Parloir sauvage au Mesnil : « la prochaine fois on sort tous ! »

Aujourd’hui, plusieurs personnes se sont retrouvées devant le CRA du Mesnil Amelot pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers-es, particulièrement en ce moment où les cas de Covid se multiplient, les bâtiments sont partiellement confinés (visites interdites) et les flics profitent du Ramadan pour mettre encore plus la pression que d’habitude aux prisonnier-es. Il y a quelques jours, une grève de la faim avait eu lieu et faire un parloir sauvage servait aussi à exprimer notre soutien à cette lutte.

Une personne enfermée dans le CRA raconte : « Là il y a au moins 20 personnes qui ont le covid et ils font rien, les gens ils sont toujours là tous ensemble, on va tous manger ensemble et il y a des bâtiments où les visites sont interdites et d’autres non. »

Visiblement les gens à l’intérieur ont bien entendu, ils ont répondu en criant « Liberté », ont frappé contre les grilles et la manif à l’intérieur a continué même alors qu’on partait :

« Il y a eu beaucoup de bruit de l’autre côté du bâtiment, on a entendu des gens qui criaient « Libérez les », « Liberté », on a crié aussi il y a eu du bordel »

« La prochaine fois il faut que vous veniez à 100 ! » « la prochaine fois on sort tous ! »

Pour une fois, pas de problème particulier avec les keufs qui n’ont visiblement pas été assez réactifs : on a seulement croisé 3 flics en civil qui faisaient semblant de faire leur lacet pour prendre des photos des plaques des voitures et des gens à l’intérieur.

En ce moment encore plus que d’habitude et alors que nos possibilités de s’organiser et d’être ensemble dans la rue sont toujours plus réduite, c’est important qu’on continue nos actions !

Soyons solidaires avec les prisonniers-ères, liberté pour toustes !

a bas les cra !

 

« On est comme l’esclavage ici » : enfermement, répression, aller-retour CRA-taule… témoignages de l’intérieur du CRA de Vincennes

Depuis plusieurs mois en profitant de la crise sanitaire, les préfectures font péter le légal de rétention en se servant de la répression des refus de test PCR (nécessaire pour la majorité des expulsions). En janvier deux bâtiments de la prison pour sans papier du Mesnil-Amelot était détruit pendant une révolte de prisonniers qui dénonçaient l’allongement de la rétention. Les aller-retour CRA-Prison-CRA se multiplient depuis quelques mois. Au cra de Vincennes, des prisonniers témoignent de la situation tendu au niveau sanitaire pendant que les pressions policières continuent. Vous pouvez écouter un prisonnier de Vincenne dans l’émission de l’actu des luttes du 19 mars 2021 :
http://actualitedesluttes.info/les-centres-de-retention-6/

Nous relayons ici le témoignage de deux autres prisonniers :

« En ce moment le plus grand problème c’est les fouilles. Aujourd’hui ils ont retourné toutes les chambres du bâtiment collé au notre. Y a trois jours c’était pour nous.

Les gardes-a-vue ça s’enchaînent. Au bout de trois refus de test obligé ils (Les keufs de la PAF) t’envoient dans le commissariat du 12e pour que t’ailles au dépôt. Soit c’est rappel à la loi, soit c’est direct la zonz.

C’est sur qu’ils sont en train de préparer mon test pour l’expulsion et si je le refuse ils vont faire tomber le sursis. Obligé je vais refuser parce que je peux pas rentrer au pays, j’ai des problèmes qui m’attendent là bas. Obligé je vais refuser donc du coup le retour qui a le plus de chance de se faire ça va être à la Santé (La prison).

Sachant que j’ai déjà fait trois mois là bas y a peine un mois pour refus. En janvier 2020 ils m’ont arrêté et mis au CRA. Après ils m’ont envoyé une première fois à la santé puis je suis retourné au CRA. La première fois c’était pour outrage et rebellion puis la deuxieme fois que je suis allé à la santé c’était pour refus de test et ils m’ont collé outrage et rebellion. Et là ça fait plus de 20 jours que je suis de retour au CRA.

