Vincennes, Oissel, Mesnil Amelot : une nouvelle année de luttes contre les CRA a commencé !

Depuis deux mois, les luttes des prisonniers-ères sans-papiers dans les centres de rétention administrative (CRA) sont intenses et déterminées. La répression ne se fait pas attendre : on ne peut pas regarder sans réagir !

A l’extérieur des CRA, les rafles, les contrôles au faciès, les expulsions des campements continuent sans cesse et permettent de renfermer et de déporter de plus en plus d’étrangers-ères (27.000 expulsions depuis Mayotte en 2019, 18 906 expulsions depuis la France hexagonale en 2019 contre 15 677 en 2018). A l’intérieur des ces prisons, les personnes enfermées qui n’ont pas les « bons papiers » s’organisent et se révoltent, contre les violences policières, contre des conditions d’enfermement vraiment pourries, mais aussi pour obtenir la liberté et pour que ces lieux disparaissent.

Ils et elles nous montrent que ce ne sont pas les pétitions, les articles journalistiques, les visites des élu.e.s ou l’indignation citoyenne à pouvoir ralentir et enrayer cette machine d’enfermement et d’expulsions, mais les luttes des prisonniers-ères. C’est pour soutenir ces luttes qu’il est urgent et nécessaire, à l’extérieur, de construire une solidarité active.


          • Oissel : en lutte contre les violences des flics et contre celleux qui les couvrent

Les copains qui sont passés dans le CRA de Oissel disent tous la même chose : passages à tabac systématiques, humiliations quotidiennes, racisme, la cellule d’isolement (mitard) où les prisonniers, menottés et casqués, sont frappés violemment… Fin janvier, après que les keufs aient tabassé un prisonnier qui protestait contre la mise au mitard d’un autre prisonnier, les prisonniers du CRA de Oissel ont lancé une lutte qui continue jusqu’à aujourd’hui.

Des grèves de la faim et des résistances collectives se sont organisées, un collectif de prisonniers a fait sortir plusieurs communiqués, où il dénonce les violences subies, les conditions d’enfermement et la collaboration entre France Terre d’Asile (FTDA) et les condés. Leurs paroles et leur rage sont sorties des murs de la prison, malgré les tentative des keufs, des journalistes et de FTDA de les faire taire et de les isoler encore plus.

Les flics ont intimidé tout le monde, déporté et transféré certains prisonniers vers d’autres CRA, tabassé d’autres. Dans les journaux les prisonniers sont décrits comme des individus « manipulés » par l’extérieur. La seule parole relayée par la presse est celle des flics, qui justifient les violences et qui décrivent Oissel comme un hôtel à 5 étoiles. France Terre d’Asile, l’association qui est payée par l’État pour fournir un suivi juridique aux prisonniers-ères de Oissel, montre une fois de plus son vrai visage, en soutenant la version des keufs et niant celle des prisonniers.

Malgré la répression et les mensonges de FTDA et des flics les prisonniers restent déters, et ils continuent à rappeler à l’administration du CRA qu’ils n’ont besoin d’aucune manipulation de l’extérieur pour se révolter contre leurs conditions d’enfermement. À l’extérieur un groupe de personnes solidaires et ennemies de toutes les prisons a montré sa complicité à la lutte de Oissel en rappelant à Pierre Henry, le directeur général de FTDA, quelle est la place de ceux qui font du profit sur l’enfermement des gens. Lundi dernier lors d’une discussion publique où il était censé présenter sa liste aux élections municipales du 10e arrondissement il a été contesté et empêché de parler. Pas de place pour les collabos !

Des assos de Rouen ont appelé à un rassemblement devant le CRA le 15 février dernier en solidarité avec les prisonnièr.e.s enfermées.

On rappelle que dans cette prison y a aussi un batiment pour enfermer les femmes étrangèr.e.s. Elles sont très peu nombreuses (7 à 8 prisonnières ces dernières semaines) et donc particulièrement sous pression des keufs, insultées, menacées de déportation tout le temps.

Entre temps, les résistances et les luttes dans le CRA n’ont pas arrêté : samedi dernier, une cellule a pris le feu, et un prisonnier est arrivé à s’échapper de la prison pour sans-papiers. Bonne cavale à lui, et courage à toustes les autres ! Hier aussi, lundi 24 février, un prisonnier est arrivé à s’échapper…


            • Vincennes : le CRA en feu !

