S’opposer aux déportations : résistances quotidiennes au CRA de Vincennes

On le répète souvent : les résistances dans les prisons pour sans-papiers sont quotidiennes, tout comme les violences des keufs et la repression. Un copain du CRA de Vincennes a appelé pendant l’émission de l’Envolée du 19 décembre pour raconter quelques épisodes qui ont eu lieu il y a trois semaines : un séjour en garde-à-vous à cause du refus de voir un consul (c’est le consul qui signe les laissez-passer grace auxquels les prisonniers-ères sont expulsé.e.s) ; une « nuit blanche » où des prisonniers solidaires ont tenté d’empecher des expulsions ; un groupe de prisonniers qui déchire sa carte du CRA en signe de protestation…

Voici la retranscription de la discussion durant l’émission qui est disponible plus bas :

-Bonjour. (intervenant)

-Salut. (animatrice)

-Je suis au CRA de Vincennes, à Paris. J’ai parlé avec des gens m’ont proposés de parler avec vous.  Seulement pour raconter un peu de mon histoire et tout ce que j’ai remarqué dès le moment où j’étais prisonnier dans ce centre-là. (intervenant)

-Çà fait trente jours que tu es dans le CRA ?  (animateur)

-Oui c’est ça monsieur, ça fait un mois que je suis là.  (intervenant)

-Et dernièrement ils ont voulus te faire voir le consul,  peut-être que tu voulais raconter d’autres trucs avant ? (animateur)

-Voilà, c’était la première fois que l’on m’a appelé pour voir le consul. J’ai accepté mais la police s’est trompée et ils ne m’ont pas ramenés à l’ambassade de mon pays d’origine. Voilà, j’ai accepté de passer à l’ambassade de mon pays d’origine. Avec la police pas de problème jusqu’à ce qu’on soient entrés dans l’ambassade de mon pays d’origine. J’étais devant le consul, qui m’a montré le dossier que la préfecture lui avait transmis. Il m’a montré tout le dossier et à l’intérieur il y a quelque chose qui m’a choqué.
Après ça j’ai décidé de refuser tout les rendez-vous (consulaires) que l’on pourrait me proposer après. Pourquoi ? Je vais te dire pourquoi. J’ai remarqué que dans ce dossier il était écrit que j’avais déposé une
demande d’asile (en France). Depuis ma demande d’asile ça fait presque deux ans que je vis en France.
Au bout de deux ans on a refusé ma demande. J’ai déposé un recours pour ma demande mais je n’ai pas reçus de convocation avant D’être arrêté à Paris. J’ai été placé en garde-à-vue au commissariat. Dans le
commissariat on me dit : « vous avez une OQTF  monsieur ». Je leur ait répondu que non je n’avais pas d’OQTF. Après j’ai été transféré au centre, ça va, la nourriture n’est pas bonne mais c’est pas grave. Au
vingt-huitième jour on m’a programmé une visite à l’ambassade. Mais je savais que nous les demandeurs d’asile avons le droit, même si l’État refuse notre demande d’asile ici en France, qu’au moins il ne révèle pas à notre pays d’origine que l’on a demandés l’asile. Ca risquerai de créer des problèmes si jamais on retourne chez nous.

Si on rentre chez nous automatiquement il y aura un contrôle à l’aéroport de notre pays d’origine et on nous demandera pourquoi on a déposé une demande  d’asile, pourquoi on est pas bien dans notre pays. Vous imaginez comment ça se passe dans les pays en Afrique en général.

C’est pas comme en Europe. Vous le savez et tout le monde sait ça. On va vous dire que vous êtes contre votre État, que vous êtes contre votre gouvernement, on va te créer des problèmes si toi tu n’as participé à rien. Quand votre état d’origine sait que vous êtes un
demandeur d’asile dans un État étranger ça va vous créer beaucoup de problèmes. (intervenant)

-Et là tu as vu qu’en fait cette demande d’asile dans le  dossier du consulat ? (animateur)

-Oui tout à fait mon ami. La troisième fois j’ai refusé d’aller au consulat, alors ils m’ont placés en garde-à-vue. Je suis passé devant un tribunal pour cette affaire là, ils m’ont fait lire un papier comme quoi
je risquai trois ans de prison parce que j’ai refusé de d’aller à l’ambassade. Ça n’est pas normal de faire trois ans de prison parce que tu as refusé de voir le consul. J’ai trouvé que c’était bizarre. Ils ont d’autres manières de connaître mon identité, ils n’ont pas besoin de m’amener à l’ambassade. (intervenant)

-Parce qu’en fait ce qu’il faut rappeler c’est que quand l’état français décide d’expulser des gens il faut qu’il y ait un accord de la part du pays dans lequel les personnes sont renvoyées. C’est pour ça qu’il y a
besoin de faire toutes ces démarches auprès du consulat. (animateur)

-Dès le moment ou je suis au commissariat, automatiquement ils ont mes papiers, mes empruntes, ils ont toutes les preuves (de mon identité). Ils ont mon adresse, mon dossier de demande d’asile. Ils ont beaucoup de preuves et n’ont pas besoin de passer par l’ambassade. Même s’ils ont le droit de m’amener à l’ambassade, au moins qu’ils ne mettent pas dans le dossier comme quoi je suis un demandeur d’asile. Et comme ils ont refusé ma demande ils n’ont pas à prévenir mon pays d’origine. Au moins. On est venus en France parce qu’on est déjà en danger. Peut importe quel danger, mais en plus ils vont nous causer de gros problèmes. Au moins qu’ils ne nous mettent pas en danger en disant : « ce monsieur il n’a pas de papiers, il n’a pas le droit de rester, c’est pour ça qu’il faut qu’il quitte la France ». Ça va, on peut rentrer tranquillement selon eux mais on ne peut pas imaginer les problèmes qu’on va rencontrer en rentrant. (intervenant)

