Révolte dans le CRA de Mesnil Amelot : « Tout le monde voulait juste être libre »

Entre samedi et dimanche, une révolte a éclaté au Mesnil-Amelot, dans le plus grand centre de retention administrative de France. C’est l’énième rébellion qui secoue cette prison pour sans-papiers, après l’incendie de janvier 2021, la grève de la faim de mars 2021, l’évasion collective de juillet 2021, les protestations de décembre 2021, la grève de la faim d’avril 2022

Cette fois-ci, l’ampleur de la révolte semble avoir été très importante : les prisonniers des deux CRA (CRA 2 et CRA 3) se sont mobilisés pendant plusieurs heures (la nuit du samedi et ensuite le dimanche matin) en mettant le feu aux batîments qui les enferment, en montant sur les toits, en essayant de s’évader et en résistant aux keufs. Apparemment plusieurs batîments ont été fortement endommagés.

La répression a été violente comme d’habitude : les keufs ont dû demander des renforts, pas mal de gens se sont faits tabasser et gazer. Sans doute des interpellations ont eu lieu, mais on n’a pas les détails pour l’instant. En tout cas, c’était le zbeul, comme le racontent dans ce témoignage collectif des prisonnières du CRA qui n’ont pas directement participé à la révolte.

La communication avec les prisonniers-ères est compliquée en ce moment, sans doute aussi à cause de l’importante répression qui a suivi l’émeute. On espère pouvoir choper plus d’infos dans les prochains jours.

En tout cas, plein de force aux prisonniers-ères et aux révolté.e.s !!!


 » Nous avons voyagé à la recherche du bonheur, mais nous avons été arrêtées au milieu du chemin. La police nous a abordées et nous a amenées au centre pour migrants. Mais en réalité c’est comme un HP, il n’y a pas de paix ici.

Ils ont mis le feu aux matelas, les prisonniers ont défoncé les portes de la prison. Et les quelques policiers qui étaient là se sont défendus en lançant du gaz poivre. Les femmes qui ont été arrêtées à cause d’un visa expiré, ont injustement subi les conséquences d’une
action dont elles ne faisaient pas partie. Leurs yeux et leurs visages brulaient à cause du gaz poivre. Acculées et effrayées, elles se sont entassés dans leurs chambres, pendant que tous les hommes sautaient au dessus des murs et des portes pour fuir, rentrant même les cellules des femmes.

On entendait le bruit de la sirène. Des cris effrayants et
la peur couraient dans leurs veines. Est-ce qu’on était en prison ou dans un HP ?! Tout le monde voulait juste être libre et retourner dans sa famille. La police n’a pas pu arrêter la fuite, ils ont appelé des renforts, plus de 100 policiers sont arrivés. Il y avait plus de 3 camions de pompiers pour contenir le feu. C’était fou. Les femmes montaient sur un toboggan pour voir ce qui se passait.

Des policiers avec des casques et des boucliers n’ont pas pu contenir la fuite, plusieurs prisonniers sont montés sur le toit… D’autres bombes ont été lancées, des hommes sont tombés du mur qu’ils escaladaient pour
s’échapper. La police n’a à aucun moment demandé aux femmes si elles allaient bien. […]

Les policiers ont traité les femmes de folles et de
noires simplement parce qu’elles ne parlaient pas français. Elles vont toutes avoir besoin d’un psychologue. Est ce que c’est juste tout ce qu’elles sont en train de vivre injustement? Parce que leur vie est en
danger. Elles ont entendu le bruit des coups de feu. «