QUE DISPARAISSENT LES PRISONS POUR SANS-PAPIERS LIBERTÉ POUR TOU.TE.S !

Les Centres de rétention administrative (CRA) sont des prisons pour enfermer et expulser les sans-p­apiers. Dans ces lieux, les conditions de vie sont pourries et les violences policières sont quotidiennes : insultes racistes et sexistes, isolement, tabassages, refus de soins… les morts aussi sont fréquentes, comme au CRA de Vincennes où depuis août deux personnes sont décédées. C’est l’État qui les a tué !


Pour faire face à ça, les prisonniers-ères sans-papiers s’organisent à l’intérieur pour se défendre, luttent contre les expulsions et contre les violences des flics, lancent des grèves de la faim, s’évadent et se révoltent. À l’extérieur, des personnes solidaires essaient de faire sortir leur parole, de soutenir leurs luttes, de se battre contre la machine à expulser. Les CRA doivent disparaître !

Au CRA de Oissel (près de Rouen), après l’énième tabassage de la part des keufs, les prisonniers sont entrés en grève de la faim et continuent à résister collectivement. Mais les policiers n’arrêtent pas leurs provocations et tapent violemment les gens enfermés. France Terre d’Asile, l’association qui est censée fournir un soutien aux prisonniers, ferme ses yeux et sa gueule. Le collectif de prisonniers de Oissel demande son départ immédiat du CRA : FTDA, c’est des collabos !

Samedi 1 février, l’Assemblée contre les CRA IdF propose un moment public à Barbès

  • Faisons sortir la parole des prisonniers-ères : On transmettra des appels de copains enfermés en CRA qui racontent comment ça se passe dans ces prisons, parlent des luttes en cours et de la répression.

  • Soyons solidaires avec les luttes contre les CRA, en France et partout ailleurs : Suite à plusieurs morts dans les CRA en Italie, les camarades là-bas ont lancé une mobilisation nationale pour le 1 février : des rassemblements ont lieu dans plusieurs villes italiennes, pour exiger la libération de tou.te.s les prisonniers-ères sans-papiers.

  • Dénonçons les collabos : Ce ne sont pas seulement les flics et la Préfecture qui font fonctionner la machine à expulser. Ce sont aussi des boites qui font du fric sur les CRA, les compagnies aériennes qui déportent, les associations humanitaires qui font semblant de rien voir.

RDV Samedi 1 Février, à partir de 16 heures,

Bvd de la Chapelle au niveau de rue Caplat, à côté du métro Barbès

PRISES DE PAROLES ET APPELS DES PRISONNIERS

A BAS LES CRA, LIBERTÉ POUR TOUT·ES

Temoignages suite au parloir sauvage aux mesnils-amelot le 25/01

On a entendu crier « liberté liberté » donc on savait que ça parlait de nous, que c’était pour nous

On lâche rien ! Samedi 25 janvier, on est venu·es à plusieurs dizaines de toute la france pour faire entendre notre solidarité aux prisonnier·es du CRA du Mesnil Amelot.

Pendant plus de 30 minutes, on a pu crier bien fort notre soutien aux personnes enfermées et notre deter de voir la destruction totale de la machine à expulser. « Liberté, huriya, freedom, azadie », « pierres par pierres, murs par murs, nous détruirons les centres de rétention » se sont mêlés aux sons des grillages secoués par les personnes enfermées!

Quelques récits de l’intérieur au téléphone le lendemain :

Centre de rétention 2 du Mesnil Amelot, Bâtiment 11

Après le dîner chacun était dans sa chambre. On a entendu le bruit dehors, que c’était une manisfestation. On a entendu crier « liberté liberté » donc on savait que ça parlait de nous, que c’était pour nous. On est sorti et on a crié aussi « liberté ». Ils avaient déjà fermé la grille du bâtiment. Ils ont fermé juste avant. Ils ouvrent le matin quand on va prendre le petit déjeuner mais le soir y’a pas d’heure précise, ils ferment la grille à l’heure qu’ils veulent, en général c’est après 20h, après on peut plus rejoindre les gars des autres bâtiments, ils nous empêchent de parler entre nous.

Mais là ils ont fermé tôt, hier, bizarrement, ça a été très vite fermé comme si ils savaient ce qui allait se passer. On est tous sortis de nos chambres dans la cours, nous dans notre chambre on est 3. On a tous crié, c’est tout ce qu’on peut faire, on a que nos voix pour crier. Ca criait aussi au 9, au 10 et au 12. Les policiers tournaient autour. Après je suis rentré parce que j’avais froid j’étais pas équipé comme les autres et après chacun est rentré.

Ce matin ils ont tabassé quelqu’un. A 9 heures ils viennent pour le nettoyage et nous font tous sortir vite mais là il fait froid, il était en train de se laver, on sait pas ce qu’il sait passé exactement mais ils l’ont tabassé et là on sait pas où il est.

