Violences policières au CRA de Marseille, témoignages vidéo et audio

Cet entretien a été réalisé avec deux personnes tabassées par le même policier de la PAF (Police aux frontières) fin mars 2021, dans le CRA de Marseille. Elles dénoncent le manque de respect, les moqueries, le racisme et la violence de la part de la police. Elles insistent aussi sur les techniques des autorités pour masquer les preuves : impossibilité de recevoir des soins tout de suite (ou alors sans certificat médical pour attester les blessures), mise au cachot (mitard) des personnes tabassées, suppression par la PAF des enregistrements vidéos des caméras de surveillance, faux en écriture lors du dépôt de plainte, collaboration de Forum Réfugiés (l’association qui gère les aspects juridiques dans le centre) qui poukave les infos aux flics, tentative d’expulsions rapides hors de France des principales victimes… Des vidéos ont pu être prises avec un smartphone, mais les flics tentent de tout faire pour mettre la main dessus (intimidations, fouilles des cellules, menaces).

Les vidéos, l’enregistrement et la retranscription ont été anonymisés. La retranscription écrite essaie au mieux d’être fidèle à l’enregistrement.

Retranscription du témoignage en-dessous.

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Refus de soin, violences policières et luttes dans le CRA de Coquelle

Voici le témoignage (publié en retard) d’un prisonnier du CRA de Coquelle, à 10 km de Calais. Il raconte les violences prisonnières dans le centre, le refus de soin, les tensions aggravées par la pandémie. Mais il parle aussi d’une grève de la faim qui a eu lieu la semaine dernière et qui a subi une forte représsion. On n’a pas plus d’infos pour l’instant.

Les prisonniers et les prisonnières dans les CRA continuent à lutter avec détermination tous les jours. Construisons la solidarité à l’extérieur pour en finir avec les CRA !

a bas les cra !

 » Avant j’étais à la prison de Maubeuge, j’ai fait ma peine, j’ai une carte de séjour, un permis de conduire français, une femme, un acte de mariage français, deux enfants ici. Mais quand je suis sorti on m’a emmené au centre de rétention pourtant j’ai des enfants français.

Au TA (tribunal administratif) ils ont annulé mon IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) mais pas mon OQTF (obligation de quitter le territoire français), ça sert à quoi. Alors je suis toujours là.

Pourtant avec l’épidémie qu’il y a aujourd’hui, on peut pas nous expulser. Y a plein de gens ici avec moi ils ont fait 3 mois le max et puis ils sont sortis, aujourd’hui les frontières elles sont fermées. On comprend pas qu’est ce qu’on fait la encore. Y a des gens ils les ont ramené pour un simple contrôle d’identité le gars, il était tranquille il a pas de papiers, mais il a un contrat de travail, il a pas de casier. Ils les ont ramené là et les policiers ils leurs font la misère. Un policier il a dit ta gueule à un gars parce qu’il comprend pas le français, il dit ferme ta gueule, c’est grave ta gueule. Il dirait pas ça à un français.
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Témoignage d’Aly, enfermé au CRA de Lesquin – « C’est pas facile de rester comme ça sans rien ! »

Les ami.es du Nord nous ont envoyé cet entretien avec Aly, prisonnier au CRA de Lesquin.  On le publie ici.

Du coup pour commencer, si ça te va, tu peux peut-être te présenter ?

Ah d’accord, je m’appelle Aly. J’ai vingt ans. Je suis venu en Europe depuis 2016 avec un monsieur qui m’a aidé pour venir. Dès qu’on est rentré en Italie, c’est lui qui a fait toutes les démarches par rapport à l’asile mais moi je ne savais pas qu’il avait demandé l’asile pour moi. Ils m’ont pris mes empreintes sur la machine. J’ai demandé pourquoi, ils m’ont dit que c’était pour savoir le nombre de personnes qui rentrent en Italie. Ils m’ont pas dit que c’était pour une demande d’asile, moi je ne savais rien de tout ça. Je suis arrivé en Europe à l’âge de 15ans. Je ne suis même pas resté plus de trois semaines en Italie après je suis venu en France. À la gare, un monsieur m’a dit qu’il connaissait une association qui s’occupait des enfants, qui s’occupe des mineurs et il m’a montré là-bas c’est EMA [Évaluation Mise à l’Abri, chargée de l’évaluation des mineurs non accompagnés]. J’ai été accepté et après j’ai été transféré à Valenciennes. Là-bas j’ai fais deux ans de CAP. J’ai eu le diplôme et après j’ai fais encore un an de CAP plomberie. Maintenant je suis en train de terminer mon Bac Pro en finition de bâtiment. Donc ça fait cinq ans que je suis en France et personne ne peut dire que j’ai fait des choses de mal. Depuis que je suis ici moi j’ai seulement été à l’école parce qu’en Guinée ma mère n’avait pas de possibilité de m’envoyer à l’école. Quand je suis arrivé ici et que j’ai pu aller à l’école, je me suis fort motivé. Moi j’ai envie de rester en France. Quand on est jeune, l’éducation c’est très important. Maintenant la question c’est de me libérer pour que je continue mon Bac Pro.

D’accord, et tu peux nous expliquer un peu comment tu t’es retrouvé au centre de rétention ?

Oui la première fois qu’on m’a arrêté c’était fin 2020. J’étais en train de quitter le stage, ils m’ont arrêté devant la porte. Ils m’ont amené au centre de Calais (Coquelles). Après je suis passé devant le JLD [Juge des Libertés et de la Détention] qui m’a libéré avec une assignation à résidence. J’ai toujours respecté d’aller signer. Un jour le commissariat, ils m’ont convoqué pour me dire qu’ils ont réservé le billet pour que je rentre chez moi. J’y suis allé avec mon prof d’anglais. Ils ont dit qu’il y avait un billet pour moi à Paris mais c’est pas obligatoire. Si tu as envie, il y a les papiers tu peux les signer. Si j’ai pas envie, c’est pas obligatoire, je ne dois pas signer les documents. J’ai dit que je ne voulais pas retourner en Guinée parce que un je n’ai pas de parent là-bas et deux ma vie est en danger. Je veux rester en France et continuer mes études. Le policier a tout noté et il m’a dit qu’il le donnait au sous-préfet. Après ça, le 5 février les policiers ils sont venus chez moi à 06h05. Ils sont rentrés dans ma chambre comme si on était en guerre ou si j’étais un criminel recherché.

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