« De toute façon le résultat pour nous c’est la misère » Communiqué de prisonnier du CRA2 du Mesnil-Amelot

Depuis ce midi quasiment tous les prisonniers et prisonnières du centre de rétention de Mesnil-Amelot (240 prisonnièr.e.s) sont en grève de la faim pour exiger leurs libérations suite aux rumeurs de confinement qui tourne un peu partout.

Dans le même temps une grève de la faim a lieu au CRA1 de la prison de Vincennes, de Lille Lesquin et et Lyon (voir des temoignages de prisonnier de ce CRA).

Hier une centaine de prisonniers du centre pénitentier de Metz ont bloqué quatre promenades pour protester contre les mesures liés aux coronavirus.

« On est en grève de la faim depuis ce midi dans tout le centre de rétention de Mesnil-Amelot.

On mange pas à cause du virus et de tout ça:

-La fermeture de l’OFFI: y a pas de clopes, y a pas de recharges téléphoniques tout ce qui s’achète, tout ce qui est à demander à la préfecture on peut pas le demander. Même les gens qui veulent demander un vol tout ça ils pevent pas. A cause de cette fermeture.

-Y a plus de ménage dans les chambres, le couloir, la salle de bain ou les toilettes.

-Y a pas d’hygiène ici: tout ce qui est savon, papier toilette, lame gillette, rasoir y a pas.

-Y a pas de test de coronavirus pour les nouveaux retenus qui arrivent y a pas. Ca exste pas ici. Y a pas de médecin au centre, ca existe pas un médecin qui va faire des test de coronavirus au centre. Les policiers ça se trouve, ils ramènent le coronavirus au centre.

-La cimade -l’association de soutien juridique- n’est pas là aujourd’hui et on ne nous dit rien.

-La nourriture, tout ce qui est de la bouffe tout ça, ils donnent des barquettes: la bouffe est degueulasse. On mange mal quoi.

-Sur les visites: Ils (la police) te laissent rien rentrer: ni la bouffe, ni le shampoing ni tout ce qui a lien avec l’hygiène il laisse rien à part argent et cigarette.

-Sur les soins: déjà c’est difficile d’habitude. Y a des gens qui sont diabétiques au centre, y a des gens qui ont ds maladies psychiatriques et des crises.

On demande la libération de tous les prisonniers et prisonnières. Mais y a personne qui réponds pour le moment, même la directrice n’a rien dit pour le moment.

Parce que pour le moment on est en danger. Si y a quelqu’un de malade tout le monde va être malade. Y a des gens malades et on mange pas bien alors c’est dur de guérir. Déjà les gens sont mal soigné. Le diabétique, les policiers ils ont déchiré son dossier médical.

On demande à être tous libéré. Et une vraie amélioration pour l’hygiène parce que tout est sale. On peut pas changer les couvertures. On a demandé ils (les policiers) « On va voir ce qu’on va faire ».

La police, elle s’en fout. Eux ils sont équipés. Ils ont des savons dans leurs poches et tout. Y a pas de sécurité médicale pour nous. On a même pas de savonnete pour se laver le visage le matin.

Y a une rumeur comme quoi c’est l’armée qui va remplacer la police aux frontières dans le CRA. Y a des policiers qui disent qu’ils ont peur et que c’est comme ça que ca va finir: « Dans deux-trois jours on arrête de travailler. » Nous on sait pas comment ça va se passer.

De toute façon le résultat pour nous c’est la misère, les policiers traitent les gens mal. Ils leurs parlent mal. Ils font comme ils veulent, genre c’est eux qui décident.

La nourriture est pas bonne, la police fait pas son travail jste ils parlent mal aux retenus tout ça. Tout est sale. Même si tu vis dehors tu peux pas vivre ici même pas 24 h.

