Lettre d’un prisonnier du Mesnil en lutte !

On reproduit ici une lettre sortie de Mesnil, traduite de l’arabe. Solidarité avec tous les prisonniers !

 

L’oiseau blessé

Ils m’ont attrapé en plein milieu d’un bus.

J’aurai aimé qu’ils me tabasse avec un baton, mais plutôt ils m’ont mis a poil sans chaussure. Et le plus dure dans tous ça c’est qu’ils ont fait tout ça avec le sourire et au nom de la liberté et de l’égalité française.

Ils m’ont torturé psychologiquement et pire physiqement pour un seul crime: celui d’avoir mis les pieds en France (ceci a été dit par les policiers).

Ils m’ont mis dans un cercle fermé d’une administration à une autre, au nom de la démocrati française.

Ici on te torture, et on t’aide au plus tôt te suicider. Un coup de pouce pour cesser de rêver !

Tu dors dans des cellules qui puent, et des les toilettes c’est a côté du lit. Enfin derrière une dalle en béton.

Ici tu es comme un criminel de guerre ou un terroriste.

Y a pas assez de stylo et de feuilles pour décrire ce qui se passe et même pas un livre pour passer le temps et oublier ce qui se passe autour de moi.

Alors si on commence a parlé de l’infirmerie, quelque soit ton état y a que des doliprannes.
Et toutes les nuits ils utilisent les hauts-parleurs , du coup y a pas de repas. C’est comme pour la bouffe et les sanitaire.

« A l’état français: arrête cette mascarade! »

R, un prisonnier en lutte du Mesnil le 15/01/2019

 

Récit de l’extérieur de la manif contre le centre de rétention de Vincennes, en soutien aux copains en lutte a l’intérieur !

Solidaires contre les frontières : rassemblement en soutien aux retenu.e.s qui s’organisent pour empêcher les expulsions.

On relaye un récit de l’extérieur de la manif qui nous a été envoyé peu après le rassemblement.

Pour rappel :

https://abaslescra.noblogs.org/post/2019/01/09/recits-de-la-manif-du-lundi-7-01-en-soutien-aux-grevistes-de-la-faim-a-vincennes-dedans-dehors/

Depuis le 3 janvier plus de 25 personnes retenu.e.s au CRA de Vincennes sont en lutte pour la libération de [« tout le monde, tout de suite »->https://paris-luttes.info/greve-de-la-faim-en-cours-au-cra]. En grève de la faim, ils occupent le couloir du bâtiment 2A afin d’empêcherles expulsions prévues le matin. En effet, illes se révoltent contre les violences répétées que subissent les personnes lors de leur expulsion : menottage, baillonage de leur bouche au scotch, entrave des pieds,utilisation de psychotropes et coups portés par les flics de la PAF.

Une soixantaine de personnes se sont donc rassemblées le lundi 7 janvier à 18h, au RER de Joinville-le-Pont pour aller exprimer leur solidaritéavec les retenu.e.s en lutte.
Une banderole est déployée : « Nous danserons sur les cendres de
retention !  » Des slogans sont gueulés sur la route du centre, tandis que nous bloquons la voie : « Pierre par pierre, mur par mur, nous détruirons les centres de rétention ! Des papiers pour tou.te.s ou plus de papiers du tout ! De l’air, de l’air, brûlons les frontières !
Liberté pour tou.te.s avec ou sans papiers ! Huriya !  »

Arrivé.e.s près du centre de rétention, nous percevons les cris des
retenu.e.s du bâtiment 2 qui résonnent en réponse. Alors que nous le longeons pour accéder jusqu’à l’entrée , une compagnie de CRS et quelques flics de la brigade cynophile nous attendent embusqués sur le talus. C’est alors que l’un deux se vautre magistralement dans les ronces.