Le premier février les prisonniers du bâtiment 2A du CRA de Vincennes lancent une grève de la faim, qui tient trois jours mais elle est violemment réprimée. Pendant 3 jours, ils ont refusé de manger à la cantine, ils sont restés soudés et solidaires, mais ont dû faire face à la répression violente de la part des keufs.

Les flics ont tout fait pour faire craquer les gens et casser la lutte : samedi soir, au début de la grève de la faim, les prisonniers sont renfermés dans le bâtiment et ils sont fouillés dans toutes les cellules; dimanche, un prisonnier est tabassé par les keufs, qui refusent aussi l’accès à l’infirmerie pour les prisonniers malades; lundi, les prisonniers se font réveiller par des douches anti-incendie, d’autres tabassages ont lieu, les keufs viennent avec les chiens; mardi, l’eau du bâtiment est coupée, pas de douches ni rien.

Le mardi 4 février, un gros incendie touche le bâtiment 2A et une partie du bâtiment 2B. Le 2A est fortement endommagé, il reste fermé jusqu’à aujourd’hui. Après une nuit dans la cour, sous la pluie, encerclés et menacés par les flics et les maîtres-chiens, une trentaine de prisonniers du CRA 2A ont été emmenés passer la nuit de l’incendie dans un comico, vu que les chambres étaient inutilisables. Le lendemain, certains ont été transférés au CRA 1 où ils sont maintenant encore plus nombreux par chambre ; d’autres au CRA 2B où certains ont été obligés de dormir sur des matelas brûlés ; et encore d’autres au CRA de Palaiseau ou du Mesnil-Amelot.

Suite à l’incendie du batiment 2A du CRA de Vincennes, jeudi 6 février matin les flics sont venus au petit matin chercher plusieurs prisonniers. Plusieurs d’entre ont été amenés en garde à vue, et après 36 heures retransférés dans le CRA. La préfecture à annoncée l’ouverture d’une enquête. Depuis, les déportations, les passages à tabac, les menaces et les humiliations n’ont pas arrêté.

La vengeance des keufs continuent et ils ont pas mal visé des prisonniers qui étaient du 2A ces dernières semaines semaine. Un prisonnier a été accusé de parler à des journalistes (et en général à l’extérieur) au moment où une dizaine de keufs le tabassait avant de le mettre au mitard.. puis de l’expulser par un vol caché quelques heures plus tard.

Encore ce soir mardi 25, les keufs sont rentrés dans des chambres du batiment 1 en provoquant et en tabassant les prisonniers, deux ont été ramené au mitard, où ils se trouvent actuellement.

La révolte a quand-même payé : le bâtiment 2a du CRA, rendu inutilisable par l’incendie, reste fermé. Dans les jours suivants, il y a eu des libérations, apparemment au moins 14 ! Et en tout cas, un bâtiment fermé ça veut dire environ 60 places de moins où enfermer et torturer pour tenter d’expulser les sans-papiers !

À l’extérieur on continue de soutenir les prisonniers et de diffuser leur parole. Un parloir sauvage a eu lieu la nuit après l’incendie, pour donner force et courage et montrer solidarité à ceux qui se révoltent. Un rassemblement en soutien aux révoltés de Vincennes a également eu lieu le dimanche 9 février à Barbès, avec prises de parole de l’intérieur.


            • Mesnil Amelot

Au Mesnil-Amelot y a deux CRA qui n’ont pas les mêmes règles / manières de fonctionner : le CRA2 (où y a aussi un batiment pour enfermer les prisonnières) & le CRA3.

Depuis l’incendie du bâtiment 2A à la prison pour sans papiers de Vincennes, le mardi 4 février, il n’est plus possible de faire rentrer de la bouffe au CRA3. Pour s’opposer à cette nouvelle interdiction des keufs, une trentaine de prisonniers ont refusé les repas le lundi 10 février à midi. Une pétition a été signée par pas mal de prisonniers de plusieurs bâtiments et filée à la direction du CRA. Le lendemain de la bouffe passait en parloir (mais c’était pas les mêmes keufs ni les mêmes gradés)

Les prisonniers ont fait sortir des témoignages de la situation au Mesnil depuis le début de l’année : violences policières, racisme, conditions de détention pourries et manque de soins. Voici le lien aux témoignages des copains enfermés


Pour rappel: Rendez vous tous les mercredi à 18h au CICP pour l’assemblée d’IDF contre les centres de rétention ! C’est au 21ter rue Voltaire, métro rue des boulets sur la ligne 9.

