Témoignage d’Aly, enfermé au CRA de Lesquin – « C’est pas facile de rester comme ça sans rien ! »

Les ami.es du Nord nous ont envoyé cet entretien avec Aly, prisonnier au CRA de Lesquin.  On le publie ici.

Du coup pour commencer, si ça te va, tu peux peut-être te présenter ?

Ah d’accord, je m’appelle Aly. J’ai vingt ans. Je suis venu en Europe depuis 2016 avec un monsieur qui m’a aidé pour venir. Dès qu’on est rentré en Italie, c’est lui qui a fait toutes les démarches par rapport à l’asile mais moi je ne savais pas qu’il avait demandé l’asile pour moi. Ils m’ont pris mes empreintes sur la machine. J’ai demandé pourquoi, ils m’ont dit que c’était pour savoir le nombre de personnes qui rentrent en Italie. Ils m’ont pas dit que c’était pour une demande d’asile, moi je ne savais rien de tout ça. Je suis arrivé en Europe à l’âge de 15ans. Je ne suis même pas resté plus de trois semaines en Italie après je suis venu en France. À la gare, un monsieur m’a dit qu’il connaissait une association qui s’occupait des enfants, qui s’occupe des mineurs et il m’a montré là-bas c’est EMA [Évaluation Mise à l’Abri, chargée de l’évaluation des mineurs non accompagnés]. J’ai été accepté et après j’ai été transféré à Valenciennes. Là-bas j’ai fais deux ans de CAP. J’ai eu le diplôme et après j’ai fais encore un an de CAP plomberie. Maintenant je suis en train de terminer mon Bac Pro en finition de bâtiment. Donc ça fait cinq ans que je suis en France et personne ne peut dire que j’ai fait des choses de mal. Depuis que je suis ici moi j’ai seulement été à l’école parce qu’en Guinée ma mère n’avait pas de possibilité de m’envoyer à l’école. Quand je suis arrivé ici et que j’ai pu aller à l’école, je me suis fort motivé. Moi j’ai envie de rester en France. Quand on est jeune, l’éducation c’est très important. Maintenant la question c’est de me libérer pour que je continue mon Bac Pro.

D’accord, et tu peux nous expliquer un peu comment tu t’es retrouvé au centre de rétention ?

Oui la première fois qu’on m’a arrêté c’était fin 2020. J’étais en train de quitter le stage, ils m’ont arrêté devant la porte. Ils m’ont amené au centre de Calais (Coquelles). Après je suis passé devant le JLD [Juge des Libertés et de la Détention] qui m’a libéré avec une assignation à résidence. J’ai toujours respecté d’aller signer. Un jour le commissariat, ils m’ont convoqué pour me dire qu’ils ont réservé le billet pour que je rentre chez moi. J’y suis allé avec mon prof d’anglais. Ils ont dit qu’il y avait un billet pour moi à Paris mais c’est pas obligatoire. Si tu as envie, il y a les papiers tu peux les signer. Si j’ai pas envie, c’est pas obligatoire, je ne dois pas signer les documents. J’ai dit que je ne voulais pas retourner en Guinée parce que un je n’ai pas de parent là-bas et deux ma vie est en danger. Je veux rester en France et continuer mes études. Le policier a tout noté et il m’a dit qu’il le donnait au sous-préfet. Après ça, le 5 février les policiers ils sont venus chez moi à 06h05. Ils sont rentrés dans ma chambre comme si on était en guerre ou si j’étais un criminel recherché.

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“ICI C’EST GUANTANAMO”. Grève de la faim et refus de retour en cellule maintenant au CRA de Mesnil-Amelot !

Depuis ce matin, 54 personnes sont en grève de la faim au CRA 3 du Mesnil-Amelot. C’est le meme CRA où il y a eu la révolte et l’incendie le 20 janvier dernier, pour lesquels 7 personnes passent en procès vendredi prochain (un rassemblement de soutien aura lieu à cette occasion, plus d’infos ici). En plus de la grève de la faim, plusieurs personnes refusent en ce moment [21h] de rentrer dans les cellules ce soir et sont dans la promenade ! Ils vont essayer de rester à l’extérieur jusqu’à ce que leurs révendications soient prises en compte.

Les prisonniers en lutte dénoncent notamment le doublement du temps de retention comme punition pour les refus de test, mais parlent également de : “Abus de pouvoir de la magistrature, prolongation des délais, non respect de la loi, conditions de vie dégradantes, abus d’autorité”.

Voici quelques bouts de témoignages des prisonniers sur la lutte en cours. Faisons tourner au max !

“Ça fait trois semaines que les gens vont pas bien ici, ils sont deprimés… des maladies irculent, une personne est tombée malade, le corona, ça fait 15 jours qu’il était pas bien et est toujours resté ici, aujourd’hui ils l’ont emmené on sait pas où… L’autre jour un pote a été frappé par les flics…c’est horrible ici”

“Si tu paies l’avocat tu sors, mais ceux qui peuvent pas payer ils sortent pas, crèvent ici pour 90 jours plus le renouvelement. Moi je peux pas payer, je dois donner l’argent à mon fils, il doit manger lui”

“Bonsoir, ici il y a des personnes avec des familles, des enfants et tout, mais le juge dit toujours 30 jours 30 jours [de renouvellement de la retention]… La bouffe est de la merde, rien est respecté ici… Des gens ont des papiers italiens, espagnols, mais eux s’enfoutent… C’est guantanano, c’est pas un centre ! En plus ce serait un centre pour sans papiers, c’est pas une prison… mais c’est pire qu’une prison ici.”

SOLIDARITE AVEC LES PRISONNIERS EN LUTTE

LIBERTE POUR TOUS ET TOUTES, feu aux CRA !

Au CRA de Vincennes, alors que les cas de Covid-19 explosent, les prisonniers dénoncent l’enfermement et demandent leur libération !

Depuis quelques mois, les prisonnièr.e.s des CRA dénoncent leurs conditions d’enfermement, rendues pires par le Covid-19. Au lieu de libérer, l’État s’acharne à exposer à la maladie, au froid et aux violences habituelles de l’enfermement les prisonnièr.e.s.

Au CRA 1 de Vincennes cette semaine, l’administration a pris la décision d’une mise en quatorzaine du bâtiment 1, en raison de l’explosion de cas positifs au Covid-19 (https://abaslescra.noblogs.org/nouveau-cluster-au-cra-de-vincennes-12-personnes-testees-positives/). À l’entassement des prisonniers dans les cellules et aux conditions sanitaires habituelles dégueulasses – mais qui forcément résonnent différemment en ces temps de maladie – s’ajoutent l’absence totale de gel hydroalcoolique (car ce sont des substances inflammables), le manque de masques et l’incohérence des actes de l’administration . Par exemple, la semaine dernière, les personnes cas contact d’un prisonnier malade ont été réparties dans des cellules déjà remplies !

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