Retour sur le rassemblement contre la PAF à Lyon

Retour sur le rassemblement contre la PAF à Lyon

On relaie ici un article paru sur crametoncralyon.noblogs.org qui raconte le rassemblement de la semaine dernière contre la PAF (Police aux Frontières)

La police aux frontières (P.A.F.) traque et rafle les sans-papiers. Gestionnaire des Centres de Rétention Administrative (C.R.A.), elle les enferme, les torture et les déporte.

Il y a quelques semaines, les détenu.e.s du CRA de Saint-Exupéry ont dénoncé les conditions de rétention et les violences subies au quotidien dans un communiqué. En soutien, une centaine de personnes s’est rassemblée place Guichard derrière la banderole « Ni PAF, ni rafle, ni prison, ni expulsion ». Rythmé par les slogans anti-CRA, anti-frontières et anti-PAF, la manif prend joyeusement la rue de la Part-Dieu en direction des bureaux de la PAF. Très rapidement un cordon de CRS se dresse face au cortège. Quelques slogans plus tard, les manifestant.e.s bifurquent pour rejoindre les voies du tram et redescendent jusqu’à la PAF en empruntant la rue Garibaldi. La circulation est momentanément bloquée. Devant le bâtiment de la PAF, les CRS préparent leur matos : ils sortent matraques, spray au poivre et une grenade de désencerclement. La manif continue dans le quartier jusqu’à revenir sur la place Guichard. Suite à une intervention à l’AG du lundi soir, des gilets jaunes se joignent au cortège en scandant : « Gilets jaunes, sans-papiers, solidarité ! » Tout le monde repart en direction de la PAF, rejoint le cours Servient. Affolée, une dizaine de keufs se place devant le tribunal de grande instance. Le cortège déambule en direction de l’avenue de Saxe avant de se disperser vers 19h50. Les flics et la BAC rôdent dans le quartier, contrôlent une personne et en interpellent une autre.

https://crametoncralyon.noblogs.org/2019/04/retour-sur-le-rassemblement-anti-paf-du-1er-avril/

Paroles d’enfermés : témoignages de prisonniers du CRA de Sète

On relaie cette brochure qui rassemble des témoignage de personnes enfermées au CRA de Sète et réalisé par un collectif de soutien local.

Paroles d’enfermées-conv

Paroles d’enfermés au CRA de Sète

d’après les entretiens menés par le Collectif toutes et tous étrangers au parloir du Centre de Rétention Administrative de Sète au cours de l’année 2018

Mon patron attend depuis six mois que la préfecture renou-
velle mes papiers. Mon patron est un Français en plus, et je suis en CDI – je suis menuisier et j’aime aller à la pêche à la ligne. Tu sais ce qu’on dit, un pêcheur, c’est un tranquille. Je veux vivre en France pour être normal, travailler, j’ai du boulot ici, personne ne m’attend en Tunisie, ma mère est morte, mon père aussi, je sais pas où je vais aller là-bas, ça m’empêche de dormir. Je prends des cachets. Trois jours que je suis là, je comprends pas pourquoi. Deux heures et demi par jour je m’entraîne – tu veux voir mon badge de salle de sport, combien de fois j’y suis allé ? Ce qui me fait le plus mal, c’est qu’ils m’ont pris devant mon copain et que j’ai même pas vu la mariée. J’étais jamais rentré dans un commissariat avant la garde à vue.

Quand je travaillais pas, j’appelais cent dix fois par semaine la préfecture, ça fait des milliers de fois depuis des semaines, comment faut faire ? J’ai payé 4000 euros l’avocat pour qu’il m’accompagne à la préfecture. J’ai pas besoin de beaucoup d’argent pour vivre, je vais à la pêche et à la salle de sport c’est tout, je sors pas. Même l’autre jour, quand les collègues sont allés voir Marseille au stade, j’ai dit d’accord mais d’abord je vais à la salle de sport,120 kg développé couché, surtout pour le haut, si tu fais trop les jambes aussi, après ça fait moche dans le pantalon – tu veux voir mon badge ?
J’ai arrêté de fumer. J’apprends le français avec ma petite cousine. J’en ai neuf à Nice. Je lui achète des glaces, elle se moque de moi mais j’apprends bien avec elle – suis pas un criminel. J’ai le droit au chômage, je le prends pas. Suis pas là pour profiter, mes cousins me donnent un salaire. Je voudrais être un chat pour toujours, dormir au chaud, pas comme un chien qui dort dehors. Un chat, un poisson ou un oiseau même. J’ai un canard, un chien et j’aimerais bien un serpent. Mon rêve, c’est travailler avec les animaux. Où j’vais dormir en Tunisie ? J’ai plus personne là-bas.

Ça me coupe le sommeil, je prends des cachets. Ma copine est enceinte de neuf mois. Je paie mes impôts, mon dentiste. Suis venu pour vivre tranquille, honnête. J’ai neuf tatouages, tu vois, je suis différent. On m’a pris pour un Français quand je suis arrivé ici.

Avec ma femme, on s’était marié en règle. On s’est marié et tout, mais après les attentats à Nice, son père corse, il a plus voulu, et elle a plus voulu de moi. J’insiste pas, alors j’ai demandé le divorce à l’amiable. Les menottes, la prison, j’ai pas l’habitude. Jamais été chez la police. Le pire, c’est qu’ils m’ont arrêté devant mon copain le jour de son mariage.

Mets-toi à ma place, c’est comme si on te laisse en Espagne, tu vas aller voir chez les gens pour dormir chez eux ? Je peux plus dormir. Où je vais aller là-bas. Ouais, j’aime bien le beau ciel et toutes les musiques. Moi, les poissons, je les relâche parce que j’en mange pas, c’est juste pour le plaisir de les attraper et d’être tranquille là. Je sais pas comment dire ce que je sens, c’est comme une grosse boule dans mon cœur, j’ai fait de mal à personne, j’ai même arrêté la cigarette mais là, y a tout qui s’effondre, tout – qu’est-ce que ça veut dire, pourquoi moi ?