Au CRA de Plaisir : violences, humiliations et provocations quotidiennes

Le CRA de Plaisir est une prison pour sans-papiers dans le 78, situé à l’intérieur même d’un commissariat. Fin septembre, les prisonniers avaient lancé une grève de la faim pour lutter contre l’interdiction des visites (les keufs avaient décidé arbitrairement de bloquer les parloirs pour les proches) et le refus de soin d’un prisonnier, qui devait être hospitalisé alors que la police refusait.

Les prisonniers, qui avaient écrit un communiqué sur cette histoire, ont subi une forte représsion : les flics avaient cassé la grève avec la force, en tabassant les gens, en les déportant et en les transferant dans d’autres CRA (des témoignages sonores ici).

Plaisir - Encore un jeune homme arrêté pour fraude à ...

Depuis, c’est toujours la merde. La situation reste très tendue. Il y a deux semaines, une personne a voulu se suicider avec ses draps. Le CRA est presque plein, 24 places prises sur 26. L’accès au soin, c’est du foutage de gueule. Le médecin et les infiermières ne donnent que du doliprane ou du tramadol, mais pas les médicaments que les retenus ont besoin alors meme qu’ils ont les ordonnances.

La nouriture n’est pas hallal et donc pleins de personnes ne peuvent pas manger. Ils apprennent à la dernière minute leur déportation ce qui est une énorme source de stresse pour tout le monde. Les violences des keufs sont quotidiennes, les humiliations et les provocations aussi, ils poussent vraiment les gens au bout dans l’impunité la plus totale, et ils déportent sans cesse. On relaie ici le témoignage d’un prisonnier qui raconte tout ça.

« C’est hard-core »

« Depuis le début ils jouent avec mes nerfs. Je me suis tapé contre le mur et je me suis fracturé le bras. C’était lent pour que l’ambulance vienne, je suis parti à l’hôpital, ils m’ont fait un plâtre. Après 4 jours, javais un rdv avec le chirurgien. »

Il raconte qu’il est descendu comme d’hab pour prendre ses médocs mais c’était un piège tendu par la police car à ce moment là ils lui ont dit qu’il avait un vol caché.

« J’étais choqué, j’ai vomi, j’avais envie de me suicider, j’étais mal mal mal. »

Quand il vomissait, il demandait à avoir un sac, les policiers ont d’abord refusé puis lui ont donné un sac percé.

« A l’aéroport j’ai refusé le vol, du coup je suis retourné au centre, j’étais à bout. Ils m’ont attaché dan une chambre avec mon platre, après une heure ils m’ont relaché. Ils m’ont mit le casque. »

Il avait été provoqué et insulté exprès pour pouvoir l’attacher dans la chambre. A l’isolement, il a été inconscient pendant au moins une heure. Après, les flics l’ont ressorti de la chambre.

« Ils m’ont fait nettoyer de force ce que j’avais vomi dans la voiture »

La police est raciste, la police est sexiste : témoignage d »une prisonnière dans le CRA de Mesnil Amelot

La police, dans les CRA comme partout, est raciste : les prisonniers et les prisonnières des centres de rétention le savent très bien, et le racontent tout le temps. Mais les meufs enfermées dans ces prisons pour étrangères, dont la parole sort beacoup moins, parlent aussi du sexisme quotidien des flics : les régards, les rémarques… le pouvoir des keufs dans les sections réservées aux femmes, comme à Mesnil Amelot par exemple, est encore plus oppressant, mais des solidarités se tissent pour résister à la police raciste et sexiste.

Dans ce témoignage, une copine prisonnière parle de tout ça, mais aussi de l’OFII, qui est présent dans les CRA. Dans sont site internet, on peut lire que « l’OFII exerce également une mission d’information, de soutien et d’écoute des étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA). Dans ce cadre, des aides matérielles leur sont apportées afin d’assurer l’organisation de leur départ et faciliter leurs conditions de rétention. »  Une manière créative pour dire que l’OFII collabore avec la police

Face à tout ça, face aux morts, aux violences policières et aux collabos dans ces prisons pour sans-papiers, quoi faire? Une assemblée publique aura lieu mardi 3 décembre, ouverte à toustes celleux qui veulent lutter pour la disparition des CRA. Organisons la riposte !

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L’OFII

« La femme de l’OFII parfois pose des questions bizarres, comme si elle était une inquisitrice. Elle juge les gens trop vite tu vois ? Je pense qu’elle bosse avec les flics, elle essaie de retirer des infos de nous et tout ça.

