… ça bouge à Vincennes aussi !

Après le mouvement de révolte de la semaine dernière dans le CRA de Mesnil-Amelot, dans le CRA de Vincennes aussi plusieurs moments de lutte ont eu lieu ces derniers jours.

On a pas toutes les infos mais la semaine dernière pour résister à une expulsion un groupe de prisonniers tunisiens est arrivé à couper l’élec dans un bat du CRA ; ils ont quand même été renvoyés…

Avant hier, dans un autre batiment du centre, gros mouvement de solidarité suite au placement en isolement d’un retenu : les autres prisonniers ont refusé d’aller manger tant qu’il était pas libéré, puis quand ils ont appris qu’il était placé en GAV ils se sont dit qu’ils voulaient manger mais le réfectoire avait fermé, du coup ils sont allés se servir directement. Voici un témoignage :

/Des Tunisiens avaient un vol prévu, ils voulaient pas y aller. Ils ont coupé l’électricité, ils ont fait sauter le compteur, il y avait plus de lumière. Yavait un vol, c’était prévu pour 5 personnes, c’était un vol en groupe. Ils se sont entendus entre eux, ils ont foutu le bordel, yavait pas de lumière pendant 30mn, ils ont cassé des trucs dans le centre. Ils sont dans le bâtiment 2. Malgré tout ça, malgré le bordel on les a attachés, du renfort est venu et ils ont pris le vol. //
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//Au bâtiment 1 hier dimanche il y a un tunisien qui est allé à l’accueil vers 18h, demander son ticket pour aller manger comme d’hab ; les policiers lui ont dit que c’était pas l’heure, alors qu’il était 18h10, le réfectoire s’ouvre à 18h. Ils ont commencé à s’échanger des mots, le policier est venu, ils se sont pris la tête et bagarrés, et ils ont ramené le tunisien à l’isolement. Nous on a dit « le mec il est malade il a un problème psychiatrique, si vous faites pas sortir le mec de l’isolement, personne ne mange ». Là tout le centre on était uni, le mec il est malade, ça fait 3 fois qu’il vient au centre, il alterne le psychiatrique et le CRA, il a pas vu le dehors depuis des mois. Moi c’est pareil depuis 2020 j’ai pas vu le dehors, prison CRA prison CRA. Jsuis allé en prison, j’ai purgé ma peine ; ensuite je suis arrivé au CRA, j’ai fait 90 jours, et ils m’ont ramené en GAV, pour refus de test. La juge elle m’a donné 3 mois de prison, j’ai fait 1 mois et demi. Je sors de prison ils me ramènent encore ici.//
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//On a dit on mange pas, si le mec ne sort pas d’isolement on ne mange pas. Personne ne s’est pointé pour venir manger. On a eu le seum car il ne l’ont pas libéré, on a appris qu’il l’avaient ramené en GAV. ///On s’est dit qu’il allait pas revenir aujourd’hui/, on s’est dit qu’est ce qu’on fait ? on pouvait pas dormir sans manger, si c’est comme ça, on va chercher à manger. Quand on est allé à l’accueil, ils ont dit non vous pouvez pas manger le réfectoire il est fermé. Nous on a dit on a fait ça pour un frère. ///Le mec il allait juste prendre un ticket, il voulait juste manger et il s’est fait frapper. /On a dit ok, on est rentré dans le réfectoire, on a cassé les portes, chacun s’est servi, du pain et tout ça, on a cassé le réfectoire. On a cassé les caméras. Les gradés sont arrivés, le commandant voulait parler avec nous ; on a dit non nous on fait ça pour le mec en question. Ils ont rien fait contre nous après parce qu’il y avait plus de caméras, on a pété les caméras, il y a rien comme preuves. Parmi nous ya pas de balance, nous on est bien solidaires. Quand ya un truc qui ne va pas on essaye d’être ensemble. //Le gars est pas rentré de GAV pour l’instant je pense qu’on l’a changé de bâtiment./

Les luttes dans les CRA contre les expulsions, l’enfermement et les violences des keufs sont quotidiennes.
Ce qui manque le plus souvent c’est une réponse organisée depuis l’extérieur, pour soutenir rapidement et de manière efficace les résistances et les mouvements collectifs.
Appellons les cabines, faisons circuler leurs paroles, retrouvons-nous devant les CRA et dans la rue pour soutenir les révoltes, soyons solidaires avec les prisonniers-ères !

Un prisonnier retrouvé mort au CRA de Bordeaux + grève de la faim !

On republie ici un texte paru sur Toulouse Anticra
Un prisonnier retrouvé mort au CRA de Bordeaux
Ce n'est pas la première fois qu'un retenu crève dans un CRA : à Vincennes par exemple, deux personnes sont mortes en 2019. Ce n’est jamais un accident si quelqu’un.e crève dans ces taules. Le CRA, c’est une boucherie, une machine à tuer. Luttons pour que cette mort ne soit pas oubliée !

