Refus de soin, violences policières et luttes dans le CRA de Coquelle

Voici le témoignage (publié en retard) d’un prisonnier du CRA de Coquelle, à 10 km de Calais. Il raconte les violences prisonnières dans le centre, le refus de soin, les tensions aggravées par la pandémie. Mais il parle aussi d’une grève de la faim qui a eu lieu la semaine dernière et qui a subi une forte représsion. On n’a pas plus d’infos pour l’instant.

Les prisonniers et les prisonnières dans les CRA continuent à lutter avec détermination tous les jours. Construisons la solidarité à l’extérieur pour en finir avec les CRA !

a bas les cra !

 » Avant j’étais à la prison de Maubeuge, j’ai fait ma peine, j’ai une carte de séjour, un permis de conduire français, une femme, un acte de mariage français, deux enfants ici. Mais quand je suis sorti on m’a emmené au centre de rétention pourtant j’ai des enfants français.

Au TA (tribunal administratif) ils ont annulé mon IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) mais pas mon OQTF (obligation de quitter le territoire français), ça sert à quoi. Alors je suis toujours là.

Pourtant avec l’épidémie qu’il y a aujourd’hui, on peut pas nous expulser. Y a plein de gens ici avec moi ils ont fait 3 mois le max et puis ils sont sortis, aujourd’hui les frontières elles sont fermées. On comprend pas qu’est ce qu’on fait la encore. Y a des gens ils les ont ramené pour un simple contrôle d’identité le gars, il était tranquille il a pas de papiers, mais il a un contrat de travail, il a pas de casier. Ils les ont ramené là et les policiers ils leurs font la misère. Un policier il a dit ta gueule à un gars parce qu’il comprend pas le français, il dit ferme ta gueule, c’est grave ta gueule. Il dirait pas ça à un français.
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« On est comme l’esclavage ici » : enfermement, répression, aller-retour CRA-taule… témoignages de l’intérieur du CRA de Vincennes

Depuis plusieurs mois en profitant de la crise sanitaire, les préfectures font péter le légal de rétention en se servant de la répression des refus de test PCR (nécessaire pour la majorité des expulsions). En janvier deux bâtiments de la prison pour sans papier du Mesnil-Amelot était détruit pendant une révolte de prisonniers qui dénonçaient l’allongement de la rétention. Les aller-retour CRA-Prison-CRA se multiplient depuis quelques mois. Au cra de Vincennes, des prisonniers témoignent de la situation tendu au niveau sanitaire pendant que les pressions policières continuent. Vous pouvez écouter un prisonnier de Vincenne dans l’émission de l’actu des luttes du 19 mars 2021 :
http://actualitedesluttes.info/les-centres-de-retention-6/

Nous relayons ici le témoignage de deux autres prisonniers :

« En ce moment le plus grand problème c’est les fouilles. Aujourd’hui ils ont retourné toutes les chambres du bâtiment collé au notre. Y a trois jours c’était pour nous.

Les gardes-a-vue ça s’enchaînent. Au bout de trois refus de test obligé ils (Les keufs de la PAF) t’envoient dans le commissariat du 12e pour que t’ailles au dépôt. Soit c’est rappel à la loi, soit c’est direct la zonz.

C’est sur qu’ils sont en train de préparer mon test pour l’expulsion et si je le refuse ils vont faire tomber le sursis. Obligé je vais refuser parce que je peux pas rentrer au pays, j’ai des problèmes qui m’attendent là bas. Obligé je vais refuser donc du coup le retour qui a le plus de chance de se faire ça va être à la Santé (La prison).

Sachant que j’ai déjà fait trois mois là bas y a peine un mois pour refus. En janvier 2020 ils m’ont arrêté et mis au CRA. Après ils m’ont envoyé une première fois à la santé puis je suis retourné au CRA. La première fois c’était pour outrage et rebellion puis la deuxieme fois que je suis allé à la santé c’était pour refus de test et ils m’ont collé outrage et rebellion. Et là ça fait plus de 20 jours que je suis de retour au CRA.

J’ai fait des procédures au tribunal pour être libéré mais jsais que de toute façon tôt ou tard je vais finir à la santé. »

« Ici c’est chaud. Le confinement et le couvre feu je comprends même plus. Je me suis fait arrêter en septembre en 2020 j’ai fait 5 mois en prison, et après ils m’ont ramené ici. Ils m’ont tapé et ils ont dit que j’avais pas accepté de coopérer avec eux, que j’avais donné un coup de tête au policier.. Après les juges m’ont jugé et blablabla ils m’ont envoyé pour 8 mois à la santé. Le commis d’office il a rien dit. Au bout de 5 mois ils m’ont ramené au CRA. Ils m’ont donné l’obligation vers le mois de novembre. Quand j’ai fini la prison, ils m’ont ramené direct ici. Ca fait bientôt deux mois ici.

Je suis malade mais quand je vais voir le médecin ils me donnent que le médicament pour dormir en me disant : «Tiens ça va aller mieux ».

Ici c’est pire que la prison. C’est là fois que je tombe ici et je pensais même pas que ça existait un endroit comme ça. C’est la misère. Y a aucun droit. Y a rien. Y a R ici !