-Ça ne justifie pas que l’on renvoi qui que ce soit mais bien sur c’est encore pire de renvoyer quelqu’un dans ces conditions. Alors que tu te protégeais en allant pas au consulat, les keuf te foutent en garde à vue ! (animatrice)

-Après la garde à vue ils m’ont amenés au tribunal de Clichy et après devant le juge. Il m’a dit : « pourquoi vous avez refusé d’aller au consulat ? Vous ne voulez pas partir ? ». J’ai répondu que non je ne voulais pas partir. J’ai des problèmes et en même temps la  préfecture de police de Paris va encore me rajouter des problème. J’ai dit que le jour où j’ai demandé l’asile à l’OFPRA, la préfecture m’a donné une brochure avec mes devoirs et mes droits. Dans mes droits il y est écrit que si ma demande est rejetée mon état d’origine ne saura aucun détail. La demande reste secrète. C’est entre moi et l’état français, mon état d’origine ne doit pas le savoir. Le juge m’a relaxé, il a reconnu que j’avais des raisons sérieuses de ne pas vouloir me rendre au consulat. (intervenant)

-Ça ne va pas solutionner le problème parce que tu es toujours en CRA. (animatrice)

-Je suis retourné au CRA mais je vous dirai une chose aussi. Ils font des trucs bizarres avec nous. Le jour ou je devais passer devant le juge des libertés c’était le quatre décembre. C’est à dire le jour où ils m’ont placés en garde-à-vue. C’est comme ça que j’ai perdu mon droit à passer devant le juge des libertés. (intervenant)

-Et comme ça tu es obligé de refaire trente jours.  (animatrice)

-Je suis obligé de passer encore trente jours là avant  de voir le juge et pendant ce temps là il peut se passer  beaucoup de choses. Ils ont volés mon droit à passer  devant le juge et avec un peu de chance être libéré, je  ne sais pas mais il faut laisser leur chance aux gens.  C’est un droit.
Le soir ou je suis rentré du tribunal j’ai trouvé un jugement comme quoi j’avais trente jours de plus pour absence. Le juge m’a condamné parce que j’étais  absent puisque à ce moment là j’étais en garde-à-vue.(intervenant)

-Tu ne peux pas faire appel sur ça ? (animateur)

-J’ai fait appel mais ils ont refusés. (intervenant)

-Ils ont refusés alors que tu n’as pas pu te défendre et te justifier. (animateur)

-C’est écœurant de voir ça. (animatrice)

-Et ça n’est pas seulement mon histoire. Il y a plusieurs histoires de ce genre là. Les détails changent mais comment dire, a gauche à droite on entends es gens qui ne connaissent pas bien leurs droits et ils (la police et la préfecture) en profitent pour jouer comme ils le veulent. Ils te font perdre ton temps, ils rejettent tes appels, il y a trop de qui n’est pas prise en compte. (intervenant)

-En plus à Vincennes en ce moment il y a  particulièrement d’actions. Il y a eu des tentatives d’évasion non ? (animateur)

-Oui plusieurs fois. Depuis que je suis dans le CRA, plus de quatre fois. Il y a des gens qui ont cassés le plafond pour sortir. Qui ont cassés des fenêtres pour sortir, les toilettes aussi. Ils ont enlevés les toilettes pour descendre en bas. Mais chaque fois ils se font
arrêtés et ils n’arrivent pas à sortir. (intervenant)

-Il y a eu de la répression après ? (animateur)

-Oui de la garde-à-vue, des garde-à-vue de 48H directe. (intervenant)

-Ils sont jugés directement après ? (animateur)

-Non, non, ils sont transférés dans un autre CRA mais on reste en contact avec eux. Ils restent simplement en garde-à-vue 48H sans rien ajouter à leur casier. Souvent ils font leur garde-à-vue dans une chambre, seuls, à l’intérieur du centre. (intervenant)

-Mais non ?! Ca n’est pas du tout légal. Normalement les locaux de garde-à-vue c’est des locaux bien  spécifiques déterminés par la loi. C’est pas possible. Putain c’est de la folie. (animateur)

-Mais dans le centre de rétention ?! (animatrice)

-C’est pas un problème pour eux monsieur, ils savent qu’on a pas de preuves. Ils cachent tout. Il y a des endroits où il n’y a pas de caméras. Mon ami qui est à coté me dit que c’est pire que la police de chez nous. (intervenant)

-On a de la souffrance ici, on a de la souffrance, camarades. (deuxième intervenant)

-On imagine. On m’a dit que collectivement vous aviez faits des actions pour éviter la déportation d’un de vos potes. (animateur)

-Oui oui on a fait une nuit blanche, on étaient d’accords. Presque une centaine de personnes ici. On était rassemblés dans la cour du centre. Personne ne devait dormir. On a discutés. Après ils ont fait rentrés plus de policiers. Ils ont ramenés 20 policiers, ils ont menacés de nous ont gazés pour nous ont renvoyer dans nos chambres. On a pas bougés. (intervenant)

