Retour sur un week-end chargé de lutte contre les CRA !

Le samedi 17 octobre a eu lieu l’acte 4 de la Marche des Solidarités : en septembre des collectifs de sans-papiers ont commencé à marcher vers Paris depuis plusieurs coins de la France, pour se retrouver lors de la marche du 17, supposée viser l’Elysée. Les mots d’ordre de la marche : des papiers et logements pour tous-tes et la fermeture des centres de rétention. 
On a décidé d’investir cet espace de lutte : on voulait continuer à porter la question des CRA, souvent un peu laissée de côté face aux demandes de régularisation, et rendre visible les luttes qui ont lieu à l’intérieur. On trouve aussi la dynamique en cours depuis le confinement intéressante : dans de nombreux endroits, des collectifs de sans-papiers se sont reconstitués ou sont apparus, et c’était donc pour nous l’occasion de tisser des liens avec elles et eux pour lutter ensemble contre les CRA, de continuer à articuler intérieur et extérieur. 
 

Vendredi 16 octobre, un rassemblement devant le CRA de Vincennes a été organisé par le collectif sans papiers Montreuil (CSP-M) et l’assemblée anti-CRA (pour relire le texte d’appel : https://abaslescra.noblogs.org/le-16-octobre-marchons-sur-le-centre-de-retention-de-vincennes/). On était à peu près 200 devant le CRA, ce qui ne s’était pas vu depuis longtemps : le rassemblement, déposé en préfecture par le CSPM, se tenait derrière le CRA, ce qui nous a permis malgré la présence massive de keufs de bien nous faire entendre par les camarades à l’intérieur. C’était l’objectif principal : pour la première fois depuis un bon moment, on a pu gueuler « Liberté » aux prisonniers pendant 1h30 (contre 10 minutes pour les fois où on va crier en petit comité). Dans les bois des feux d’artifice ont été lancés pour donner de la force aux enfermés. C’était un beau moment et on était content-es de le faire avec les camarades du collectif sans papiers Montreuil : tout ce travail nous a permis de tisser des liens pour continuer la lutte ensemble dans les mois à venir. C’était important que la marche ne se déroule pas que dans Paris intramuros mais apporte un soutien concret à ceux qui subissent le racisme d’Etat, les flics et l’enfermement au quotidien. C’était aussi important de le faire maintenant, à l’heure où les conditions sanitaires dans le CRA de Vincennes sont encore plus dégueulasses que d’habitude, comme nous le disent bien les camarades actuellement enfermés, dans ce communiqué du 3 novembre écrit par les grévistes de la faimhttps://abaslescra.noblogs.org/communique-des-prisonniers-en-greve-de-la-faim-au-cra-de-vincennes/
Pendant le rassemblement, une personne de la Cimade a pris la parole pour manifester le soutien de l’association aux personnes enfermées. Cette intervention est mal passée pour la plupart d’entre nous. La structure intervient en effet dans certains centres dont celui du Mesnil-Amelot, « afin d’y assurer un accompagnement humain des personnes enfermées et de les aider dans l’exercice de leurs droits« . Cependant, les luttes des prisonnier-es sont rarement relayées, voir carrément invisibilisées, ou même niées et leur attitude fait que la plupart des retenu-es ne leur font pas du tout confiance.
Samedi 17, plusieurs cortèges partis de Porte d’Italie, Porte de Montreuil et de Saint-Denis/Porte de la Chapelle, se sont rassemblés à République sous bonne escorte de flics et grosse ambiance. La marche était préparée depuis un moment, la communication sur les réseaux et dans la rue avait été importante et bien suivie. On aurait pu espérer une présence plus massive de manifestant-es c’est sûr, il n’empêche qu’en temps de crise sanitaire et de couvre-feu à l’époque, il s’agit d’une des rares grosses manifestations, dans la rue – et elle a été initiée par des collectifs de sans-papiers, tandis que manquaient à l’appel la plupart des autres composantes traditionnelles des mouvements sociaux. Le cortège a été forcé de s’arrêter avant la gare Saint-Lazare, effectuant un parcours beaucoup moins palpitant que celui initialement prévu (vers l’Elysée). Malgré la frustration, on retient la belle motivation de tous les CSP et d’un mouvement de sans-papiers qui poursuit la lutte à fond.
Comme on avait appris le départ d’une grève de la faim au CRA du Mesnil-Amelot le samedi 17, un petit groupe s’est motivé à aller crier la solidarité aux grévistes, le dimanche 18 en fin d’après-midi. On raconte déjà ça ici, avec les raisons de la grève : https://abaslescra.noblogs.org/mesnil-greve-de-le-faim-jour-3/
Depuis ce gros weekend, les luttes dans les CRA ne s’arrêtent pas, partout en France, les grèves de la faim s’enchaînent, comme les témoignages des violences subies par les prisonnièr-es. Continuons à montrer notre solidarité avec elleux !