Des prisonniers du CRA2 de Mesnil-Amelot, le 16 mars 2020

TEMOIGNAGE AU CRA DE LYON ST EX : GREVE DE LA FAIM FACE A LA SUPPRESSION DES VISITES ET DES AUDIENCES ET LA CRAINTE DES PRISONNIER-ES FACE AU CORONAVIRUS !

Des luttes sont en cours dans pas mal de prisons pour étrangèr.e.s contre les mesures liés aux coronavirus. On relaye un maximum de communiqué:

Plusieurs grèves de la faim ont lieu dans d’autres CRA (Lesquin, Vincennes, Mesnil-Amelot notamment) en ce moment même.
Liberté pour tou-te-s les prisonnier-e-s !!!!

 » Bonjour,

En fait nous on est au centre de rétention de Lyon.

On est en train de faire une grève de faim parceque ils nous a enlevé nos visites. Ya plus les tribunaux qui travaillent.

Et voilà, nous aussi euh on essaye de faire notre mouvement parce que nous aussi on a peur pour nos vies. Que le virus il rentre ici voilà. Nous on est enfermés ici et ya pas de mesures de sécurité ! Ya pas de médecins qui font on va dire des controles et tout ça.

Alors du coup tout le monde il a peur. Du coté retenu-e-s et du coté policier aussi. Tout le monde il a peur. Et voilà.

Jusque là on mange pas. Cet après-midi ils vont faire une réunion pour euh… décider qu’est-ce qu’ils vont faire avec nous quoi. Parce que même les policiers ils ont plus envie de venir travailler.
C’est ça le problème aussi.
Et voilà là on est en mouvement et on attend la réponse de l’après-midi.

C’est à peu près tout ce qui se passe ici. Et en plus ils nous ont enfermé tout le monde dans les promenades. On peut pas descendre ya rien du tout.

T’as dit ils nous ont enfermé dans quoi ?

En promenade, dehors. Ya pa un échange c’est fermé. Eux-même ils ont peur.

– Et quand tu parles des audiences, tu dis ya pas d’audiences ça veut dire quoi ?

Ca veut dire les tribunaux ils ferment. Ya plus de juges, ya plus d’avocats, ya plus rien du tout.
Aujourd’hui il y a des gens qui ont été labas. Yavait des juges mais ils ont dit qu’ils vont fermer. A partir de demain tout va fermer.
Aujourdhui yavait des gens qui ont été labas mais ya pas eu d’audiences.

Et en plus les visites elles ont été coupées, ya plus de visites parce qu’ils ont peur. J’sais pas nous on est [passage inaudible] ont sait pas quoi faire quoi. »

trouvé sur: crametoncra.noblogs.org

« ils nous frappent, tu dors ils frappent à la porte pour chercher quelqu’un » Encore des tabassages, vols cachés et refus de soins au CRA de Vincennes

Le matin du 13 février 2020, une semaine après l’incendie, au CRA de Vincennes les flics ont tabassés deux prisonniers.

D., un des prisonniers tabassé, s’est fait déporté avec le nez cassé à cause des flics, du sang partout sur le visage. Beaucoup de retenus parlent en ce moment de faux laissez-passer.
Le deuxième prisonnier est rentré au CRA, il est assez agé, il ne pouvait plus bouger de son lit à cause des blessures. Il n’a pas pu raconter.

Voici les témoignage de deux co-retenus de D. :

Aujourd’hui 20 policiers ont frappé D., ils lui ont menotté les mains derrière, ils lui ont écrasé sa tête sur le sol, et ils l’ont déporté avec un faux laisser-passer. Maintenant on est dans la merde, il y a que la galère, les policiers ils nous insultent, ils nous frappe, tu dors ils frappent à la porte pour chercher quelqu’un.

