» Il faut fermer les centres maintenant  » : communiqué et révendications des prisonniers en lutte de Nimes

Depuis jeudi dernier tous les prisonniers du centre de rétention de Nimes ont décidé de lutter ensemble pour obtenir leurs libérations. La-bas il y a beaucoup de sortants de prisons, qui mangent donc une double peine de trois mois imposés par la préfecture. Jeudi tous les prisonniers ont décidé de lancer une grève de la faim pour tenter de mettre la pression sur la préfecture. Dans le même temps des luttes ont lieu dans les prisons de Marseille, Lyon et Toulouse. Dans au moins une de ces prisons des départs de feux ont lieu en plus de grève de la faim collective.

A Toulouse une prisonnière serait tombé malade, du covid19. Au lieu de libérer tous le monde et de fermer au plus vite cette prison puor sans papier, la préfecture décide de confiner les prisonnières dans leurs batiments, leurs interdisant même l’accès à la promenade. Tous les prisonniers ont décidés de se mettre en grève de la faim pendant au moins deux jours pour exiger leurs libérations et des soins adaptés pour les prisonnières possiblement malade.

Pour le moment aucune préfecture n’a décidé de répondre aux prisonnier.e.s en lutte. Alors les prisonniers de Nimes ont fait sortir un premier communiqué réclament leurs libertés et la fermeture de tous les centres de rétentions.

Faisons circuler au max !
Ne laissons pas les prisonniers-ères isolé.e.s :
Organisons-nous à l’extérieur pour soutenir leurs luttes,
et pour en finir avec les taules pour sans-papiers !

 

« IL FAUT FERMER LES CENTRES MAINTENANT »

« Y a beaucoup de gens qui ont un passeport en activité, qui ont déjà purgé leurs peines et qui restent enfermé entre ces quatre murs parce que les frontières sont fermées. Et cela pourquoi ? Parce que les frontières sont fermées. Donc on va encore y rester plusieurs mois. Les repas sont infecte, les lieux sales et infestes de tous genre d’insectes qui nous piquent la nuit. Y a des gens qui sont en couple des femmes et ont des enfants qui vivent en France depuis plusieurs années. Y en a qui travaillaient et qui avaient un logement mais hélas faute de papiers ils se retrouvent ici pour une durée inconnue. Et sous prétexte qu’on n’a pas de papiers on est traité comme des moins que riens. Y a six jours on a fait une grève de la faim ils s’en foutent comme de l’an 40. Les keufs nous disaient que ça servaient à rien et certains ont rigolé.

Comme tout êtres humains on réclame notre droit ainsi qu’un arrêt de notre privation de liberté. D’après les responsables d’ici on peut rester trois mois.

Les prisonniers des CRA de Toulouse Lyon et Marseille ont eux aussi ras le bol et ils ont décidé de lutter aussi, certains par le feu ou la grève de la faim.

On a l’impression de devenir fou à tourner ainsi toute la journée, nous n’avons plus d’argent pour acheter du tabac et des cigarettes ce qui amplifient le stress et la pression. Franchement en prison nous étions mieux, on se dépannait en tabac. Ici pour se faire raser ou se couper les cheveux on est presque obligé de mendier.

Ici ils nous refusent les téléphones avec photo pour éviter qu’on puisse montrer l’etat des lieux. Et ils osent parler d’égalité.

C’est comme l’association qu’il y a ici, forum refugié. Au lieu de nous encourager ils nous disent on a tout fait, au sens où ce que vous faites ne servira à rien.

L’autre jours y a un policier qui au petit déjeuner et qui nous a dit « plus vite sale bicot ». Je me suis retourné mais je n’ai pas pu voir lequel c’était ça.

Y en a plein qui sont dégoutés et qui veulent juste repartir.

Depuis 5 jours qu’on fait la grève de la faim on n’a toujours pas vu de médecin ou d’infirmier pour vérifier notre état de santé.



Nous prisonniers de Nimes nous revendiquons :
  • Rétablissement des parloirs
  • On nous a enfermé sans raison, nous exigeons notre remise en liberté immédiate !
  • Nourriture décente
  • Changement d’équipe de policiers, avec des policiers qui ne sont pas raciste
  • Possibilité de cantiner en centre de rétention
  • La possibilité de laver nous-même nos bâtiments et la promenade
  • La possibilité de se protéger face au covid19 avec du matériel et des soins.

a bas les cra !

Les prisonniers de Vincennes toujours en lutte !

Pour protester contre des conditions d’enfermement encore plus pourries que d’habitude, les prisonniers du CRA de Vincennes sont toujours en lutte. Vendredi dernier la PAF (police aux frontières) du centre a eu la géniale idée de déplacer tout le monde dans un seul batiment (sur les trois où ils étaient enfermés avant), et d’entasser les gens à quatre dans chaque cellule. En pleine canicule, cette opération a obligé certains prisonniers de dormir dans le couloir ou dans la cour, sans compter le stress de choper le virus, vu qu’il n’y a ni possibilité de distantiation sociale, ni des masques ou du gel à disposition.

Mais comme on l’a vu de manière très claire depuis le début du confinement, les keufs, les prefs et les juges aiment bien mettre en danger la vie des prisonniers-ères. Du coup voilà, un autre coup de génie : il y a deux jours, des nouvelles personnes ont été emmenées au CRA de Vincennes, dont au moins quatre avec des symptomes de Covid. Ces nouveaux prisonniers sont actuellement en isolement dans un des batiments qui avait été vidé vendredi, mais on n’a malheureusement pas plus d’infos sur leur état de santé. A quoi elle joue, l’administration de cette taule pour sans-papiers? Enfermer tout le monde dans un espace minuscuele et ramener des personnes avec le virus, pour voir ce qui va se passer?

