Ca bouge toujours a Mesnil-Amelot: Communiqué d’un groupe de prisonniers !

Depuis le 8 janvier la lutte dans le centre de rétention de Mensil Amelot est devenue plus collective. D’abord au CRA2 avec une grève de la faim suivi par presque l’ensemble des batiments (plus de 80 personnes) pendant 3 jours. Avec aussi des communiqués régulièrement, des tentatives de lutter contre les déportations par vols cachés et les violences policières.

Au CRA3 aussi il y a eu des grèves de la faim, des communiqués.

Depuis le 8 janvier c’est au moins aussi 4 manifs/parloirs sauvages devant ou derrière le CRA du Mesnil-Amelot !

On relaye ici le communiqué des prisonniers du CRA3:

Nous sommes au centre de rétention de Mesnil Amelot. Nous sommes ici, nous sommes révoltés ! Nous voulons manifester pour que nos droits soient respectés. Pour cela nous avons certaines revendications qui sont les suivantes.

Ici nos droits ne sont pas respectés.

D’abord concernant les décisions de justice, parce que les décisions de justice nous sont toujours défavorables.

Nous n’avons jamais compris la raison pour laquelle c’est comme ça. Car il y a des jours où les retenus passent devant la juge, il y a parfois 20 retenus qui passent devant le tribunal et il n’y a pas une personne qui est libérée. Alors quand nous on voit les retenus revenir dans les centres, nous n’avons même pas un brin d’espoir de sortir d’ici.

Alors c’est pourquoi nous voulons que nos droits soient respectés concernant les décisions de la justice, qu’elles ne soient plus défavorables à notre égard.

Pour chaque retenu qui passe devant les juges, les requêtes sont toujours rejetées de manière systématique. Les dossiers ne sont pas étudiés avec du sérieux, tout est rejeté de manière systématique. Ils ne sont pas traités d’une manière sérieuse.

Vos intérêts requis ne sont pas appliqués.

C’est pourquoi toutes ces choses là, c’est un peu compliqué pour nous.

Et nous ne pouvons pas accepter cela. Car nos droits de défense sont massacrés. Nous pensons que les articles des droits de l’Homme ne devraient pas être massacrés de la sorte. Nous ne sommes pas en prison. Nous sommes en rétention, nous avons le droit à un minimum de confort. Selon la déclaration européenne des droits de l’Homme, nous faisons appel à l’article 6 qui énonce que toute personne a droit à ce que son cas soit entendu devant la justice de façon équitable et impartiale.

Ici nous n’avons pas le droit à des bons plats à manger. Ici la qualité elle est pas appréciable. Il y a un bon nombre de personnes qui sont couchées, qui ont la gastro, et ça nous pensons que c’est la provenance des aliments qui ne sont pas de bonne qualité.

Donc il s’agit de ça. Nous n’acceptons pas de vivre comme ça. Parce qu’en fait nous vivons dans une obligation et dans une contrainte, on nous laisse pas le choix des repas ou le choix de faire nous-même notre propre cuisine. C’est quand même contraire à la déclaration des droits de l’Homme. Nous n’avons pas commis de crime, nous sommes là dans un cas de non régularisation. Donc si on est pas régularisé, ce n’est pas un crime, ce n’est pas comme si on avait détruit le monde. C’est une situation administrative qui peut éventuellement se régler par un retour dans son pays ou par un suivi au quotidien d’une manière un peu correcte. Ça aussi nous n’acceptons pas.

S’agissant des conditions d’accueil dans le CRA, il est dit dans le règlement intérieur qu’une personne au CRA a droit à un lit tout seul et un matelas tout seul. Mais ici, durant leur séjour, il y a des retenus qui dorment par terre, il y a des retenus qui dorment dans le salon, dans la pièce où on regarde la télé normalement, mais ces personnes passent toute leur vie dans cette pièce, car les chambres sont blindées, 3,4,5 par chambre, alors que normalement c’est deux personnes par chambre pour pouvoir profiter de la superficie. C’est ça que nous vivons. Ça aussi nous n’acceptons pas.

Aussi ils ont mis à notre disposition une machine qui change de la monnaie, qui permet de nous rendre la monnaie pour acheter des trucs dans le centre. La machine est en panne depuis longtemps. Et ce n’est pas dans leur projet de la réparer. Ce n’est qu’une machine, c’est éphémère, mais c’est quelque chose en plus de tout le reste dont on a parlé.

Enfin le point des 90 jours. C’est lourd 90 jours, même pour la préfecture, même pour l’administration. C’est la nouvelle loi. Peut être certains et certaines à l’extérieur ne savent pas.

