« La justice en France est injuste » : nouveau témoignage depuis la prison pour sans-papiers de Vincennes

Dans un contexte d’état d’urgence sanitaire l’état et la préfecture continuent d’enfermer au CRA de Vincennes, alors qu’un 5ème cas de corona virus est confirmé dans le centre. Compte tenu des mesure d’hygiène inexistante dans le CRA, la totalité des retenu est probablement infecté.

Avant hier (mardi 14), un référé liberté à été fait au tribunal administratif, de la part de quelques associations et avocat.e.s, pour demander la fermeture du centre. La préfecture prétextant faire le test pour le virus à tout le monde et prendre des mesures d’hygiène… a réussis à empêcher la fermeture du centre et la libération des tous les prisonniers.

En gros, le juge du tribunal administratif a décidé que : aucun nouveau prisonnier doit être enfermé à Vincennes pendant deux semaines ; les prisonniers qui présentent des symptômes doivent être mis en isolement ; ceux qui sont déjà malades doivent être hospitalisés. Quelle radicalité, quel courage ! Mais ça montre aussi bien que ces trois trucs ne sont pas évidents pour la préf…

Le choix, de la préf comme du tribunal, est donc de continuer l’enfermement malgré le risque énorme pour tout les retenus. En fait, et c’est pas une nouveauté, l’état, les flics et la justice en ont rien à foutre : même pour faire emmener les personnes malade du corona à l’hôpital, les prisonniers sont obligés de foutre le bordel et de mettre la pression collectivement aux keufs !

Suivi de la révolte des prisonniers du CRA de Mesnil-Amelot. Une revendication : la libération de tou.te.s !

Le 11 avril, à 20h les prisonniers du CRA 2 du Mesnil-Amelot occupent la cour du bâtiment et bloquent la promenade aux cris de « liberté ! ». Depuis le début de l’urgence sanitaire les personnes enfermées demandent à être libérées face à la fermeture des frontières, mais l’État poursuit sa politique d’enfermement. De plus, aucune mesure sanitaire n’est prise pour empêcher la propagation du virus à l’intérieur du centre. Alors que les flics de la PAF rentrent et sortent de la prison pour sans-papiers au risque d’y ramener le virus, les prisonniers restent enfermés. Ne laissons pas seuls les prisonniers en lutte, relayons leur parole et soutenons les de toutes les manières possibles !

Pour appeler prisonniers dans le centre voici les numéros des cabines.

 

13.04 :

Hier 8 prisonniers du Mesnil-Amelot ont été transféré dans d’autre CRA suite à la révolte (visiblement pas de GAV). Au CRA de Lesquen (près de Lille) ils sont 5 et isolé du reste du centre : les flics ont rouvert un batiment qui était fermé juste pour les y enfermer. Les 3 autres auraient été transférés à au CRA de Oissel (près de Rouen) ou les prisonniers sont en greve de la faim depuis hier soir. En plus de la violence qu’ils ont subit, la répression c’est aussi l’isolement loin des autres et loin des proches dans un batiment ou les cabines sont HS.  Un des prisonniers raconte la pression des flics pour les faire craquer pendant le transfert :

« On s’est fait maltraités, tapés, on nous a mis les menottes super serrées. On est arrivés ici au CRA de Lille à 16h environ. Pendant tous les trajet les flics nous ont menacés de poursuites, ils disaient « vous allez le payer cher », le directeur aussi nous disait ça au Mesnil, uniquement parce qu’on s’est exprimé et qu’on a dit les choses clairement.

C’est de la maltraitance j’ai jamais vu ça de ma vie, on s’est fait gazer, matraquer, on a été mis par terre avec 40 condés qui nous encerclaient, nous mettaient la pression à mort, puis ils nous ont passé les menottes super serré. Sur le trajet c’était du foutage de gueule, ils essayaient de nous faire péter les plombs, mais nous on est pas rentrés dans leur jeu, pas un insulte ni rien. Ce qui les dérange c’est qu’on s’exprime bien, on a dit les choses clairement, on a dit ce qu’on voulait, et ça les dérange, on est devenus des cibles à abattre. On reste debout même si on s’est fait menacé de ouf. S’ils avaient pu ils nous auraient mis une balle. 

J’ai vécu un truc de fou, on a été traité comme des mecs en cavale. Ca a été dur. Là on est 4 au CRA de Lille, ils ont réouvert le bâtiment juste pour nous, il y a juste une personne âgée dans un autre bâtiment. »

Continuons à etre solidaire avec les prisonniers en lutte ! Virus ou pas : à bas les CRA !


11h30 :

Une charge de police a eu lieu vers 11h. Dispositif policier énorme (ils parlent de 100 flics). Ils les ont rassemblé dans un coin, forcé à se mettre par terre et confisqué des téléphones. Ils ont menotté et emmenés, surement en garde à vue, 7 prisonniers « identifiés comme leader sur les cameras ». Les autres prisonniers ont été réenfermés dans les chambres.