A BAS LES CRA !

SOLIDARITE AVEC LES REVOLTE.E.S !

LIBERTE POUR TOU.TE.S !

Emissions de radio contre les prisons pour étrangèr.e.s depuis janvier 2020 !

Ces dernières semaines les révoltes se sont enchainées dans deux centres de rétentions: d’abord à Oissel depuis la grève de la faim lancée le 22 janvier, puis a Vincennes avec le lancement d’une grève de la faim au batiment 2A puis un incendie du même batiment.
Des affiches ou ce site internet ont été les outils pour relayer beaucoup de témoignages et de communiqués écrit mais aussi des émissions de radio où des prisonniers en lutte ont pu s’exprimer. Pour celleux qui sont plus à l’aise avec l’oral on essaye d’en faire un peu la liste.

A Lille, sur radio campus dans une émission du 6 février, des camarades ont diffusé le témoignage d’un prisonnier du centre de rétention de Lille-Lesquin (a côté de l’aéroport). Le prisonnier y raconte le parcours judiciaire de la prison au centre de rétention, des solidarités et des résistances à l’intérieur, les évasions qui ont eu lieu début janvier.

A Lyon l’émission anticarcérale la petite cuillère à relayé dans sa dernière émission de janvier des témoignages de prisonniers du cra de Mesnil-Amelot.

La petite cuillère – jeudi 16 janvier 2020

Puis dans sa première émission de février, iels ont parlé de la lutte à Oissel et à Vincennes:

La Petite Cuillere-6 Février 2020

En Ile de France des prisonnier.e.s ont continué d’utiliser la radio pour raconter leurs lutte à travers deux émissions: l’actualité des luttes et l’Envolée.
A Oissel la lutte dure depuis le 22 janvier: deux grèves de la faim ont eu lieu une le 22 janvier et l’autre le 6 février, les prisonniers ont sortit des communiqués régulièrement, bloqués des couloirs. Un prisonnier enfermé là bas en parle dans deux émission de l’envolée: d’abord le vendredi 24 janvier, juste après avoir arrêté la première grève de la faim qui avait commencé suite à de nouvelles violences policières au mitard.

EMISSION DU 24 JANVIER 2020

Puis le vendredi d’après, pour continuer à parler de la lutte que mène le collectif de retenus de Oissel. Mais aussi pour parler de France Terre d’Asile, l’association censé soutenir juridiquement les prisonniers. Les locaux de l’asso sont collé au mitard (l’isolement) où les keufs ont l’habitude d’attacher et de tabasser les prisonniers. Avec le silence complice de l’association.

EMISSION DU 31 JANVIER 2020

Le 3 février, après plusieurs jours de grève de la faim d’un groupe de prisonniers du batiment 2A, un d’entre eux raconte la répression et les humiliations des keufs depuis le début de la lutte:

CENTRE DE RETENTION

Le 7 février, trois jours après l’incendie (le batiment 2A a été mis hors d’usage), des prisonniers des deux batiments restant parlent en direct à l’Envolée pour raconter la répression (GAV, violences policières, mise au mitard, vols cachés).

EMISSION DU 7 FEVRIER 2020

Vendredi dernier, le 14 février un prisonnier du CRA2B de Vincennes parle de l’ambiance, des violences policières et du racisme des keufs.

EMISSION DU 14 FEVRIER 2020

Pour rappel: Pour s’organiser en Ile de France contre les prisons pour étrangèr.e.s rendez vous le mercredi à 18h30 au CICP (21 ter rue Voltaire, métro rue des boulets L9).

A bas les cra !

