Voici le témoignage (publié en retard) d’un prisonnier du CRA de Coquelle, à 10 km de Calais. Il raconte les violences prisonnières dans le centre, le refus de soin, les tensions aggravées par la pandémie. Mais il parle aussi d’une grève de la faim qui a eu lieu la semaine dernière et qui a subi une forte représsion. On n’a pas plus d’infos pour l’instant.
Les prisonniers et les prisonnières dans les CRA continuent à lutter avec détermination tous les jours. Construisons la solidarité à l’extérieur pour en finir avec les CRA !
a bas les cra !
» Avant j’étais à la prison de Maubeuge, j’ai fait ma peine, j’ai une carte de séjour, un permis de conduire français, une femme, un acte de mariage français, deux enfants ici. Mais quand je suis sorti on m’a emmené au centre de rétention pourtant j’ai des enfants français.
Au TA (tribunal administratif) ils ont annulé mon IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) mais pas mon OQTF (obligation de quitter le territoire français), ça sert à quoi. Alors je suis toujours là.
Pourtant avec l’épidémie qu’il y a aujourd’hui, on peut pas nous expulser. Y a plein de gens ici avec moi ils ont fait 3 mois le max et puis ils sont sortis, aujourd’hui les frontières elles sont fermées. On comprend pas qu’est ce qu’on fait la encore. Y a des gens ils les ont ramené pour un simple contrôle d’identité le gars, il était tranquille il a pas de papiers, mais il a un contrat de travail, il a pas de casier. Ils les ont ramené là et les policiers ils leurs font la misère. Un policier il a dit ta gueule à un gars parce qu’il comprend pas le français, il dit ferme ta gueule, c’est grave ta gueule. Il dirait pas ça à un français.
Je suis diabétique, depuis que je suis là on n’a arrêté de me donner de l’insuline parce que je mange pas assez et que je risque de faire un malaise mais mon diabète il monte. Mon diabète est déséquilibré, j’ai fait plusieurs malaises, la première fois ils ont dit tu verra l’infirmière demain, la deuxième fois, ils ont vu que c’est grave alors ils ont fini par appelé les pompiers. Mais quand ils sont arrivés, les flics leur ont dit que je faisais exprès. Le pompier a dit pourquoi il fait ça il veut pas retourner dans son pays, j’ai pris sur moi pour réussir à répondre, et là il a dit ha ben il parle français celui là…
Arrivé à l’hôpital je suis resté à peine 10 minutes, les flics ont dit aussi au médecin que je faisais exprès alors le médecin à rien fait, il a même pas pris ma tension. Même l’infirmière du CRA elle était surprise, qu’il y ai pas d’examen.
Ici la police nous provoc tous les jours.
Un monsieur Albanais a été expulsé alors que ce jour là il avait une audience au tribunal, il a pas voulu sortir de sa chambre parce qu’il avait l’audience, et il avait des bonnes chance de sortir, ils l’ont pris pas juste par la force mais avec violence. Ils l’on tabassé devant nous ils ont ramené les lacrymogènes. C’est pas un gars c’est un monsieur âgé, 58 ans. j’ai été traumatisé, vraiment traumatisé j’ai jamais vu ça de ma vie.
Y en a ils en peuvent plus, ils avalent des tournevis, y a pas une semaine sans une ou deux tentatives de suicide ici.
Comme dans tous les centre de rétention, on est comme des animaux en cage, on a rien de bon à manger et à boire.
Ici y a pas d’activité, ça fait une semaine qu’on mange de l’omelette matin midi et soir.
Les omelettes c’est pas des omelettes moi je mange les omelettes, mais là je sais pas avec quoi elle est faite, je peux pas la manger c’est dégueulasse.
Après 23h on a plus accès au distributeur de café, madeleine… C’est avec notre argent mais c’est interdit. On mange à 17h, mais on mange rien alors dés 19h on a faim. On a aucun droit ici.
Hier (la semaine dernière) on a commencé une grève de la faim. Le grand patron il est descendu avec pleins de policiers. Enfin on avait quelqu’un de responsable. Le responsable il a fait quoi il a pris deux gars, les deux ils ont été condamnés aujourd’hui je peux pas vous dire la peine mais ils ont été condamnés, je suis sur et certain. Pourquoi parce qu’on a refusé à manger, on a refusé de sortir de notre chambre et eux ils ont crié ont veut pas sortir de notre chambre, les policiers ont commencé à provoquer. Ils leur ont fait un sale dossier, ils sont partis en prison, aujourd’hui. Moi j’ai été menacé de la garde à vu.
Le patron on lui a demandé de manger plus tard, il nous a répondu c’est pas l’hôtel ici, je lui ai répondu on est pas en détention , il a dit ouais mais c’est pas un hôtel. Quand je lui ai dit qu’on avait pas d’activité il m’a dit tu te crois au centre aérée ? Continue comme ça a pousser les gens à faire grève tu vas finir en garde à vu ou soit un transfert. Mais les autres ils décident tout seul de pas prendre les repas.
En tout cas ça a rien changé, j’ai continué à parler avec les policiers mais c’est non, non non.
Aujourd’hui j’ai plus de force pour me battre.
Soit je continue à faire la grève mais je vais me trouver comme mes collègues en garde à vu après en détention, soit je vais arrêter.
On peut pas parler avec eux soit on va aller manger on va plus parler soit on va finir en prison.
Je suis papa de deux enfant je peux pas me permettre de me mettre dans la merde plus que ça. »