Un dimanche contre les centres de rétention

Récit écrit par quelques personnes venues le dimanche 3 mars devant la gare du Nord pour participer à la manifestation contre les centres de rétention.
A 14h nous sommes près d’une centaine de personnes rassemblées devant la gare du Nord. Neuf camions de flics nous attendent au niveau du boulevard Magenta et sept autres vers la rue du Faubourg-Saint-Denis, prêts à nous barrer la route vers Barbès et La Chapelle où nous voulions passer.
On décolle finalement vers 14h30 à 150 en direction de Magenta derrière une banderole disant « Solidarité avec les révolté.e.s dans les centres de rétention » et traduite en arabe. Alors qu’on a à peine fait 20 mètres un flic s’approche et nous annonce pour la forme : « votre manif n’est pas déclarée. Vous serez bloqué.e.s. ». On fait quelques dizaines de mètres supplémentaires puis on est nassé.e.s. Dans un premier temps la nasse est plutôt lâche, plein de gens y entrent et en sortent (certain.e.s pour aller differ au rassemblement à République en soutien aux révoltes actuelles en Algérie) tandis qu’environ 150 personnes restent et entonnent des slogans (« Pierres par pierres, murs par murs, nous détruirons les centres de rétention ! », « Liberté pour tou.te.s ! Avec ou sans papiers ! », « Ni police, ni charité, vive la lutte des sans-papiers ! », « Liberté, Houriya, Freedom », etc…). Sur le parvis, en face de l’entrée principale de la gare, beaucoup de gens s’arrêtent, curieux. Certain.e.s leur donnent des tracts avec le texte d’appel en français et en arabe. Pendant au moins une heure, plusieurs slogans sont entonnés avec énergie.
Le temps passe et les gens se lassent, discutent mais ne gueulent plus. Après plus de deux heures les flics commencent à laisser les gens quitter la nasse de nouveau, mais par petits groupes et escortés jusqu’au métro. Une centaine de personne reste, exigeant de quitter la nasse tous.te.s ensemble, pour rester solidaires face aux éventuels contrôles d’identité. Les flics finissent par former une haie d’honneur entre la nasse et la bouche de métro. Tout le monde l’emprunte. Ils poussent les dernières personnes dans le couloir de la station puis, alors qu’un flic, seul, tente d’empêcher l’accès à la gare, plusieurs personnes le dépassent facilement suivies du reste du cortège qui s’élance à nouveau en reprenant les slogans. Ça résonne fort dans le grand hall de la gare ! On est une centaine à gueuler en avançant parmi la foule. Les flics, qui n’avaient pas prévu le coup, sont une petite dizaine à nous suivre sans nous bloquer. On décide de prendre le RER pour aller devant le CRA de Vincennes. Un rdv à 18h à la station Joinville-le-Pont avait circulé de bouche à oreille pour aller faire entendre notre solidarité avec les retenus par-delà les murs. Arrivé.e.s aux portiques on se les maintient ouverts pour que tout le monde passe.
On est encore une bonne soixantaine de personnes lorsqu’on arrive au RER de Joinville-le-Pont vers 17h45, soit un quart d’heure en avance sur l’horaire annoncé. Ne voyant pas de keufs sur notre chemin on décide de partir sans attendre en direction de l’arrière du CRA, d’où on est plus proches des retenus. Le cortège toujours bruyant prend la route banderole en tête, perturbant ainsi la circulation, et arrive sans encombre à proximité des bâtiments. Aucun flic à l’horizon. On fait le maximum de bruit en criant et en sifflant, certain.e.s en montant sur la butée alors que celleux resté.e.s sur la chaussée guettent l’arrivée des bleus. On marque une pause pour écouter s’il y a du répondant de l’autre côté des murs puis, entendant des cris, on recule vers l’A4 pour s’en rapprocher. Des bâches ont été posées sur les grilles intérieures pour empêcher les retenus de voir vers l’extérieur, sauf à certains endroits ! On a pu voir quelques personnes à travers une fenêtre qui n’avait pas été condamnée. Ils sautent à l’intérieur, nous sautons à l’extérieur. Il nous entendent et gueulent avec joie. Idem de notre côté. Après un quart d’heure d’échange, une dizaine de camions de flics arrive mais nous avons le temps de nous regrouper. Ils nous nassent pendant 10 minutes puis nous escortent jusqu’au quai du RER. On repasse devant un terrain de foot où des joueurs, nous ayant vu un peu plus tôt marcher en sens inverse, nous relancent en scandant « Liberté pour tou.te.s ! ».
Contre l’enfermement, à bas les frontières !
N.B : Le même jour, un rassemblement contre les CRA  avait lieu à Toulouse.

