Lettre d’un prisonnier de Vincennes

Les violences policières sont quotidiennes dans les prisons pour sans-papiers. On a déjà beaucoup relayé ici des plaintes contre la police, des témoignages racontant ces mêmes violences.

On relaye ici une lettre du vendredi 04 octobre écrite par un prisonnier du CRA 1 de Vincennes !

Je viens de me faire insulter pour la 8e fois en une semaine, ce qui est fréquent au CRA 1 du centre de rétention de Vincennes. Mais cette fois-ci, le 3 octobre, en montant les escaliers 4 policiers me croisent, 3 femmes et 1 homme grand de taille (1m90 environ, métisse). L’une d’entre elles me croise du regard et dit « il a quoi ? » puis me dit en se retournant « vas-y monte grosse merde ». Par la suite j’ai voulu en savoir plus en me rapprochant, c’est là où le policier m’a pris brusquement et m’a fait tomber des escaliers, quelques témoins sont venus s’interposer pour éviter le pire. J’ai pu me relever et le policier m’a étranglé en me poussant contre le mur qui mène de la salle du réfectoire à la salle de l’accueil, puis m’a fauché et c’est là où il y a eu plusieurs policiers sur les lieux. J’ai reçu des coups sur le bassin et surtout sur la tête, après ça j’ai perdu du sang et je voyais flou mais je n’avais pas perdu conscience au départ. Une fois en isolement, j’ai demandé des soins, le policier qui m’avait frappé disait « je m’en bas les couilles » comme au début (aux escaliers). Ce n’est qu’après et une fois que les autres policiers sont arrivés que l’on m’a conduit à l’infirmerie, on m’a fait les premiers soins puis on m’a suggéré d’aller à l’hôpital, j’ai dit que je voulais rejoindre ma chambre. Une fois dans ma chambre j’ai perdu connaissance après 20 ou 25 minutes, c’est là où j’ai demandé à aller à l’hôpital, j’espère que vous prendrez en considération cet écrit pour que ce genre d’injustice ne se reproduise plus, car les policiers sont sensés représenter la loi et non user de l’autorité policière par rapport à des humeurs personnelles. Veuillez recevoir mes salutations. 

 

 

Pour rappel en IDF des personnes s’organisent contre les centres de rétentions: RDV tous les mercredi a 18h au CICP (21 ter rue Voltaire, métro ligne 9).

Solidarité avec tou.tes les prisonnièr.e.s !

Des lettres de prisonniers enfermés au cra de Vincennes en IDF

On relaye ici trois lettre de prisonniers enfermés au CRA de Vincennes.

19/09/2019

Je m’appelle D.H. Je suis au centre depuis le 15 août 2019, je suis venu avec une bonne santé et maintenant je suis pas bien du tout.
Je prends des médicaments que mon corps support pas.
J’ai eu quelques mauvais comportements par certains agents du centre.
J’ai eu une hospitalisation ce mercredi pour une maladie grave, pour l’instant je n’ai eu ni de vol ni de liberté, je suis très fatigué physiquement et moralement, tellement y a beaucoup de stress je souffre et je pense trop.
Même la nourriture n’est pas bonne du tout, les conditions d’hygiène du sanitaire (toilettes, douches) très dégueulasses.
Par contre j’ai eu une longue garde à vue sans traducteur, ni médecin, la police m’a arrêté pour rien du tout, je marchais normalement sans aucune erreur ou bêtise.
Dans ce centre c’est la galère, c’est la souffrance, c’est la misère, les conditions de vie sont insupportables et invivables.
Je suis venu dans le bateau jusqu’en Italie, j’ai vu des morts dans le voyage en mer.

20/09/2019

Je suis au centre de rétention depuis mi juillet 2019, je m’appelle B.B., j’ai eu des problèmes dans le centre, j’ai fait des réclamations pour de raisons de comportement.
Je suis pas libre dans ce centre, il y a du bruit dans le centre, j’ai une grande manque de soleil.
Logiquement je devrai retourner en Hollande (là où ses empreintes ont été prises) mais le juge veux m’envoyer en Algérie.
Concernant la nourriture, je mange pas bien, c’est une nourriture qui n’a pas de goût. Il manque les moyens de recréation.
J’ai fait une évasion, j’ai pas pu récupérer mon argent et mes vêtements (quand il a été chopé et remis en rétention).
Pas de consignes d’hygiène (toilettes, douches). L’eau est pleine de calcaire.
Je veux quitter le centre avec tous les moyens mais sans violence.
Je veux de l’aide de votre part, il y a la galère dans le centre, je veux du soutien.