Ce matin :

Hier soir suite à l’échange avec le chef de police, puis avec le directeur du CRA, les retenus se sont installés pour dormir dehors, mais les flics ont pris leurs matelas pour éviter un incendie. Ils ont continué a bloquer quand même. Ce matin, ils ont sauté la grille pour rejoindre le bâtiment des femmes et familles, d’où ils seraient plus visibles de l’extérieur du CRA. Ils cherchent a être le plus visibles possible et continuent a tenir ensemble alors que les policiers se préparent a charger. De plus en plus difficile d’être en contact avec eux.


Des audios des retenus qui ont été fait par d’autre personnes paris lutte info


21h50 : ils ont décidé de passer la nuit dans la cours

Ils nous ont amené le directeur du centre il a dit qu’ils ont pas de solution pour nous. Alors ont a dit si c’est comme ca on va dormir dehors. Pourquoi ils nous gardent alors qu’il y a pas de vol et que le Corona est dans le centre ? On est pas animaux. ici c’est la double peine ! Il y en a qui sont en t-shirt mais on est allé cherché des couvertures par derrière on va dormir dehors on va rester toute la nuit ! et demain personne ne mange !


21h20 : Ils sont actuellement en négociation avec le comandant les keufs..

« Ils ne respectent pas le droit des gens, pas de mesures sanitaires dignes et quand tu dis quelque chose les policiers ils te frappent c’est pas humain ! Sérieux les avions ils vont pas redécoller avant septembre on nous a dit, ça veut dire quoi ? On va pas rester ici jusqu’en septembre ! »

« On a bloqué on s’est mis tous dans une cour, c’est à dire les 4 bâtiments qui étaient ouverts dans la cour tous ensemble. Tant qu’ils trouvent pas de solution on bougera pas d’ici ! Tout à l’heure ils nous ont gazé matraqués ils ont des boucliers, depuis tout à l’heure on subit des violences pour rien ! Là ils sont à la sortie de la cour vers la grille matraque à la main, casque et ce qui va avec ! Que les journalistes nous appellent mais là ! Maintenant ! »

Libération immédiate de tou·te·s les prisonniers·ères !

 

 

 

 

Appel des prisonniers du Mesnil-Amelot en lutte aux associations de soutiens aux sans papiers !

Il y a plus de 15 jours le gouvernement à annoncé le confinement et l’état de « pandémie ». Dans le même temps la majorité des frontières étaient fermées.
Depuis le 16 mars les parloirs sont suspendu dans les prisons et les centres de rétentions. Le même jours le contrôleur général des lieux de privation et de liberté (CGLPL) exigaient la fermeture des CRA.
Le soir même les prisonnier.e.s de l’ensemble du CRA étaient en grève de la faim et exigaient leurs libération immédiate.
Les jours suivant les juges (JLD -juges des libertés et détention et TA -Tribunal Administratif) ont libéré beaucoup de prisonniers et prisonnières de ce centre. Souvent contre l’avis de la préfecture qui a essayé d’expulser jusqu’au dernier moment.

Des prisonniers se sont exprimés dans l’émission de l’Actu des luttes du 23 mars pour raconter les conditions d’enfermement là-bas.

Depuis ce sont majoritairement des personnes sortants de prisons et étrangers qui sont amenés au Mesnil-Amelot.

Rien est fait pour protéger les retenus face aux risques liés aux coronavirus qui devraient libéré le plus rapidement possible. Depuis hier matin tous les prisonniers du batiment 9 et 10 et quelques prisonniers du batiment 11 sont en grève de la faim pour exiger leurs libération immédiate. Ils ont écrit un communiqué, à relayer un maximum, que vous pouvez trouver ici.

Aujourd’hui, mardi 31 mars, les prisonniers demandent aux associations:  de relayer un maximum leur communiqué, de contacter la préfecture pour exiger la fermeture du centre,  de contacter des journalistes pour que les prisonniers soient entendu dehors.

Je vous écris au nom de tous les détenus du CRA2 du Mesnil-Amelot. On demande à la CIMADE ainsi qu’à toutes les associations de soutiens aux sans-papiers de nous défendre, de faire une demande auprès de la préfecture de la fermeture du CRA. On demande a l’ADE, l’association de défense des étrangers de nous défendre parce qu’on est jugé sans avocat, sans voir le juge. En fait on est jugé sans notre présence ou notre dossier.

A toutes ces associations: s’il vous plait, aidez nous. On a peur de la suite.

Le numéro de la cabine de Mesnil-Amelot pour joindre directement les prisonniers en grève de la faim : 01.60.54.16.56