« Tu n’as pas le choix, tu rentres. Si tu refuses le vol on t’attache et on t’emmène de force » : témoignage d’un retenu de Vincennes

Nous relayons ici le témoignage d’un retenu du centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, qui s’est récemment fait expulser. Devant la pression des keufs, il a finalement accepté le vol.

Un soir dans ma cellule du CRA de Vincennes, j’étais tranquille quand des flics viennent me chercher en me disant de prendre mes affaires. Je leur demande pourquoi ? Ils n’ont rien voulu me dire et m’ont mis à lisolement. J‘y suis resté toute la nuit. Le lendemain matin vers 8h00 ils mont amenné dans un bureau pour me dire que j’avais un vol, que le consul avait délivré un laisser passer. Alors que je ne l’ai jamais vu.

Je suis resté calme. Je me disais que de toute façon c’est mon premier vol, je peux donc le refuser. Normalement la première fois tu peux le refuser. Ils m’ont menotté et on est parti à l’aéroport. Y avait 4 flics avec moi dans la voiture et une autre voiture derrière avec un autre retenu qui allait lui aussi se faire expulser.

Arrivé à l’aéroport, les flics m’ont ammené au commissariat, là ils m’ont montré le laisser passer consulaire et m’ont mis la pression. Soit ils me menaçaient: « Tu n’as pas le choix, tu rentres. Tu ne peux pas refuser le vol, si tu refuses on t’attache et on t’emmène de force. Soit ils se la jouaient sympa : « Tu sais nous on fait notre boulot, et si tout se passe bien on fera un rapport positif, comme ça si tu veux revenir tu auras un visa plus rapidement« .

Quand t’es au commissariat de l’aéroport c’est stressant. T’es seul, seul avec toi même. Alors j’ai pensé  au CRA, à la dinguerie que c’est là-bas, à la violence qu’il y a, à la bouffe qu’est dégeulasse, à  l’enfermement, c‘est trop dur à vivre. Alors je me suis dit, si je refuse j’y retourne et comme y à un laisser passer ils vont me trouver un autre vol et ce sera la même merde sauf qu’ils m’expulseront de force.

J‘ai donc accepté le vol. On est monté avant les passagers pour s’assoir tout au fond de l’avion avec trois policiers en civils autour de moi. Une fois arrivé au pays, les flics m’ont remis l’oqtf avec un tampon, mais pas le fameux rapport comme quoi tout s’était bien passé.«