Un deuxième prisonnier du CRA 2

Ouais les keufs ils sont venus et ils ont gazé vite fait vers le 12. Ptet les gens ils essayaient de casser les portes… Mais on a raison. On mange pas bien. Aujourd’hui ils ont ramené quelqu’un en GAV pour le tabasser. Ils l’ont mis dans un coin sans caméra et ils l’ont massacré.

Un troisième prisonnier du CRA 2

Samedi soir, on était là après le diner quand on est rentré chacun dans sa chambre, on a des potes qui criaient, des personnes qui ont voilà qui criaient « liberté liberté liberté »…

Du coup chacun sort de sa chambre, et voilà on a crié liberté, pendant ce temps la police était là, elle tourne autour.

Tout le monde est sorti des chambres bâtiment 3, bâtiment 11, 9 et ainsi de suite, voila. Ça criait liberté liberté, et après chacun est rentré voila.

Il se passe plein de choses bizarres ici, y’a quelqu’un qui ici s’est fait tabasser par la police.

C’est dans mon bâtiment, bâtiment 11. A neuf heures on nous demande de sortir pour aller. Bon y’en a on besoin de sortir pour se laver les yeux, on doit se laver la bouche pour voilà pour sortir. Il s’est lave la bouche et c’est parti en cacahuete; dimanche soir. Hier soir ils l’ont ramené. Il a passé la journée à l’isolement, c’est ce matin tu vois, oui il il est retourné ce matin.

Bâtiment 11, ils l’ont pris, on sait pas ou ils l’ont amené, ils l’ont menotté et ils sont partis avec. C’est ce matin on l’a revu. Je crois qu’il a dormi à l’isolement.

Centre de retention 3 du Mesnil Amelot, bâtiment 8

Hier (samedi soir) tout le monde était content. Quand j’ai su, j’ai dit dehors tout le monde! Y’a quatre bâtiments ici et tout le monde il crie! Ils criaient tous liberté. On était 100% content !

La police, ils ont un peu paniqué. Alors ils tournent en haut et en bas. Il y a eu des renforts de sécurité avec des petits camions. Du coup chaque jour d’habitude y’a des pointages à 21h45. Hier à 20h20 ils nous ont enfermé. Ils ont peur. Quand j’ai demandé à un policier « Pourquoi? », il m’a répondu « c’est à cause de votre bordel ». Moi c’est bâtiment 8 et on est 10 cellules, y’a 2 lits dans chaques cellule et tout le monde est sorti.

 

A l’extérieur, on est reparti·es à travers champs, qu’à cela ne tienne, nous reviendrons tant que nous n’aurons pas dansé sur les cendres de rétention !

A BAS LES CRA, LIBERTÉ POUR TOUT·ES

Jusqu’au 2 février : Un appel à la mobilisation contre les CRAdepuis l’Italie

Suite aux derniers évènements dans les prisons pour sans-papiers, des camarades en Italie appellent à une semaine d’actions contre les CPR (CRA), pour la libération de toustes les prisonnièrs. Soyons nombreux-ses en France aussi à montrer notre solidarité.

A bas l’enfermement et les frontières, en Italie comme en France et partout ailleurs !

Voici le texte d’appel traduit en italien (d’autres témoignages et infos après l’appel) :

DU 27 JANVIER AU 2 FEVRIER: SEMAINE D’ACTIONS
ET DE MOBILISATIONS POUR LA FERMETURE DE
TOUS LES CPR, POUR LA LIBÉRATION IMMÉDIATE DE TOU.TE.S LES DETENU.E.S ET POUR VAKHTANG

Le 18 Janvier, Vakhtang Enukidze est mort a l’hôpital de Gorizia après avoir été battu à mort par les forces de l’ordre entre les murs du CPR (1) de Gradisca d’Isonzo (Frioul-Vénétie Julienne).
Les détenus nous l’ont rapporté, le 18 janvier au soir, alors que, ayant appris la mort d’une personne, nous nous étions retrouvés devant le CPR pour leur parler. Ils nous l’ont crié par dessus les murs, nous ont appelés et nous ont envoyé des vidéos, avec tout
le courage de ceux qui savent que personne d’autre ne sait ce qui s’est réellement passé au sein du CPR.

La préfecture de police et le ministère public ont tout fait, dès le début, pour minimiser sa mort : « mort d’un migrant lors d’une rixe » titraient les journaux le lendemain de la publication de la nouvelle par Melting Pot (2). Néanmoins, nous somme parvenus à faire entendre la voix des détenus, comme tant d’autres solidaires l’avaient fait avant nous pendant des années. Ainsi de nombreuses personnes dans toute l’Italie ont pu entendre leurs témoignages. Le lendemain, dimanche 19 Janvier, beaucoup d’entre nous sont retournés devant le CPR, tandis que les détenus nous appelaient, fuyant les coups qui – nous disaient-ils – étaient réservés à ceux qui parlaient avec les personnes présentes dehors. Les directives semblaient claires: plus aucune communication avec l’extérieur. La nuit, les gardes ont tenté de saisir tous les téléphones portables, une « récupération » que le ministère public a justifiée « aux fins de l’enquête ».

