Actuellement à l’heure à laquelle on est entrain de vous parler, on est toujours retenu au centre de rétention de Vincennes 2 bâtiment 2. Nous sommes pour certains des pères des familles, des travailleurs et d’autres avec des projets de mariages.
Ici au centre nous sommes tout le temps menottés lorsque nous avons une visite ou lorsque nous allons au coffre quand ils doivent nous convoyer chez le juge ou à l’ambassade nous sommes convoyés dans des véhicules dont on voit même pas l’extérieur. Même à l’intérieur du véhicule nous sommes dans des cages. Au niveau de la nourriture, nous ne mangeons que pour la pluapart du temps des légumes et des pates parfois nous ne connaissons même pas ce que nous mangeons. Concernant le médecin et les infirmières bon ils ne sont pas là en permanence. Le medecin ne fait que des consulations mais pas de traitements. Les seuls médicaments qu’ils donnent ici c’est dafalgan et un autre pour le sommeil. Il faut noter également que pour les personnes qui viennent nous visiter ils les font patienter 2 heures de temps. Et parfois les policiers ne sont même pas commodes avec eux. Nous ne méritons pas d’être ici. Nous exigeons notre liberté. C’est un peu ça.
On demande notre liberté. On a souvent des papiers qui attestent qu’on a de la famille ou un toit mais malheureusement on nous libère pas. D’autres dans le même cas on les libère donc on comprend pas.
Et on parle pas dans ce texte des vols cachés. L’isolement ça sert à punir. Quand y’avait les grèves de la faim ils utilisaient ça pour essayer de nous forcer à manger.
Y’a des gens on les envoie pas dans les bons pays. Y’a quelqu’un ils veulent le renvoyer au panama. C’est pas son pays et y a la guerre là-bas.
Communiqué écrit par des prisonniers du 2A le 09.02.19
Catégorie : Luttes contre les frontières
communiqués, brèves, témoignages, émissions
Ca bouge toujours a Mesnil-Amelot: Communiqué d’un groupe de prisonniers !
Depuis le 8 janvier la lutte dans le centre de rétention de Mensil Amelot est devenue plus collective. D’abord au CRA2 avec une grève de la faim suivi par presque l’ensemble des batiments (plus de 80 personnes) pendant 3 jours. Avec aussi des communiqués régulièrement, des tentatives de lutter contre les déportations par vols cachés et les violences policières.
Au CRA3 aussi il y a eu des grèves de la faim, des communiqués.
Depuis le 8 janvier c’est au moins aussi 4 manifs/parloirs sauvages devant ou derrière le CRA du Mesnil-Amelot !
On relaye ici le communiqué des prisonniers du CRA3:
Nous sommes au centre de rétention de Mesnil Amelot. Nous sommes ici, nous sommes révoltés ! Nous voulons manifester pour que nos droits soient respectés. Pour cela nous avons certaines revendications qui sont les suivantes.
Ici nos droits ne sont pas respectés.
D’abord concernant les décisions de justice, parce que les décisions de justice nous sont toujours défavorables.
Nous n’avons jamais compris la raison pour laquelle c’est comme ça. Car il y a des jours où les retenus passent devant la juge, il y a parfois 20 retenus qui passent devant le tribunal et il n’y a pas une personne qui est libérée. Alors quand nous on voit les retenus revenir dans les centres, nous n’avons même pas un brin d’espoir de sortir d’ici.
Alors c’est pourquoi nous voulons que nos droits soient respectés concernant les décisions de la justice, qu’elles ne soient plus défavorables à notre égard.
Pour chaque retenu qui passe devant les juges, les requêtes sont toujours rejetées de manière systématique. Les dossiers ne sont pas étudiés avec du sérieux, tout est rejeté de manière systématique. Ils ne sont pas traités d’une manière sérieuse.
Vos intérêts requis ne sont pas appliqués.
C’est pourquoi toutes ces choses là, c’est un peu compliqué pour nous.
Et nous ne pouvons pas accepter cela. Car nos droits de défense sont massacrés. Nous pensons que les articles des droits de l’Homme ne devraient pas être massacrés de la sorte. Nous ne sommes pas en prison. Nous sommes en rétention, nous avons le droit à un minimum de confort. Selon la déclaration européenne des droits de l’Homme, nous faisons appel à l’article 6 qui énonce que toute personne a droit à ce que son cas soit entendu devant la justice de façon équitable et impartiale.
Ici nous n’avons pas le droit à des bons plats à manger. Ici la qualité elle est pas appréciable. Il y a un bon nombre de personnes qui sont couchées, qui ont la gastro, et ça nous pensons que c’est la provenance des aliments qui ne sont pas de bonne qualité.
