INONDATION, GAZAGE ET ISOLEMENT AU CRA DE LYON SAINT-EXUPERY

Trouvé sur le site: crametoncralyon.noblogs.org

[ On relaye ici le témoignage d’un prisonnier qui revient sur l’après-midi du samedi 15.06.19 au CRA de Lyon St Ex]

Pour que les gens comprennent un peu est-ce que tu souhaite dire ou tu es en ce moment et depuis combien de temps tu y est ?

Maintenant je suis au centre de détention de Lyon. C’est centre de rétention administration Lyon c’est Centre Exupéry aéroport.
Ouais c’est à coté de l’aéroport.
Et je suis maintenant ici 48 jours.

Est-ce que tu veux commencer par dire un petit peu ce qui c’est passé hier au centre de rétention ?

Ok je vais dire. Hier comment il pleuvait.
Il y a de la pluie, il ya l’inondation et ya de l’eau il est rentré tout dans les chambres des réfugiés.
Et les gens ils ont criés pour venir pour l’aide.
Et euh 5 minutes ils sont venus les policiers avec des masques, avec des bombes lacrymogènes avec des gaz, avec des bâtons et ils commençaient à battre tout, tout les gens.
Il ont sortit avec la pluie qu’il y a, ils ont sortit la cour. Il ont laissés là avec la pluie. Et ils insulte.
Et toute seule, nous on a rien fait !

Et c’est ça moi pour cette raison je parle.

Oui aussi les gens qui ont de la famille, ils sont venus, ils ont pris la route 100 km, ya des gens qui viennent de Chambery, qui sont venu de Annecy, ils ont pas laissés pour voir ce qu’il passe, le bordel qu’il passe avec les policiers, avec nous.

Tu veux dire les gens qui venaient en visite ?

Oui oui pour visite, pour visite ! Des familles qu’ils ont ici ! Euh des des réfugiés, ont ont des familles qu’ils ont ici en France et ils ont pas laissé.

Et après une fois que vous étiez tous dehors il s’est passé quoi ensuite ?

Euh ils ont ramené, ils ont ramenés des pompiers. Ils ont nettoyé tout pour qu’ils ont débouchés je sais pas quoi. Ils ont débouchés quelque chose et de l’ea. Et après à 19h30 du soir euh ils ont appel à nous et ils on changé tous les couloirs comme il était rentré de l’eau à la chambre.

Oui et la faute c’est pas à nous hein la faute c’est à eux ! Tu as compris ?
L’eau c’est sa faute d’eux, parce que euh eux qui travaillent, nous ont vient ici comme ça en arreste.

Et tu disais ya aussi des personnes qui ont été amenées euh…

Oui oui ! Ils ont ramenés deux au mitard, isolement. Ils ont laissés jusqu’à 11h.
Et ils ont frappés aussi hein !! Ils ont frappés ils ont… comment ça se dit.. Ils ont tirés des pieds je jure hein ! Comme un sac ! Comme un sac de patates jte jure !
Ils ont pris jusqu’à la chambre, ils ont fermés la chambre. Il resté tout seul jusqu’à le matin, à 11h du matin ils ont laissé sortir.

Ca s’est passé comment aujourd’hui du coup ?

Oh non aujourd’hui c’est bon tranquille, il n’y a rien. Mais rien qu’il y a des gens qui sont venus pour visiter ils ont pas laisser pourquoi ?
Ils disent qu’il y a trop.
Il y a des gens qui sont venus aussi, ils ont des femmes qui sont mariées à Grenoble ou il viennent des gens d’Annecy et jusqu’à maintenant ils n’ont pas laissé. Ils ont laissés rien passé, 5 personnes ou 6 personnes aujourd’hui.

Ok est-ce que tu veux dire autre chose par rapport à ce qui s’est passé hier ?

