Témoignage sur la lutte en cours au CRA de Saint Exupéry

On relaie un témoignage trouvé sur crametoncralyon.noblogs.org qui raconte la lutte en cours au CRA de Saint Exupéry à Lyon.

Les détenus du CRA de Lyon Saint-Exupéry sont toujours en grève de la faim depuis le 2 juillet afin de dénoncer leurs enfermement.

Omar raconte le début de la grève jusqu’à aujourd’hui. Ils sont déter’ et motivés face aux multiples techniques de démobilisation et aux menaces de la PAF.

Les détenu-e-s souhaitent que leur lutte et leurs dénonciations se diffusent un maximum. Un témoignage à diffuser largement !

Force et soutien à tou-te-s ! A bas les CRA ! A bas les frontières !

  » Du coup en ce moment là au CRA depuis euh mardi soir, là on est jeudi, ya une grève de la faim. Est-ce que t’as envie de raconter comment a commencé la grève de la faim ? Et contre quoi vous êtes en train de lutter ?

On a commencé la grève de la faim parce qu’ils ont volé à quequ’un ses vêtements, ses propres vêtements dans le coffre. Chez les policiers il a pas trouvé ses vêtements. Il a réclamé, il a réclamé, il a parlé avec tous les policiers qui étaient là-bas mais rien !

Il était énervé, il est rentré dans le couloir il a allumé une couverture.

Le nom de la personne je le dit pas pour lui protéger à lui.

Mais, nous on commence à chaque fois on se fait voler notre argent, nos affaires, nos trucs personnels et vous vous dites « on ne sait pas ».

Mais ya des caméras, il y a tout ce qu’il faut là bas !

En fait ils nous donnent pas les bonnes réponses. Ils essayent à chaque fois d’esquiver notre question en fait.

Et nous on a commencé la grève de faim. Personne qui mange jusqu’à ce qu’on récupère nos sacs, nos affaires.

Si on se fait pas voler nos affaires, si on enlève les trucs de métal là qu’ils nous ont mis derrière les fenêtres, qu’ils arrêtent de prendre les gens chez eux dans les bureaux et frapper .

Même tu peux pas frapper quelqu’un parce qu’il a insulté !

Si c’est physiquement ça c’est une autre chose, mais s’il te dit juste une insulte on a pas le droit de ça.
Alors chaque fois s’il y a quelqu’un qui rentre là-bas et les insultent et même quelqu’un il a des problèmes ils le tappent, ils l’emènent dans le mitard.

[passage inaudible]

Pour la bouffe qu’ils nous donne ici, toute il reste un jour, c’est du périmé comme on dit. Il reste un jour ou deux jours il faut que leur jette, ils nous le donne ici.

Et ils nous controlent partout.

Si vous rentrez ici vous voyez les cages qu’ils nous ont misent un peu partout ça c’est pas normal quoi on dirait que on est à Guantanamo quoi !

Alors que nous on est juste des personnes quon a pas des papiers, on est pas des criminels !

Tu parles de quoi en cages et en fenêtres tout à l’heure ? C’est quoi que tu veux dire ?

Une cage ! On est dans une cage ici ! Tout est fermé dehors, et dehors et de tout les cotés !

Ils ont mis un mur ! Une sorte de mur comme ça de métal vert, que on peu pas voir dehors, ont peu rien !

Et toute la journée le soleil il tape dedans et la chaleur elle rentre dans les chambres.

Là on est le 4, il fait très chaud! Ça veut dire si dehors il fait 40°, dans les chambres c’est 60°.

C’est ça en fait [passage inaudible] il vient ici quelqu’un dans ma chambre il a la maladie de l’épilepsie ! Il a la maladie de l’épilepsie. Il est tombé deux fois ici, c’est nous qui l’ont soigné et tout ça !

Ils veulent même pas lui donner des médicaments qu’il prenne dehors. Ils veulent même pas lui donner !! Même pas un certificat médical que lui il a la maladie de l’épilepsie !

Vous voyez ce que je veux dire ?

Alors tout tout.. Tout ce qu’ils amorcent ici ça marche à l’envers en fait !