« Les consulats doivent refuser de délivrer des laisser passer » Témoignages de prisonniers du CRA3

Depuis l’incendie du bat2A à la prison pour sans papier de Vincennes, le mardi 4 février, il est plus possible de faire rentrer de la bouffe au CRA3. Pour s’opposer à cette nouvelle interdiction des keufs, une trentaine de prisonniers ont refusé les repas ce lundi midi.

Hier, le dimanche 16 février un camarade enfermé au CRA3 de Mesnil-Amelot, a décidé de faire passer le téléphone pour que les prisonniers qui le veulent puissent témoigner.

«  Je pense qu’il faut dire que voila les consulats doivent refuser d’accorder des laisser passer. On est partit à la base pour essayer de mieux s’en sortir. Donner un laisser passer c’est parfois anéantir toute une famille, parce qu’y a du monde derrière nous.

Le retour au pays c’est dur. Ca peut créer beaucoup de pensée dans la tête parce que tu sais pas forcément comment ça sera pour toi là bas.

C’est pas parce qu’on est partit qu’on veut pas revenir au pays, un jours on voudra y rentrer surment. C’est pas parce qu’on est étrangers qu’on a pas le droit de rêver ou de voyager. 

On part pas forcément tous pour des questions d’argent, aussi pour voyager voir autres chose ; réaliser des projets pour ceux qui viennent de la pauvreté. On quitte pas seulement comme ça nos pays, on a beaucoup essayé pendant longtemps là bas et ça a pas marché . Tout le monde à droit de partir si il en a envie.

On fait des rencontres ici, on aime des gens et on a pas forcément envie de quitter ceux qu’on aime.

On a pris des risques quand même pour venir ici, on abandonne nos mamans, nos familles et nos frères pour prendre des risques. Quand on monte sur le zodiac c’est qu’on est déterminé. C’est qu’on a perdu espoir chez nous. C’est pas qu’on crache sur nos pays.

On est des êtres humains, on doit pas être traité comme des animaux, comme des chiens.

ici on nous met beaucoup de pressions surtout psychologiquement on nous détruit petit à petit. On meurt intérieurement doucement. On est sous les avions toute la journée, donc tout le monde entend tout le temps les avions.

Tu veux rajouter quelque chose ?

Chez nous, dans la majorité des pays africains y a pas de cra. Tout le monde vient et il ne faut pas impérativement un visa. Parfois ici on nous traite de clandestins ou d’immigré économique. Mais quand les employés des grandes entreprises vont dans nos pays, c’est pas des immigrés économiques ? Les grandes entreprises nous prennent tout.

Qu’ils nous traitent comme des êtres humains, nous ne sommes pas des animaux. On nous parle tout le temps de mondialisation mais c’est que dans un sens. Les grandes entreprises nous prennent tous chez nous.

En fait c’est ça que je veux dire. Y a un frère qui veut rajouter quelque chose. »

 

 

« On est tous la par rapport à la situation, par rapport au condition. Sans te mentir on a vraiment un gros soucis par rapport à l’encadrement. On est tous des renois en fait. C’est les keufs qui choisissent. Ils placent les rebeu d’un côté, et les renois d’un autre.

Psychologiquement ici c’est vraiment dur. Puis c’est pas pareil si t’es un arabe ou un renoi.

On sait que nous avons tous les mêmes problèmes. C’est la préfecture qui nous enferme.

Et on vit tous l’injustice. La manière dont on nous traite comme des chiens.

Les astuces que les policiers utilisent pour nous arrêter en nous traitant de voleurs. C’est difficile à accepter. Souvent tu te poses la question : « Mais qu’est ce que j’ai fait pour être ici? ». Ca te travaille. Pourquoi nous faire souffrir comme ça. Tous ça c’est difficile à vivre.

Je me pose beaucoup de questions, pourquoi est ce qu’on est là. Tous ce qu’on peut nous reprocher c’est d’être des sans papiers. Alors ils ont pas à nous traiter de voleurs ou de violeurs. Quand ils nous traitent de violeurs, de voleurs qu’ils sortent les preuves. Au lieu de créer des astuces qui permettent de nous arrêter.

Si ils peuvent pas même trouver une preuve contre toi ils hésiteront pas a créer des preuves pour nous arrêter et nous mettre en cra.

Qu’ils nous traitent des êtres humains, comme des hommes déjà. Mais on voit comment ils reagissent avec le peuple français. C’est chaud. Ils pourraient commencer par faire autrement avec les gilets jaunes.