-Quand vous avez refusés de bouger, qu’est-ce qui c’est passé ? (animateur)

-On a parlés au commandant, il a essayé de nous calmer mais nous on voulaient pas dormir. On reste ici debout. On ne veut pas dormir c’est notre droit. Il a dit : « quand je vais chercher quelqu’un je vais le chercher, je m’en fous de vous. J’ai l’expérience de ça, je peux prendre qui je veux, vous ne pouvez pas m’empêcher de prendre l’un d’entre vous ». Ils ont essayés de nous faire peur mais on a pas bougés. D’abord ils ont seulement sortis leurs gazeuses pour nous effrayer. On est restés solides jusqu’à six heures du matin.  Malheureusement ça n’a pas marché, ils auraient pu êtres plus violents. (intervenant)

-J’ai entendu que d’autres avaient déchirés leurs cartes. (animateur)

-Oui c’est au même moment. La même nuit ou l’on a fait la nuit blanche. Plusieurs personnes ont déchirés leur carte, ils ont dit : « on est déjà sans-papiers alors ça ne change rien ». (intervenant)

-Vous avez raison. Franchement c’est hyper classe toute la solidarité que vous venez de faire avec votre pote. Ça n’a pas marché parce que de toute façon ils sont plus forts mais c’est important de résister de cette manière. (animateur)

-Ce qui est sur c’est que ce problème là , ça ne va jamais se finir. Les gens, même si on les renvois dans leur pays d’origine, au bout d’un moi, deux mois ils vont retourner en France. Le problème c’est que lorsqu’ils reviennent de cette façon là, après ils ne reviennent pas avec de l’amour pour la France. Même s’ils avaient essayés de mener une vie sérieuse, ça change le caractère avec le stress. On quitte notre pays, on imagine que la France c’est un pays bien, un pays de droit, de sécurité, c’est ça qu’on imagine. Mais quand on vient ici, à la fin c’est le contraire. (intervenant)

-Est-ce que ton poto à coté veut parler ? (animateur)

-Je veux remercier pour votre aide à retransmettre  notre parole, ça nous donne du courage, je vous passe mon ami. (intervenant)

-Bonsoir. (deuxième intervenant)

-Bonsoir. (animateur)-Salut. (animatrice)

-Je suis en France depuis onze ans. J’ai fait mes études ici, je suis quelqu’un de bien, j’ai un casier judiciaire vierge. (deuxième intervenant )

-Après on sans fout, même avec un casier tu devrais avoir le droit de vivre ici. (animateur)

-J’ai trouvé beaucoup de problèmes ici. On nous traite comme des groupes de voyous, vraiment dans notre France. Nous sommes ici pour construire notre vie. Je suis avec des voleur ici, avec la police, j’ai pas compris. (deuxième intervenant)

-Oui ben moi aussi je vole, j’ai volé mais ne t’inquiètes pas c’est pas contagieux. (animatrice)

-Ce qui est sur c’est que la promiscuité dans les CRA ça ne simplifie rien. Tu te retrouves à vivre avec des gens que tu n’as pas choisis mais ça ne veut pas dire que c’est parce-qu’ils sont voleurs que tu ne
t’entends pas bien avec eux. (animateur)

-Ici on ne peut pas dormir plus de deux heures trois heures. On ne peut pas fermer la porte et chaque nuit ils nous contrôlent. Chaque fois, chaque fois, chaque fois. (deuxième intervenant)

-Ils utilisent des pratiques qui vous fatiguent moralement, physiquement pour le jour J de l’expulsion. (animatrice)

-Oui c’est pour ça. Et quand tu passes devant le juge  des libertés ta demande est déjà rejetée avant que tu ne sois arrivé. (deuxième intervenant)

-On va devoir passer à autre chose mais continuez à rester solidaires comme vous le faites à l’intérieur. Ne vous opposez pas entre vous soi-disant entre les gentils et les méchants, les voleurs, les pas
voleurs. (animateur)

-C’est ce qu’ils cherchent au final quand même les keufs, à vous diviser. (animatrice)

-Le mieux c’est que vous restiez solidaires entre vous et que vous vous battiez. Plein de force, plein de courage, n’hésitez pas si vous voulez rappeler la semaine prochaine. (animateur)

-Merci vous êtes très gentils. Au-revoir ! (deuxième intervenant)

Voici son témoignage à écouter (à partir de la minute 38) :

EMISSION DU 6 DECEMBRE 2019

« Les yeux sont rouge, la bouche est ouverte » Témoignage du CRA1 de Vincennes du 16 décembre

« Les yeux sont rouge, la bouche est ouverte »

 
Un prisonnier est resté inconscient pendant plus de 14h entre la soirée du dimanche 16 décembre et le lendemain matin. Quatorze heures où les keufs n’ont rien fait sauf bloquer les pompiers.
Comme d’habitude ce sont les prisonniers qui se sont montré solidaire de celui qui était mal. Il aura fallu une visite de quelqu’un de sa famille, pour que les keufs de la police aux frontières qui gèrent la prison appelent les secours.
Puis une journée de galère pour ses proches pour savoir dans quel hôpital il était soigné. Finalement le prisonnier resté inconscient pendant plusieurs heures, est ramené le soir même de l’hôpital… dans le centre.
 