Ils veulent nous faire chier comme comme ça on ramène nos passeports, on ramène tout ce qu’il faut pour partir d’ci le plus vite possible.

Ils nous font une sorte de presse, ils nous presse ! Pour qu’on parte d’ici, pour que… on ramène nos passeports qu’ils nous envoient dans nos pays .

Ca c’est pas normal !

Vous voyez ce que je veux dire ?

C’est ça en fait ! C’est ça ! C’est ça.

Est-ce que tu veux rajouter quelque chose par rapport à la grève de la faim et comment ça se passe depuis que vous avez commencé en fait ?

Depuis que la grève de faim a commencée ils sont venus, ils ont commencés à essayer de parler avec nous mais on a pas parlé avec eux.

Tout s’est passé en cage non ?

Et aujourd’hui ils nous ont dit, parce qu’on a donné tous nos cartes, si ya le problème, quelqu’un il a ses vêtements, il a son argent chez eux, il faut aller là-bas pour retirer avec la carte. Non ?

Alors nous on a dit donnez nous, donnez nous nos cartes comme ça on prend nos affaires et on vous les rend.

Ils nous disent « Non ! Il faut manger d’abord et boire de l’eau et après on va vous rendre vos cartes ».

Vous voyez ce que je veux dire ?

Ça c’est pas normal, ça c’est, ça c’est des [passage inaudible].

Alors si on refuse de manger, eux ils refusent de nous donner nos affaires. Nos propres affaires ! Notre propre argent !

Parce que sans la carte ça marche rien du tout, on peut même pas acheter du tabac. Rien ! Ils nous coupent tout comme ça, ils veulent nous couper tout !

Tout ce qu’il faut, tout ce qui vient de dehors comme ça on est obligé de manger ici chez eux alors comme ça « eux ils disent, ok, vous avez fini votre grève de la faim ». Ils veulent casser la grève de la faim !

Parce qu’ils savent bien que les policiers et la justice c’est foutu c’est pas nous !

Est-ce que t’as envie de parler de pourquoi vous avez décidé de donner tous vos cartes et c’est quoi les cartes ?

On a donné nous nos cartes parce que quand on rentre pour manger euh faut quon montre nos cartes. Alors si tout le monde il mange pas on a dit voilà nos cartes, nous on mange pas !

C’est pour ça, c’est ça la raison.

Pour leur dire que nous on veut pas manger, on fait la grève de la faim.

Et tout le monde a donner ça carte ?

Ouais tout le monde a donné sa carte. Mais eux premièrement ils nous on dit « ouais ok vous pouvez sortir ». Même les visites on peut pas sortir sans la carte.

Alors premièrement ils nous ont dit « oui on va vous donner vos affaires et tout ça » et après il ont vu le premier jour, le deuxième jour et maintenant le troisième jour qu’on fit vraiment grève de la faim. Alors ils essayent de nous couper de tout le monde. De tout ce qu’on peut rentrer de dehors.

Tout ce que eux… De tout ! Vous voyez ?

Estce que tu veux rajouter quelque chose ?

Ouais je veux rajouter un truc. Si il y a le moyen, s’il y a des journalistes qui viennent ici avec leur caméra et ils regardent eux même . Et après c’est eux qui disent est-ce que ça c’est humaine ou non ? La justice pourquoi ils nous prenne ici jusqu’à trois mois parce que pas de papiers ! Moi je fais une peine de trois mois pour des papiers !

Alors s’il vous plait règlez ça on est pas des animaux on est comme des êtres humains comme vous !

Juste qu’on est partit parce que on est pauvres !

On a même même pas le moyen de manger, c’est pour ça on essaye juste de vivre comme tout le monde. On est pas tous des criminels ou jsais pas quoi. C’est a mon message.

– GREVE DE LA FAIM AU CRA DE SAINT-EXUPERY – (LYON)

[Ce soir, mardi 2 juillet, les détenu-e-s du bloc jaune et bleu du CRA de Lyon Saint-Exupéry ont décidé-e-s de ne pas participer au repas du soir. Voici la retranscription d’un témoignage suite au choix de cette action collective ]

Tous ceux du bloc bleu et jaune nous nous sommes mobilisés.