Nous rebroussons chemin pour revenir là où les retenu.e.s avec qui nous sommes en lien nous entendent le mieux. Nous crions et bloquons la route. Au bout de quelques minutes les flics veulent nous faire regagner le trottoir. Dans la confusion, ils tentent une percée à coups de matraques et de gel lacrymogène. L’utilisation d’une torche aveuglante renforce le caractère chaotique de la scène et entraine une perte de repères. Une personne est blessée, arrêtée et conduite en garde à vue.
D’autres sont également frappé.e.s, au crâne notamment.

Le cortège est scindé en deux jusqu’a bonne distance du centre, puis se reforme.
Après quelques minutes de discussions, nous décidons d’aller débriefer pour préparer la suite, notamment la solidarité avec la personne arretée. Celle-ci est sortie après 24h de garde à vue et un déferrement au dépot avant d’être convoquée pour un procès le 24 juin.

Les retenu.e.s du CRA de Vincennes sont toujours en lutte. Et le
mouvement s’amplifie : d’autres enfermé.e.s au Mesnil-Amelot et à
Oissel-Rouen les ont rejoint->https://paris-luttes.info/communique-du-cra-2-de-mesnil-11454.
Soyons nombreux-ses à exprimer notre solidarité !

Jusqu’à danser sur les dernières cendres de retention et de prisons…

Des nouvelles du Mesnil en lutte, une histoire parmi d’autre

Coups de fil du jeudi 11 janvier 2019, des copains veulent faire sortir des histoires. Alors on relaye.

D’abord je voudrai parler d’un gars qu’est devant moi.

Mon pote il est malade, il est cardiaque. Toute sa famille est en france, son seul problème c’est celui des papiers. Et ca c’est la préfecture qui lui refuse année après année.

Aujourd’hui il a demandé à aller à l’hôpital ils l’ont emmené, escorté et menotté. Ils se sont mis devant la porte de l’hôpital George Pompidou (Meaux). Comme un vrai terroriste. Même le médecin de l’hôpital, D., s’est plaint du traitement des policiers.

Ici, l’infirmerie elle donne juste des dolipranes, ou des trucs psy. Si il rate le rdv de 14h avec son fils, le gars en face de moi il a pas son traitement.

En plus le gars vient de me dire qu’on lui donne pas ses medocs, on lui donne pas les medocs prescrits par le docteur. On lui donne d’autres medocs. Il lui donne des génériques moins chers.

A cause des médicaments qu’ils lui ont donnés il a eu des problèmes. Mais du coup tous les jours son fils lui fait la visite et lui ramène des medocs mais l’infirmiere lui donne pas..

Puis pour parler de l’intérieur : ca fait deux jours que les toilettes sont bouchées. Quand je me suis plaint à la Police, on m’a dit « demande à tes amis d’arrêter de boucher les toilettes ». Les cellules sont crades, le ménage est pas fait tous les jours (une fois par semaine dans les chambres, couloirs tous les jours). La douche c’est dégueulasse.

Même la bouffe pour chien est meilleure que nous ce qu’on bouffe.

Au centre de rétention,même on a pas le droit de ramener de la bouffe dans les visites, on peut pas cantiner a l’offi, on peut pas acheter du shampoing. Si tu t’es pas fait arrêter avec du shampoing bah t’es dans la merde. Ici le shampoing du CRA il sert a rien. Même mon chien je le lave pas avec.

Nos vetements ils les lavent avec de l’eau. On les met à la laverie tous ensemble. Donc si un de nous a la gale.. on l’aura tous. Parce que quand nos vetements ils nous les rendent ils sentent toujours mauvais.

L’offi ils sont toujours en retard et ca finit toujours plus tôt que c’est annoncer -16h au lieu de 18h30.

Pour la cantine : normalement c’est à 7h, mais ca à jamais commencé a 7h pile y a toujours 10 ou 20m de retard. Mais 7H30 ensuite si t’as 5m de retard, on te dit là « c’est chaud ca va fermer, aller presse-toi et la prochaine fois tu viens à l’heure ! ».