Euh je suis pas d’accord avec eux. Ce qu’ils ont fait.
Ils ont pas le droit de frapper des gens et, ils ont pas le droit de frapper des gens et aussi pour jeter le gaz lacrymogène dans le visage. C’est pas une bonne idée ya des gens qui sont malade, qui sont asthmatiques et ça c’est moche.
Ils ont rien fait !
C’est ça ma faute, ma faute c’est quoi ?
Que c’est bouché c’est sa faute, ils doivent nettoyer avant qu’il va venir ça !
Pour ces raisons là c’est pas bon.

Mon copain il t’a dit aussi pour les médicaments il a mal au dent ils donnent euh du doliprane.
Il a mal de l’estomac il donne du doliprane.
Il a mal de la tête il donne du doliprane.
Les yeux c’est le même ! Doliprane ! Doliprane !
Ici rien d’autre que du doliprane, le même médicament pour tout !

Et est-ce qu’il y a d’autres médicaments qui circulent à l’intérieur ?

Non c’est rien ce qui circule attend je sais pas.
Y a qu’ils donnent du Valium, ça pour tuer des gens, des arabes tout les droguer. Lyrica, Diazepam, c’est rien que pour les arabes hein, jte jure les albanais ils prends pas. Je sais pas pourquoi ils leur donnent pour les arabes.
Tu les voient se droguer c’est les même que des des des animaux hein ! Alors c’est des gens.

Toi tu disais ça fait 45 jours que t’es là ?

Ouais c’est 48 jours que je suis là oui. Il y a des gens qui ont maintenant 52 jours. Et eux aussi hein, les pauvres comme moi le stress et tout pour cette raison ils leur donnent Valium, ils leur donnent ça pour se calmer hein.
Mais bon, ya des gens qui ont de la famille là aussi en France.

Mais le stress de quoi ?

Ah le stress de la prison, comment on les traite tu as compris. Comment qu’ils parlent avec les polices. Ils frappent, ils insultent tu as compris ?
Ils disent que nous, nous, tu es ici, nous ont fait qu’est-ce qu’ils veut. Chacun chez nous tu es ici, toi tu peux rien, sinon tu prends ton bagage et tu pars au bled ou … C’est ça qu’ils ont ! Chacun il fait la loi ici !
Chaque policier par exemple il travail trois jours – trois jours, il vient il fait sa loi !

Et pour ça aussi, pour aller à manger c’est 20 minutes ! Ça c’est bon de 7 jusqu’à 7h30, 20 minutes ou 25 minutes !

Ok et du coup depuis que tu es là-bas ça se passe comment au niveau des repas ?

Les repas c’est c’est, je te dis juste une chose euh si toi tu as un chien tu lui donne pas à manger ça !
Il ramène toujours toujours du poisson de lac. Jte jure hein c’est c’est pourri ! Si tu l’ouvre rien le paquet c’est de la purée. Il y a des gens qui sont allergiques. Et je te dis jusqu’à maintenant 48 jours rien, j’ai vu le poisson, le poisson, le poisson.
Le ramadan aussi, il est passé un mois de ramadan et ils ont ramenés à nous quoi ?! Du poisson ! Congelé, froid c’est du [passage inaudible] comme ça.

Ah pour cette raison c’est pas bon aussi !
Et si je l’ai dit moi j’ai parlé avec le chef, ils m’ont appelé moi pour les gens qui parlent pas. J’ai dit ça c’est périmé tu dois manger avant les trois jours et non ils ont ramené le même jour périmé. Tu le mange, il te donne, il te dit « non ça fait rien moi aussi je mange », « tu mange ? Tu le prend à ta maison ! ».
Et ça ils le donnent hein, ils le donnent tous les jours. Et rien ! Rien ! Rien ici ! Ici c’est ça le pire, je dis c’est nul ! C’est nul ! C’est nul !  »

Incendie au centre de rétention du Mesnil-Amelot !

