Emission de l’Envolée avec des membres de l’assemblée !

L’envolée est une radio contre toutes les prisons qui essaye de relayer les paroles des prisonnier.e.s, tous les vendredi de 19h à 20h30 sur FPP 106.3.

Ce vendredi 29 novembre, c’était l’occasion de discuter avec des camarades de l’assemblée contre les prisons pour sans papier:

 

EMISSION DU 29 NOVEMBRE 2019

Lutte pour les régularisations, luttes contre les expulsions, Même ennemi, même combat

Mercredi 18, des collectifs de sans-papiers et migrant.e.s, des syndicats, des collectifs, associations, organisations appelent à une manifestation (Egaux, égales, personne est illégale). C’est à 18h à République. Ca nous parait important de republier un tract écrit par l’assemblée contre les CRA IdF en avril dernier…

Pour info : comme il y a cette manif, la réunion du mercredi de l’assemblée n’aura pas lieu ce mercredi 18, on reprend en janvier.

Une campagne pour des régularisations massives a été lancée début avril par des collectifs de sans-papiers, des syndicats et des associations. Ces organisations annoncent occupations, grèves et blocages pour mettre en place un rapport de force avec la préfecture et obtenir des régularisations massives. Parallèlement, depuis le début de l’année, des mouvements de prisonniers et prisonnières secouent régulièrement les centres de rétention administrative en France pour protester contre l’allongement de la durée maximale de rétention à 3 mois (auparavant d’un mois et demi), contre les arrestations et les expulsions, mais aussi pour lutter contre les violences policières dans les CRA et contre l’existence même de ces prisons pour étranger.es.
 
La nécessité de faire le lien entre ces deux combats s’impose, car les (non) régularisations et les expulsions sont les deux facettes d’un même système qui trie, enferme, et déporte les étrangers et étrangères. Il faut refuser les fausses séparations entre les « dangereux immigrés » à éloigner et les « bons » migrants à accueillir : cette séparation est produite par la préfecture. C’est elle qui a tous les droits pour accepter ou refuser les demandes de titre de séjour. C’est elle qui rend les étranger.es « indésirables », c’est-à-dire enfermables et expulsables.

Les critères de régularisation sont pour la plupart arbitraires, flous, soumis au bon vouloir de la préfecture. Autrement dit, on n’est jamais sûr qu’un dossier sera accepté ou pas. C’est la préfecture aussi qui est toute puissante pour distribuer des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), enfermer les gens en centre de rétention et les expulser. C’est donc une gestion politique de l’immigration qui est à l’œuvre, à travers l’usage massif des procédures administratives, le tout avec la bénédiction des juges et des politicien.ne.s.

Tant qu’il y aura des centres de rétention et des expulsions, les sans-papiers ne seront pas tranquilles et même les détenteurs et détentrices de titres de séjour seront continuellement menacé.e.s. En effet, la loi Asile et Migration a systématisé une pratique déjà très répandue : associer à tout refus de titre ou de demande d’asile une OQTF et une IRTF (Interdiction De Retour Sur Le Territoire Francais). Autrement dit, chaque personne qui dépose un dossier de régularisation à la préfecture risque l’enfermement et l’expulsion en cas de refus ou, en tout cas, l’impossibilité de redéposer une demande pendant une période variant entre un à 5 ans.

En outre, ce délai ne commence qu’une fois que la personne a effectivement quitté le territoire : cela revient en réalité à une condamnation à la clandestinité à vie pour les personnes qui décideraient de rester en France malgré le rejet de leur demande. C’est une menace permanente de plus qui pèse sur les sans-papiers et les migrant.e.s en général. Ainsi, un très grand nombre des personnes enfermées actuellement dans les centres de rétention en Ile-de-France ont été arrêtées au guichet de la préfecture, alors qu’elles cherchaient à régulariser leur situation !

On ne peut être libres de demander un titre de séjour quand on risque l’expulsion et l’enfermement en cas de refus ou au moment du rendez vous à la préfecture. On est maintenu dans la peur. Des milliers de personnes préfèrent vivre des années en France sans tenter aucune démarche par crainte d’être repérées. Si le traitement « cas par cas » et la menace d’enfermement contribuent à isoler et à punir les migrant.e.s pauvres, il faut répondre collectivement, et renverser cet état d’oppression et d’exploitation : que la peur change de camp!

Pour la fermeture du centre de tri qu’est la préfecture!
Des papiers pour tou.te.s ou plus de papier du tout
A bas les CRA

A bas les médecins et les infirmiers collabos !

Le CRA est un des maillons le plus brutal du système de l’expulsion : isolement, harcèlement et menaces, sous-nutrition, attente et ennui, expulsion à tout moment.

Les médecins et les infirmiers collaborent activement au fonctionnement de ces prisons : ils refusent de filer les medocs aux prisonniers-ères qui en ont besoin, ils filent des calmants et similaires aux autres pour shooter les gens et pour essayer de pacifier la situation. On relaie ici le témoignage d’un prisonnier d’un CRA francilien, qui parle de tout ça.

Voilà pourquoi ce n’est jamais un accident si quelqu’un.e crève dans ces taules, comme c’était le cas de Mohamed, mort au CRA de Vincennes le 8 novembre. Le CRA, c’est une boucherie, une machine à tuer.

« Même moi j’ai fait la grève deux jours quand je suis arrivé, mais les policiers ils s’en foutent, et ya 2 mois ils ont fait la grève, les policiers ils les ont menacés de carrément plus donner les repas. Franchement j’ai tout fait pour sortir au jld (juge des libertés et de la détention), je sais pas ce que je fous là, j’ai toute ma famille ici.

Mais je suis allé à l’infirmerie, je leur ai demandé de me donner quelque chose parce que je fume et je voulais me calmer un peu et ils m’ont donné des choses super fortes, j’ai pris leurs cachets je me suis senti hyper mal… et des fois, je fais des crises, parce que j’ai des petits traumatismes de quand j’étais jeune, et l’infirmière, elle me dit que je fais semblant de faire des crises. Et maintenant je suis obligé de prendre ces cachets.

Hier j’ai arrêté de prendre les médicaments, j’étais trop mal, ils ont dit au médecin de descendre, il m’a même pas vu au final. L’autre fois, je suis même tombé sur la tête, ils ont du me ramener à l’hôpital. Des fois, je pète les plombs, on nous trop parle mal, parce que j’en peux plus, ils me ramènent l’infirmière, elle me menace, elle me dit on va te mettre en hôpital psychiatrique, on va te piquer. L’autre fois ils me ramènent au juge, ils m’avaient attaché les pieds, franchement, je vais en finir.

Les policiers ils boivent après ils nous poussent, ils nous insultent, jte jure ça empeste l’alcool. Moi je pète des plombs et après ils envoient des rapports à la préfecture. Pour ça, personne ne parle ils ont peur. »

Tout est fait pour désarmer les personnes qui se retrouvent à l’intérieur… détruites pour être plus facilement expulsable. A l’intérieur, il ne reste plus que le rapport de force direct pour tenter de ne pas complètement se faire bouffer. A l’extérieur, nous devons créer et renforcer la solidarité réelle, qui parte de la parole et des luttes des prisonniers-ères pour entraver et détruire, avec tous les moyens, la machine à expulser.

Pour ça, une assemblée contre les CRA se réunit chaque mercredi à 18h, au CICP (21ter rue Voltaire).