Témoignage d’un prisonnier du Mesnil-Amelot après l’incendie

Témoignage sonore d’un copain emprisonné dans le CRA de Mesnil-Amelot, pendant l’émission Actualité des luttes de mercredi 30 octobre.

On parle des conditions de vie et d’enfermement dans le centre, de l’incendie de lundi dernier et de la répression qui a suivi…

LES CENTRES DE RÉTENTION

Révolte au CRA2 du Mesnil-Amelot: 3 batiments en feu hier soir !

La prison pour sans papier du Mesnil-Amelot (77) est juste à côté de l’aéroport CDG. Y sont enfermé plus de 230 prisonnier.e.s et c’est aussi la seule prison en IDF pour femme sans papier. Depuis la création de ce blog en novembre dernier, on a souvent relayé des luttes collectives, des révoltes qui y ont eu lieu. Mais aussi les violences policières, les expulsions cachées et violentes, le racisme des keufs..

C’est au moins la troisième fois cette année que des prisonniers du CRA2 essayent de mettre à mal la machine à expulser en tentant de brûler des cellules.

Ce lundi 28 octobre en début de soirée, dans trois batiments (le 9, le 10 et le 11) des feux se déclenchent. Le batiment 10 est le plus touché.

Les pompiers interviennent (trop) rapidement et jugent qu’on peut continuer à y enfermer des personnes sans danger pour la santé. Résultat les prisonniers des batiments concernés se retrouvent à dormir dans ces mêmes cellules qui ont brulés, sans matelas ni draps.

La répression à déjà commencé:  deux prisonniers ont été amenés à l’isolement (et peut être en garde-à-vue). L’un deux a été reconnu par un keuf du CRA parce qu’il l’avait déjà tapé l’année dernière.

Un prisonnier fait savoir que: « Aujourd’hui les keufs sont chaud chaud. Ils cherchent qui c’est. Mais ils savent pas La direction du CRA a dit jusqu’à jeudi pour le nettoyage. Mais rien a commencé. Pas de shampoing de gel douche ajd c’est pour la punition. Alors qu’hier y avait déjà pas de shampoing, alors qu’y avait pas eu de feux. »

Des nouvelles bientôt.

Pour rappel: ce dimanche dans la soirée, une cellule à brûlé aussi au centre de rétention de Plaisir dans le 78.

Force et solidarité avec tou.te.s les prisonnièr.e.s !

Pour s’organiser en IDF en solidarité avec les prisonnièr.e.s en CRA : RDV tous les mercredi a 18h au CICP (21 ter rue Voltaire, métro Rue des boulets sur la ligne 9)

« Ici c’est le terminus, si tu arrives à t’en sortir c’est que t’as vraiment un mental d’acier ».Témoignage d’une prisonnière du Mesnil-Amelot

Pas beaucoup de monde semble en etre au courant : dans le CRA de Mesnil-Amelot une section est réservée aux prisonnières.
En plus du racisme et de la guerre contre les pauvres, le CRA est aussi un lieu de violences sexistes contre les meufs qui n’ont pas les bons papiers.

On relaye ici le témoignage d’une prisonnière du CRA de Mesnil-Amelot:

 

Je suis ici depuis début septembre, j’étais d’abord au centre de Metz. Après un mois, il m’ont ramené à Charles de Gaulle pour un vol, j’ai refusé, ils m’ont mis en garde à vue et après ils m’ont mis ici à Mesnil Amelot. Quand je suis arrivé, j’avais des médicaments que je prenais à Metz mais ils m’ont tout pris. J’ai pleuré, j’ai tout fait mais rien. C’était limite comme si je parlais avec personne, ils s’en foutaient.
Du coup ils m’ont pris de force et ils m’ont mis dans la cellule. Là j’ai compris que c’est comme une prison, c’est encore pire qu’à Metz. Ça ressemble beaucoup à une prison, la zone est insalubre, c’est dégradé et pas entretenu, les toilettes sont sales et bouchées.
La laverie c’est pas bien, les vêtements ils sentent, on est obligé de les laver après, mais nous non plus on a pas vraiment de savon, on a un petit savon, qui ne te permet même pas de te laver.
J’ai compris que c’est à toi d’aller voir auprès de l’administration, quand tu pars si t’as la chance tu rentres voir l’administration, si t’as pas de chance tu peux rester pendant 3 – 4 heures début. Tu dois passer par une porte avec les policiers, s’ils te laissent pas rentrer tu peux pas voir l’administration, pareil pour infirmerie.
Par exemple, j’ai mal aux dents et j’ai essayé d’aller à infirmerie et ils me laissent pas rentrer car ils disent que c’est trop tard pour aujourd’hui, ce sera demain 14h. c’est pour dire qu’ils s’en foutent, si t’as mal ou pas, ils s’en foutent.

Ça se passe comment avec la police ?

Les policiers sont là quand on mange, ils nous surveillent pendant qu’on mange, après ils ferment et ils nous ramènent dans la cellule. Pour l’embarquement c’est eux qui arrivent pour te porter même de force. Souvent le dimanche ils font la fouille, ils viennent en masse, même si t’es en train de te laver et tout tu dois sortir. Tout le monde dans la cour, et ils peuvent tout jeter de tes affaires pendant la fouille. Finie la fouille, tu peux rentrer.

Tu disais que t’as eu beaucoup de tentative d’embarquements ?

Oui moi c’est déjà la cinquième fois qu’ils me ramènent pour un vol, c’est pas normal. Surtout parce que j’ai juste un problème de papiers, je n’ai plus de visa, c’est tout.

Vous êtes combien dans la section ?

C’est organisé que les hommes sont d’un côté et les femmes de l’autre, on est séparées par un grillage. De femmes ici on est une vingtaine, voire plus, une trentaine. Avec différents cas, certaines sont ici pour les papiers seulement, d’autres sortent de prison, d’autres doivent être rapatriées en Italie ou en Espagne car elles sont dublinées. Il y a de femmes enceintes actuellement, un couple dont la femme est enceinte, et une autre toute seule, elle est enceinte de deux jumeaux en plus.

Cela pour te dire qu’ici c’est le terminus, si tu arrives à t’en sortir c’est que t’as vraiment un mental d’acier. Beaucoup ne résistent pas et ont des troubles à la tête. Tous les jours tu dors, tu manges et t’attends d’être libérée, au tribunal s’ils te libèrent pas ils te ramènent ici, toujours la même chose.