Récit d’une grève de la faim éclair au CRA 2B à Vincennes

On partage ici le récit d’une grève de la faim victorieuse des personnes retenues au CRA 2B samedi 11 octobre, pour obtenir le droit d’aller à la fouille. Force à eux !

« Ça fait à peu près 5 jours qu’on peut pas aller au coffre. Le coffre c’est là où tu as tes affaires, les téléphones, l’argent par exemple. Normalement tu peux y aller tous les jours il y a des horaires, et c’est les mêmes horaires que l’infirmerie. Il y a des flics qui t’emmènent la bas. La depuis 5 jours ils voulaient plus nous emmener au coffre parce qu’il y avait personne pour nous emmener. Une fois ils nous ont dit « oui ou on vous emmènera après l’infirmerie, qui est ouvert de 15h à 17h » mais après quand l’infirmerie était fermée ils ont dit que c’était trop tard pour aller au coffre.

Nous on a essayé de parler plusieurs fois mais ça marchait pas donc aujourd’hui on a décidé de faire la grève de la faim, ce midi on est pas allés au réfectoire. On était au moins quinze à faire la grève. Du coup il y a la capitaine qui est descendue qui a dit « pourquoi vous faites ça », ça se voyait qu’ils avaient peur. Elle a dit « ok pour aujourd’hui vous pourrez aller au coffre ». On a pu aller au coffre, aujourd’hui on a gagné, on a gagné notre droit mais que en se battant. Nous on est au centre de rétention ok, on a pas de papiers ok donc on est pas dans la loi française mais même comme ça on a des droits. Ça c’est notre droit ils doivent le respecter.

On sait pas si demain on pourra retourner au coffre, ou si on va devoir refaire la grève.

Moi c’est pas la première fois que je faisais la grève, je l’ai déjà fait en août pour mes droits. Je suis handicapé j’ai eu un accident ici en France, je peux pas marcher bien j’ai des béquilles. Ici c’est pas pour les handicapés, je peux pas aller aux toilettes tout seul car c’est des toilettes à la turque. Je dois taper à la porte la matin pour que les flics m’emmènent à l’isolement où il y a des toilettes normales. Je peux pas me doucher seul et je dois demander à des gens de ramener mon plateau dans la chambre.

Normalement je dois avoir des séances de kiné, parce que je dois pouvoir remarcher normalement à un moment. Au CRA il y a pas de kiné et il y a pas non plus les médicaments que je dois avoir, par exemple de la crème cicatrisante ils m’ont dit qu’il y avait pas. Moi j’ai dit à l’infirmerie s’il y a pas les moyens d’avoir un kiné je veux un certificat médical qui dit qu’il y a pas les moyens d’avoir un kiné ici. Ils voulaient pas alors j’ai fait la grève de la faim, j’ai fait ça un jour et ils m’ont fait le certificat. Donc moi je sais que ça fonctionne comme ça ici mais les autres ils savent pas forcément, moi je me bats aussi c’est pour les autres c’est pas que pour moi, on a des droits il faut qu’ils les respectent. »