« Cra-taule-Cra-taule… ça s’arrête quand ce délire ? »

Dans les centres de rétention administrative (Cra), refuser un test PCR peut conduire en taule. S’essuyant les pieds sur la liberté de pouvoir refuser un acte médical, il n’est pas rare que les juges condamnent des personnes sans papiers à des peines de prison ferme lorsqu’elles ne se soumettent pas à ce test obligatoire en vue de leur expulsion. 
Nous avons souvent relayé cette sale pratique. Mais le témoignage que nous avons reçu d’un détenu de Vincennes montre l’acharnement dont est capable l’Etat. En moins de 8 mois, il a été envoyé en taule à deux reprises sur ce seul motif et a déjà purgé 5 mois de prison.

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L’ETAT CONSTRUIT DES CRA ET DES PRISONS, DETRUISONS-LES !

L’État poursuit ses objectifs racistes de traque, d’enfermement et de déportation des personnes qui n’ont pas les bons papiers : après les nouvelles extensions des CRA de Coquelles (Calais) et de Lesquin (Lille) et les projets de création de nouveaux CRA à Lyon-Saint-Exupéry (un 2e à côté de celui déjà existant), à Olivet (à côté d’Orléans) et à Bordeaux.
C’est tout récemment que nous avons appris l’existence d’un projet d’agrandissement du CRA du Mesnil-Amelot, pour 2025. Soixante-quatre nouvelles places seront créées sur un autre site, à quelques minutes en voiture du CRA existant.

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Un prisonnier retrouvé mort au CRA de Bordeaux + grève de la faim !

On republie ici un texte paru sur Toulouse Anticra
Un prisonnier retrouvé mort au CRA de Bordeaux
Ce n'est pas la première fois qu'un retenu crève dans un CRA : à Vincennes par exemple, deux personnes sont mortes en 2019. Ce n’est jamais un accident si quelqu’un.e crève dans ces taules. Le CRA, c’est une boucherie, une machine à tuer. Luttons pour que cette mort ne soit pas oubliée !

Au CRA de Bordeaux qui est situé au sous-sol du commissariat (1), un prisonnier est retrouvé mort dans sa chambre il y a environ un mois. Aucune information ne semble avoir été diffusée sous prétexte que la famille ne souhaite pas que son nom soit révélé.

Des prisonniers sont en grève de la faim depuis 3 jours, voici le témoignage qu’ils souhaitent diffuser:

« Dans la nuit on rigolait ensemble, le mec il est parti pour dormir et le matin on est parti pour le réveiller pour manger, pour le petit déjeuner et lui il s’est pas réveillé. Oui la police est venue avec les pompiers.

Les policiers ont dit on peut pas dire aux journalistes parce que sa famille veut pas donner le nom.

Oui ils savent pourquoi il est mort, ils veulent pas nous dire. Nous on pense parce qu’il voulait pas aller au Maroc, y’a des gens qui veulent le tuer là bas, il avait beaucoup de stress, de médicaments de psychiatrie et tout ça, c’est pour ça qu’il est mort. Oui il a pris des médicaments pour mourir. Pas manger, pas dormir, il était pas bien, beaucoup de stress, pourquoi ils le laissent là ?

Il voulait pas aller au Maroc et les gens de l’État voulaient l’envoyer là-bas.

Il a pris beaucoup de cachets, il s’est suicidé je pense. Il a fait une overdose. Non il a pas dit forcément qu’il voulait se suicider. Il a dit j’espère demain Inch’Allah vous tous libérables les gars. Nous on croyait qu’il parlait pour nous, en fait il parlait pour lui, il savait qu’il allait mourir, il nous a dit ça avant de mourir.

Ici ils ont rien dit, ils s’en foutent, même pas c’est passé au journal, normalement ça passe à la télé et au journal, c’est vrai ou pas ça ?

Nous on fait la grève de la faim depuis 3 jours parce qu’on en a marre, c’est trop dur ici, c’est raciste, si on a besoin de voir un médecin à 8h, ou minuit, on peut pas jusqu’à 11h, y’a pas de médecin, si quelque chose se passe, on a rien.

On demande de passer ici parce que quelqu’un est mort. C’est même pas un centre de rétention ici. C’est trop dur, on dort pas, on mange pas bien, on prend pas bien les médicaments, il y a tous les jours quelque chose qui se passe ici.

Les policiers ils s’en foutent si on mange on mange pas, ça fait 35 jours je dors pas parce que j’ai pas l’injection pour dormir ici, l’injection de Subutex, ils le donnent pas. Le médecin refuse, il donne des cachets que je connais pas, on est mal ! »

(1) « Le centre de rétention administrative est situé au sous-sol du commissariat. Il est confiné, très exigu et les personnes qui y sont enfermées développent très rapidement des troubles psychiques dus aux conditions particulièrement anxiogènes de leur enfermement. Au-delà d’un certain nombre, les personnes se retrouvent très à l’étroit : la cour est très petite… La lumière naturelle est rare : la seule source étant un puits de jour au cœur de la courette grillagée (20m²). L’ensemble du CRA est éclairé aux néons qui restent parfois allumés la nuit…» – (Rapport rétention Cimade 2019)