Une fois le gars en face de moi il a demandé un verre d’eau pour prendre ses medocs, on lui a refusé.

Une fois, mon co il a commenca a pleuré tellement il a mal (crise de foie). Il voulait pas l’emmener à l’hôpital. Après le départ des infirmiers, on a du appeler les pompiers. Les pompiers au début voulaient pas trop venir ils ont proposé aux keufs de l’amener à l’hopital.

Avant de pouvoir partir il à du gueuler, taper au mur etc.. faire tout un film pour qu’il parte.

Et en plus, si on avait pas appelé les pompiers il serait jamais parti. Après, ils ont cherché à savoir qui avait appelé les pompiers.

« Qui a appelé ? Qui a appelé ? » On leur a dit personne, juste y a un malade, faut l’amener.

Moi j’avais une tubeuse, je l’ai ramené avec moi dès mon arrestation. Après la fouille, on m’a autorisé à la prendre avec moi. Après y a eu une fouille y a une semaine où ils ont tout retourné, tout démonté. Et là on me dit c’est interdit la tubeuse. D’où tu changes la loi en 3 semaines ?

Les policiers  » ils disent ouai ca pue ca pue ».

Ils lavent pas nos vetements leurs savons sert a R et apres ils disent on pue ?

Avant la grève de la faim ils fermaient la porte a 20h. Maintenant ils re-respectent la règle. Mardi soir on a manifesté et depuis c’est à nouveau 22H comme quand je suis arrivé.

Aujourd’hui ils ont ramener une meuf avec son fils de 3 mois… et son fils est malade.. ils l’ont mis en centre de rétention..Aujourd’hui je l’ai vu dans le couloir j’ai eu le coeur brisé. Je l’ai vu dans le couloir j’ai joué avec le petit..Qu’est ce qu’elle a fait ? Elle est pas humaine ? Elle est pas née en France c’est tout.Ils mettent un petit de trois mois en prison. Il va devenir quoi ? C’est sûr pas président..

Y a des choses qui font mal…

Ici, il font des vols cachés… ils attachent comme des chiens… ils scotchent.. j’ai vu des trucs ca choque. Je connais un gars, le 45e jour ils l’ont amené de force.. cagoulé, casqué scotché de la tête au pied…

Le copain il est grave malade… il peut pas prendre ses medocs au bled.En plus ils l’ont amené de manière illégale. Normalement il a fait sa demande d’asile pour annuler le dernier vol, normalement ils doivent attendre.. la ils ont pas attendu la réponse ils l’ont emmene quand meme.

Sans parler bien sûr des flics, c’est pas tous, qui essayent de nous provoquer. Toujours. Tous les jours. Y en a des sympa mais y a des groupes. Ils te mettent une etoile sur ton nom. Genre dangereux à surveiller, genre comme si t’as une fiche S. Et ca ils les emmènent de force.

Le gars en face de moi, ils l’ont ammené au juge menoté.. il a parler au juge menoté. C’est un père de famille.. sa fille est comptable mais ici ils s’en foutent, genre il est extrêmement dangereux.

Y a aucune activité, t’as le droit à rien. Il te donne une nourriture, elle est pourrie. Et t’as pas le droit de faire sortir la nourriture. Tout reste à la cantine. Si t’as besoin de quelques chose va l’acheter mais ici tu peux rien faire rentrer.

Les infirmieres là je leur ai dit j’ai plus de lunettes elle me dit « tu peux prendre un rdv d’ici un mois,un mois et demi »Je portais mes lentilles quand je me suis fait arrêté.. forcément je les ais pas récupéré elles sont a l’hotel..

Aujourd’hui ils nous ont ramené de la purée sec.. on l’a jeté. Tu sais qu’y a plein de religions.. Nous on jette on mange rien on mange que des salades. Un plateau par personne, t’as pas le droit d’ajouter quoique ce soit. 2 petits pains.. Juste on te garde vivant..

Normalement ca continue..