Violences, humiliations et refus de soin au CRA de Palaiseau, extrait d’un mail de retenus au CGLPL

Il y a quelques semaines, un retenu du CRA de Palaiseau a appelé les services du Défenseur des droits pour dénoncer ses conditions de rétention. Ceux-ci lui ont dit de contacter le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Le témoignage qui suit est extrait du mail envoyé au CGLPL (qui est resté sans réponse), que plusieurs retenus ont dicté par téléphone.

« Nous sommes des retenus du Centre de rétention administrative de Palaiseau.

Nous voulons dénoncer nos condition de détention, parce qu’ici on nous
traite comme des animaux.

Tous les retenus sont malades, tout le monde attrape des boutons et des
allergies. Mais l’infirmerie c’est de la merde, il y a jamais le médecin
et on nous donne que du Doliprane. L’un d’entre nous a un problème aux
dents, il a très mal, mais il ne voit pas de dentiste. Un autre d’entre
nous est suivi par un psychiatre et a un traitement mais ici il a rien.
Un autre a été opéré trois fois du genou, il a mal mais on lui donne pas
d’antidouleurs. Nos ordonnances ne sont pas respectées.
Plusieurs fois, des retenus ont appelé les pompiers parce que
l’infirmerie ne faisait rien, mais les policiers les ont emmené en
cellule d’isolement.

Les policiers ne nous respectent pas. Ils entrent dans nos cellules
plusieurs fois par heure, et la nuit ils nous réveillent avec leurs
lampes torche. Certaines équipes de policiers sont pires que d’autres.
Ils nous insultent et nous provoquent, et ils font exprès d’insulter
certains retenus qui ne comprennent pas le français.
Pendant la prière, les policiers parlent au microphone et mettent le son
très fort. Ils crient et ils rigolent exprès pour perturber la prière.

L’un d’entre nous a été frappé lors de son arrestation. Il avait des
blessures aux yeux, au genou droit, à l’avant-bras et aux poignets. Il a
voulu porté plainte et a demandé à obtenir un certificat à l’infirmerie,
mais l’infirmière lui a dit que c’était pas possible, et lui a dit
d’appeler Médecins Sans Frontières.
Depuis qu’il est au CRA, il a attrapé une infection. Il est resté 20
jours sans voir le médecin et on a refusé de l’envoyer à l’hôpital.
Lorsqu’il a fait une crise d’épilepsie, on l’a enfin envoyé à l’hôpital
et on lui a fait des examens et un certificat médical qui décrit les
coups qu’il reçu de la police. Le médecin de l’hôpital lui a dit que son
certificat lui serait donné au CRA. Mais une fois revenu au CRA ni la
police ni l’infirmerie ne lui a rendu son certificat. On l’empêche
d’obtenir son certificat pour porter plainte.

La nourriture n’est pas bonne, on a toujours faim.
Pour se couper la barbe, les cheveux ou les ongles on doit attendre
longtemps, souvent un mois.
On nous distribue pas de vêtements. L’un d’entre nous est arrivé avec
des claquettes, un tshirt déchiré et un pantalon qui est maintenant trop
chaud pour l’été et l’OFII ne lui a rien donné.
L’OFII refuse d’acheter plein de choses qu’ils achetaient avant ou dans
d’autres CRA (produits alimentaires, produits d’hygiène, vêtements…).
Maintenant l’OFII n’achète plus que du tabac et les recharges lycamobile
pour téléphone.
Quand on fait laver nos vêtements, les vêtements reviennent encore
mouillés et puants. Et quand on étend nos vêtements et nos draps au
soleil dans la promenade pour qu’ils sèchent, la police met tout par
terre et déchire les vêtements. Et on a qu’une seule serviette.
Le CRA est sale. Le ménage est mal fait (toutes les saletés sont encore
là après) et nous on a aucun produit pour faire le ménage nous-mêmes. Il
y a des cafards dans nos cellules.

L’association France Terre d’Asile ne nous aide pas. Une fois, FTDA n’était pas là pendant une semaine.
Ils refusent de nous donner des stylos ou des feuilles. Quand on va les voir pour se plaindre du service médical, on nous répond “c’est pas notre travail”. Quand on a demandé à envoyer un mail au CGLPL, FTDA a dit que c’était pas possible, alors que le Défenseur des Droits avait dit que l’association le ferait. Le travailleur de FTDA a dit “c’est moi qui décide”. »