L’ASSFAM (l’association de soutien juridique) ils sont là mais ils servent à rien. Même les policiers ils disent qu’ils servent à rien. Ils cherchent que les nouveaux, ils ont besoin de toi pour remplir quelques papiers blablabla et après ça ils font rien.

Là on est complètement perdu. Tous les jours les policiers ils nous fouillent, ils nous tabassent.

On est 6 ou 8 dans la cellule donc y a forcément des matelas par terre et eux ils les retournent.

Le covid il existe pas ici. Le masque qu’on va te donner, tu dois le garder une semaine ou deux. Parce qu’ils notent ton nom quand tu récupères ton masques. Et après tu dois attendre…

C’est compliqué ici.

Ils veulent m’envoyer au pays mais moi j’ai une carte de séjours en Italie, j’y étais depuis 2005. J’avais 14 ans a l’époque. Le pays je connais même pas, j’ai plus de famille là bas.

Ils ont récupéré mon passeport, parce que j’avais un rendez-vous dehors avec l’avocat où je ramenais tout mon dossier pour un titre de séjours. Ils m’ont arrêté sur le trajet.

Ici au CRA l’eau chaude est coupée, tu dois te doucher à l’eau froide. Y a des gens qui se lavent pas pendant plusieurs semaines parce qu’il fait froid dehors.

On est comme l’esclavage ici, on est enfermé comme à l’époque. Enfermé comme les poulets ou je sais pas quoi. Toujours ils viennent nous fouiller et ils nous disent « Fais ca, fais ca ». On est la juste parce qu’on a pas de papiers, c’est tout et pourtant.. »

Témoignage d’Aly, enfermé au CRA de Lesquin – « C’est pas facile de rester comme ça sans rien ! »

Les ami.es du Nord nous ont envoyé cet entretien avec Aly, prisonnier au CRA de Lesquin.  On le publie ici.

Du coup pour commencer, si ça te va, tu peux peut-être te présenter ?

Ah d’accord, je m’appelle Aly. J’ai vingt ans. Je suis venu en Europe depuis 2016 avec un monsieur qui m’a aidé pour venir. Dès qu’on est rentré en Italie, c’est lui qui a fait toutes les démarches par rapport à l’asile mais moi je ne savais pas qu’il avait demandé l’asile pour moi. Ils m’ont pris mes empreintes sur la machine. J’ai demandé pourquoi, ils m’ont dit que c’était pour savoir le nombre de personnes qui rentrent en Italie. Ils m’ont pas dit que c’était pour une demande d’asile, moi je ne savais rien de tout ça. Je suis arrivé en Europe à l’âge de 15ans. Je ne suis même pas resté plus de trois semaines en Italie après je suis venu en France. À la gare, un monsieur m’a dit qu’il connaissait une association qui s’occupait des enfants, qui s’occupe des mineurs et il m’a montré là-bas c’est EMA [Évaluation Mise à l’Abri, chargée de l’évaluation des mineurs non accompagnés]. J’ai été accepté et après j’ai été transféré à Valenciennes. Là-bas j’ai fais deux ans de CAP. J’ai eu le diplôme et après j’ai fais encore un an de CAP plomberie. Maintenant je suis en train de terminer mon Bac Pro en finition de bâtiment. Donc ça fait cinq ans que je suis en France et personne ne peut dire que j’ai fait des choses de mal. Depuis que je suis ici moi j’ai seulement été à l’école parce qu’en Guinée ma mère n’avait pas de possibilité de m’envoyer à l’école. Quand je suis arrivé ici et que j’ai pu aller à l’école, je me suis fort motivé. Moi j’ai envie de rester en France. Quand on est jeune, l’éducation c’est très important. Maintenant la question c’est de me libérer pour que je continue mon Bac Pro.

D’accord, et tu peux nous expliquer un peu comment tu t’es retrouvé au centre de rétention ?

Oui la première fois qu’on m’a arrêté c’était fin 2020. J’étais en train de quitter le stage, ils m’ont arrêté devant la porte. Ils m’ont amené au centre de Calais (Coquelles). Après je suis passé devant le JLD [Juge des Libertés et de la Détention] qui m’a libéré avec une assignation à résidence. J’ai toujours respecté d’aller signer. Un jour le commissariat, ils m’ont convoqué pour me dire qu’ils ont réservé le billet pour que je rentre chez moi. J’y suis allé avec mon prof d’anglais. Ils ont dit qu’il y avait un billet pour moi à Paris mais c’est pas obligatoire. Si tu as envie, il y a les papiers tu peux les signer. Si j’ai pas envie, c’est pas obligatoire, je ne dois pas signer les documents. J’ai dit que je ne voulais pas retourner en Guinée parce que un je n’ai pas de parent là-bas et deux ma vie est en danger. Je veux rester en France et continuer mes études. Le policier a tout noté et il m’a dit qu’il le donnait au sous-préfet. Après ça, le 5 février les policiers ils sont venus chez moi à 06h05. Ils sont rentrés dans ma chambre comme si on était en guerre ou si j’étais un criminel recherché.

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