Suite du témoignage d’Aly, enfermé au CRA de Lesquin – « J’appelle le lycée à sortir manifester pour m’aider à sortir de là »

Le mois dernier, on publiait un premier témoignage d’Aly, enfermé au CRA de Lesquin depuis le 7 février. Les ami·es du Nord nous ont envoyé il y a quelques jours un deuxième témoignage, que nous publions ici. Avec ce témoignage, c’est aussi un appel à la mobilisation du lycée Mansart (à Marly) que lance Aly.

La dernière fois il y a un policier qui a demandé qui était Aly Touré car il a vu dans la Voix du Nord les articles. Il m’a demandé si mon école était déjà au courant. J’ai dit que oui. Le policier il m’a dit que ça se voyait pas et que la seule chance que j’avais de sortir c’était par l’école.

La proviseure du lycée n’a pas déjà écrit une lettre ?

Si elle a écrit une lettre au sous-préfet mais il ne répond pas. Si il ne répond pas le lycée devrait sortir aussi (c’est à dire manifester). C’est pas normal qu’il n’y ait que les associations qui sortent. C’est comme si le lycée s’en fout. Ils doivent sortir. Comme c’est un lycée, ils ont des relations avec des supérieurs. Ils ont plein de contact avec qui ils peuvent parler pour essayer de me faire sortir. Un lycée ça a plein de contact. Si c’est juste envoyer une lettre au sous préfet c’est pas assez. Si le lycée il ne sort pas pour manifester ça va être compliqué. Ça fait quatre ans que je suis la-bas. Le lycée, ils me connaissent très bien du coup c’est eux qui doivent sortir pour manifester avec les associations et l’entreprise où je travaille. Si le lycée ne sort pas, le sous préfet il doit se dire que le lycée s’en fout de moi. J’appelle le lycée à sortir manifester pour m’aider à sortir de là. C’est vraiment compliqué pour moi, l’heure est grave pour moi. J’ai entendu la fois dernière, ils ont rapatrié un Guinéen sans faire test. Ils l’ont attrapé durant la nuit. Depuis que j’ai entendu ça, je ne dors plus la nuit. Ça fait quatre jours. J’ai peur qu’un jour ils viennent pour me donner une piqûre et je ne pourrai plus rien faire.

Ils t’ont déjà fait une piqûre ?

Non pas encore mais j’ai peur de ça.

Parce qu’ils l’ont fait pour expulser la personne guinéenne ?

Oui, oui, oui je pense c’était jeudi passé. Le premier personne qu’ils ont fait, ils lui ont donnée durant la nuit. Ils l’ont attachée avec la force pour le mettre dans l’avion. Ils ont aussi bloqué son téléphone. Son lycée, son association, son avocat, il n’a pu prévenir personne. Le matin l’association du centre l’a appelé, il était déjà en Guinée. Il était trop tard pour manifester.

Du coup, tu veux qu’on contacte de nouveau ton lycée ?

Oui le lycée s’il peut faire encore plus pour me faire sortir d’ici ça serait bien. J’ai peur qu’ils attendent et qu’après il ne soit trop tard. Là en ce moment, ils peuvent faire quelques choses parce que je suis encore en France dans le centre de rétention. Après s’ils me renvoient en Guinée, il sera trop tard pour manifester.

Ces témoignages sont ceux d’Aly mais cette situation concerne des
milliers de personnes enfermées chaque année dans les prisons pour étranger.es.

L’éléphant voyageur Lille
Soutien aux personnes enfermées en CRA et aux proches
Contact : elephant-voyageur@riseup.net
12 avril 2021