On publie le récit d’un prisonnier d’un CRA francilien qui raconte la manière dont il a résisté, avec succès, à sa tentative de déportation vers le Soudan.
En plus des violences policières qu’il dénonce, son témoignage fournit quelques conseils pour les personnes menacées d’expulsion dans les différentes prisons pour étrangères (par exemple, le fait d’essayer de garder la calme jusqu’à quand on est dans l’avion, et seulement à ce moment-là crier et se faire entendre par les autres passagers-ères, de manière qu’iels s’opposent à la déportation, en se levant debout et en demandant au pilote de ne pas décoller).
Et enfin, une bonne nouvelle : le camarade, après presque 90 jours de rétention et le refus du vol, a été libéré !
« Monsieur le procureur,
Je voudrais porter à votre connaissance les faits suivants.
Le 30 Octobre la policiers sont venus me chercher dans ma chambre du centre de rétention à 9h. J’étais allé aux toilette, j’ai été interpellé devant les toilettes et ils m’ont demandé d’aller rassembler mes affaires.
J’ai été fouillé, on m’a posé des questions sur l’asile et ma nationalité, et on m’a annoncé qu’on allait m’emmener au Soudan.
Je suis arrivé à l’aéroport et je n’ai pas subi de violences jusqu’à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle. J’ai été reçu par 5 policiers en civil et un avec un policier en uniforme. Ils m’ont proposé de prendre des cachets sans m’expliquer ce dont il s’agissait et m’on proposé une bouteille d’eau pour les boire. J’ai refusé de les avaler.
Ils m’ont escorté vers l’avion.
Trois agents m’ont installé dans l’avion et m’ont menotté et recouvert d’un drap rouge pour me cacher des autres passagers. Il n’y avait encore personne dans l’avion. A ce moment, j’avais un policier à ma gauche, un à ma droite et un devant. Deux autres discutaient avec le capitaine.
Les passagers sont arrivés et je hurlais et je pleurais, les policiers ont alors commencé à me frapper. J’ai reçu des coups de poings et ils m’ont étranglé. J’ai surtout été frappé à la tête.
Ensuite je n’ai pas tout compris et entendu mais j’ai vu le pilote parler avec les officiers, et il a refusé de me laisser prendre l’avion notamment à cause de la violence que j’ai subi devant tout le monde.
Les policiers m’ont fait sortir de l’avion. J’ai continué d’être frappé et j’ai été insulté « suce ma bite » « ferme ta gueule » « fils de pute » dans la voiture qui m’emmenait au poste de police dans l’aéroport. J’ai été frappé à la tête et étranglé pour m’empêcher de crier.
J’ai été emmené dans un poste de police dans l’aéroport pendant deux heures et j’ai été frappé par deux des trois policiers.
Tout au long de ces moments, j’ai protégé mon visage avec mes bras en criant que je respecte la police.
Après j’ai été emmené au centre de rétention.
Je n’ai pas pu voir de médecin à mon retour au centre. Je souhaiterais être emmené au commissariat pour porter plainte. Je souhaite voir un médecin. J’ai conscience que tout propos mensongers est puni par la loi. »