A 4h30 ils sont venus, d’habitude pour les vols du matin ils viennent à 6h du matin à 4-5 pour les vols cachés. Là il y avait aucun vol affiché, ils étaient au moins une douzaine. Ils l’ont entouré, ils lui ont dit lève toi t’as un vol, il a commencé à ramasser ses affaires et ils lui ont pas laissé ramasser ses affaires, ils lui ont dit tu descends. J’étais dans le lit en haut, j’ai même pas eu le temps de réagir, et si tu parles ils vont te niquer ta race. Ils l’ont descendu dans la salle de coffre, après au mitard. Après ils ont programmé son vol pour l’aprem. Ils scotchent les gens, ils les renvoient de force, ils font des laisser-passer c’est même pas des vrais c’est des faux, c’est une dinguerie ce qui se passe. La machine a cigarettes elle marche pas, la machine pour la monnaie elle marche pas. Ils sont en train de nous tuer, avec les cachetons qu’ils nous donnent, et avec la bouffe. Là ils arrêtent pas, tous les jours ils envoient des gens, il scotchent des gens. Ils ont scotché un handicapé, et avec la ceinture en plus. »

 

Voici encore un témoignage de refus de soins d’un autre prisonnier ; il s’agit de la personne décrite comme handicapée dans le témoignage précédent.

« J’ai fait 2 opérations au Maroc, qui ont couté 12000€ que j’ai récoltés grace à mes proches. Lors d’une opération, ils m’ont mis des plaques de métal dans le dos. Mais les plaques de métal m’ont déséquilibré le dos, elles étaient mal placées, ce qui m’a rendu handicapé. Je suis arrivé en France le 8 octobre 2016, et j’ai vu un médecin qui m’a dit qu’ils n’avaient pas le droit de faire cette opération, et que c’est cette opération qui m’a rendue handicapée. Depuis je suis un traitement et des examens réguliers, et je dois subir 2 nouvelles opérations pour éviter que ça ne s’empire pour mon dos. La première est prévue le 26 février 2020 et l’autre le 7 avril 2020. Mais au Centre de Rétention on m’empêche d’accéder à mon traitement, et on m’empêche
d’accéder à mes rendez-vous médicaux pour faire des examens. Ils veulent juste me renvoyer au bled. Le médecin et les infirmiers ils font pas leur boulot, c’est la merde. Ils veulent pas me laisser faire mes examens, ils me donnent des cachetons, et ils me disent que je suis pas malade. Le seul médicament qu’ils donnent ça me fait me gratter. C’est pas les médecins c’est la préfecture qui donne les ordres.

Le médecin en France m’a dit que si je reste dans cette situation ça va s’empirer, et ça me met en danger.

L’autre jour j’ai eu un vol caché. Les policiers m’ont ramené dans la salle de coffre, ils m’ont dit qu’ils allaient me menotter, je leur ai dit “non je suis malade c’est pas possible”. Finalement ils m’ont mis les menottes, et le cauchemard à commencé à l’aéroport. Il y en a 4 qui m’ont embarqué pour l’avion, ils m’ont fait tombé par terre pour me scotcher  les pieds, je me suis mis à pleurer et à faire une crise d’asthme. Ils voulaient pas me donner le médicament contre l’asthme, ils ont fini par me le donner à la fin de ma crise. Ils m’ont dit “lève toi tu vas rentrer chez toi”, j’ai pas voulu. Ils m’ont remis par terre, j’avais mal au dos là où j’ai des plaques de métal, ils ont mis un genou sur mon torse et ils l’ont écrasé. Ils m’ont mis les menottes, plus la ceinture pour serrer les bras autour du corps, et le scotch pour les pieds. Ils m’ont emmené dans une voiture jusqu’à l’avion, mais finalement c’était trop tard pour l’embarquement, et j’ai pu éviter le vol. Ils m’ont ramené au cra vers 17h je suis allé dans mon lit, et je me suis allongé et je suis resté bloqué à cause des douleurs dans mon dos après ce qui s’est passé à l’aéroport. Il y a des prisonnier.es qui m’ont porté pour m’emmener au médecin. Il était pas là, ils m’ont ramené à ma chambre. J’ai pu voir une infirmière jusqu’à 23h. »