Les révoltes dans les centres de rétentions continuent ! Il y a plusieurs semaines les prisons pour étrangè.r.e.s de Oissel puis de Rennes étaient en partit détruit par des révoltes de prisonniers. En fin de semaine dernière c’est au CRA 2 du Mesnil Amelot qu’une autre révolte a eu lieu. Résultat: tout le batiment 9 du CRA2 à brûlé.

Samedi dernier, dans plusieurs villes en france (Sète, Marseille, Rennes, Toulouse et Paris) avaient lieu plusieurs rassemblement contre les centres de rétentions et en soutien aux prisonniers de Rennes incarcérés, accusés d’avoir été à l’origine de l’incendie qui a détruit la moitié du centre.

Depuis la préfecture s’active pour mettre en place la répression: déportation violente le lendemain matin de l’incendie, transferts dans d’autres centres de rétentions, GAV, menace de procès.

Des prisonniers racontent les dernières révoltes:

« C’était le soir vers vingt-trois heures à minuit. Tout le monde l’a vu. Ils ont été dans la salle de télé, ils ont mis des draps et des matelas. Certains ont voulu l’empêcher. Mais ils voulaient pas les écouter. Après on s’est éloigné et ça a pris feu. Plus tard les pompiers sont venu. Hier j’ai été placé en GAV, j’ai fait 3 ou 4h. Après ils m’ont transferé dans un autre centre »

 

Je vais te dire pourquoi ils ont fait ça. C’est parce qu’y a des civils qui parlent toujours mal, qui nous frappent.  Des fois ils viennent tôt le matin ils nous virent du batiment jusqu’à midi. Ils disent c’est pour le nettoyage, mais après ca pue les toilettes partout.. C’est le bordel faut y être pour y croire ! La nourriture.. La nourriture.. Chaque jours c’est du poisson. Y a un jours il était périmé le poisson. Même l’eau ici elle est dégueulasse. Elle est pas fraiche même avec le soleil. Des fois ont dehors ils viennent avec la voiture devant les grillages et ils allument les phrases. Pour le ptit dejeuner, tu te reveilles pas à 7h t’as le droit  à Rien.

Pour l’infirmerie, et la cimade des fois t’attends des heures au soleil. C’est pour ça qu’ils l’ont fait ! T’attends des heures au soleil et là on te dit « Bah non c’est fermé. »

Y en a eu un transferé au bled, 3 transferé dans des autres centres, 1 ou 2 autres transférés dans le cra 3 (parce qu’ici y a deux centres tu vois). »

 

« Avant cette révolte y avait eu d’autres luttes. Y en a eu une pendant une semaine, pendant le ramadan. Surtout chez les Marocains et les Algériens. Une semaine c’était chaud ! On voyait même pas le médecin, parce qu’ici ces des policiers pas des médecins.

Mais cette grève ça à servi à rien. Les policiers ils étaient plus violent, et c’était chaud pour rien. Ils ont rien laché en face, même pas sur la propreté des toilettes. Puis après l’incendie ils ont dispatché tout le bloc.

Y a même des palestiniens et des libanais ici. Alors qu’y a la guerre la bas,c ‘est chaud non?

C’est la suite de la colonisation. Après ils parlent droit de l’homme…

Y a eu une famille et des enfants. Les parents étaient handicapés. Ils les ont libérés mais bon quand même ils les ont enfermés dans un centre ! Pourquoi? Parce qu’ils n’avaient pas les bons papiers.

 

« Moi, après l’incendie ils m’ont amené à l’hôpital.. A cause de la fumée tu vois, quand tu respires la fumée c’est chaud. Au bout de 3 jours ils m’ont ramené au centre… »

 

Pour nous contacter pour soutenir la lutte à l’extérieur:

anticra@riseup.net

Une A.G a lieu le mercredi contre les centres de rétentions (prochains rdv bientôt affiché) en Ile de France

L’horrible routine des violences policières au CRA de Vincennes : mêmes flics, mêmes méthodes

Un prisonnier du CRA de Vincennes harcelé par les flics porte plainte

Il y a deux semaines, des personnes ont résisté à la déportation de lun des leurs au CRA de Vincennes. Elles se sont faites tabasser par les flics du centre. Plusieurs sont parties en GAV suite aux plaintes de flics.