 
Du coup tu voulais raconter un peu comment ça c’est passé pour la personne qui était a l’hôpital hier soir ?
 
Voila… Comme le monsieur c’est un monsieur il est mauritanien mais moi je le connais pas trop il est venu y a moins de deux semaines. Il parle pas avec les gens donc il est tranquille quoi, ça veut pas dire que c’est une mauvaise personne. Mais à un moment donné ça fait trois jours je le vois pas j’avais pensé qu’il avait été libéré. 
A un moment hier  on me dit qu’il est couché donc qu’il est entrain de mourir. Je suis descendu je l’ai vu, les yeux sont ouvert,  la bouche ouverte, comment dirais-je ? Il fait même pas de mouvements donc il a passé tout le temps comme ça là. Après avec les amis on l’a ramené à l’accueil devant la police pour évacuer, pour appeler comment dirais je ? l’ambulance ou les pompiers. Mais bon… Ils ont dit qu’ils ont appelé les pompiers et que les pompiers ont dit qu’ils vontvenir dans 15 minutes. Mais dans 15 minutes ils sont pas arrivé, ni une heure ils ne sont pas venu.
Nous étions obligé de le prendre encore et de le faire retourner dans sa chambre encore. Donc on a passé toute la nuit jusqu’à 3h comme ça, donc chacun passe pour regarder si il vit ou si il vit pas. Donc c’est ça qui était l’obstacle hier ici, jusqu’à aujourd’hui le matin à 9h15 comme ça.
Moi j’ai écouté, ils ont appelé son nom en visite. Mais lui il peut même pas bouger, il parle même pas. Donc après j’ai vu les pompiers sont rentré, On la attaché avec au fauteuil roulant.  On l’a évacué vers quel hopital je sais pas on l’améné. On l’a évacué vers 9h 9h15.
 
Mais comme nous sommes tous des êtres humains si quelque choses lui arrive dans la nuit c’est pas bon. On l’amène à l’hopital dans une heure de temps ca va mais une heure …deux heures … toute la nuit jusqu’à 9h15.. on l’a amené. C’est ça que je connais là dedans. Je veux pas ajouter plus ni moins. Et puis y avait son compatriote lui il était tomber par terre parce que la manière qu’ils ont vu qu’il était mal.. bon tout le monde même moi ma tension elle a  monté j’ai commencé à pleurer. Mais bon tout cela c’est pour montrer que c’est notre frère, on a pitié de lui. Voila c’était ça.
 
C’est à quelle heures que vous l’avez trouvé inconscient ?
 
C’était entre 19h et 20h comme ça.
 
Donc ils ont mis plus de 14h a arriver les pompiers…
 
Oui. Oui jusqu’à 9h-9h15 comme ça, on l’a amené. Nous depuis 19h 20h comme ça nous étions avec lui a l’accueil de la police pour l’évacuer mais ils n’ont pas voulu. C’était ça en fait.
 
Ca c’est passé comment avec les policiers ?
 
Les policiers sont venu mais ne l’ont pas touché. Je sais pas si c’est pas leurs droit, nous nous étions a côté de lui on a fait tout pour lui. Mais les policiers ne l’ont pas touché ils ont appelé les pompiers Ils disaient que les pompiers vont venir dans 15 ou 20 minutes mais ils ne sont pas venu. Nous étions obligé de le faire rentrer dans sa chambre. Nous étions 5 ou 6 personnes et chacun va le regarder toutes les 30 ou 40 minutes. Jusqu’à 3h où tout le monde est partit dormir. Jusqu’à 9h15 quand les pompiers venu je l’ai regardé, il était pareil que quand on l’a laissé le soir.
 
Moi j’ai appelé les pompiers hier, et ils disaient que la police avait dit que c’était un malaise simulé… 
 
C’est quoi ça ? C’est quoi la simulation ? Eux même ils ont dit « Que non, Qu’ils savaient très bien. »  Nous on a fait le tensiomètre, on a regardé sa tension, le corps était souple. On a tout dit ça. Ca c’est pas vrai.
C’est quoi ça? Nous sommes tous plus de 18 ans, nous sommes des matures, nous sommes pas des bébés. On connaît l’état de notre individu. T’as compris? Voila donc c’était pas ça. Nous on a même pensé qu’il est mort. Ou si c’est le problème comme le diable chez nous, on a pensé tout ça mais il était malade vraiment. C’était pas la simulation, c’était pas ça quand même. Je veux pas parler mal les policiers, je veux pas parler mal envers le monsieur ou personne. je veux juste dire la vérité ce que je connais. Voilà .
C’était pas de la simulation, j’étais la bas, le monsieur peut pas se lever peut pas parler. Il a les yeux qui sont partit. Les yeux sont rouge, la bouche est ouverte. On a essayé de mettre de l’eau pour qu’il puisse boire un peu. On a mis l’eau dans sa bouche mais l’eau ne passe même pas. Nous étions obligé de de tourner sa tête pour verser l’eau sur des mouchoirs pour ne pas lui bloquer la respiration, par exemple si il respire avec la bouche. Voila. Mais ce n’est pas de la simulation quand même. C’est grave quand même !
 
C’est chaud qu’ils se permettent de mentir comme ça. Est ce que tu veux rajouter quelque chose d’autres ?
 
