Rassemblement contre les frontières et les CRA dimanche 28 avril

Les Centres de rétention administrative (CRA) sont des prisons pour étranger·e·s dont l’administration ne reconnaît pas le droit de séjourner dans le pays. L’enfermement et ces conditions désastreuses, ainsi que les violences policières, ont cristallisé les tensions en leur sein. Rassemblons-nous ce dimanche 28 avril en soutien aux révolté·e·s à l’intérieur et contre toutes les formes d’enfermement !

En France, chaque année, ce sont plus de 45 000 personnes qui passent par les CRA (faisant de la France le pays européen qui a le plus recours à l’enfermement contre les étranger·e·s) et plus de 71 000 personnes incarcérées dans les prisons.
L’État prévoit déjà d’enfermer toujours plus en construisant 481 nouvelles places en CRA, et près de 15 000 places supplémentaires en prison d’ici à 2027, au sein d’un énième « plan pénitentiaire ».
 Pièces maîtresses d’un système répressif et raciste, les passages de l’un à l’autre et inversement sont très fréquents.

Pour celui ou celle qui n’a pas le bon bout de papier ou pas de papiers du tout, la traque est permanente, les cages de l’État et les déportations des menaces perpétuelles. Les frontières sont partout.
Dans une société qui nous lie à travers les chaines du travail, il ne peut y avoir d’autre business que la prison pour gérer les indésirables et les non blanc·he·s.
Nombre d’entreprises collaborent et s’enrichissent sur la misère et l’enfermement. La construction des CRA (Bouygues, Eiffage), leur gestion (Gepsa, Onet, etc.) et leur approvisionnement (GEPSA, la Croix-Rouge, etc.) sont des marchés qui leur rapportent gros, sans compter la dénonciation des sans-papiers à l’État (La Poste, BNP, etc.).

Rappelons que la loi « asile-immigration », adoptée l’année dernière, vient renforcer cette machine à expulser en faisant passer la durée maximale de rétention en CRA de 45 à 90 jours. À leur création, cette durée légale était de 3 jours maximum.
Les CRA ne servent donc pas seulement à expulser : via les procédures administratives, plus expéditives et flexibles que les procédures pénales, l’État a des moyens de contrôle, de punition et d’enfermement bien plus pratiques que la prison. Les CRA fonctionnent comme une menace permanente pour tou·te·s les sans-papiers.

Depuis janvier 2019, les détenu·e·s du Mesnil Amelot, de Vincennes, Lyon, Bordeaux, Sète se révoltent.
Les grèves de la faim, les refus de promenades, les refus de se présenter à l’infirmerie ou aux permanences juridiques sont autant d’outils pour rendre visible leur colère.
Le week-end du 13 avril, les révoltes se sont intensifiées au CRA de Saint-Exupéry (Lyon) : 6 détenus ont tenté de s’évader, 3 ont réussi alors que 3 autres ont été arrêtés, passés à tabac et placés en garde à vue.
Peu de temps après, un détenu a tenté de se suicider et d’autres ont réagi en se révoltant et en mettant le feu à leurs cellules.

Lire aussi : le communiqué des prisonniers de Vincennes en grève de la faim

Lire aussi : le communiqué des prisonniers de Mesnil-Amelot

Lire aussi : un témoignage de la révolte au CRA de Saint-Exupéry

Pour que vive la révolte, par-delà les murs, contre ce monde de barreaux et de barbelés,

Rendez-vous pour un rassemblement
Place de la Fraternité à Montreuil (Metro 9 – Robespierre)
le dimanche 28 avril à 14h !

À bas les CRA et les frontières !

Témoignage d’un prisonnier du CRA de Lyon : Tant qu’il y aura des CRA il y aura de l’auto-mutilation

On relaie ce témoignage de mars 2019 publié sur Rebellyon

Témoignage d’un prisonnier, extrait d’un entretien avec 3 personnes détenues en Mars 2019. L’enfermement en CRA génère régulièrement des comportements d’auto-mutilation, acte de desepoir face aux violences subies. Ces appels à l’aide, en plus d’être ignorés et étouffés, sont réprimés et d’avantage invisibilisés.

- « Je sais pas si tes copains t’ont expliqué mais j’ai entendu dire que tu t’étais ouvert les mains et je voulais savoir si tu voulais expliquer pourquoi tu avais fait ça et pour qu’on le passe à la radio. [la personne a également souhaité que son témoignage soit publié sur d’autres plateformes]

- Bah j’ai fait ça parce que j’ai des enfants ici et qu’ils veulent m’expulser au pays. Je comprends pas pourquoi ils veulent m’expulser au pays, j’ai un enfant de quatre ans et un enfant de cinq ans et ils veulent m’expulser au pays. Ils m’ont fait un premier vol et le deuxième vol, je l’ai refusé et voilà ! Et là, je me suis charclé et j’attends, j’attends pour mon jugement et je regarde, quoi.

