« Ils jouent avec nous, on va mourir ici » : témoignage d’un prisonnier du CRA de Mesnil Amelot

C’est toujours très chaud dans les CRA : meme si certain.e.s prisonniers-ères ont été libéré.e.s depuis hier, la majorité reste renfermée dans des conditions qui étaient dégueulasses bien avant le virus. Comme si la situation n’était déjà pas assez grave, les keufs continuent de provoquer les prisonniers-ères, font circuler des rumeurs, font péter des cables.

Alors que les luttes dans plusieurs CRA continuent, un copain prisonnier raconte comment ça se passe au CRA de Mesnil-Amelot.

Il n’y a pas d’autre solution : libération immédiate de toutes et tous les prisonniers-ères, fermeture et disparition des CRA maintenant !

 

« On va pas bien, on n’a pas de solution. On n’a pas de masques, quand tu parles à la police ils restent à dix mètres de nous, ils disent parce que « ça se trouve vous avez le corona », ils ont peur, ils restent très loin de nous, pour nous parler, mais pourquoi ?

Tu sais hier soir le président Emmanuel Macron à 20h il a dit que tout le monde doit rester confiné, mais on peut pas ici, on est beaucoup, on est genre 120 personnes. Et le ménage, tu sais, depuis hier et aujourd’hui aussi, ils ont pas fait le ménage, et la Cimade, ils ont fermé, donc si je veux quelque chose la police me dit « Attend, après ». On est 20 dans ce bâtiment, il y a en 20 dans l’autre et 40 dans un autre encore, et il y a des femmes aussi.

Le président a dit à 12h personne doit rester dans les rues, comment peuvent les familles venir nous voir ? Ça n’a pas de sens non ? On doit trouver une solution. La police a dit hier que plusieurs personnes étaient libérés par la préfecture, pourquoi ? Pourquoi nous on reste ici ? On doit partir aussi ! On n’a pas mangé depuis hier, depuis deux jours.

On est en danger, on n’a pas de masques, on n’a rien, on est en train de mourir ici, on est déjà morts. Si on sort, chacun va rentrer chez soi, mais ici il y a tellement de monde, ça n’a pas de sens. La police, ils ont peur pour eux mêmes, mais ils devraient avoir peur pour nous aussi.

On l’a dit à la police, tous les jours, on a besoin de masques, on doit nettoyer les chambres, on le fera nous mêmes, donnez nous le matériel et on va nettoyer. Vous devez dire aux gens de nous envoyer une caméra, pour filmer ce qui se passe ici. C’est déjà assez compliqué, on a besoin d’une solution, maintenant.

La préfecture peut tout faire, elle a le pouvoir de nous libérer. La police, ils sont racistes. Tu sais ce qui s’est passé, on voulait aller aux machines pour manger un gâteau, le policier a dit non, « on vous donne trois repas par jour », je lui ai dit « tu me donnes pas d’ordres, ta bouffe n’est pas saine, on veut aller à la machine, c’est mon droit », il m’a dit « mangez vous entre vous », et il m’a dit d’attendre trois heures. Ils jouent avec nous, on va mourir ici ».

« Vraiment on nous a oublié ici » / Communiqué de grève de la faim des retenus Mesnil-Amelot

Alors que beaucoup de pays refusent les avions venus de France, que la Cimade et les personnels de nettoyage ne sont plus dans les centres, que certains JLD n’ont pas lieu, que l’infirmerie et les médecins continuent de mépriser les retenu.es, aujourd’hui pleins de luttes ont lieu dans plein de CRA en France (au moins Vincennes, Mesnil-Amelot, Lyon, Lesquin).

Les prisonnier.es sont en grève de le faim depuis hier soir ou ce matin. dans certains centres il y a aussi eu des départs de feu, des évasions collectives, des blocages et bordel en tous genres. Alors que dans certains centres il y a des libérations (Palaiseau) dans d’autres, les préfectures continuent d’expulser vers les quelques destination où il y a encore des vols, voire même d’enfermer de nouvelles personnes (Mesnil-Amelot encore ce matin)

Voici le communiqué écrit par les retenus du CRA 3 de Mesnil-Amelot en grève de la faim depuis hier soir :

 

Nous sommes retenus du CRA de Mesnil-Amelot au CRA 3. Là on est en grève de la faim, on mange pas. Le CRA 2 est aussi en grève de la faim, le CRA 1 de Vincennes aussi et le CRA de Lyon et celui de Lille il paraît.