Elle pose beaucoup de questions : « Pourquoi tu fais ci, pourquoi tu fais ça »… parfois ils [les salarié.e.s de l’OFII] prennent beaucoup de temps pour parler avec les gens de n’importe quoi, alors que les autres attendent à l’extérieur pour rien, et arrivent pas à acheter les cigarettes.

La police

Les flics ont beaucoup de mots mal placés : il y a des filles marocaines, ils disent « T’es sure que t’es roumaine ? T’es sure que t’es pas une voleuse?« .

Y a d’autres remarques aussi. Une albanaise est venue me dire : « Je suis mal à l’aise, y a un flic qui me dit des choses mal placées ». Du coup je suis allé le voir, et lui tu sais ce qu’il m’a dit? « C’est quoi, t’es jalouse parce que toi aussi t’en veux de moi? ».

Beaucoup de policiers font beaucoup de remarques sexuelles perverses, surtout à moi parfois.

Les conditions de retention

Hier il y avait un jeune de 16 ans avec la mère, après il a été libéré. Mais parfois y a des gamins de 6 mois, de 8 mois, comme ça.

Par rapport au médecin, je ne suis pas d’accord par rapport à certaines choses. Et la nourriture, il y a des gens qui ne peuvent pas manger certaines choses mais sont obligés de le faire.

Mais l’Etat il prend de l’argent pour nous non? Avec cet argent, il faudrait au moins améliorer les conditions des gens ici. »

dispo en affiche :

FACE AUX CRA ET LEURS MORTS, CONSTRUISONS LA RIPOSTE. Assemblée publique mardi 3 décembre au Cicp

Dans les centres de rétention administrative (CRA), véritables prisons pour les personnes qui n’ont pas les « bons papiers », à l’abri des regards de la population, la rétention est insoutenable : bâtiments pourris, bouffe immangeable, refus d’accès au soin.

LES CRA TUENT

Les prisonniers-ères sont poussé⋅es à bout : les violences policières sont quasi quotidiennes, et dans les CRA de femmes, les violences sexistes sont fréquentes. Dans ce contexte insupportable, les infirmiers et les médecins collaborent et essayent de pacifier la situation, en filant notamment des calmants et autres médocs.
À Vincennes, depuis août deux prisonniers sont morts d’une overdose de médicaments, le dernier Mohammed, un prisonnier de 19 ans, est décédé le 8 novembre dernier.

LA GUERRE AUX SANS PAPIERS CONTINUE

Ces morts ne sont ni des accidents, ni des bavures, elles résultent de choix politiques qui s’étendent au-delà des murs de ces prisons. Parti en campagne électorale sur les plate-bandes du Rassemblement National(ex-FN), Macron a clairement affiché que la lutte contre l’immigration sera au cœur de la seconde partie de son mandat. Outre ses annonces nauséeuses sur la mise en place de quotas d’immigré⋅es, il fait construire de nouvelles places en Centre de Rétention Administratifs. En parallèle, les rafles se multiplient, les campements sont démantelés, et celleux qui se font choper sont mis⋅es en rétention et expulsé⋅es.
Réagissons!

LES LUTTES A L’INTERIEUR NE S’ARRETENT PAS

Malgré tout, à l’intérieur, des luttes s’organisent régulièrement. La
semaine dernière une grève de la faim a été lancée au CRA du Mesnil-Amelot, et depuis septembre, les tentatives d’évasion, incendies, résistances individuelles ou collectives face aux déportations et à la police sont quotidiennes.

Ce n’est surement pas l’envie et le besoin de se révolter des
prisonniers-ères qui manque, mais bien une solidarité réelle à
l’extérieur. Comment construire un rapport de force pour que ces morts cessent ?

Nous lançons une assemblée publique, ouverte à tou⋅tes celleux qui veulent lutter pour la disparition des CRA.

Pour ne pas oublier Mohammed et tou⋅tes les autres, pour combattre les violences policières et médicales dans ces prisons, pour soutenir les luttes des prisonniers-ères, partageons nos expériences et décidons ensemble de la mobilisation à mener. Venons nombreuses et nombreux, que l’on connaisse bien ou pas du tout la situation dans les CRA et construisons la riposte ensemble !

ASSEMBLEE PUBLIQUE
MARDI 3 DECEMBRE à 19H
au CICP
(21ter rue Voltaire, métro Rue de Boulets/Nation)

A bas les CRA !