J’ai fait des procédures au tribunal pour être libéré mais jsais que de toute façon tôt ou tard je vais finir à la santé. »

« Ici c’est chaud. Le confinement et le couvre feu je comprends même plus. Je me suis fait arrêter en septembre en 2020 j’ai fait 5 mois en prison, et après ils m’ont ramené ici. Ils m’ont tapé et ils ont dit que j’avais pas accepté de coopérer avec eux, que j’avais donné un coup de tête au policier.. Après les juges m’ont jugé et blablabla ils m’ont envoyé pour 8 mois à la santé. Le commis d’office il a rien dit. Au bout de 5 mois ils m’ont ramené au CRA. Ils m’ont donné l’obligation vers le mois de novembre. Quand j’ai fini la prison, ils m’ont ramené direct ici. Ca fait bientôt deux mois ici.

Je suis malade mais quand je vais voir le médecin ils me donnent que le médicament pour dormir en me disant : «Tiens ça va aller mieux ».

Ici c’est pire que la prison. C’est là fois que je tombe ici et je pensais même pas que ça existait un endroit comme ça. C’est la misère. Y a aucun droit. Y a rien. Y a R ici !

L’ASSFAM (l’association de soutien juridique) ils sont là mais ils servent à rien. Même les policiers ils disent qu’ils servent à rien. Ils cherchent que les nouveaux, ils ont besoin de toi pour remplir quelques papiers blablabla et après ça ils font rien.

Là on est complètement perdu. Tous les jours les policiers ils nous fouillent, ils nous tabassent.

On est 6 ou 8 dans la cellule donc y a forcément des matelas par terre et eux ils les retournent.

Le covid il existe pas ici. Le masque qu’on va te donner, tu dois le garder une semaine ou deux. Parce qu’ils notent ton nom quand tu récupères ton masques. Et après tu dois attendre…

C’est compliqué ici.

Ils veulent m’envoyer au pays mais moi j’ai une carte de séjours en Italie, j’y étais depuis 2005. J’avais 14 ans a l’époque. Le pays je connais même pas, j’ai plus de famille là bas.

Ils ont récupéré mon passeport, parce que j’avais un rendez-vous dehors avec l’avocat où je ramenais tout mon dossier pour un titre de séjours. Ils m’ont arrêté sur le trajet.

Ici au CRA l’eau chaude est coupée, tu dois te doucher à l’eau froide. Y a des gens qui se lavent pas pendant plusieurs semaines parce qu’il fait froid dehors.

On est comme l’esclavage ici, on est enfermé comme à l’époque. Enfermé comme les poulets ou je sais pas quoi. Toujours ils viennent nous fouiller et ils nous disent « Fais ca, fais ca ». On est la juste parce qu’on a pas de papiers, c’est tout et pourtant.. »

Au CRA de Vincennes, alors que les cas de Covid-19 explosent, les prisonniers dénoncent l’enfermement et demandent leur libération !

Depuis quelques mois, les prisonnièr.e.s des CRA dénoncent leurs conditions d’enfermement, rendues pires par le Covid-19. Au lieu de libérer, l’État s’acharne à exposer à la maladie, au froid et aux violences habituelles de l’enfermement les prisonnièr.e.s.

Au CRA 1 de Vincennes cette semaine, l’administration a pris la décision d’une mise en quatorzaine du bâtiment 1, en raison de l’explosion de cas positifs au Covid-19 (https://abaslescra.noblogs.org/nouveau-cluster-au-cra-de-vincennes-12-personnes-testees-positives/). À l’entassement des prisonniers dans les cellules et aux conditions sanitaires habituelles dégueulasses – mais qui forcément résonnent différemment en ces temps de maladie – s’ajoutent l’absence totale de gel hydroalcoolique (car ce sont des substances inflammables), le manque de masques et l’incohérence des actes de l’administration . Par exemple, la semaine dernière, les personnes cas contact d’un prisonnier malade ont été réparties dans des cellules déjà remplies !

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