On publie ici le témoignage d’une retenue du CRA du Mesnil-Amelot. Elle était enceinte de quatre mois au moment de son arrestation, et a tenté tout le long de sa rétention à résister à l’explusion et à la violence physique et psychologique que les flics lui ont infligé pour la faire plier.
Elle a été expulsée vers la Roumanie début juillet, et témoigne des mauvais traitements médicaux et des violences policières subies pendant sa détention et qui ont conduit à une interruption médicale de grossesse en Roumanie. C’est l’énième cas de violences médicales et de refus de soin dans un centre de rétention.
Le racisme et le sexisme de la police n’ont pas de limites :
soyons solidaires avec les prisonnières,
continuons à lutter contre les violences policières et médicales,
continuons à lutter pour la destruction des CRA !
Comment tu es arrivée au cra ?
Il y avait un vol dans mon batiment, la police a tapé à toutes les portes. Personne a ouvert sauf moi. Je les ai laissé contrôler. Comme j’avais pas les papiers donc ils m’ont dit de venir au comico. Ils m’ont mis en gav. Ils m’ont pas laissé voir d’avocat, ni de médecins. Ils ont d’abord dit que je pouvais pas rester en gav pcq j’étais enceinte. Il m’ont dit vous allez rester dans un autre endroit. Ils m’ont fait signer des papiers, et je savais pas ce que c’était parce qu’ils m’ont pas dit que j’avais le droit à une aide pour les lire. Je savais pas qu’il y avait la cimade au cra. Ensuite je suis passée devant le juge et ils m’ont mis au cra.
Est-ce qu’on t’a permis de voir un médecin en arrivant au CRA étant donné ta grossesse (elle était enceinte de quatre mois au moment de son arrestation) ?
Non, j’ai pas vu de médecin en arrivant. J’avais une infection, ils m’ont pas autorisée à voir un médecin ; Après ils m’ont donné amoxiciline et j’ai eu un problème au cœur à cause des médicaments et ils m’ont emmenée à l’hotpital. Le doc a pas pris ma tension, il a dit c’est rien. Ensuite ils m’ont ramené au cra sans rien après que j’ai été menottée etc. C’est pas normal ce qu’il se passe au cra, même un chien on le traite pas comme ça.
Tu as commencé une grève de la faim avec une autre retenue début juin. Tu peux expliquer pourquoi vous avez décidé de faire grève ?
J’ai décidé de faire la grève parce que la nourriture était périmée et ils mettaient des cachets dans la nourriture. Même les chiens on leur donne pas ça. Le pain était périmé de quatre cinq jours. J’arrivais pas à manger de toute façon.
Comment la PAF a réagi à la grève ?
Ils m’ont dit « ferme ta gueule sinon je mets ta gueule par terre », qu’ils s’en foutaient et que le préfet aussi. Tu fais la grève ou non tout le monde s’en fout de toi.
Tu peux raconter comment ça s’est passé la première tentative d’expulsion ?
Ils m’ont ramenée de force à l’aéroport. Ils m’ont pris de force. Comme je voulais pas monter Ils ont été violents. Ils m’ont menacée de me taper.
La préfecture t’avait communiqué une date de vol ?
On m’a pas dit on m’a prise directe.
Comment ça s’est passé ton expulsion vers la Roumanie début juillet ?
Ils m’ont d’abord dit que je peux refuser. Mais quand je suis arrivée à l’aéroport ils m’ont fait monter par l’arrière, y’avait un autre monsieur. Ils m’ont scotchée les pieds avec je sais pas quoi. Et les mains attachées.
Quelles ont été les conséquences de ta détention sur ta santé ?
J’ai fait un avortement obligé à cause des médicaments du cra. J’avais trop mal au ventre. Je suis allée aux urgences et ils ont fait une échographie. Il fallait avorter parce que j’étais en danger. Le médecin il a dit c’est pas possible, la France c’est des chiens. Je vais aller à l’ambassade de Roumanie pour me plaindre. Le bébé était déjà mort depuis une semaine. Je peux pas retourner tout de suite en France parce que j’attends que l’ambassade me réponde, du coup mes enfants restent avec mon mari. On peut plus tuer les gens comme ça, je vais pas laisser comme ça, je vais pas les laisser tranquilles.
Donc de toute ta détention tu n’as pas eu de suivi gynécologique et obstétrique ?
Non j’ai pas eu de suivi pendant toute la détention.