Des violences similaires ont conduit à l’incendie du CRA de Rennes il y a 10 jours par des prisonniers. 

Depuis le début du Ramadan début mai, les violences et humiliations quotidiennes dans les CRA semblent avoir redoublé

Un prisonnier de Vincennes a été libéré après que des flics lui ont cassé les dents la semaine dernière. Un autre prisonnier subit actuellement un véritable harcèlement, se faisant frapper, insulter et humilier quotidiennement. Dautres flics ont même ouvert une enquête et sont venus linterroger, en attendant deux bonnes semaine avant de le présenter à l’OPJ et au médecin, afin que les marques de coups sur son corps et son visage soient moins visibles. 

En lisant la plainte de ce prisonnier  qu’on relaie ici, on remarque à quel point les personnes impliquées (les flics identifiés), les méthodes et les circonstances sont identiques à celles des plaintes pour violences policières au CRA de Vincennes quon a déjà relayées en mars et février.

https://abaslescra.noblogs.org/post/2019/04/16/un-nouveau-recit-de-violences-policieres-a-vincennes/

https://abaslescra.noblogs.org/post/2019/04/16/plainte-et-recit-contre-les-violences-policieres-a-vincennes/

QUESTION: Où étiez vous lorsque vous avez été frappé ?

 REPONSE : En face de la porte du coffre, là où il n’y a pas de caméra.

En revenant, j’ai croisé le policier roux. Je lui ai demandé pourquoi il m’avait frappé sans raison. Il m’a alors insulté « Nique ta mère ». Je l’ai également insulté. Le policier roux a dit au policier qui me ramenait au centre de me ramener au coffre.

J’ai résisté. Je  ne voulais pas revenir au coffre en demandant pourquoi. Il a commencé à me tirer. Il m’a ramené au coffre.

Il y avait plein de policiers. Je n’ai pas été ramené dans le coffre dans une petite salle sur la droite. On m’a ramené là  où il n’y avait pas de caméras.

Le  policier roux a passé son bras devant mon cou, par l’arrière. Il a commencé à me taper avec son genou au niveau de la hanche gauche.

Il m’a fait tomber, j’ai une trace au niveau du coude.

A l’entrée il y avait plein de policiers. Dans la pièce, il y avait une policière et un policier.

Je précise que le policier roux m’a enlevé les menottes. Il m’a frappé ensuite. Il a commencé à me frapper en me donnant des coups de poing au visage.

J’ai essayé de me protéger. Je criais pour me protéger.

L’autre policier m’a tenu. Le policier roux  a passé son bras par l’arrière puis m’a donné des coups de genoux.

Je suis allé voir le médecin le 7 mai. Il m’a dit de déposer plainte.

Je suis allé voir l’ASSFAM.  Elles m’ont dit d’attendre 24 heures.

 QUESTION : avez-vous été placé à l’isolement ?

 REPONSE : le 07mai, une protestation avait eu lieu dans le centre. J’ai entendu des cris. Je suis sorti de ma chambre. Un policier m’a dit « toi encore », j’ai été conduit à l’isolement. Je n’avais rien fait. J’ai été relâché une heure après.

Cette violence est organisée. Elle se déroule hors caméra, ces mêmes caméras qui servent à envoyer en prison les personnes qui se révoltent dans les CRA comme à Lyon et Rennes ces dernières semaines. Elle est couverte par la hiérarchie, les collègues, les médecins et l’association du centre. Le même groupe de flics profite de lisolement des prisonniers à la fouille et de labsence de caméra pour tabasser. Sen suit alors la chaine de répression habituelle : plaintes des keufs, GAV, et parfois prison. Depuis 4 jours, un prisonnier du CRA de Vincennes dort à Fresnes après s’être battu avec une dizaine de policiers.