Grève de la faim en cours au CRA de Mesnil Amelot !

Aujourd’hui (lundi 18 novembre) une grève de la faim a démarré dans la prison pour étrangers-ères de Mesnil-Amelot, pas loin de l’aéroport Charles de Gaulle. Pour rappel, dans le meme CRA une incendie avait eu lieu il y a trois semaines.

Les repas d’aujord’hui ont été refusés par des dizaines de prisonniers, dans 4 batiments différents du centre. Ils dénoncent les vols cachés, l’arbitraire de la police et les conditions de vie à l’intérieur, ils veulent la liberté. Ils sont déter et ils appellent à la solidarité de l’extérieur. Beaucoup de force à eux !

Pour les soutenir, l’assemblée contre les CRA en IdF se réunit chaque mercredi à 18h au Cicp (21 ter rue Voltaire, métro rue des boulets L9)

 

 

On relaye ici des paroles des grèvistes :

« Salut, on est au Cra. Tout le monde est en grève de la faim. On est ici comme des chiens, peut-etre les animaux sont mieux que nous. Et on voit que ici les droits ne sont pas pareils entre les batiments : il y a qui mange et il y a qui mange pas, il y a aussi qui peut faire rentrer des courses et il y en a qui ne peut pas. Pourquoi on peut pas, on ne le sait pas. On demande pour nous ici à nos droits la liberté. »

« Les flics ont démandé pourquoi on fait ça (la grève de la faim), moi j’ai rigolé, vraiment vous le savez pas? Pour les conditions de vie, pour la bouffe, parce qu’ils veulent sortir d’ici. »

Témoignage de résistance (réussie!) à la déportation

On publie le récit d’un prisonnier d’un CRA francilien qui raconte la manière dont il a résisté, avec succès, à sa tentative de déportation vers le Soudan.

En plus des violences policières qu’il dénonce, son témoignage fournit quelques conseils pour les personnes menacées d’expulsion dans les différentes prisons pour étrangères (par exemple, le fait d’essayer de garder la calme jusqu’à quand on est dans l’avion, et seulement à ce moment-là crier et se faire entendre par les autres passagers-ères, de manière qu’iels s’opposent à la déportation, en se levant debout et en demandant au pilote de ne pas décoller).

Et enfin, une bonne nouvelle : le camarade, après presque 90 jours de rétention et le refus du vol, a été libéré !

A Week of Action Against the Deportation Machine - UK ...

« Monsieur le procureur,

Je voudrais porter à votre connaissance les faits suivants.

Le 30 Octobre la policiers sont venus me chercher dans ma chambre du centre de rétention à 9h. J’étais allé aux toilette, j’ai été interpellé devant les toilettes et ils m’ont demandé d’aller rassembler mes affaires.

J’ai été fouillé, on m’a posé des questions sur l’asile et ma nationalité, et on m’a annoncé qu’on allait m’emmener au Soudan.

Je suis arrivé à l’aéroport et je n’ai pas subi de violences jusqu’à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. J’ai été reçu par 5 policiers en civil et un avec un policier en uniforme. Ils m’ont proposé de prendre des cachets sans m’expliquer ce dont il s’agissait et m’on proposé une bouteille d’eau pour les boire. J’ai refusé de les avaler.

Ils m’ont escorté vers l’avion.

Trois agents m’ont installé dans l’avion et m’ont menotté et recouvert d’un drap rouge pour me cacher des autres passagers. Il n’y avait encore personne dans l’avion. A ce moment, j’avais un policier à ma gauche, un à ma droite et un devant. Deux autres discutaient avec le capitaine.

Les passagers sont arrivés et je hurlais et je pleurais, les policiers ont alors commencé à me frapper. J’ai reçu des coups de poings et ils m’ont étranglé. J’ai surtout été frappé à la tête.

Ensuite je n’ai pas tout compris et entendu mais j’ai vu le pilote parler avec les officiers, et il a refusé de me laisser prendre l’avion notamment à cause de la violence que j’ai subi devant tout le monde.

Les policiers m’ont fait sortir de l’avion. J’ai continué d’être frappé et j’ai été insulté « suce ma bite » « ferme ta gueule » « fils de pute » dans la voiture qui m’emmenait au poste de police dans l’aéroport. J’ai été frappé à la tête et étranglé pour m’empêcher de crier.

J’ai été emmené dans un poste de police dans l’aéroport pendant deux heures et j’ai été frappé par deux des trois policiers.

Tout au long de ces moments, j’ai protégé mon visage avec mes bras en criant que je respecte la police.

Après j’ai été emmené au centre de rétention.

Je n’ai pas pu voir de médecin à mon retour au centre. Je souhaiterais être emmené au commissariat pour porter plainte. Je souhaite voir un médecin. J’ai conscience que tout propos mensongers est puni par la loi. »

«Au CRA, l’infirmerie, c’est une boucherie». Un autre mort à Vincennes, ni oubli ni pardon !