Des nouvelles de l’Asilo Occupato et de la répression en Italie !

On relaye ici des articles paru sur Passamontagna:

Ils ont expulsé l’Asilo Occupato.

Ils ont arrêté 6 camarades accusés d’association terroriste à des fins subversives.


Ils ont battu et tenté de réprimer toutes les formes de solidarité qu’ils ont tenté d’apporter aux compagnons expulsés et arrêtés.
Cela ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire du mouvement de Turin, ainsi que dans l’histoire de ce pays.
L’Etat a déclaré la guerre ouverte à toute occupation et à tout groupe ou personne qui s’organise contre ce système de plus en plus fasciste et totalitaire.

L’Asilo vivait depuis 24 ans. Il a été un lieu de rencontres, de débats et de réflexions pour des milliers de personnes. Espace pour s’organiser dans les luttes ; pour partager des dîners et des moments de fête.

C’était ennuyeux dans un quartier en gentrification, où les puissances économiques – et politiques – comme Lavazza ou les « Grandes » écoles. (Holden, etc.) ont greffé leurs bases logistiques. C’était ennuyeux parce que cela allait à l’encontre de tout ce que ces puissances prêchent. C’était ennuyeux parce que ça continuait à descendre la rue. Parce qu’il continuait à se battre. S’organiser contre les expulsions, contre cette gentrification qui éloigne de plus en plus les pauvres des centres et tue les quartiers populaires. Lutter contre les CIEs, aujourd’hui CPR, et leur système de sélection et d’exclusion qui grince des vies sur la base de la possession ou non d’un document.

Il est clair que la volonté est de détruire tout lieu d’autogestion et d’auto-organisation. Ne laisser plus de place à ceux qui pensent et s’organisent pour vivre autrement.

Ce gouvernement jaune-vert a choisi d’être le bourreau définitif dans ce mécanisme de répression totalitaire qui dure depuis un certain temps.
Des politiques de plus en plus meurtrières, racistes, xénophobes, xénophobes, de pure guerre contre les pauvres et ceux qui s’organisent contre eux. Comme à Turin, avec un cintre qui félicite la police pour le massacre de l’Asilo qui vient de se produire.

Le 270 bis n’avait pas été utilisé depuis un certain temps sur Turin comme une stratégie répressive. Les accusations de terrorisme permettent une longue détention préventive en prison. Une bonne façon de continuer à attaquer un groupe de camarades qui ne se sont jamais lassés des combats.

Ils ont été accusés de tout ce qui s’est passé en Italie contre le CPR et les sociétés de gestion des déportations ; ils ont été accusés d’avoir fomenté des émeutes dans les prisons pour migrants « irréguliers ».

La crainte que les exploités s’unissent, liée au nouveau racisme rampant, est ce qui a soutenu cette manœuvre répressive.
Cette expulsion et ces arrestations – avec une accusation aussi absurde et spectaculaire – sont un test pour le gouvernement et sa guerre vient de s’ouvrir aux occupations grâce aussi au nouveau décret « Sécurité » du clown en vert.

 

Que la réponse soit générale, dans chaque ville et dans chaque quartier.
Toute notre solidarité avec les camarades arreté.e.s.

Une forte étreinte pleine de colère envers tous les autres compagnons expulsé.e.s.

Un sourire complice pour la copine qu’ils n’ont pas pu arrêté.
Que de cette expulsion naissent 1000 occupations.

ORGANISONS NOUS.

…. La répression de l’état italien n’est pas tombé qu’a Turin, dans la foulée c’est des copain.e.s de Trento qui se font arrêter.

Sept autres camarades ont été arrêtéEs.

Des dizaines de perquisitions. 40 suspects.


Ils parlent de « cellule subversive », de « terroristes » ; ils dépeignent les personnes arrêtées comme « prêtes à tuer pour renverser l’ordre démocratique ».
Rien ne nous surprend. Aujourd’hui, le terrorisme perpétré par les médias et les journaux est du pain quotidien. Et la campagne contre les « anarchistes », les vilains noirs et méchants qui s’opposent à « l’ordre des choses » et à la « coexistence pacifique » dure depuis longtemps.

Ils ont arrêté 7 compagnons. Après la répression à Turin, ils ont attaqué un autre groupe de personnes qui s’organisent contre la militarisation, contre les frontières. Le fascisme et le racisme se battent, de plus en plus meurtriers. Qui pense et agit quotidiennement contre un capitalisme de plus en plus sournois.

