous. Alors ont a dit si c’est comme ca on va dormir dehors. Pourquoi ils nous gardent alors qu’il y a pas de vol et que le Corona est dans le centre ? On est pas animaux. ici c’est la double peine ! Il y en a qui sont en t-shirt mais on est allé cherché des couvertures par derrière on va dormir dehors on va rester toute la nuit ! et demain personne ne mange !


21h20 : Ils sont actuellement en négociation avec le comandant les keufs..

« Ils ne respectent pas le droit des gens, pas de mesures sanitaires dignes et quand tu dis quelque chose les policiers ils te frappent c’est pas humain ! Sérieux les avions ils vont pas redécoller avant septembre on nous a dit, ça veut dire quoi ? On va pas rester ici jusqu’en septembre ! »

« On a bloqué on s’est mis tous dans une cour, c’est à dire les 4 bâtiments qui étaient ouverts dans la cour tous ensemble. Tant qu’ils trouvent pas de solution on bougera pas d’ici ! Tout à l’heure ils nous ont gazé matraqués ils ont des boucliers, depuis tout à l’heure on subit des violences pour rien ! Là ils sont à la sortie de la cour vers la grille matraque à la main, casque et ce qui va avec ! Que les journalistes nous appellent mais là ! Maintenant ! »

Libération immédiate de tou·te·s les prisonniers·ères !