Les raisons sont : le mauvais traitement de la police, nous sommes nombreux à nous être fait tabasser aujourd’hui.

Nous ne supportons plus les conditions obscures adminsitratives qui ne nous sont pas bien expliquées: visite aux consulats ou on nous dit ensuite « obstruction à la procédure » alors qu’on a coopéré lors des rendez-vous.

Certains sont gardés enfermés alors qu’il ont des passeports.

Et la nourriture est inmangeable et pas adaptée à la canicule c’est trop chaud et on a pas d’eau fraiche.

Ils nous traitent comme des animaux ici.

Relayé depuis: crametoncralyon.noblogs.org

INONDATION, GAZAGE ET ISOLEMENT AU CRA DE LYON SAINT-EXUPERY

Trouvé sur le site: crametoncralyon.noblogs.org

[ On relaye ici le témoignage d’un prisonnier qui revient sur l’après-midi du samedi 15.06.19 au CRA de Lyon St Ex]

Pour que les gens comprennent un peu est-ce que tu souhaite dire ou tu es en ce moment et depuis combien de temps tu y est ?

Maintenant je suis au centre de détention de Lyon. C’est centre de rétention administration Lyon c’est Centre Exupéry aéroport.
Ouais c’est à coté de l’aéroport.
Et je suis maintenant ici 48 jours.

Est-ce que tu veux commencer par dire un petit peu ce qui c’est passé hier au centre de rétention ?

Ok je vais dire. Hier comment il pleuvait.
Il y a de la pluie, il ya l’inondation et ya de l’eau il est rentré tout dans les chambres des réfugiés.
Et les gens ils ont criés pour venir pour l’aide.
Et euh 5 minutes ils sont venus les policiers avec des masques, avec des bombes lacrymogènes avec des gaz, avec des bâtons et ils commençaient à battre tout, tout les gens.
Il ont sortit avec la pluie qu’il y a, ils ont sortit la cour. Il ont laissés là avec la pluie. Et ils insulte.
Et toute seule, nous on a rien fait !

Et c’est ça moi pour cette raison je parle.

Oui aussi les gens qui ont de la famille, ils sont venus, ils ont pris la route 100 km, ya des gens qui viennent de Chambery, qui sont venu de Annecy, ils ont pas laissés pour voir ce qu’il passe, le bordel qu’il passe avec les policiers, avec nous.

Tu veux dire les gens qui venaient en visite ?

Oui oui pour visite, pour visite ! Des familles qu’ils ont ici ! Euh des des réfugiés, ont ont des familles qu’ils ont ici en France et ils ont pas laissé.

Et après une fois que vous étiez tous dehors il s’est passé quoi ensuite ?

Euh ils ont ramené, ils ont ramenés des pompiers. Ils ont nettoyé tout pour qu’ils ont débouchés je sais pas quoi. Ils ont débouchés quelque chose et de l’ea. Et après à 19h30 du soir euh ils ont appel à nous et ils on changé tous les couloirs comme il était rentré de l’eau à la chambre.

Oui et la faute c’est pas à nous hein la faute c’est à eux ! Tu as compris ?
L’eau c’est sa faute d’eux, parce que euh eux qui travaillent, nous ont vient ici comme ça en arreste.

Et tu disais ya aussi des personnes qui ont été amenées euh…

Oui oui ! Ils ont ramenés deux au mitard, isolement. Ils ont laissés jusqu’à 11h.
Et ils ont frappés aussi hein !! Ils ont frappés ils ont… comment ça se dit.. Ils ont tirés des pieds je jure hein ! Comme un sac ! Comme un sac de patates jte jure !
Ils ont pris jusqu’à la chambre, ils ont fermés la chambre. Il resté tout seul jusqu’à le matin, à 11h du matin ils ont laissé sortir.

Ca s’est passé comment aujourd’hui du coup ?

Oh non aujourd’hui c’est bon tranquille, il n’y a rien. Mais rien qu’il y a des gens qui sont venus pour visiter ils ont pas laisser pourquoi ?
Ils disent qu’il y a trop.
Il y a des gens qui sont venus aussi, ils ont des femmes qui sont mariées à Grenoble ou il viennent des gens d’Annecy et jusqu’à maintenant ils n’ont pas laissé. Ils ont laissés rien passé, 5 personnes ou 6 personnes aujourd’hui.