Au CRA de Bordeaux qui est situé au sous-sol du commissariat (1), un prisonnier est retrouvé mort dans sa chambre il y a environ un mois. Aucune information ne semble avoir été diffusée sous prétexte que la famille ne souhaite pas que son nom soit révélé.

Des prisonniers sont en grève de la faim depuis 3 jours, voici le témoignage qu’ils souhaitent diffuser:

« Dans la nuit on rigolait ensemble, le mec il est parti pour dormir et le matin on est parti pour le réveiller pour manger, pour le petit déjeuner et lui il s’est pas réveillé. Oui la police est venue avec les pompiers.

Les policiers ont dit on peut pas dire aux journalistes parce que sa famille veut pas donner le nom.

Oui ils savent pourquoi il est mort, ils veulent pas nous dire. Nous on pense parce qu’il voulait pas aller au Maroc, y’a des gens qui veulent le tuer là bas, il avait beaucoup de stress, de médicaments de psychiatrie et tout ça, c’est pour ça qu’il est mort. Oui il a pris des médicaments pour mourir. Pas manger, pas dormir, il était pas bien, beaucoup de stress, pourquoi ils le laissent là ?

Il voulait pas aller au Maroc et les gens de l’État voulaient l’envoyer là-bas.

Il a pris beaucoup de cachets, il s’est suicidé je pense. Il a fait une overdose. Non il a pas dit forcément qu’il voulait se suicider. Il a dit j’espère demain Inch’Allah vous tous libérables les gars. Nous on croyait qu’il parlait pour nous, en fait il parlait pour lui, il savait qu’il allait mourir, il nous a dit ça avant de mourir.

Ici ils ont rien dit, ils s’en foutent, même pas c’est passé au journal, normalement ça passe à la télé et au journal, c’est vrai ou pas ça ?

Nous on fait la grève de la faim depuis 3 jours parce qu’on en a marre, c’est trop dur ici, c’est raciste, si on a besoin de voir un médecin à 8h, ou minuit, on peut pas jusqu’à 11h, y’a pas de médecin, si quelque chose se passe, on a rien.

On demande de passer ici parce que quelqu’un est mort. C’est même pas un centre de rétention ici. C’est trop dur, on dort pas, on mange pas bien, on prend pas bien les médicaments, il y a tous les jours quelque chose qui se passe ici.

Les policiers ils s’en foutent si on mange on mange pas, ça fait 35 jours je dors pas parce que j’ai pas l’injection pour dormir ici, l’injection de Subutex, ils le donnent pas. Le médecin refuse, il donne des cachets que je connais pas, on est mal ! »

(1) « Le centre de rétention administrative est situé au sous-sol du commissariat. Il est confiné, très exigu et les personnes qui y sont enfermées développent très rapidement des troubles psychiques dus aux conditions particulièrement anxiogènes de leur enfermement. Au-delà d’un certain nombre, les personnes se retrouvent très à l’étroit : la cour est très petite… La lumière naturelle est rare : la seule source étant un puits de jour au cœur de la courette grillagée (20m²). L’ensemble du CRA est éclairé aux néons qui restent parfois allumés la nuit…» – (Rapport rétention Cimade 2019)

Refus de soin, violences policières et luttes dans le CRA de Coquelle

Voici le témoignage (publié en retard) d’un prisonnier du CRA de Coquelle, à 10 km de Calais. Il raconte les violences prisonnières dans le centre, le refus de soin, les tensions aggravées par la pandémie. Mais il parle aussi d’une grève de la faim qui a eu lieu la semaine dernière et qui a subi une forte représsion. On n’a pas plus d’infos pour l’instant.

Les prisonniers et les prisonnières dans les CRA continuent à lutter avec détermination tous les jours. Construisons la solidarité à l’extérieur pour en finir avec les CRA !

a bas les cra !

 » Avant j’étais à la prison de Maubeuge, j’ai fait ma peine, j’ai une carte de séjour, un permis de conduire français, une femme, un acte de mariage français, deux enfants ici. Mais quand je suis sorti on m’a emmené au centre de rétention pourtant j’ai des enfants français.

Au TA (tribunal administratif) ils ont annulé mon IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) mais pas mon OQTF (obligation de quitter le territoire français), ça sert à quoi. Alors je suis toujours là.

Pourtant avec l’épidémie qu’il y a aujourd’hui, on peut pas nous expulser. Y a plein de gens ici avec moi ils ont fait 3 mois le max et puis ils sont sortis, aujourd’hui les frontières elles sont fermées. On comprend pas qu’est ce qu’on fait la encore. Y a des gens ils les ont ramené pour un simple contrôle d’identité le gars, il était tranquille il a pas de papiers, mais il a un contrat de travail, il a pas de casier. Ils les ont ramené là et les policiers ils leurs font la misère. Un policier il a dit ta gueule à un gars parce qu’il comprend pas le français, il dit ferme ta gueule, c’est grave ta gueule. Il dirait pas ça à un français.
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