Nous voulons vraiment un changement total dans le CRA !

Aussi il y a les cas des santés de certaines personnes qui sont malades, vraiment malades car le stress, c’est une maladie, nous vivons avec, nous passons le temps avec, et pour les autres maladies, il n’y a pas de médicaments.

Les toilettes ne sont vraiment pas appréciables. Il y a un service de nettoyage, mais il ne passe pas tout le temps. Dans tout le centre, nous avons que deux toilettes donc faut attendre que l’autre soit sorti pour passer après l’autre.

Donc nous réclamons un changement total, au niveau administratif, au niveau de la justice, au niveau du centre, qu’on soit au moins bien traité, que ce soit pris en compte, on ne doit pas se servir de nos erreurs pour nous presser comme des citrons, pour nous faire vivre en cage, pour qu’on serve de cobayes.

Encore un mort a la frontière: a bas les états et les frontières qu’ils produisent !

On relaye des nouvelles de la frontière Italienne:

 

Un autre mort. Une autre personne tuée par la frontière et ses gardes. Un autre cadavre, qui s’ajoute aux milliers de personnes mortes au large des côtes italiennes, sous des trains entre Vintimille et Menton, sur les chemins alpins qui mènent en France.
Derman Tamimou, 28 ans, originaire du Togo. C’est tout ce qu’on sait pour le moment du très jeune corps retrouvé allongé sur le bord de la route vers Briançon entre l’Italie et la France.
C’est le 4e corps trouvé dans cette vallée depuis que la France a fermé ses frontières avec l’Italie en 2015. Depuis que la police contrôle chaque bus, chaque train, chaque voiture à la recherche acharnée d’étrangèr.e.s. Et celleux qui ont la peau plus foncée, celleux qui ont un accent un peu différent, ou se trimballent un sac à dos de voyage, on les fait descendre et on les contrôle. Si tu n’as pas les papiers qu’ils considèrent valides, tu es ramené.e directement en Italie.
Souvent tu es victime de menaces et de vols de la part de la PAF (police aux frontières).
Le 7 février 2019, un corps a été retrouvé. Une autre personne tuée par le contrôle frontalier. Une autre vie brisée par ses uniformes qui patrouillent autour d’une ligne tracée sur une carte, appelée frontière. Tuée par des politiciens dégueulassent qui veulent protéger cette frontière.
Encore un homicide d’État. Parce que ce n’est pas la neige, ni le froid, ni la fatigue qui a tué des personnes dans ces montagnes. Les coupables sont tout autre. Ce sont les flics qui essayent tous les jours d’empêcher des dizaines de personnes de poursuivre leurs voyages pour l’autodétermination de leurs vies.
Ce sont les États et leurs gouvernements qui sont les vrais responsables et les vrais raisons de l’existence même des frontières.
Un autre corps, le 4e après Blessing, Mamadou et Ibrahim. Rage et douleurs se mèlent à la haine. Douleur pour une autre mort, une autre fin injuste. Rage et haine envers les véritables coupables de cette mort : les frontières, les différentes polices nationales qui les protègent, les États et les politiques qui les créent.
Contre tous les États, contre toutes les frontières, pour la liberté de toutes et de tous de choisir sur quels bouts de terre ! Abattons les frontières ! Organisons nous ensemble !

 

Pour se tenir au courant des infos à la frontière:

https://valleesenlutte.noblogs.org/post/category/infos-globales/

 

A bas les frontières !

Contre les frontières et ses prisons! En lutte à l’intérieur, solidarité à l’extérieur!

 Depuis plusieurs semaines, de nombreux.ses prisonnier.es sont en lutte dans les CRA de Vincennes, Mesnil-Amelot et Oissel (près de Rouen) et à Plaisir plus récemment. Pour les soutenir, plusieurs rassemblements et parloirs sauvages ont eu lieu.

Lundi 21 janvier au CRA de Vincennes.

Nous sommes une soixantaine de personnes à la sortie de la gare RER de Joinville. Deux bagnoles de police nous y attendent. On part en cortège avec une banderole en tête « Nous danserons sur les cendres de rétention ». Une voiture de flic nous suit.

Au premier croisement, les flics tentent de nous dissuader d’avancer en direction de l’arrière du CRA, et nous intiment de tourner à droite vers l’avant du centre où nous ne pouvons être entendu.e.s des personnes à l’intérieur.

Après une ou deux minutes d’indécision, nous décidons de continuer à avancer malgré les flics et d’occuper la route. Ils tentent de nous en empêcher, mais sont trop peu nombreux. Quelques personnes passent, puis c’est tout le cortège qui déborde la petite dizaine de flics en prenant toute la route.