Le CRA est une machine à tuer. Luttons pour que la mort de Mohammed, prisonnier dans le CRA de Vincennes, ne soit pas oubliée.

Vendredi 8 novembre, un prisonnier est décédé au centre de rétention de Vincennes. Il s’appelait Mohammed et avait 19 ans. Il était enfermé depuis 28 jours. Au matin, ses co-détenus l’ont découvert entre la vie et la mort dans son lit. Ces derniers parlent d’une overdose survenue à
la suite d’une prise d’un cocktail de médicaments. Quand ils ont appelé à l’aide, les flics ont mis des plombes à réagir. Finalement une infirmière est appelée, faute de médecin sur place, et les pompiers ont mis une demi-heure à arriver, trop tard. Le parquet de Paris a « ouvert une enquête en recherche des causes de la mort » et la presse s’empresse de mettre en avant un mélange entre médicaments et stupéfiants.

Mais où a t-il trouvé ces médicaments, et ne sont-ils pas des stupéfiants ? A l’entrée du CRA tout est saisi et mis au coffre. Ses camarades dénoncent la responsabilité des médecins du centre, c’est eux qui ont filé ce cocktail empoisonné : « L’infirmerie, c’est une boucherie, pas une infirmerie ». Ils soutiennent que chaque jour, Mohammed recevait de l’infirmerie des pilules de valium, de tramadol et autres somnifères (des pilules colorées). Un de ses co-détenus raconte qu’il le retrouvait régulièrement dans des sales états après avoir pris les médicaments donnés par les médecins :

« Le médecin, il donne des calmants, il shoote tout le monde et après peut rentrer se coucher. Dans le centre de rétention, on traite les prisonniers comme des fous, c’est un HP, pas un centre de rétention. Tous les jours, ils nous appellent « venez chercher vos médicaments ». Et les gens, ils courent, dans l’état dans lequel ils sont »

Souvent à l’intérieur, on nous dit que les médecins administrent des calmants et tranquillisants au moment de l’expulsion et avant que les prisonnier.e.s passent devant le juge, pour qu’iels restent bien tranquilles. Le lendemain de sa mort, Mohammed devait passer devant le juge des libertés. La veille, avec ses co-détenus, ils avaient évoqué qu’il ne survivrait pas à 30 jours de plus d’enfermement.

Le CRA est un lieu d’enfermement où les prisonnier.e.s sont constamment poussés à bout. Tout pousse à leur destruction physique et psychologique. En plus de l’enfermement, les violences des keufs sont quotidiennes. De l’intérieur, on raconte de ces violences subies, par Mohammed comme par tou.te.s les autres :

« La veille de sa mort, il avait encore mal [parlant de Mohammed], il s’était fait étrangler par des flics. Tous les jours, on voit des prisonniers qui ont des bleus, des traces de coups »

« Je suis en train de voir des choses ici, que j’ai jamais vues, l’autre jour, j’étais posé avec un gars ; il avait mal au ventre, j’appelle les flics, « y a quelqu’un qui va pas bien », le flic il me regarde avec un petit sourire « il est mort, il respire ? » »

Les morts dites accidentelles dans les centre de rétentions sont loin
d’être rares. C’est le deuxième décès qui a lieu à Vincennes en trois mois. Le 19 août, un prisonnier, de nationalité roumaine avait aussi été retrouvé mort dans sa cellule. Selon les journaux, sa mort serait due à des médicaments, les prisonniers parlant d’une overdose de méthadone. Lors de cette affaire, au moment de la découverte du corps, les prisonniers avaient été sortis du bâtiment pendant des heures, de manière à ce que personne ne sache vraiment ce qu’il s’était passé.

Quand il s’agit d’un mort, il faut vite tout cacher, dissimuler, effacer. Aujourd’hui, les camarades de Mohammed craignent, qu’encore une fois, les policiers fassent tout pour étouffer l’affaire. Ils appellent à se mobiliser pour Mohammed, pour qu’il ne soit pas oublié.

Crever dans un CRA n’est jamais un accident : que ce soit à cause de la violence des keufs, du manque de soins, de l’enfermement, c’est le CRA même qui produit ces morts. Dans ce cas, les médecins sont clairement dangereux et responsables car ils laissent entre les mains de prisonnier.e.s du véritable poison.

 

L’AG contre les CRA et le collectif sans papiers Paris 1 appellent à une réunion publique, le mercredi 13 novembre à 18h, au CICP (21ter rue Voltaire).

Ne laissons pas que cette énième mort passe sous silence. Soyons solidaires des prisonniers-ères, organisons la lutte à l’extérieur.

L’enfermement des étranger.e.s et les frontières tuent.
A bas les CRA !