Il y a rien ici il y a que la police qui nous enferme. Avec le virus pas de visite au médecin, il s’en fout, et les policiers trainent dans les couloirs sans masque. Aujourd’hui on a parlé avec le chef du CRA, il a dit on s’en fout faites ce que vous voulez. Maintenant il y a les CRS devant le centre.

La plupart des aéroports ferment, les avions sont coupés, pourquoi on est encore là ? On est comme des animaux on enfermés comme en prison sans qu’ils nous expulsent et sans n’avoir rien commis, et ca pendant 3 mois. Il reste que quelques pays avec des avions et ils continuent d’expulser. Il paraît que il y a des CRA ou des gens ont été libérés, mais nous on sais pas on est toujours enfermés et en plus ils ramènent encore des nouveaux prisonniers, aujourd’hui même, c’est pas normal. Au réfectoire on était à 50 personnes dans la même salle.

La Cimade et l’offi c’est fermé donc nous on est au courant de rien. Pas non plus de nettoyage, si ca continue on va faire nous même mais sans produits ou protection.

Vraiment on nous a oublié ici, avec le virus l’état pense à autre chose, le préfet nous a oublié.

Besoin de mobilisation au maximum pour la liberté pour tout.e.s.

« On préfére mourir de faim que de cette merde ! » Communiqué des prisonniers du centre de rétention de Lille-Lesquin du 15 mars

“« On préfére mourir de faim que de cette merde ! »

le 15/03/2020 Infos depuis le Centre de Rétention Administratif (CRA) de Lesquin.
Vendredi, le 13/03/2020, nous avons appris qu’au moins un cas de coronavirus a été confirmé au sein du CRA. Si la personne a été évacuée, aucune mesure n’a été prise pour notre sécurité vis-à-vis de l’épidémie.
Les policiers de la Police aux Frontiéres (PAF) ont des gants et des masques, et nous, rien.
Nous avons donc décidé d’arréter de fréquenter Ies espaces collectifs du centre de rétention, afin de nous protéger, ce qui implique le réfectoire. Nous ne mangeons donc plus depuis maintenant trois jours pour beaucoup d’entre nous.
Autres conséquences :
– l’association, présente habituellement pour nous aider à faire valoir nos droits, est absente. Comment nous défendre et nous informer ?
– les visites de nos proches et soutiens sont également interdites renforqant notre isolement.
– de nombreuses audiences du juge des libertés et de Ia détention sont reportées, or c’est à l’occasion de ces audiences que nous pouvons étre Iibérés. Et nous ne pouvons pas rester enfermés sans autorisation dujuge.
– la plupart des liaisons internationales en avion (et notamment vers I’ltalie, le Maroc) sont annulées. Si dans tous les cas nous ne pouvons pas étre expulsés à quoi bon nous garder ?

Pour notre survie et le respect de nos droits, nous exigeons la liberté immédiate de toutes les personnes enfermées au CRA de Lesquin et dans tous les centres de rétention !
Face à I’isolement et l’inquiétude dans lesquels nous sommes, nous souhaitons faire entendre nos voix via la diffusion de ce message. Faites — tourner !
Vous pouvez aussi nous appeler sur les numéros de cabine du CRA pour prendre de nos nouvelles, faire sortir nos messages.
Hall : 03.20.44.74.13 Zone A : 03.20.32.76.20 Zone B : 03.20.32.70.53 Zone C : 03.20.32.75.31 “

 

STOP AUX EXPULSIONS. FERMETURE DE TOUS LES CENTRES DE DÉTENTION, MAINTENANT !

LIBERTÉ POUR TOU.TE.S ! MAISON POUR TOU.TE.S !