Les prisonniers ne sont pas restés les bras croisés : après le déplacement forcé de vendredi dans le batiment 1, presque la moitié des prisonniers a décidé immédiatement de rentrer en grève de la faim. Les jours suivants, certains parmi les grevistes ont dû recommencer à accepter les repas pour des raisons sanitaires. En effet, pas mal des gens à l’intérieur ont des conditions de santé compliquées, que l’enfermement et la manque de suivi de la part du personnel médical collabo ont rendu encore plus critiques.
Mais un groupe très déter de prisonniers a continué la grève de la faim, qui entre aujourd’hui dans son cinquième jour de lutte !

En parallèle, une plainte collective a été déposée dimanche dernier à l’administration du centre, pour dénoncer ces conditions de retentions insupportables, avec les signatures de la presque totalité des prisonniers. Au début de l’article, on a publié une photo de ce document, dont vous trouverez plus bas le texte retranscrit.

Soyons solidaires avec les prisonniers de Vincennes en lutte : appelons les cabines du batiment 1 où ils sont enfermés, faisons circuler partout ces infos, organisons-nous avec des potes pour nous faire entendre depuis l’extérieur !

virus ou pas, a bas les cra !
liberte pour tou.te.s
et solidarite avec
les prisonniers
en lutte !

PLAINTE RETENU ADMINISTRATIF

Date : 09 aout 2020
Nom : Au nom de tous les detenus en centre de rétention administrative de Paris

Description des faits :
Nous sommes actuellement tous placé en centre de rétention administrative de Pairs (CRA 1) et nous sommes à plus de 60 personnes dans un batiment (CRA 1) depuis trois jours soit depuis le 07 aout 2020, après nous avoir tous regroupé dans le meme batiment et nous sommes à quatre personnes dans des très mauvaises conditions, en manque d'air et d'oxigène. Il fait très chaud, manque de la nourriture insuffisante et il y a plusieurs personnes parmi nous qui sont malades (asthmatique, nerveux, suicidaire). Et canicule depuis le 07 aout 2020 à 44 °C.
Nous souhaitons avoir un changement dans le plus bref délai.
Il y a trois personnes contaminées de VIRUS présent dans le cenre.
Il y a plusieurs en grève depuis 3 jours. Sans manger. AU REFUS.

Suivent 35 signatures

« Les 80 personnes, on est en grève de la faim » : communiqué des prisonniers du CRA de Lille en lutte !

Depuis jeudi, tous les prisonniers du centre de rétention de Lille Lesquin refusent les plateaux. Ils demandent la libération de tout le monde suite à la suspicion d’un cas de Covid que la direction veut masquer. Alors qu’au moins un cas de Covid avait été confirmé dans cette prison en mars, entre 40 et 50 personnes y étaient toujours enfermées pendant le confinement et plusieurs mouvements collectifs ont été violemment réprimés avec tabassages et transferts. Depuis quelques semaines le CRA est de nouveau plein, tellement que les flics ont déjà transféré plusieurs prisonniers vers Calais et d’autres centres. L’ordre de Malte, l’asso présente dans la prison, n’est toujours pas réapparue depuis le déconfinement.

Faisons tourner au max leur communiqué !

Tous les gens dans le centre, dans les quatre zones, les 80 personnes, on est en grève de la faim. Le centre il est plein. Il y a trop de monde. Ca fait 3 jours que personne est sorti pour manger. Aujourd’hui on a demandé le médecin et y a pas de médecin, comme tous les jours. Ca fait presque 5 jours que y a que l’infirmerie : les gens ici ils toussent, ils ont de la fièvre, ils ont mal à la tête. Les policiers disaient hier que les médecins viennent pas parce qu’ils ont peur. Ya que du doliprane en attendant. Lundi ou mardi les policiers ils vont se faire tester. Nous on sait même pas si on va se faire tester.

On est en grève parce qu’on a peur, parce que pendant deux semaines y avait quelqu’un ici au centre de Lille qui avait le Covid. Il a été transféré à Calais et il a été testé positif là-bas. Les policiers depuis trois jours ils ont des masques et des gants, nous on a aucun moyen, on a rien, même pas du gel. On peut même pas se laver les mains. Avant ça y avait aucun moyen de protection dans le centre, rien.

Ca fait aussi trois jours qu’ils ont arrêté les parloirs, en fait ils ont tout arrêté. Avant y avait les amis, les cousins qui ramenaient des gâteaux ou des clopes au parloir. Maintenant les gens ici ils fument une cigarette par jour, et pour le café, tout le monde partage le même gobelet.

Pourquoi est-ce qu’on reste ici ? En plus les frontières elles sont fermées. Ils ont aucun moyen pour expulser les gens. De toute façon ils cachent les choses : ils veulent pas faire sortir l’information comme quoi y a quelqu’un qui est contaminé ici. Quand les gens sont enfermés dans le CRA ils sont pas testés avant. On a peur, on est stressé, y a des malades, on a que du doliprane.

Chaque chambre, on est 3 ou 4 dedans, les toilettes sont dégueulasses, les robinets et les douches  ìmarchent pas, ça fait trois ou quatre jours que le ménage a pas été fait. Quand on arrive il nous donne un petit plastique de shampoing et c’est tout. Là y a des gens ça fait plus d’une semaine ils ont pas pris de douche. Ils ont aucun moyen pour se laver. Ici le temps il passe pas. Y a des policiers qui font de la torture morale. Y a pas de protection.

On demande la libération de tout le monde.

Les prisonniers du CRA de lille.

Solidarité avec les prisonniers
du cra de Lille en lutte !
Liberte pour tous et toutes !