Samedi dernier 17/04, une copine retenue au CRA du Mesnil a été mise sur un vol vers la Colombie, sans test PCR ni préavis, sous menace d’expulsion musclée -scotch, menottes, casque- si elle s’y serait opposée. Elle et deux autres retenues, une femme chilienne et une femme colombienne, avaient entamé une grève de la faim (qui dure toujours) le 06/04. Le 21/04 deux flics sont venus frapper une de ces deux femmes, la tirer au sol et l’insulter, après avoir pris soin d’éteindre les caméras auparavant. Nous relayons leurs témoignages ici.
« Nous sommes en grève depuis [le 06/04]. Nous faisons la grève pour l’asile contre la déportation rapide, nous n’avons pas été visitées par un médecin, la police n’a pas un bon comportement envers nous. »
« Je suis dans le centre de rétention administrative, la prison pour les personnes qui n’ont pas de papier et je suis en train de subir une forte discrimination par la police française ; je n’ai pas de famille ici, je suis injustement détenue ici. Il y a une semaine j’ai commencé une grève de la faim politique, qui est une manifestation politique pour mes droits en tant qu’être humain ; les policiers qui nous gardent nous ont emmené chez le médecin pour contrôler la grève de la faim, nous sommes en mauvaise santé. Pour nous c’est important que nos droits soient écoutés, pour recevoir de l’aide pour être libérées, je suis avec mes compatriotes latino-américaines. »
« [Je fais grève] parce que je sens que depuis que je suis arrivée, personne ne m’écoute. J’ai été dupée par le traducteur. Personne n’essaie de se mettre à ma place. Je sais que je suis une personne bonne et saine, et ils/elles m’ont traitée comme si j’étais n’importe quelle délinquante.
Je fais la grève de la faim depuis que je suis arrivée du tribunal de Paris mardi soir, c’était le 5 avril 2022Les conditions sont horribles pour moi, une personne qui n’était jamais entrée dans une prison, où la nourriture est horrible. Le petit déjeuner, c’est un café avec un morceau de pain à 7h du matin et on va déjeuner à midi morte de faim [au point de perdre connaissance] et là on te donne à manger de la [semoule] sèche avec du poisson qui sent mauvais. Parfois il y a des cheveux dans le pain et quand quelqu’un demande à le changer ils/elles refusent ! Et le repas [du soir] est aussi répugnant que la nourriture qu’ils/elles distribuent à midi. Les toilettes sont horribles, elles sentent mauvais tout le temps et ils/elles ne mettent pas de produit pour désinfecter et ça nous donne des mycoses aux pieds et de l’herpès au niveau de la partie intime.
Concernant les médecins, j’ai vu le psychiatre une fois. J’ai dit à une infirmière que j’étais trop angoissée et elle m’a pris un rendez-vous avec lui. Le psychiatre m’a dit que je n’avais rien, qu’il allait me donner des comprimés pour quand je serais anxieuse. Moi en réalité je n’avais pas besoin de psychiatre, moi j’ai besoin d’un psychologue. Ce que j’ai vécu pendant près de deux mois d’enfermement, je ne l’avais jamais vécu ni imaginé, et la police c’est ce qu’il y a de plus triste, j’ai pris la décision de penser qu’en réalité, ils/elles ne sont pas des êtres humains mais des démons qui nous surveillent tout le temps, ils/elles sont des agresseurs psychologiques qui n’ont pas de cœur.
Je me suis sentie comme la plus grande criminelle du monde sans avoir tué, volé et sans avoir fait de mal à mon entourage ou à celui des autres, ni en France, ni en Colombie, ni où que ce soit dans le monde. Merci de prendre mon appel. »
Les copines nous ont parlé plusieurs fois des refus des soins qu’elles ont subi, le chantage de l’administration du CRA étant: si vous continuez avec la grève de la faim, vous ne porrez pas voir ni le médécin ni l’infermier. Aussi, elles racontent que deux femmes enceintes sont actuellement présentes dans le CRA du Mesnil. L’une d’entre elles, à un état de grossesse avancée et en pleine souffrance, s’est vue réfuser par les keufs la possibilité de partir à l’hosto avec l’ambulance qu’elle avait appellée.
Pour plus d’infos vous pouvez écouter l’émission de l’Actualité des luttes qui revient sur cette grève de la faim.
Pour soutenir les copines et se renseigner sur les conditions des personnes retenues ainsi que sur leurs luttes, on peut appeler massivement les cabines publiques du CRA du Mesnil (01.60.54.16.48 et 01.60.54.16.47) et fair tourner leur parole aux max. Force à elles et à toustes les rétenus!