Bon moi j’ai pas d’autres trucs à rajouter seulement comme ça… Nous sommes dans la merde on a pas tué quelqu’un, moi je suis vendeur de cigarette j’ai été opéré. Comment dirais je ? on m’a donné un séjour de 6 mois, il est périmé et après on m’a envoyé un OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Donc je travaille pas car les papiers qu’on m’avait donné c’était pour la maladie. On m’a pris on m’a mis ici. Donc j’ai rien fait. C’est ça qui nous étonne beaucoup. Y a des gens ici ils ont rien fait, ceux qui ont fait ça c’est autre chose. Nous sommes des être humains.
Moi j’ai la dette depuis 2017 a janvier 2019. 3000e que je devais à mon logeur. J’ai regardé d’une manière général comment survivre. J’ai commencé à vendre des cigarettes pour payer le loyer de mon logeur et ma nourriture.En faisant ca on m’a attrapé et ça fait un mois et quelques que je suis la.
Peut être qu’ils veulent que je vole ou attaquer les magasins ? Si je fais pas ça comme je peux vivre.
 
Faut bien que tous le monde puisse vivre !
 
Nous sommes pas des bandits, nous aimons le bonheur de la France pour tout le monde effectivement. On veut pas le malheur de la France, on nous considère aujourd’hui comme nous sommes le malheur de la France et ses ennemis. C’est le contraire ! Nous voulons les papiers avec autorisation de travail. 
 
Un deuxième prisonnier prends la parole:
 
Bonjour grand ca va bien ? On voulait, on est la au CRA1 centre de rétention de Vincennes ici là. On veut expliquer ce qui s’est passé hier ici. C’est la vérité.
 
Salut ! Ca te dérange si on relaye aussi ce que tu racontes ?
 
Pourquoi ca me dérangerait ?
Parce que je n’ai rien fait, je suis dans un endroit dangereux. Qu’est ce que j’ai peur ? Mets ça mon grand, j’ai pas peur. 
Dimanche on était tous dans le salon, on regardait le foot un truc comme ça . Et là un ami est venu nous voir. Tout le monde était dans le salon. Le gars il est encore vivant, lui n’est pas mourir. Il est tomber comme ça. Mais les policiers même ils veulent pas le toucher, ils veulent pas l’aider. Ils disent si nous on peut l’aider.Nous on prends lui on le ramène dans l’infirmerie. Déjà c’est pas notre travail à nous. Parce que c’est pas nous qui l’avons ramener ici. On l’a rencontré ici. On est de tel ou tel pays. On fait union ici, nous on est ensemble.
Nous on a beaucoup aidé lui, on a ramené les mouchoirs tout ça. Tout le monde est témoins de ça. De base eux il veut pas dire la vérité à vous. Ils vont dire autre quelque chose qui n’est pas clair.
 
Nous qui est la aussi ce que nous on peut expliquer c’est ça ! Ils l’ont pas touché, même si en une minute ils peuvent sauver sa vie. Si y a quelqu’un de fatigué comme ça tu le laisses et souffrir souffrir même si il doit sauver sa vie, il va mourir.  
Ici moi je voulais parler de ce qu’ils font avec les immigrés.Quand on te prends dans la rue on te dit « Nan c’est juste pour vérifier les papiers les documents tout ça. C’est rien. » Mais en fait c’est des problemes en vrai. Mais ils vont te ramener ici, ils te traitent comme un animal ou tu n’es plus vivant. Ils vont te traiter comme quelqu’un qui est animal. 
Y a plein de gens qui sont malade ici même mais ils vont pas ramener les gens à l’hopital. Ils mettent les gens malade contre les gens qui ne sont pas maladie. Tu vois ?
C’est pas normal tu connais lui il est malade déjà tu l’amène a l’hôpital. Quelqu’un qui est malade contre quelqu’un qui n’est pas malade, il est content même? La semaine passé. C’est pas qu’hier,. La semaine dernière y a un mec jsais pas si c’était un algérien. Il est tombé et il a commencé à vomir le sang. Il est tombé par terre boum ! Il n’est même pas partit à l’hôpital. 
 
A l’infirmerie ici dans le centre de rétention à Vincennes y a pas un bon docteur. T’es malade il va te donner que le dolipranne. C’est pas le dolipranne qui guérit le corps de quelqu’un. Quelqu’un de malade il doit voir le docteur, il doit l’ausculter, faire radio, faire l’autre chose. Ici quand qqlun tombe par terre, il le donne à l’infirmerie. C’est un policier civil mais eux ils dit tout le monde c’est une infirmerie. C’est pas une infirmerie c’est la police. Mais l’infirmerie ils te font pas une piqure ou une radio. Comment tu vas dire que c’est un docteur ça ? Moi aussi je peux faire. La vie de ma mère je peux faire.  Moi aussi je peux ouvrir une boite de dolipranne et la donner à tout le monde. Moi aussi je peux faire ca.
 Y a des gens qui sont forcés, avec des départs volontaires. Avec des avions cachés ils arrivent à 4 ou 5 personnes pour te forcer à partir sans prévenir que la semaine prochaine tu dois voyager. Tu peux dormir à 5h du matin eux ils te prennent comme ça . A 5h du matin ils te ramenent dans ton pays d’origine.
 