Ils font tout pour nous empêcher d’être bien, ils nous mettent pas les documents qu’on demande.

On nous juge sans avocat, sans rien du tout.Des fois on se demande elle est où la compassion des êtres humains ? Comment je me défends sans avocat ?

On veut que nos ambassades ne délivrent plus de sans papiers avec les gens. On veut les papiers et la stabilité. On nous reproche d’être sans papier mais est ce qu’on l’a décidé ?

Ils essayent de monter les gens les uns contre les autres. Voila je le dis ce que je ressens. Juste on a besoin d’un bon changement par rapport à notre situation.

Nous ce qu’on c’est vivre, normal quoi.

Pour certaines procédures certains collègues ne voient même pas le consulat et ils ont des laisser passer. Pendant qu’ils sont non documenté on leurs met un destination de leurs pays. Ici ils ne nous font pas de cadeaux. Si ça peut aider les suivants, on espère quoi. Je passe le téléphone. »

 

 

« Moi mon cas est très particulier. J’suis mineur à l’heure où je vous parle. J’ai quitté l’Allemagne, le 4 janvier. Et depuis janvier je me suis présenté à la préfecture de Saône et Loire à Macôn. Et de la j’étais partit pour qu’on m’évalue et qu’on me considère comme mineur.

En fait j’avais demandé le visa depuis le pays avec le passeport de mon frère en 2018 mais ils m’ont refusé. Mon frère m’a amené au Maroc et il s’est battu pour me faire passer. Je suis passé en Espagne au 3e mois. Et je suis partit vers l’Allemagne.

J’ai des documents qui atteste que je suis mineur comme mon extrait de naissance. L’ambassade a juste eu la copie de mon passeport. La je me bats avec la Cimade. Il me refuse même le système Dublin. Ils veulent te renvoyer en Guinée alors que je devrais être renvoyé en Allemagne. Franchement même si on me libère, je pars de France dès que je peux. »

 

 

 

«  Le problème pour moi c’est qu’on m’amène a l’ambassade mais j’ai jamais eu de documents même au pays. Pourtant j’suis demandeur d’asile en italie mais rien à faire.

Maintenant il faut que je reporte mon audience en Italie. Ca fait bientôt deux mois que je suis la. Ils doivent faire mon empreinte sur le fichier Eurodac mais ils refusent. Vu que c’ était la grève des avocats j’avais pas eu d’avocats au début.J’ai pris un avocat privé »

 

« Ca fait bientôt 8 ans que je suis là, j’ai un contrat de travail. J’ai des preuves. Je suis partit à la préfecture pour faire une demande après on m’a donné une attestation de depôt comme quoi ma demande elle est en cours de traitement. Mais les policiers qui m’ont contrôle ils en ont rien fait. Ils m’ont amené en centre de rétention.

Ils ont dit qu’ils m’ont donné le repas dans leurs procès verbal mais c’est leurs paroles contre la mienne. En 24h j’ai mangé qu’à mon arrivé au centre de rétention. Entre temps même pour boire j’ai eu des problème mais jamais eu à boire. J’ai eu des maux de tête a cause de cette garde a vue.. J’ai attestation de domiciliation et tout les papiers. Mais ils n’en ont rien a foutre. Pour eux je suis juste un sans papiers.

On est toujours dans le même pétrin. Ils arrêtent pas de nous donner des laisser passer frauduleux pour nous mettre des vols. »

 

« Moi je suis venu ici depuis 1994. J’ai 67 ans aujourd’hui. J’étais malade de tuberculose le préfet m’a donné le papier. Après il m’a arraché le papier. Et chaque année moi je suis dans le centre de détention là. Ca fait 5 fois que je suis là dans le même centre de rétention. Malheureusement le juge n’a jamais dit au préfet de me donner les papiers. Ca fait 26 ans maintenant. Même la Cimade est au courant. »

« Nous on est la. Ils veulent m’expulser mais c’est un faux laisser passer.

Le consulat m’a envoyé un papier comme quoi il m’a jamais livré de laisser passer à mon nom. Depuis tout ce temps ils m’ont proposé deux vols.