18/09/2019

Je suis au centre depuis environ 2 mois. J’ai passé cinq jugements. Je ne suis ni libre, ni proposition de vol. J’ai eu des difficultés dans le centre avec quelques agents.
Je travaille, avec des fiches de paie, mais malheureusement la préfecture de police refuse ma demande au séjour.
J’ai pensé aux évasions parce que les conditions de vie sont dures. On trouve dans le centre des malades, la nourriture est médiocre, que des produits en plastique.
On est menotté pour des visites et pour le coffre.
J’ai pas de problème en France, c’était juste pour une vérification de papiers d’identité en partant au travail. Je travaille dans le domaine du bâtiment depuis presque 2 ans, je veux être libre pour retourner à mon travail.
Parfois le distributeur de monnaie ne fonctionne pas.
Merci pour votre attention et pour ce que vous pouvez faire pour nous.
Je suis arrivé au centre début septembre.

Solidarité avec les prisonniers de Vincennes et partout ailleurs

récit des révoltes aux CRA Rennes et Rouen au printemps 2019

Au centre de Oissel y a plus d’un mois une grève de la faim réprimé se transforme en révolte : résultat 8 cellule sur 12 rendue inutilisable. Cette révolte est passée sous silence partout.. sauf dans le CRA de Rennes où une dizaine de prisonniers de Oissel ont été transféré suite à la révolte.

Suite à un vol caché violent des prisonniers du cra de Rennes se révolte et y foutent le feu.. La répression ne se fait pas attendre, déjà 4 d’entre eux ont pris du ferme.

Là au centre (de Oissel près de Rouen) il doit y avoir 4 chambres. En tout y en avait douze. Mais j’crois y a deux trois mois ici ils ont fait une grève de la faim, ils ont démonté les chambres ils ont démoli tous les lits. Là il reste 4 chambres. Chaque chambre c’est 6 ou 8 personnes. Donc là on est ptet 30 ouai… On est quatre chambres, y a deux chambres où la douche elle marche pas.

Bah en fait depuis ça (les grèves de la faim), moi j’étais au centre de rétention de Rennes, je suis rentré le 26 là bas. Et y ‘avait des mecs ils étaient ici à Rouen, ils avaient fait la grève de la faim et tout ça. Yen avait 10 ils les ont tous transférés. Ya 10 personnes ils les ont transférées à Rennes. Et c’est là bas j’ai appris ils avaient fait la grève de la faim et tout ça.

Et moi quand ils m’ont transféré de là bas (Rennes), c’est parce qu’il y a eu un incendie. Et ils ont scotché un mec. Tu sais comment ils font. Ils rentrent dans ta chambre. Ils viennent le soir hein. Ils voient si tout le monde est là. Ils font l’effectif à minuit et ils repassent à deux heures voir si t’es bien dans ta chambre.

A quatre heure du matin ils sont rentrés et à ce qu’il parait ils m’ont dit, moi je sais pas j’étais pas dans le même bâtiment, à ce qu’il parait ils s’apprêtaient à faire la prière. Ils sont venus sur lui, ils se sont jetés sur lui. Une éponge dans la bouche pour qu’il se morde pas la langue, un casque de boxeur sur la tête, pour qu’il se tape pas la tête sur les murs, et menottés par derrière, et scotché menotté les pieds, le mec il touchait pas le sol.

Moi j’ai entendu les cris et tout ça j’étais pas dans le même bâtiment. Il touchait pas par terre le mec. Son vol il a commencé là où il était en fait.

Et les mecs qui étaient avec lui, ses binômes, ceux qui dorment avec lui, ses co, ba ils étaient enragés je crois. Ils ont foutu le feu, devant les caméras.

J’étais en contact avec un tunisien là bas et il m’a dit ils ont pris deux ans deux ans et un an. En plus le Tunisien avec qui je parlais hier il a pris l’avion. Il a dit franchement moi je rentre.

Les mecs ils ont mis le feu, ils ont brûlé les matelas tout ça. Parce que les mecs ils ont brûlé le feu, c’était à l’extérieur. C’est pour dire. A l’extérieur…

Alors les mecs ils ont commencé à foutre le feu dehors, devant les caméras. Je te dis ça parce que vraiment les gens qui prennent deux piges deux piges une pige c’est compliqué tu vois. Ils ont pris deux piges pour ça. Pour avoir brûlé des matelas dehors. Ca veut dire y a rien qui brûle.

Les keufs t’as vu ils sont arrivés, ils ont sorti l’armurerie. Les matraques, les gaz. Ils ont mis les personnes accroupies dans un coin là bas et puis ils les ont dispatchés dans les autres bâtiments. Et la nuit les gens ils ont pas dormi. Parce que les autres bâtiment y a dix personnes ils sont blindés. Ils ont passé une nuit blanche dans la salle télé.