Les français maintenant ils ont l’air d’en avoir contre les africains. Maintenant arriver afrique ils disent qu’ils ont des droits la bas. Mais si les africains font ca contre les français la bas. 
Mais ils demandent pas les francais de titre de séjours, les français arrivent avec leurs documents de france. Ils font ce qu’ils veulent la bas.C’est le gouvernement de l’afrique qui ont pas suivi ce qui passe. Ils ont pas suivi.
 
Y a plein de gens ici ils dorment dans la rue. Les autres ils travaillent vraiment pour gagner leurs vies. Ils ont pas besoin des bagarres ou ils cherchent même pas les problèmes. Mais eux ils regardent pas ça. Moi avant de créer un problème avec eux je regarde la situation de la personne. Non moi je peux pas dire je peux pas le garder ou le soutenir dans la merde. Même quelqu’un qui a rien fait tu sais que c’est vrai qu’il a pas de document
Mais c’est quelqu’un qui cherche le document. Il a pas document, mais tu donnes le document. Si tu lui donnes le document mais tous les immigrés ne sont pas venu de l’Afrique avec les documents.
Tu viens immigrer ici tu cherches les documents. Mais si ils donnent pas les documents comment les immigrés ils vont chercher les documents ?
C’est nous qui construisons l’Afrique c’est pas eux. Ca va pas continuer comme ça. Ca peut pas. 
Si on est ami tu viens tout le temps chez moi mais tu aimes pas me voir chez toi. Comment on va dire qu’on est ami ? C’est pas possible. Et c’est les gouvernements à nous qui ont pas suivi.
Bon je laisse. Merci mon grand, respect à vous. Ce qui se passe ici la vérité, ils disent pas la vérité. Y a plein de gens qui sont malade, qui ont eu des crises cardiaques, des tensions qui montent tout le temps. On va pas tout dire, l’histoire de nourriture on va laisser à côté. Si y a de l’eau à boire déjà c’est bon. Mais tout lemonde peut pas tenir avec le pain sec et un sachet de mayonnaise. Il donne deux sachets, et un sachet de ketchup. Mais c’est pas la nourriture qu’on vient chercher.
On laisse ça a côté. Mais le probleme vraiment c’est comment ils traitent les gens.
Y a pas bon docteur ici. Tu tombes maladie tu vas mourir comme ça. L’infirmerie ici c’est des policiers, ils sont pas la pour aider les immigrés.
Tu pars demander renseignement sur l’association, eux ils disent ils connaissent rien du tout.
Ils disent pas la vérité, ils restent enfermé dans le bureau. Mais si tu connais rien pourquoi tu vas dans ton bureau ? Moi je suis désolé. Des fois le gars il vient avec les documents d’espagne, mais eux ils ramenent en Afrique. Tellement il est pervers. Il les ramene pas en territoire espagnol mais en territoire africain. Déjà c’est pas normal.
Merci beaucoup, y a quelqu’un qui doit rajouter quelque chose. Pour moi c’est bon.
 
Le troisième prends la parole :
 
Je crois ils ont tout dit tout ce qu’il se passait. Il a raconté l’histoire d’hier, il a raconté qu’est ce qui arrive ici en général. Ici ou en dehors de cette prison. Tout ce qu’on pense même nous.
 
 

« Ils ont commencé à mettre le feu un peu partout dans Mesnil-Amelot »: Révolte du 6 décembre au CRA3

 

« Ils ont commencé à mettre le feu un peu partout dans Mesnil-Amelot« 

 
Le vendredi 6 décembre des prisonniers de la prison pour étrangers du Mesnil-Amelot se révoltent et foutent le feu a trois batîments.
 
Pour info: Mesnil-Amelot c’est une prison dans le 77 a dix minutes en bus de l’aéroport CDG. Dedans y a deux cra: le CRA2 et le CRA3, c’est aussi la seule prison d’IDF où l’état peut enfermer des meufs et des enfants.
La prison est collé à une caserne de CRS et à une annexe du TGI (Tribunal de grande instance) construite pour juger à la chaine et plus rapidement les sans papiers enfermé.e.s à Mesnil-Amelot.
 
Le 9 octobre c’était des prisonniers du CRA2 qui avaient foutu le feu à trois batiments. Les keufs étaient intervenu trop rapidement et les bâtiments n’étaient pas assez détruit. La pref a donc continué a y enfermer des prisonniers en attendant les travaux (qui se sont terminé le week-end dernier).
Cette fois çi des prisonniers du CRA3 disent qu’au moins un des bâtiments était temporairement inutilisable, que deux autres enfermaient moins de monde. 
En deux mois les capacités d’enfermement du CRA ont été diminué par les prisonniers en lutte, force à eux face à la répression qu’ils vivent. On n’a pas réussi à savoir si d’autres prisonniers ont été poursuivi ou condamné suite à l’incendie.  
On relaye ici un témoignage d’un prisonnier enfermé dans cette prison, puis transféré suite à l’incendie.
 
 
 
 
Tu peux raconter un peu avant l’incendie déjà ?
 