Donc il s’agit de ça. Nous n’acceptons pas de vivre comme ça. Parce qu’en fait nous vivons dans une obligation et dans une contrainte, on nous laisse pas le choix des repas ou le choix de faire nous-même notre propre cuisine. C’est quand même contraire à la déclaration des droits de l’Homme. Nous n’avons pas commis de crime, nous sommes là dans un cas de non régularisation. Donc si on est pas régularisé, ce n’est pas un crime, ce n’est pas comme si on avait détruit le monde. C’est une situation administrative qui peut éventuellement se régler par un retour dans son pays ou par un suivi au quotidien d’une manière un peu correcte. Ça aussi nous n’acceptons pas.
S’agissant des conditions d’accueil dans le CRA, il est dit dans le règlement intérieur qu’une personne au CRA a droit à un lit tout seul et un matelas tout seul. Mais ici, durant leur séjour, il y a des retenus qui dorment par terre, il y a des retenus qui dorment dans le salon, dans la pièce où on regarde la télé normalement, mais ces personnes passent toute leur vie dans cette pièce, car les chambres sont blindées, 3,4,5 par chambre, alors que normalement c’est deux personnes par chambre pour pouvoir profiter de la superficie. C’est ça que nous vivons. Ça aussi nous n’acceptons pas.
Aussi ils ont mis à notre disposition une machine qui change de la monnaie, qui permet de nous rendre la monnaie pour acheter des trucs dans le centre. La machine est en panne depuis longtemps. Et ce n’est pas dans leur projet de la réparer. Ce n’est qu’une machine, c’est éphémère, mais c’est quelque chose en plus de tout le reste dont on a parlé.
Enfin le point des 90 jours. C’est lourd 90 jours, même pour la préfecture, même pour l’administration. C’est la nouvelle loi. Peut être certains et certaines à l’extérieur ne savent pas.
Nous voulons vraiment un changement total dans le CRA !
Aussi il y a les cas des santés de certaines personnes qui sont malades, vraiment malades car le stress, c’est une maladie, nous vivons avec, nous passons le temps avec, et pour les autres maladies, il n’y a pas de médicaments.
Les toilettes ne sont vraiment pas appréciables. Il y a un service de nettoyage, mais il ne passe pas tout le temps. Dans tout le centre, nous avons que deux toilettes donc faut attendre que l’autre soit sorti pour passer après l’autre.
Donc nous réclamons un changement total, au niveau administratif, au niveau de la justice, au niveau du centre, qu’on soit au moins bien traité, que ce soit pris en compte, on ne doit pas se servir de nos erreurs pour nous presser comme des citrons, pour nous faire vivre en cage, pour qu’on serve de cobayes.
Un appel de Vincennes ce samedi 09 février !
Dans les paroles relayés ici et ailleurs des centres de rétentions la question des violences de la police est constante.
A Vincennes beaucoup de copains, de prisonniers enfermés nous ont déjà parlé de la violence des policiers. Particulièrement d’une équipe de policiers qui se lâche plus que les autres.
On pense qu’il faut au maximum rendre visible ce quotidien de l’enfermement où l’arbitraire est la norme.
Aujourd’hui on relaye un appel de Vincennes, du 2A. Le prisonnier qui nous appelle en est en a son 9e passage au CRA, sa première fois a Vincennes. Soutien à tou.te.s les enfermé.e.s !
9 février 2019
Allo
…
Ouai ça va, on peut dire ça va.
La vie ça continuera, même après ça.
Donc je vous explique mon histoire parce qu’il m’est arrivé une histoire grave. Ca fait même pas longtemps. Ca fait une semaine exactement.
…
Ils nous ont massacré ici gratuitement. Parce qu’ici j’ai aucun droit. J’ai que le droit de fermer ma gueule et d’attendre l’avion pour eux. En plus ils m’ont tabassé et ils ont déposé plainte contre moi. Ca remonte à … ça fait … vendredi. Ca fait une semaine. A peu près.
…
Ils nous ont sorti, j’ai passé 24 h en garde vue, après ils nous ont ramené en centre de rétention encore. Je suis sorti en garde à vue. Ils m’ont ramené au commissariat de la goutte d’or, dans le 18e. Ils ont fait exprès de me ramener là-bas parce que je crois là-bas, c’est leur complice. Quand ils font des bêtises ici ils ramènent chez leurs collègues du 18e là-bas pour le camoufler. Parce que même là-bas ils nous ont maltraité. J’ai failli déposer deux plaintes contre eux. J’ai rien signé là-bas. Quand je suis rentré, je suis sorti.
Je suis sorti avec une convocation devant la justice pour le mois de juillet.