- D’accord et tu as fait ça quand ?

- Bah j’ai fait ça, enfaite c’était vendredi dernier. Au lieu de me ramener faire des points de suture, ils m’ont foutu là, ils m’ont ramené à l’isolement, ils m’ont gardé toute la nuit là-bas.

- Ils t’ont amené à l’infirmerie quand même ou pas ?

Bah rien du tout, ils m’ont nettoyé juste le truc, et j’ai au moins treize points de suture, ils m’ont rien fait.

- D’accord tu t’étais ouvert où ? Les poignets ?

Bah j’ai neuf points à peu près dans la main et treize points dans les pieds.

- Donc ils t’ont quand même fait des points ?

Ouais. Bah ils ont vu, la CIMADE. Ils sont passés, une association aussi, ils sont passés. Bah ils ont pris l’ouverture, à deux millimètres et quelques. Il y a une ouverture, à peu près, elle est à treize millimètres. Normalement, c’est des points de suture, c’est ce qu’ils m’ont dit, mais, l’infirmière, elle m’a rien dit. C’est le docteur qui a dit : « ouais, ben mettez-le à l’isolement. »

- Donc tu as été mis à l’isolement, et là tu es sorti de l’isolement ?

Ouais.

- Bah, je te remercie pour ton explication.

Il y a pas de souci. Mais à part ça, c’est le bordel aussi, là. L’infirmière ici, ils font n’importe quoi aussi, pareil. Et comme à le Forum, ils aident pas les gens, ici, ils expliquent rien aux gens, les gens, ils appellent la CIMADE et les gens de la CIMADE qui passent ici, ils aident un petit peu. Mais le Forum, il y a un bureau de le Forum, c’est pour aider les étrangers. Ils aident rien du tout. Il y a une infirmière aussi, ils font pas leur boulot comme il faut, c’est comme le médecin, c’est comme tout le monde. Les gens, ils ont attrapé des maladies, ils ont la gale et tout, ici, l’infirmière elle s’en fout. Il y en a un la dernière fois qui a fait une crise ici, aussi, pareil. Ils s’en foutent aussi. Ils leur donnent des médicaments, n’importe quoi, vraiment, ça sert à rien du tout. »

https://rebellyon.info/Tant-qu-il-y-aura-des-CRA-il-y-aura-de-l-20553

Retour sur le rassemblement devant le CRA de Lyon Saint Exupéry

En réponse à l’appel au secours diffusé le lundi 15 avril et en soutien à tous.tes les prisonnier.es, un rassemblement a été organisé devant le CRA de St-Exupéry réunissant plus d’une soixantaine de personnes. Voici un retour du rassemblement du mardi 23 avril.

En réponse à cet appel et en soutien à tous.tes les prisonnier.es, un rassemblement a été organisé et une soixantaine de personnes ont répondu par leur présence.

18h15 : les flics se mettent en place, ils sont une dizaine à l’entrée principale et 6-8 devant l’entrée du cargoport qui longe le CRA.

19h : Arrivée du cortège composé d’une soixantaine de personnes. Les banderoles sont déployées (« Ni PAF, ni Rafle, Ni Prison, Ni Expulsion »), des slogans sont scandés (« Freedom, Houliya, Liberta », « Tout le monde déteste la police », « No border, No Nation, Stop Deportation », « Carte de séjour, carté d’identité, ce ne sont que des papiers, il faut les brûler ») sous le bruit des casseroles et des tambours. On lit l’appel à rassemblement, les prisonnier.es nous entendent et répondent en criant.

19h45 – 20h15 : On appelle des personnes enfermées, plusieurs personnes prennent la parole dans différentes langues (italien, portugais, allemand, anglais, français, arabe…). Ils parlent des conditions d’enfermement, de leur parcours et de toutes les violences qu’ils ont subi et subissent.

Après 20h15 : A l’intérieur, ils chantent des slogans « Liberté, liberté », que l’on reprend ensemble. Ils essaient de se rassembler mais les flics les gazent et les enferment en cellule collective. Ils les ont privé de repas.

20h45 : on bouge devant l’entrée principale à leur demande. Les flics nous suivent. D’autres keufs de la paf et de la nationale sortent du CRA, ils s’équipent. Iels sont en tout une vingtaine.
On se rapproche des grillages, on reprend « liberté liberté », ça dure quelques minutes puis les flics arrachent les banderoles et nous aspergent de spray de gel lacrymo poivre et piment. Iels nous chassent à coups de tonfa et d’insultes sur 400m.

https://rebellyon.info/Retour-du-rassemblement-devant-le-CRA-de-20577