Le dimanche 12 avril les 13 prisonniers du cra de Oissel ont lancé une grève de la faim pour exiger leurs libération immédiate. Comme ils le disaient déjà le 25 mars, le manque de matériel (gel hydroalcoolique, savon, masques) de protection sanitaire mettaient en danger les personnes enfermées.
Le 12 au soir en répression du mouvement qui a eu lieu le week-end dernier, trois prisonniers sont transférés du Mesnil-Amelot et rejoignent la lutte. Ils n’ont pas pu récuperer leurs affaires et leurs papiers que les keufs de la PAF ont laissé à la prison pour sans papier de Mesnil-Amelot.
Cette semaine il y a eu quelques libérations et encore des arrivées. Les derniers prisonniers en grève de la faim ont arrêtés aujourd’hui sans avoir obtenu aucune réponse de la part de l’administration. La lutte ne s’arrête pas !
Nous relayons d’abord deux témoignages sonores, et ensuite la retranscription d’un témoignage de deux prisonniers de Oissel, du 16 avril pris par des militant.e.s solidaire des environs.
- Témoignage relayé par l’Envolée (min. 16)
- Deuxième témoignage, pris le 16 avril
- Retranscription d’un troisième témoignage
« Tout le monde a mangé ce matin, on est plus que trois en gréve de la faim, les 3 transférés de Mesnil Amelot.
Le portugais, le guinéen et moi.
Hier je suis tombé dans les pommes, moi je vais pas manger même si je reste tout seul, je vais tenir jusqu’à la réponse de la DML
Ils sont en train de faire le ménage, ils n’ont pas ouvert la cour de promenade
« Pourquoi ? » Réponse des policiers « C’est le chef qui décide, quand tout le monde aura mangé »
On tient la gréve de la faim, on a rien signé, aucune décharge.
Moi je ne fume pas mais certains n’ont plus de cigarettes…
Les autres, pour l’instant, ça va , tout le monde en a marre.
Ils ont réparé la machine à café ce matin…J’espère qu’ils vont me libèrer »
Un autre
« Depuis samedi , on mange pas, nos affaires ont été mises dans des sacs poubelle avec nos papiers, mon extrait de naissance, avec nos noms dessus, les 7 ou 8 tranférés, on n’arrive pas à les récupèrer…Les retenus de Mesnil Amelot essaient de donner les sacs mais les policiers disent qu’ils vont les jeter à la poubelle, ma compagne , elle a appelé et elle a enregistré la communication..On nous a fait signer un document pour les affaires mais j’ai refusé…Je me sens volé.
Je n’ai pas d’argent, pas possibilité de téléphoner ou d’envoyer des SMS, il me reste trois cigarettes…
Ma famille veut venir me laisser des affaires et de l’argent mais des policiers disent que peut-être ils ne pourront récupèrer le sac, d’autres disent que oui…
C’est dégradant ici, fatigant,j’ai mal à la tête,j’ai froid toute la journée, ma santé se décline..
On est trois en gréve de la faim, M. devrait être libéré aujourd’hui…On sera deux…
Ils ne m’ont pas libéré car je n’ai pas de passeport, je suis européen, je n’en ai jamais eu, je comprends trés bien le français et je sais ce que je dis, je me sens retenu , pris en otage et c’est lourd…
Le matin, à 9H , il font des travaux,sortent les gens des cellules, je ne peux dormir,je suis fatigué.
Le policier il me dit « si tu veux la promenade, tu sors…Suis dans la petite cour, en prison on avait 4H de promenade
Ma rétention a été prolongée de 28 jours , confirmé en appel.
Je suis en France depuis 2011, j’ai un grand frère ici propriétaire, ma compagne depuis 2017 et nous voulons nous marier…
Ici y’a pas de violeur ou de terroriste, on est fatigué , c’est dégradant ce qu’on vit..
La justice c’est du cas par cas, ça dépend du juge..
On a du gel, mais pas de bouteille d’eau,on n’a pas accès à l’eau froide..
On est déterminé,on est deux , on tient, on ‘a pas signé de décharge
J’apprends plus tard par SMS que le procureur a fait appel de la décision du JLD et son avocat lui demande 1000 euros pour faire appel
On verra demain …