La police est raciste, la police est sexiste : témoignage d »une prisonnière dans le CRA de Mesnil Amelot

La police, dans les CRA comme partout, est raciste : les prisonniers et les prisonnières des centres de rétention le savent très bien, et le racontent tout le temps. Mais les meufs enfermées dans ces prisons pour étrangères, dont la parole sort beacoup moins, parlent aussi du sexisme quotidien des flics : les régards, les rémarques… le pouvoir des keufs dans les sections réservées aux femmes, comme à Mesnil Amelot par exemple, est encore plus oppressant, mais des solidarités se tissent pour résister à la police raciste et sexiste.

Dans ce témoignage, une copine prisonnière parle de tout ça, mais aussi de l’OFII, qui est présent dans les CRA. Dans sont site internet, on peut lire que « l’OFII exerce également une mission d’information, de soutien et d’écoute des étrangers dans les centres de rétention administrative (CRA). Dans ce cadre, des aides matérielles leur sont apportées afin d’assurer l’organisation de leur départ et faciliter leurs conditions de rétention. »  Une manière créative pour dire que l’OFII collabore avec la police

Face à tout ça, face aux morts, aux violences policières et aux collabos dans ces prisons pour sans-papiers, quoi faire? Une assemblée publique aura lieu mardi 3 décembre, ouverte à toustes celleux qui veulent lutter pour la disparition des CRA. Organisons la riposte !

Vandalizan en Chihuahua monumentos previo a marcha # ...

L’OFII

« La femme de l’OFII parfois pose des questions bizarres, comme si elle était une inquisitrice. Elle juge les gens trop vite tu vois ? Je pense qu’elle bosse avec les flics, elle essaie de retirer des infos de nous et tout ça.

Elle pose beaucoup de questions : « Pourquoi tu fais ci, pourquoi tu fais ça »… parfois ils [les salarié.e.s de l’OFII] prennent beaucoup de temps pour parler avec les gens de n’importe quoi, alors que les autres attendent à l’extérieur pour rien, et arrivent pas à acheter les cigarettes.

La police

Les flics ont beaucoup de mots mal placés : il y a des filles marocaines, ils disent « T’es sure que t’es roumaine ? T’es sure que t’es pas une voleuse?« .

Y a d’autres remarques aussi. Une albanaise est venue me dire : « Je suis mal à l’aise, y a un flic qui me dit des choses mal placées ». Du coup je suis allé le voir, et lui tu sais ce qu’il m’a dit? « C’est quoi, t’es jalouse parce que toi aussi t’en veux de moi? ».

Beaucoup de policiers font beaucoup de remarques sexuelles perverses, surtout à moi parfois.

Les conditions de retention

Hier il y avait un jeune de 16 ans avec la mère, après il a été libéré. Mais parfois y a des gamins de 6 mois, de 8 mois, comme ça.

Par rapport au médecin, je ne suis pas d’accord par rapport à certaines choses. Et la nourriture, il y a des gens qui ne peuvent pas manger certaines choses mais sont obligés de le faire.

Mais l’Etat il prend de l’argent pour nous non? Avec cet argent, il faudrait au moins améliorer les conditions des gens ici. »

dispo en affiche :

Témoignages des camarades en grève de la faim à Mesnil

Témoignages sonores des camarades en grève de la faim au CRA de Mesnil Amelot, pendant l’émission Actualité des luttes de mercredi 20 novembre.

MOUVEMENT DE GREVE EN CENTRE DE RÉTENTION

Mise à jour de la situation à Mesnil : après 4 jours de lutte, la grève de la faim a été suspendue. Après avoir joué à l’apaisement, les keufs ont changé d’attitude : maintenant ils menacent et mettent de coups de pression aux camarades. Fouilles des chambres et fouilles à nu, interdiction de la cour et d’accès à la Cimade (l’association qui opère dans le centre)…

Ne laissons pas les flics faire leur sale boulot de représsion et d’isolement !

Soyons solidaires avec les prisonniers qui résistent !

Témoignage de résistance (réussie!) à la déportation

On publie le récit d’un prisonnier d’un CRA francilien qui raconte la manière dont il a résisté, avec succès, à sa tentative de déportation vers le Soudan.

En plus des violences policières qu’il dénonce, son témoignage fournit quelques conseils pour les personnes menacées d’expulsion dans les différentes prisons pour étrangères (par exemple, le fait d’essayer de garder la calme jusqu’à quand on est dans l’avion, et seulement à ce moment-là crier et se faire entendre par les autres passagers-ères, de manière qu’iels s’opposent à la déportation, en se levant debout et en demandant au pilote de ne pas décoller).

Et enfin, une bonne nouvelle : le camarade, après presque 90 jours de rétention et le refus du vol, a été libéré !

A Week of Action Against the Deportation Machine - UK ...

« Monsieur le procureur,

Je voudrais porter à votre connaissance les faits suivants.

Le 30 Octobre la policiers sont venus me chercher dans ma chambre du centre de rétention à 9h. J’étais allé aux toilette, j’ai été interpellé devant les toilettes et ils m’ont demandé d’aller rassembler mes affaires.

J’ai été fouillé, on m’a posé des questions sur l’asile et ma nationalité, et on m’a annoncé qu’on allait m’emmener au Soudan.

Je suis arrivé à l’aéroport et je n’ai pas subi de violences jusqu’à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. J’ai été reçu par 5 policiers en civil et un avec un policier en uniforme. Ils m’ont proposé de prendre des cachets sans m’expliquer ce dont il s’agissait et m’on proposé une bouteille d’eau pour les boire. J’ai refusé de les avaler.

Ils m’ont escorté vers l’avion.

Trois agents m’ont installé dans l’avion et m’ont menotté et recouvert d’un drap rouge pour me cacher des autres passagers. Il n’y avait encore personne dans l’avion. A ce moment, j’avais un policier à ma gauche, un à ma droite et un devant. Deux autres discutaient avec le capitaine.

Les passagers sont arrivés et je hurlais et je pleurais, les policiers ont alors commencé à me frapper. J’ai reçu des coups de poings et ils m’ont étranglé. J’ai surtout été frappé à la tête.

Ensuite je n’ai pas tout compris et entendu mais j’ai vu le pilote parler avec les officiers, et il a refusé de me laisser prendre l’avion notamment à cause de la violence que j’ai subi devant tout le monde.

Les policiers m’ont fait sortir de l’avion. J’ai continué d’être frappé et j’ai été insulté « suce ma bite » « ferme ta gueule » « fils de pute » dans la voiture qui m’emmenait au poste de police dans l’aéroport. J’ai été frappé à la tête et étranglé pour m’empêcher de crier.

J’ai été emmené dans un poste de police dans l’aéroport pendant deux heures et j’ai été frappé par deux des trois policiers.

Tout au long de ces moments, j’ai protégé mon visage avec mes bras en criant que je respecte la police.

Après j’ai été emmené au centre de rétention.

Je n’ai pas pu voir de médecin à mon retour au centre. Je souhaiterais être emmené au commissariat pour porter plainte. Je souhaite voir un médecin. J’ai conscience que tout propos mensongers est puni par la loi. »