Avant l’incendie, deux trois jours, un mec il s’est évade. Ils l’ont attrapé loin du cra. 
Après deux trois jours vers 10h du matin truc comme ça, ils ont commencé à mettre le feu un peu partout dans Mesnil-Amelot. Ils ont commencé bat 6 puis bâtiment 3 puis bâtiment 8 après un peu partout. Après est venu les pompiers, un peu pompiers un peu jsais pas les secours. 
Après vazy moi ils nous ont fouillé, ils ont fermé les bâtiments. Ils nous ont laissé dans la promenade presque toute la journée, en plus il pleut vendredi dernier il pleut beaucoup.
Ils nous ont laissé toute la journée dehors après moi je suis partit dans un autre bâtiment. 
J’ai reste avec mes amis, j’étais posé avec mes amis après ils sont venu une vingtaine de keufs de policiers une vingtaine ou une trentaine ils m’ont pris « Viens ! Le chef  il veut te voir !». J’ai dit pourquoi, ils m’ont dit « On sait pas prends tes affaires ».
 Moi j’ai pas pris toutes mes affaires parce que dans ma tête j’allais revenir. Je suis partit avec eux. Fouille a poil, j’avais rien sur moi . Direct ils m’ont mis les menottes ils ont serre bien fort les menottes et ils m’ont mis en garde-a-vue direct. En garde-a-vue ils m’ont montré des photos de moi : j’étais loin de l’incendie. J’ai rien à me reprocher avec l’incendie ils l’ont vu dans les caméras. Quand ils ont fait le feu juste moi j’étais a côté mais j’ai rien avoir avec l’incendie. 
Après ils m’ont transféré au centre de Plaisir. J’ai fait 24 heures de garde-a-vue pour rien.Après ils m’ont ramené à Plaisir. Et depuis que je suis a Plaisir je commence à craquer, parce que là les policiers ils me voient comme un criminel je sais pas quoi. Ils me parlent mal, toujours ils mfont attention à moi, toujours ils me laissent pas dormir. Chaque fois le soir ils me surveillent jsais pas pourquoi j’ai rien fait moi. Jsais l’incendie ca coûte quoi.
 
L’incendie il y a eu lieu quand ?
 
Le matin vers 10h30. Ouai en garde-a-vue ils m’ont dit a partir de 10h30 que ça commence l’incendie.
 
Au début ce que t’expliquais c’est que 3 jours avant y a le gars qui s’est fait peter pour l’évasion donc il devait être un peu vener les keufs.
 
Ouai ils l’ont pris un peu loin du cra il s’est evadé vers 3h du matin un truc comme ça.
La bas il nous traitent comme des chiens pas comme des humains, on est des humains comme eux mais ils nous traitent comme 
On est la juste sans papier c’est tout. Moi avant j’avais travaillé et je travaillais j’avais pas beaucoup de problème. 
 
T’as pas été tout seul à être mis en gav ?
 
Oui j’étais pas tout seul y avait 4-5 mecs. Y en a ils ont ramené au CRA de Mesnil Amelot, y en a ils ont été relâché 4 ou 5 mecs  y a quelques jours, d’autres qu’ils ont transférés dans d’autres CRA.
Moi je parle avec mes gars au Mesnil amelot pour mes affaires (qui sont toujours la bas), il me dit ils ont relâché un tel un tel. 
Moi j’ai balancé personne, j’ai pas vu les gens qui ont mis le feu je peux pas dire de noms. 
Moi ils m’ont transféré ici je suis trop trop loin de chez mes amis. Mes amis ils peuvent pas venir me voir parce que la plupart ils habitent a Panam ou dans le 93 juste à côté. Quand j’étais a Mesnil tous les trois jours j’avais une visite, depuis que je suis la j’ai même pas de visite je suis comme un chien. En plus j’ai laissé mes trucs la bas personne veut me récupérer mes trucs :ni la cimade, ni la policier, ni le greffe, ni la sociale personne. Ils m’ont dit juste tu vas parler avec le chef après ils m’ont envoyé en garde-a-vue. J’ai laissé mes affaires la bas.
 
France terre d’asile ils disent quoi ?
 
J’ai demandé pour recuperer mes affaires que j’ai laissé a Mesnil-amelot, ils me disent envoie ton pote qu’il récupère ca. Sinon ils vont appeler le chef et il va voir. Ca fait presqu’une semaine que je suis la, depuis samedi (on est vendredi). Va voir avec le chef, va voir avec la Cimade, va voir avec la sociale c’est pas notre boulot. Peut être ils vont m’envoyer dans mon pays et j’ai pas toutes mes affaires.
C’est ça ils respectent personne. La bas ils nous envoient tout le temps chier vie de ma mere, même quand on mange ils nous parlent mal comme des chiens.
 
A Plaisir y a de la solidarité entre prisonnier ?
 
Ca va un peu ça va y avait une vingtaine de personne, y a pas beaucoup de gens on dirait qu’on est en prison pas en centre de rétention. On est dans un petit couloir fermé toute la journée et là haut y à une petite promenade . On peut pas fumer le soir moi j’arrive pas à dormir le soir je suis trop stressé j’arrive pas à dormir le soir.. laisse tomber. Je suis pas bien depuis que je suis la. J’ai demandé transfert.
 
Ils disent quoi du coup ?
 
Ils me disent on va voir le chef, on va voir. Jsais pas quoi faire. Moi faut que je fasse quoi ? Jtape quelqu’un ou un keuf pour qu’on me transfère ?
Je parlais avec eux, je commence à devenir fou. Je suis pas bien, on est enfermé.
 En plus il nous prenne la télécommande on peut pas changer. C’est les keufs qui ont la télécommande. On demande il vient avec nous il vient il change après il récupère la télécommande. 
J’ai demandé « Pourquoi? » on m’a dit : « Ouai sinon les gens ils récupèrent la télécommande en cellule ». Y a pas de télé en cellule.. personne va prendre la télécommande.
 