Ils tentent à plusieurs reprises de nous bloquer, mais n’y parviennent jamais. Le cortège est trop mobile pour eux. Des personnes se faufilent entre les keufs, qui tentent de les rattraper, pendant que d’autres changent de voie. Débordés, ils utilisent souvent leurs gazeuses, mais cela n’y change rien. Une camionnette de police tente de faire barrage, mais nous parvenons à la dépasser elle aussi et arrivons à portée de voix du Centre de rétention. La ligne de flics face à nous (maintenant plus nombreux, armés de LBD et de quelques chiens)  ne nous empêche pas de nous faire entendre de l’intérieur. « liberté pour toutes ! avec ou sans papiers ! », « pierre par pierre, murs par mur, nous détruirons les centres de rétention !« , « Les CRA en feux, les condés au milieu ! », « solidarité avec les sans-papiers », « Hurrya ! Liberté ! Azadi ! » « Ni police, ni charité ! Vive la lutte des sans-papiers ! ». Ils nous entendent et nous les entendons. Nous gueulons ainsi pendant un bon quart-d’heure, avant de repartir. Les flics avancent et se rapprochent de plus en plus. Une fois sur la route, ils nous poussent sur le trottoir. Il finnissent par nous nasser sur une butte à proximité de la route. Quelques unes ont réussi à esquiver la nasse, et se sont rassemblées à proximité. 

Les flics nous proposent de quitter la nasse, individuellement ou en petits groupes. A l’exception d’une ou deux personnes, nous refusons de nous séparer. Après plus d’une heure dquinzainee nasse, ils décident de nous raccompagner à la gare RER. Nous repartons tous.tes ensembles en enjambant les portiques.

Parfois la simple présence de flics nous dissuade d’emblée d’aller au bout de nos envies, surestimant les moyens qu’ils ont d’empêcher que nos actions aient lieu. De tels exemples montrent qu’il ne faut pas se résigner trop précipitemment, mais plutôt tenter le coup et peut-être y arriver. C’est ce qui nous a permis, cette fois, de réussir notre coup et de nous faire entendre des prisonner-ère-s.

A bas les CRA ! Solidarité avec les enfermé.es en lutte !

Témoignages de l’intérieur:

 

« On a entendu du bruit et on est tous sorti peu à peu. On s’est mis a crié. Mais vite y a eu la police. Ils étaient nombreux, ils nous ont crié : » RENTREZ DANS LES BATIMENTS ! ». On avait pas trop envie de se faire taper alors je suis rentré vite.« 

« Pour moi c’était bien. J’ai pu crier et faire du ruit. Par contre y a plusieurs gars qui se sont fait taper je crois. Ils parlent pas français alors je sais pas trop ce qui s’est passé. »

Mercredi 23 janvier au Mesnil-Amelot

Récit du parloir sauvage

A une quinzaine, on est allé gueuler notre solidarité avec les prisonnier.e.s du Mesnil-Amelot. 
C’était le soir, on a pu traverser le champs enneigés derrière le centre tranquillement et crier pendant quelques minutes. En nous entendant les copain.e.s enfermé.e.s au CRA2 ont commencé une manif.Des deux côtés du murs ça gueulait « liberté! »!  
Après quelques minutes à crier tou.te.s ensemble on est repartit sans croiser de keufs. A l’intérieur les hauts parleurs et les sirènes hurlaient… Solidarité avec celleux a l’intérieur !

Récit depuis l’intérieur:

    « On a entendu crier LIBERTE ! On est tous sortit pour crier liberté. Les policiers sont venu et ont fermé les portes. C’est le moment où faut pas être violent en premier. On a continué à crier liberté.Des co ont commencé à jouer avec de la neige et là les flics ont voulu nous faire rentrer en étant violent.

    Ils ont dit que dehors y avait 5 personnes. On leurs a dit que nous on s’en foutait, même si y avait que 2 personnes on était content. En fait ils sont faible, c’est pour ça qu’ils mentent tout le temps. 

    Nous ça nous a fait du bien de pouvoir manifester en même temps qu’à l’extérieur, de pas être tout seul.

    Même dans les chambres on entendait ! C’était trop stylé ! Après ça on a tous beaucoup trop bien dormi, beaucoup mieux que d’habitudes au centre. On a plus la confiance. Faut qu’on continue maintenant.

 

 

Pour rappel on s’organise a l’extérieur en solidarité ! Rdv tous les mercredi a 18h a l’Echarde au 19 rue Garibaldi, métro Robespierre sur la ligne 9 ! A bas les cra !