« Ici c’est le terminus, si tu arrives à t’en sortir c’est que t’as vraiment un mental d’acier ».Témoignage d’une prisonnière du Mesnil-Amelot

Pas beaucoup de monde semble en etre au courant : dans le CRA de Mesnil-Amelot une section est réservée aux prisonnières.
En plus du racisme et de la guerre contre les pauvres, le CRA est aussi un lieu de violences sexistes contre les meufs qui n’ont pas les bons papiers.

On relaye ici le témoignage d’une prisonnière du CRA de Mesnil-Amelot:

 

Je suis ici depuis début septembre, j’étais d’abord au centre de Metz. Après un mois, il m’ont ramené à Charles de Gaulle pour un vol, j’ai refusé, ils m’ont mis en garde à vue et après ils m’ont mis ici à Mesnil Amelot. Quand je suis arrivé, j’avais des médicaments que je prenais à Metz mais ils m’ont tout pris. J’ai pleuré, j’ai tout fait mais rien. C’était limite comme si je parlais avec personne, ils s’en foutaient.
Du coup ils m’ont pris de force et ils m’ont mis dans la cellule. Là j’ai compris que c’est comme une prison, c’est encore pire qu’à Metz. Ça ressemble beaucoup à une prison, la zone est insalubre, c’est dégradé et pas entretenu, les toilettes sont sales et bouchées.
La laverie c’est pas bien, les vêtements ils sentent, on est obligé de les laver après, mais nous non plus on a pas vraiment de savon, on a un petit savon, qui ne te permet même pas de te laver.
J’ai compris que c’est à toi d’aller voir auprès de l’administration, quand tu pars si t’as la chance tu rentres voir l’administration, si t’as pas de chance tu peux rester pendant 3 – 4 heures début. Tu dois passer par une porte avec les policiers, s’ils te laissent pas rentrer tu peux pas voir l’administration, pareil pour infirmerie.
Par exemple, j’ai mal aux dents et j’ai essayé d’aller à infirmerie et ils me laissent pas rentrer car ils disent que c’est trop tard pour aujourd’hui, ce sera demain 14h. c’est pour dire qu’ils s’en foutent, si t’as mal ou pas, ils s’en foutent.

Ça se passe comment avec la police ?

Les policiers sont là quand on mange, ils nous surveillent pendant qu’on mange, après ils ferment et ils nous ramènent dans la cellule. Pour l’embarquement c’est eux qui arrivent pour te porter même de force. Souvent le dimanche ils font la fouille, ils viennent en masse, même si t’es en train de te laver et tout tu dois sortir. Tout le monde dans la cour, et ils peuvent tout jeter de tes affaires pendant la fouille. Finie la fouille, tu peux rentrer.

Tu disais que t’as eu beaucoup de tentative d’embarquements ?

Oui moi c’est déjà la cinquième fois qu’ils me ramènent pour un vol, c’est pas normal. Surtout parce que j’ai juste un problème de papiers, je n’ai plus de visa, c’est tout.

Vous êtes combien dans la section ?

C’est organisé que les hommes sont d’un côté et les femmes de l’autre, on est séparées par un grillage. De femmes ici on est une vingtaine, voire plus, une trentaine. Avec différents cas, certaines sont ici pour les papiers seulement, d’autres sortent de prison, d’autres doivent être rapatriées en Italie ou en Espagne car elles sont dublinées. Il y a de femmes enceintes actuellement, un couple dont la femme est enceinte, et une autre toute seule, elle est enceinte de deux jumeaux en plus.

Cela pour te dire qu’ici c’est le terminus, si tu arrives à t’en sortir c’est que t’as vraiment un mental d’acier. Beaucoup ne résistent pas et ont des troubles à la tête. Tous les jours tu dors, tu manges et t’attends d’être libérée, au tribunal s’ils te libèrent pas ils te ramènent ici, toujours la même chose.

Emission de radio: témoignage & paroles de prisonniers de Plaisir en lutte ! 26/09/19

On relaye ici le lien d’une émission de radio qui a eu lieu y a une dizaine de jours avec l’actu des luttes. Des copains de Plaisir en profitent pour raconter le quotidien dans ce CRA, comment c’est passé leurs grève de la faim, la répression policière et la collaboration avec les keufs des assos présente en CRA.

Lien ici: https://actualitedesluttes.info/?p=5009

 

Solidarité avec tou.te.s les prisonnièr.e.s !

Lettre d’un prisonnier de Vincennes

Les violences policières sont quotidiennes dans les prisons pour sans-papiers. On a déjà beaucoup relayé ici des plaintes contre la police, des témoignages racontant ces mêmes violences.

On relaye ici une lettre du vendredi 04 octobre écrite par un prisonnier du CRA 1 de Vincennes !

Je viens de me faire insulter pour la 8e fois en une semaine, ce qui est fréquent au CRA 1 du centre de rétention de Vincennes. Mais cette fois-ci, le 3 octobre, en montant les escaliers 4 policiers me croisent, 3 femmes et 1 homme grand de taille (1m90 environ, métisse). L’une d’entre elles me croise du regard et dit « il a quoi ? » puis me dit en se retournant « vas-y monte grosse merde ». Par la suite j’ai voulu en savoir plus en me rapprochant, c’est là où le policier m’a pris brusquement et m’a fait tomber des escaliers, quelques témoins sont venus s’interposer pour éviter le pire. J’ai pu me relever et le policier m’a étranglé en me poussant contre le mur qui mène de la salle du réfectoire à la salle de l’accueil, puis m’a fauché et c’est là où il y a eu plusieurs policiers sur les lieux. J’ai reçu des coups sur le bassin et surtout sur la tête, après ça j’ai perdu du sang et je voyais flou mais je n’avais pas perdu conscience au départ. Une fois en isolement, j’ai demandé des soins, le policier qui m’avait frappé disait « je m’en bas les couilles » comme au début (aux escaliers). Ce n’est qu’après et une fois que les autres policiers sont arrivés que l’on m’a conduit à l’infirmerie, on m’a fait les premiers soins puis on m’a suggéré d’aller à l’hôpital, j’ai dit que je voulais rejoindre ma chambre. Une fois dans ma chambre j’ai perdu connaissance après 20 ou 25 minutes, c’est là où j’ai demandé à aller à l’hôpital, j’espère que vous prendrez en considération cet écrit pour que ce genre d’injustice ne se reproduise plus, car les policiers sont sensés représenter la loi et non user de l’autorité policière par rapport à des humeurs personnelles. Veuillez recevoir mes salutations. 

 

 

Pour rappel en IDF des personnes s’organisent contre les centres de rétentions: RDV tous les mercredi a 18h au CICP (21 ter rue Voltaire, métro ligne 9).

Solidarité avec tou.tes les prisonnièr.e.s !