Ok est-ce que tu veux dire autre chose par rapport à ce qui s’est passé hier ?

Euh je suis pas d’accord avec eux. Ce qu’ils ont fait.
Ils ont pas le droit de frapper des gens et, ils ont pas le droit de frapper des gens et aussi pour jeter le gaz lacrymogène dans le visage. C’est pas une bonne idée ya des gens qui sont malade, qui sont asthmatiques et ça c’est moche.
Ils ont rien fait !
C’est ça ma faute, ma faute c’est quoi ?
Que c’est bouché c’est sa faute, ils doivent nettoyer avant qu’il va venir ça !
Pour ces raisons là c’est pas bon.

Mon copain il t’a dit aussi pour les médicaments il a mal au dent ils donnent euh du doliprane.
Il a mal de l’estomac il donne du doliprane.
Il a mal de la tête il donne du doliprane.
Les yeux c’est le même ! Doliprane ! Doliprane !
Ici rien d’autre que du doliprane, le même médicament pour tout !

Et est-ce qu’il y a d’autres médicaments qui circulent à l’intérieur ?

Non c’est rien ce qui circule attend je sais pas.
Y a qu’ils donnent du Valium, ça pour tuer des gens, des arabes tout les droguer. Lyrica, Diazepam, c’est rien que pour les arabes hein, jte jure les albanais ils prends pas. Je sais pas pourquoi ils leur donnent pour les arabes.
Tu les voient se droguer c’est les même que des des des animaux hein ! Alors c’est des gens.

Toi tu disais ça fait 45 jours que t’es là ?

Ouais c’est 48 jours que je suis là oui. Il y a des gens qui ont maintenant 52 jours. Et eux aussi hein, les pauvres comme moi le stress et tout pour cette raison ils leur donnent Valium, ils leur donnent ça pour se calmer hein.
Mais bon, ya des gens qui ont de la famille là aussi en France.

Mais le stress de quoi ?

Ah le stress de la prison, comment on les traite tu as compris. Comment qu’ils parlent avec les polices. Ils frappent, ils insultent tu as compris ?
Ils disent que nous, nous, tu es ici, nous ont fait qu’est-ce qu’ils veut. Chacun chez nous tu es ici, toi tu peux rien, sinon tu prends ton bagage et tu pars au bled ou … C’est ça qu’ils ont ! Chacun il fait la loi ici !
Chaque policier par exemple il travail trois jours – trois jours, il vient il fait sa loi !

Et pour ça aussi, pour aller à manger c’est 20 minutes ! Ça c’est bon de 7 jusqu’à 7h30, 20 minutes ou 25 minutes !

Ok et du coup depuis que tu es là-bas ça se passe comment au niveau des repas ?

Les repas c’est c’est, je te dis juste une chose euh si toi tu as un chien tu lui donne pas à manger ça !
Il ramène toujours toujours du poisson de lac. Jte jure hein c’est c’est pourri ! Si tu l’ouvre rien le paquet c’est de la purée. Il y a des gens qui sont allergiques. Et je te dis jusqu’à maintenant 48 jours rien, j’ai vu le poisson, le poisson, le poisson.
Le ramadan aussi, il est passé un mois de ramadan et ils ont ramenés à nous quoi ?! Du poisson ! Congelé, froid c’est du [passage inaudible] comme ça.

Ah pour cette raison c’est pas bon aussi !
Et si je l’ai dit moi j’ai parlé avec le chef, ils m’ont appelé moi pour les gens qui parlent pas. J’ai dit ça c’est périmé tu dois manger avant les trois jours et non ils ont ramené le même jour périmé. Tu le mange, il te donne, il te dit « non ça fait rien moi aussi je mange », « tu mange ? Tu le prend à ta maison ! ».
Et ça ils le donnent hein, ils le donnent tous les jours. Et rien ! Rien ! Rien ici ! Ici c’est ça le pire, je dis c’est nul ! C’est nul ! C’est nul !  »