Face aux luttes des prisonniers-ères de Mesnil-Amelot, encore plus de cages et de keufs

Depuis cet été, ça bouge pas mal au CRA de Mesnil-Amelot (la taule pour enfermer et expulser les sans-papiers qui est située à côté de l’aéroport Charles de Gaulle). Le nouveau cycle de luttes de ces derniers mois a été intense et détér : des manifs ont eu lieu à l’intérieur du CRA, certains prisonniers sont montés sur les toits pour protester et plusieurs ont essayé de s’évader à plusieurs reprises, des grèves de la faim ont été lancées dans les bâtiments des hommes et des femmes, et il y a eu même des incendies qui ont détruits des cellules d’isolement (plus de détails ici).

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« J’ai pas peur, il faut raconter ce qu’il se passe ici: » violences policières et resistance des rétenus dans le centre de retention du Mesnil-Amelot, pendant les travaux de sécurisation du CRA

Nous relayons les temognaiges des rétenus du CRA de Mesnil-Amelot, qui denoncent les provocations et violences des keufs pendant les travaux de sécurisation du centre. [Ces travaux, qui se font alors que les prisonniers sont déplacés dans tous les coins du CRA selons les besoins de l’administration, prevoyent l’installation de grillages, l’élévation des toits, ainsi que l’augmentation des salles d’isolement et l’ouverture d’un espace de garde à vue – en confirmant le devenir toujours plus carcéral des centres de retention administrative]

« Aujourd’hui (18 octobre), il s’est passé un gros bordel au CRA.

En ce moment ils font de travaux de sécurisation du bâtiment, donc ils font que nous changer de bâtiments. Nous on était […] environ 20 personnes dans chaque bâtiment à etre déplacées.

A 9 heures le matin ils nous ont demandé de sortir, parce qu’ils vont fermer le bâtiment pour faire les travaux. Donc à 9h on se retrouve tous dans la cour et dans le froid. Ils disent qu’ils veulent nous mettre dans des autres bâtiments du centre (la ou les travaux sont déjà finis). Sauf que ces bâtiments sont même pas encore nettoyés en fait. Donc ils nous font attendre dans le froid dans la cour avec toutes nos affaires le temps que la société de nettoyage finisse le travail de nettoyage.
On attendait dans le froid, puis ils ont demandé à des gens de rentrer dans le batiment nettoyé. A ce moment là moi j’étais dehors, donc je sais pas ce qu’il s’est passé, mais il y a une bagarre qui a éclaté entre deux gars dans le bâtiment. Bon tu vois on est tous sous tension c’est normal ils nous traitent trop mal ici donc il y a des tensions. La police est venue pour stopper la bagarre mais en fait ils ont peté un câble, ils ont commencé à gazer tout le monde, jusque dans la cour.
Ils ont pris les 2 personnes qui s’étaient embrouillées, y en a un qu’ils ont mis à l’isolement, l’autre on sait même pas où il est maintenant. Mais en gros à ce moment ils ont dit aux autres gens dehors de rentrer dans un deuxième batiment, moi je commence à installer mes affaires dans ma chambre, et là j’entends pleins de cris, donc je sors dans le couloir et la je vois un gars (un des gars qui s’est embrouillé avec l’autre) qui court et avec une vingtaine de flics qui le suivent derrière et qui le poussent et le provoquent. Les flics étaient équipés, avec les gazeuses à la main et tout, donc ils se rapprochent de moi et je commence à demander ce qu’il se passe et tout. Les flics s’approchent de moi et commencent à me menacer, me mettent la gazeuse sur le visage, et nous insultent, en criant « recule, recule » et demandent de sortir. Je te jure j’ai jamais vécu ça moi, vraiment ils nous respectent pas. A la fin, ils ont menotté le gars et l’ont emmené, maintenant on sait même pas où il est, les flics disent qu’ils l’ont transféré mais on sait pas en vrai, juste on l’a plus vu depuis.

Bon et après, juste avant midi, on était dans la cour, et il y avait un jeune qui jouait. Et la il y a une policière qui dit qu’il l’a insultée, mais nous on était là je te jure le jeune il a rien fait, il était derrière la grille il a rien dit aux flics. Donc les flics commencent à l’embrouiller et dire qu’il les a insultés etc. Donc les flics commencent à lui dire de venir, que le greffe l’a appelé, mais lui il sait que son nom a pas été appelé, donc il refuse de venir. La y a une quinzaine de flics qui débarquent, ils l’ont pris de force et l’ont emmené dans le couloir, la ou y a pas de caméras, et ils l’ont roue de coups. Je te jure j’y croyais pas, quand le gars est revenu, il est tout blessé et a des bleus partout, je te jure c’est un délire, ils l’ont tellement frappé. Pour rien ! Et après rien, ils lui ont dit de retourner dans le bâtiment. On était tellement choqués! Du coup quand ils nous ont appelé pour manger à midi, on a tous refusé d’y aller, à part 2/3 personnes, personne n’y a été. Je te jure on était dégoûtés.

Les flics sont venus nous mettre la pression mais personne n’a été manger. Comment tu veux manger après ça !

Je suis tellement énervé, je te jure c’est de la provocation gratuite quoi, c’est quoi ça, des gamins qui veulent se défouler ! Franchement il y a des flics je sais pas comment ils raisonnent. Moi je découvre tout ça, ça fait tellement longtemps que je vis en France et jamais j’ai vu ça.

Je m’en fiche qu’on soit sur écoute, j’ai pas peur, il faut raconter ce qu’il se passe ici »

Le rétenu qui a été frappé par les keufs nous a expliqué ça:

« Cinq policiers m’ont sorti de la cour et ramené dans un couloir à côté où il y avait pas de camera. J’ai été mis au sol et étranglé, puis roué de coups pendant dix ou quinze minutes. J’avais tout le cou plein de marques à cause de ça. L infermerie m’a juste donné des comprimées pour tout ça. Ils ont pas rédigé des rapports sur les frappes. »

Un autre rétenu raconte:

« Quand [le co-rétenu qui a été aggressé par les flics] est re-sorti sur la cour, il était plein de coups et bleus. Alors tout le monde qui avait été mis temporairement dans les bâtiments [où les travaux se sont terminés], on a refusé d’aller manger à la cantine à midi pour protester contre tout ça. Les policiers étaient inquiets pour la situation, ils allaient et revenaient. Aussi une responsable est venue. Comme les policiers qui avaient tabassé le retenu ont été déplacés vers l’autre CRA pour éviter embruilles, le soir on a décidé de manger à la cantine. On peut pas laisser tomber tout ça »

Faisons circuler ces informations au max, et supportons les rétenus à l’interieur de ces prisons pour étrange.res en appellant les cabines des centres, pour apporter aux rétenus notre soutien, aussi en faisant sortir leur parole! Force à eux!

Cartes, plans et schémas, vous saurez tout sur l’architecure des CRA!

Pour enfermer toujours plus de personnes, l’État agrandit les CRA existants et en construit toujours d’avantage. La structure et le fonctionnement de ces lieux sont volontairement gardés opaques pour empêcher les personnes qui sont à l’intérieur d’en sortir et les personnes à l’extérieur de s’y attaquer.

Pourtant, certaines informations sont publiques même si elles sont difficiles d’accès. C’est le cas des plans de certains CRA qui se retrouvent parfois sur internet.

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