Et moi quand j’ai voulu déposer plainte ils m’ont dit non, vous avez pas le droit. Quand vous serez sorti vous pourrez faire des démarches. Il y a que les policiers qui ont le droit. Ils nous ont tabassé. Et pour qu’ils s’en sortent, ils ont déposé plainte avant moi. Ils ont dit qu’on a commencé, que je les avais provoqué. Alors que moi je pèse 60 kilos à peine. Ils étaient 4 ou 5 policiers sur moi, en plus ils sont connus pour des faits similaires, c’est pas la première plainte. Le premier policier qui s’est mis à me tabasser, le premier, il est interdit même de rentrer au CRA. Il rentre même pas dans les chambres. Il est limité. Il reste devant la porte où y a l’infirmerie, ou y a l’ASFAM. Ben j’aimerais bien si vous pouvez faire quelque chose, même faire un article. Parce que vraiment y’a personne qui parle de nous ici. On est enfermé dans des cabines. On a même pas le droits des caméras dans les téléphones.
…
Y a une grippe qui squatte avec nous ici. Tout le monde il est malade et quand tu viens demander des médicaments on te donne des dolipranes. Pour moi la grippe c’est pas avec des dolipranes. Ça fait un mois j’arrive même pas à guérir.
…
Moi c’est pas pour m’en sortir d’ici. Moi ça fait 19 ans je suis sur le territoire. Moi c’est pas pour ça. Parce que pour eux on est tous pareils. Ils ont bafoué mes droits. Alors qu’il y a des gens ça fait 3 ou 4 mois ils sont en France ils savent pas c’est quoi le mot droit. Et vous les traitez comme des animaux. En plus ils disent quoi « sale arabe vous avez rien vous croyez vous êtes chez vous ou quoi ici? ». Moi je suis pas chez moi mais j’estime le minimum, moi j’ai grandi ici, j’aime ce pays.
…
Je suis rentré à l’âge de 17 ans et demi, j’ai 37 ans maintenant. Je suis jamais sorti du territoire français. J’ai fait 9 CRA en tout… J’ai fait 3 fois Bobigny, 4 fois Charles de Gaule, 1 fois Massy Palaiseau, et celle là, Vincennes, la première fois.
…
J’ai passé presque la moitié de ma vie dans l’administration, dans les centres de rétention. Pourtant j’ai demandé mes papiers. J’ai déposé un dossier avec des preuves de 15 ans de présence alors qu’ils demandent 10 ans de preuve. J’ai attendu un an. J’ai fait des recours, j’ai attendu. Et depuis j’ai jamais eu de réponse. Jusqu’à ce que je me retrouve ici.
Mais je suis pacsé. Je suis pacsé avec ma compagne. Ma compagne je suis avec elle depuis 10 ans. On habite ensemble et tout.
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Moi je suis là à cause d’un ami qui a ses papiers, il est Français. On est rentré dans un magasin. Il a foutu un peu le bordel parce que c’était le soir de Croatie France de la Coupe du Monde. Je l’ai défendu avec le vigile et on s’est retrouvé en garde à vue. Le lendemain après le dégrisement lui, ils le lâchent parce qu’il a la nationalité française et moi ils me gardent. Moi comme ils ont rien trouvé à me coller, ils ont appelé le préfet et ils m’ont collé trois ans d’interdiction. Et pas que en France, ils m’ont collé une interdiction Schengen.
Chez moi j’ai pas de chez moi. J’ai perdu mes parents. Ça fait presque 7 ans.
…
De toute façon c’est pas ça le problème. Le problème c’est les policiers qui ne respectent pas nos droits. Ça je vais pas lâcher d’ici ou de là_bas. Normalement la première chose que je veux c’est sortir d’ici. Mais là je vais pas lâcher l’affaire. J’estime j’ai mes droits ici, j’ai grandi ici.
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Avant les autres fois au CRA, ils avaient rien sur moi parce que j’étais arrivé sans passeport sans rien. C’est en 2014 – 2015 quand j’ai voulu demander les papiers que j’ai commencé à faire le passeport marocain. C’est pour ça que je sortais facilement. Ils ont jamais réussi à me garder. Là c’est la première fois que je fais 45 jours.
Je suis passé devant quatre juges et y’en a aucun qui m’a relâché. En plus les juges ils me disent d’après moi vous n’avez rien à faire ici mais ce n’est pas de mon ressort, de ma juridiction. Comme quoi on sait vous avez des droits ça fait 19 ans mais vous êtes là. On peut rien faire.
…
Je veux plus vivre comme ça. Je veux plus travailler au noir. Je veux plus courir comme un malade, sortir et j’ai peur en regardant derrière moi. En plus on m’arrête dans une gare. Je suis ici à cause d’un contrôle. Je sais pas, j’arrête de vivre ? C’est mieux. Je crois l’Etat il cherche à me faire ça. Et pas qu’à moi. Parce que je parle de moi. Mais après chez toi t’as peur de sortir.
….
Ça fait un mois et demi je suis là. Tout ça c’est une perte de temps.
Le 09 févier 2019 de Vincennes.