Il faut d’abord que je parte voir le consulat pour voir si je suis de cette nationalité. La ils me présentent un faux laisser passer. C‘est pas le même modèle que ceux que donnent le consulat d’habitude. La police dit que c’est pas son problème et que le préfet a décidé comme ça.

Par rapport à ca l’avocat me dit que je dois faire une demande d’asile.

Ca fait 6 semaines, et j’ai déjà eu deux vols. Le deuxième vol c’était un caché. Je prends ma douche ca toc et toc la c’est la police. J’avais pas vu mon nom sur la liste. Ils me disent « Nous c’est pas notre problème ».

J’ai demandé et j’ai montré mon papier au policier, mais il me dit «Ouai normalement t’as raison mais nous on fait que notre boulot et si le préfet dit de t’emmener la bas on le fait. » J’ai dit non en disant je veux voir mon consulat.

Je leurs ai dit de toute façon il me faut du temps pour préparer le retour au pays.

Moi je savais pas que si t’avais pas de papier tu pouvais pas porter plainte. Pendant un an j’ai demande de l’argent a quelqu’un qui m’a employé. J’ai décidé de porter plainte mais finalement j’ai été en GAV. J’ai fait 48h au poste et ils m’ont amené au centre de rétention.

Au commissariat on me dit tu vas signer et après on te ramène. Je dis « Tu veux me ramener ou. ? »

 

Y a carrément des gens qui sont malade ici, des diabétique ou des gens qui attendent des hospitalisations et on les laisse toujours là. Il va faire 90 jours et après on le libère.

Si y a des visites on a plus le droit de ramener rien du tout. On mange a 18h jusqu’au lendemain demain matin. Avant on pouvait ramener les gâteaux, maintenant faut manger ça sur place.

Y a pas de raisons. Ils disent que c’est a cause de Vincennes, qu’ils ont brûle a cause de ça, qu’ils rentraient les choses avec la nourriture ou les bouteilles de coca.

Ici sincèrement ils s’en foutent de nous. On leur a dit ici on est pas a Vincennes.

Même les douches elles sont tellement sale mais ils s’en foutent. Ils passent la serpillière vite fait dans les chambres et c’est tout.

Moi j’ai fait deux ou trois fois des demandes de régularisations mais ca a pas marché. J’ai personne au bled, j’ai pas de toits pas de famille la bas. Je vais dormir ou après l’aéroport ?

Parce que moi mon asile est politique.

On dort pas tout le temps on est la. Carrément on sait pas comment ca va se passer. On nous prévient pas, au moins que je prévienne la famille qu’elle me ramène tout mes vêtements et un peu d’argent.

J’aimerai bien qu’on me fasse libérer. Etre libéré ce serait bien. Regarde on demande que la liberté c’est tout. Mais ça c’est pas leurs problème c’est le préfet jsais pas.

On nous mets dans des conditions vraiment abusifs. On espère sincèrement que ça va changer. »

 

« Je suis au centre de rétention depuis un mois et huit jours. Et je suis sans famille. Sans aucune ressource. Je suis vraiment dans un cas précaire. Ca fait 46 ans que je suis en France. Ils m’ont retiré les papiers depuis 84. Depuis 84 je suis sans papier. Ils m’ont retiré mon fils a l’époque qui a été placé à la DASS. Ils l’ont placé dans une famille d’accueil. Jusqu’à maintenant je sais pas où il est.

Chaque fois mon pays refuse de donner un laisser passer. J’ai un certificat comme quoi j’ai pas . Je suis tombé plusieurs fois. Ils m’ont envoyé voir le consul une deuxième fois. Ils attendent vraiment la réponse du consul, mais il veut pas répondre. Au maximum tu vas faire trois mois et tu vas être libéré m’ a dit le consul.

Une fois que je suis dehors la Cimade m’a dit qu’il faut faire un recours d’apatride.

Ils veulent pas me laisser sortir faire une opération pour la prostate. Alors que j’ai fait les test et qu’il faut que je me fasse opérer. »

Pour rappel: Rendez vous tous les mercredi à 18h au CICP pour l’assemblée d’IDF contre les centres de rétention ! C’est au 21ter rue Voltaire, métro rue des boulets sur la ligne 9.