En plus depuis que je suis la que ils me surveillent ils me surveillent. Je comprends pas pourquoi, jsuis pas criminel. j’ai rien a voir avec l’incendie. En plus eux ils sont au courant. Si ils avaient pu prouver pour l’incendie je serai pas la je serai en prison. 
 
Tu trouves qu’ils te mettent la pression plus à toi qu’à d’autres?
 
Que moi que moi. Même tout le monde me dit ça. Wesh ils font quoi dans ta cellule. Tout a l’heure je jouais au domino avec des potes deux keufs ils rentrent dans ma cellule. Après je sors un ami viens me voir et me dis regarde ils sont dans ta cellule. Je vais les voir je leurs dit y a quoi, ils me disent « Non non il manquait juste un truc ».
 
A plaisir y a aussi plein de gens qui ont des problèmes de manque de soins
 
De manque de soin ? Moi j’avais une ordonnance, on me donne pas mon traitement je sais pas pourquoi. Je suis tellement stressé je vais craquer. Je lui ai dit ce matin, je me gratte les pieds je vais craquer. Elle me dit peut etre c’est le chauffage. Elle se fout de ma gueule.
 
C’est l’infirmière qui te dit ça ?
 
Peut être j’ai la gale ou je sais pas. Y a beaucoup de gens a qui je serre la main.
Même a plaisir on est pas bien. On mange pas bien. Moi des fois je mange pas de toute la journée, j’ai maigri de 9kg, j’ai perdu 9kg depusi que je suis au centre de rétention.
 
Ca fait combien de temps ?
 
Ca fait depuis le 2 novembre. C’est trop. Comme la dernière fois je dis a un policier : « C’est quoi cette gamelle ? C’est quoi ce manger ? Nous on mange pas ca c’est trop ». Il me dit « Même nous on mange ça ». Alors il se fout de notre gueule ou quoi ? Les keufs qui mangent la gamelle c’est des clochards, des vrai clochards. 
 
T’es pas obligé de répondre, mais tu peux expliquer comment arriver au CRA ?
 
Y en a ils sont dehors ils se font peter direct. Y en a un il est sortit du travail, direct il est tombé sur les keufs. Il leur a filé son aide médicale ils lui ont dit non pas ça des vrais papier. Il a dit j’ai pas, ils l’ont amené direct en gav puis ici. Il avait rien sur lui, et après 24h de GAV ils l’ont ramené.
 
Nous on est pas des criminels on a rien fait. Les voleurs il les relâche.
 
Je crois pas quand tu vois les consignes de la pref pour les sortant de prison. Le probleme c’est pas ce que t’as fait mais qui t’es. C’est ça leurs delire, moi jsuis pas d’accord avec ça hein
 
Personne n’est d’accord avec ça ! Moi je te dis la vérité, moi ils m’ont ramené de prison direct. J’étais en prison.A ma fin de peine ils m’ont ramené direct. Mais je veux pas trop en parler parce que sinon ils vont parler que de ça. Alors qu’y en a plein de gens qui sortent juste du taf.
 
Ouai après la double peine c’est chaud quand meme !
 
Ouai en plus je vais te dire un truc fréro, j’étais en prison depuis juillet dernier. Depuis 2018 j’ai fait 15 mois à Meaux-Chauconin. Au mois de mars ils m’ont envoyé un quitter le territoire nanana. Normalement ils préparent le laisser passer, je sors ils me renvoient direct. La depuis jusqu’à maintenant j’ai toujours pas de laisser passer.
 
Donc ca fait un ans et quelques mois que t’es enfermé ?
 
J’ai fait 15 mois. Je suis sortir le 2 novembre.  Quand je suis sortit ils m’ont envoyé direct ici.
2015-2017 j’étais a Nanterre.Après ils m’ont relâché pour une erreur judiciaire. Après je suis partit voir la SPIP, elle m’ a dit toi normalement tu devrais être en prison. Elle m’a dit t’as des affaires encore. Après ils m’ont pété. Ils m’ont ramené a Meaux-Chauconin.
 
T’as vu le consulat quand t’étais en prison ?
 
Ouai ouai je l’ai vu deux fois. Mais j’ai refusé de parler avec lui. Mais tu vois la juge elle m’a remis 30 jours en me disant ouai t’as refusé le consulat. Mais a l’époque j’étais en prison pas au cra !
En plus ils m’ont mis un vol le 21 ou le 22 novembre et j’ai pas de laisser passer. Y avait deux trois erreurs dans mon dossier. C’est pour ça je voulais récuperer mes dossiers au Mesnil-Amelot.
J’ai la haine frère j’ai la haine.
On est venu ici pour vivre pour travailler c’est pas pour je sais pas quoi.
 
 
Je sais pas si tu sais mais ça a brûlé au CRA2 au Menil Amelot y a quelques semaines…
 
Moi j’étais pas la bas encore c’était y a un mois un mois et demi. Mais y a un mec avec nous il était la bas au CRA2 mais pas au même moment. Il a fait trois mois a Mesnil, il a fait 4 mois de prison pour avoir refusé de donner ses empreintes. Et la il est la.
 
Y a quelque chose que t’aimerais rajouter ?
 
Je veux qu’on me transfère vers Panam. Je suis pas bien, je suis pas dans ma tete. Allez merci bon courage frère !