Cette même nuit, un député et un avocat sont venus visiter le CPR à l’improviste, y trouvant les agents des forces de l’ordre en tenue
antiémeute et les ont entendus parler du sang présent dans l’établissement. La presse a alors commencé à rapporter la version des camarades de Vakhtang: battu à mort par la police, un nouveau cas « Cucchi » (3), étranger cette fois, et dans un CPR et non une prison. Le procureur a rapidement déclaré que les éléments de cette version n’était que « des rumeurs ». Le 21 Janvier à 4 heures du matin, les trois compagnons de cellule de Vakhtang, qui faisaient partie de ceux qui s’étaient déclarés prêts à témoigner, ont été déportés en Égypte sans que personne ne le sache. C’est ainsi
que le « ministère public enquête », comme nous le disent les journaux.

Lorsque la version des témoins a filtré, la presse a directement étiqueté l’assemblée qui transmet les voix des détenus comme un groupe d’extrémistes et d’incitateurs à la révolte – comme si les révoltes avaient besoin d’une incitation extérieure -, essayant ainsi de la délégitimer. Dans un même temps, de multiples tentatives de saper la crédibilité des détenus ont été faites. Vakhtang a été décrit comme violent, toxico et automutilateur, description visant à diminuer l’empathie envers lui. Les détenus en général sont décrits comme des violeurs, des trafiquants de drogue et/ou des criminels.

Vakhtang était une personne vivante, avec ses propres rêves, enfermée dans un enfer carceral créé par des lois racistes. Dans tous les CPR italiens se trouvent des détenus enfermés dans des camps du simple fait de ne pas avoir de documents en règle.Leur emprisonnement ne se termine pas toujours par une expulsion, les détenus etant souvent libérées avec un « foglio di via » (4) qui les oblige à vivre dans la clandestinité.

Les personnes déportées, en revanche, se retrouvent contraintes de rentrer dans leur pays d’origine sans possibilité de revenir en Italie, où certains ont toute leur vie et leur famille, ainsi ramenées au point de départ d’un terrifiant voyage déjà affronté au moins une fois. La menace d’expulsion est la plus grande qu’une personne non
européenne puisse recevoir: le CPR, théâtre d’abus et encore pire que la prison, sert à rendre cette menace réelle. Elle contraint les gens a accepter des conditions de travail inhumaines, afin de maintenir un emploi, sésame en vue d’une carte de séjour.

La loi suivra son cours et peut-être qu’un jour quelqu’un sera jugé coupable. Mais il nous appartient maintenant de ne pas laisser le meurtre de Vakhtang passer inaperçu et de faire tout notre possible pour que tous les CPR soient définitivement fermés. Encouragé.e.s par la réponse de solidarité reçue de toute l’Italie, nous lançons un appel à une semaine d’actions et de mobilisations en vue de la fermeture de tous les CPR, pour la libération immédiate des personnes qui y sont enfermées et pour Vakhtang.

Nous invitons donc tous les individus, assemblées, groupes, associations, organisations, comités à faire tout leur possible pour atteindre cet objectif. Convaincus que chacun peut exprimer sa colère et sa dissidence comme il l’entend, nous pensons qu’est venu le moment d’agir. Que chacun.e s’organise la où il vit. Faisons en sorte que ces lieux infernaux ferment.

 

Si vous souhaitez nous informer des initiatives ou des actions a venir, vous pouvez nous
écrire (italien, espagnol, anglais, français, etc.) à: nocprnofrontieretrieste@riseup.net

 

(1) les CPR, Centri di Permanenza per i Rimpatri, ou Centres de rétention pour les
rapatriements en Francais, sont l’équivalent italien des CRA (Centres de Rétention
Administratif) dans lesquels la détention est possible jusqu’a une durée de 6 mois.
(2) https://www.meltingpot.org/
(3) Stefano Cucchi est un jeune Italien battu à mort par la police alors qu’il était en
détention provisoire à Rome le 22 Octobre 2009.
(4) Interdiction du territoire d’une commune, par exemple.

 

no cpr e no frontiere. né in fvg né altrove. libertà!

Vidéo d’une intervention de la police au sein du CPR.
Link1: http://nofrontierefvg.noblogs.org/files/2020/01/WhatsApp-Video-2020-01-18-at-
18.40.35.mp4?_=1
Link2: https://www.facebook.com/nocprfvg/videos/478605026408512/

Témoignage (en Italien) d’un détenu sur les faits qui menèrent à la mort de VakhtangLink: https://nofrontierefvg.noblogs.org/post/2020/01/19/testimonianze-sappiamo-chi-
e-stato/

Plus d’infos: Assemblea No CPR no Frontiere Friuli-Venezia Giulia
https://nofrontierefvg.noblogs.org/
https://www.facebook.com/nocprfvg/