D’abord Turin, maintenant Trento.

Ils veulent massacrer toute forme de pensée et d’action critique envers l’existant. Ils veulent tuer tous les groupes qui s’organisent et vivent en dehors des schémas institutionnels. Les accusations de terrorisme sont à nouveau faites pour isoler, pour essayer de briser la solidarité. Imposer de longues peines préventives et briser un groupe de compagnons engagés dans de nombreuses luttes.

Mais dans cette guerre, le terroriste est l’État et ses tortionnaires. C’est sa propagande de peur et sa pensée unique qu’il tente d’imposer avec répression et conformisme. Ses lois sont meurtrières, et aujourd’hui sa politique est de plus en plus fasciste et raciste, ce qui sépare les blancs des noirs, ce qui fomente la haine et la discrimination. C’est l’État qui fait la guerre, et dans cette guerre maintenant déclarée aux pauvres, aux marginalisés et à tous ceux qui s’organisent contre ces politiques, nous sommes tous appelés à prendre parti et à prendre parti.

 

Notre entière solidarité avec les compagnons arrêtés de Trente.
Toujours complices de ceux qui se rebellent et choisissent de se battre.

Les camarades de ChezJesOulx- Casa Cantoniera Occupata

Grève de la faim au CRA de St Exupéry !

Vendredi et samedi, les détenus du CRA de Lyon St-Exupéry ont entamé une grève de la faim pour protester contre le système des CRA, les conditions de détention et la répression policière qu’ils subissent au quotidien.

Vendredi et samedi, les détenus du CRA de Lyon St-Exupéry ont entamé une grève de la faim pour protester contre le système des CRA, les conditions de détention et la répression policière qu’ils subissent au quotidien.

Pour rappel, la police a gazé et matraqué les détenus mardi soir, conduisant 6 personnes aux urgences et 5 en garde à vue. Dans les jours qui ont suivi, la répression inhérente au CRA n’a fait que s’intensifier : la semaine a notamment été marquée par des évacuations de cellules réalisées par des flics armés de boucliers, pour procéder à des fouilles systématiques.

Vendredi matin, des flics prennent pour cible des détenus, les tabassent, et laissent notamment à l’un un œil au beurre noir. Il fera partie des deux personnes envoyées en garde à vue. Ce jour-là, les flics infligent également une punition collective à tous.tes les détenu.e.s en interdisant les visites, en empêchant les personnes d’accéder à l’infirmerie et en refusant de leur délivrer des certificats médicaux attestant de leurs blessures, et en suspendant l’achat de cigarettes. Dans ce contexte, une soixantaine de détenus entament une grève de la faim dès vendredi matin. Ils exigent la libération des personnes placées en gardes à vue, et dénoncent :

  • L’enfermement et l’isolement (séparation des familles et destruction des liens…)
  • Les violences policières et la répression (tabassages, gazages, gardes à vue…)
  • Le racisme et l’animalisation
  • La criminalisation des sans-papiers
  • La bouffe dégueulasse et non adaptée aux régimes alimentaires (pas de nourriture halal, privant ainsi de repas de nombreuses personnes détenues)
  • La non-prise en charge médicale
  • La falsification d’identité pour expulser des personnes vers des pays qui ne sont pas les leurs (par exemple, des congolais.es sont déporté.es en Angola), favorisée par un contexte de collaboration entre États et alimentée par la corruption.

Les différents témoignages apportés de l’intérieur démontrent que les violences au CRA font partie intégrante d’un système tortionnaire, destiné à broyer des vies humaines et à perpétuer une politique raciste et colonialiste. Parce que l’Etat enferme, l’Etat et la police s’octroient le droit de disposer des corps, de les matraquer, de les laisser mourir de faim, de les isoler, de les laisser crever. L’absence de soins médicaux appropriés est alarmante, mettant la vie des détenu.es en danger. Elle influe aussi sur leur force de résistance : la vulnérabilisation des personnes et le shootage aux médocs impactent la grève de la faim, qui s’est temporairement arrêtée ce dimanche.

Alors que la situation dans les CRA est affolante, Forum Réfugiés se targue d’être le garant du respect des droits à l’intérieur, mais ne fait que perpétuer une logique de business et de gestion raciste des centres de rétention. En effet, de qui Forum entend-il faire respecter les droits ? Ceux de la PAF ou ceux des étranger.es ?

Rendons cette grève de la faim publique !
A bas les CRA, à bas les frontières et soutien à tous.tes les prisonnier.es !

Plus d’info sur Rebellyon :

https://rebellyon.info/Greve-de-la-faim-au-centre-de-retention-20276